Plusieurs de mes amis le savent déjà, j’ai (presque) quitté Facebook. Dans cet article, je vais vous expliquer tout d’abord pourquoi Facebook me semble être quelque chose à limiter et dans une deuxième partie je vais vous expliquer ce qui a changé concrètement dans mon utilisation de Facebook (et comment je fais pour continuer à poster sans être dessus ^^).
Une meilleure productivité
En commençant mes études de médecine et en me donnant des objectifs précis dans mes études personnelles de théologie j’ai du faire face à un problème : les journées n’ont que 24h. La productivité, c’est chercher à pouvoir malgré tout réaliser ses objectifs. Finalement, la productivité, c’est réaliser que nous sommes finis, limités et que le temps est un don de Dieu.
Ce n’est pas un secret, le temps passé sur les réseaux sociaux n’est pas l’utilisation la plus productive de notre temps. Plus de 90% des 18-24 ans sont sur les réseaux sociaux et nous passons en moyenne 2h par jour sur ces sites. Ce qui signifie que sur 10 ans, nous passons plus de 7000 h sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, nous aurions pu lire 3500 fois l’Evangile de Jean. Je trouve qu’il faut une justification très solide pour justifier une activité qui nous prend 2h par jour. Il faut des raisons sérieuses pour la garder quand nous cherchons à améliorer l’utilisation de notre temps.
De plus, Facebook entraine nos cerveaux à passer d’une activité à une autre, à ne jamais avoir la tête à vide pour penser à ce que nous faisons. Bref, à développer une façon de penser nocive pour celui qui veut améliorer sa mémoire et ses capacités de compréhension.
Les effets des réseaux sur le comportement
Les études le montrent, il y a un lien statistique entre l’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes et la dépression. Ce lien doit interroger : Et si les réseaux sociaux encourageaient des comportements favorisant l’état dépressif ?
Les témoignages s’accumulent. Tout le monde a entendu parler du suicide d’un jeune suite au harcèlement sur Facebook. Ce sont des cas extrêmes, mais il semble que ce qui a conduit ces personnes au suicide est à l’oeuvre chez à peu près tout le monde qui passe pas mal de temps sur Facebook. Vous connaissez cela, qui n’a pas remarqué ces gens qui postent des photos d’eux pour obtenir le plus de likes possibles, qui n’a pas été content de voir qu’un de ses posts faisaient réagir du monde. Pourtant, ces joies éphémères n’ont rien à avoir avec celle qui est produit par un vrai moment entre amis. C’est un fake, une pâle imitation. Facebook ne rend pas sociable. En fait, si les américains disaient en 2001 avoir 10 bons amis, aujourd’hui ils disent en avoir en moyenne 2. Facebook nous entraine à utiliser uniquement l’hémisphère gauche de notre cerveau et à ainsi limiter nos capacités à communiquer. La communication c’est le ton, le visage, les gestes, la posture, la vitesse, le sourire, infiniment plus que les mots; nous perdons beaucoup en nous limitant à de simples mots.
En fait, Facebook est étudié par des ingénieur en attention. Leur job ? Développer les meilleurs techniques pour capter vos intentions. Notifications bien rouges, vidéos qui démarrent toutes seules, analyse de vos centres d’intérêts, tout est fait pour que vous restiez le plus longtemps possible sur les réseaux sociaux. Et ils ont trouvé quelque chose de très puissant dans votre tête : la dopamine.
Facebook dans votre cerveau
Le système de récompense est un mécanisme du cerveau que Dieu a créé afin que l’on recherche ce qui est bon pour nous et évite ce qui est mauvais. En d’autres termes, il pousse à répéter les actions qui nous procurent du plaisir. Ce système est à la base de toutes les addictions. Une addiction, c’est le système récompense qui est détraqué.
Facebook, justement, en raison de sa configuration, favorise le dérèglement de notre système récompense. Notre cerveau sécrète véritablement de la dopamine quand nous voyons une notification. Il est « récompensé ». Ce qui le pousse à recontroler 3 minutes plus tard s’il n’a pas une nouvelle notification. Et le cycle se répète. Bref, Facebook favorise les comportements addictifs.
Vous vous dites peut-être qu’il n’y a aucun risque, mais mes études en médecine m’ont donné un contexte qui m’a poussé à faire des recherches sur l’addiction, et les résultats sont étonnants. Il semble que les addictions dites naturelles soient bien plus fortes que les addictions aux substances. Les addictions naturelles sont celles qui concernent la nourriture, le sexe ou… notre soif de sociabilité et de relation.
Voici deux série d’IRM du système de la récompense. Dans la première, le premier est d’un individu normal, le second d’une personne addict à la cocaïne et le dernier d’une personne addict à la nourriture. Dans la deuxième, le premier est un individu normal, le second un addict à la pornogrpahie.
C’est désormais palpable; nourriture, pornographie : ils modifient réellement la structure de votre cerveau. Personne n’y croyait il y a quelques années. Et aujourd’hui les dernières études commencent seulement à signaler des résultats similaires pour les réseaux sociaux. Une raison de plus pour être très prudent face à ce phénomène. La nourriture, le sexe et la sociabilité ne sont pas des choses mauvaises, c’est clair. Mais il y a des comportements qui tendent à dérégler l’utilisation naturelle de ces bonnes choses, Facebook en fait partie. Surtout si nous l’utilisons comme moyen de communication, que nous y passons du temps, que nous avons tendance à être déconcentré par cela et que l’idée de quitter Facebook éveille en nous l’idée « mais, non, je vais manquer cela; et puis, je ne pourrai plus faire cela… ». Je suggère que l’on réfléchisse sérieusement à notre façon d’utiliser Facebook.
«Aujourd’hui, l’addiction à Internet, véhiculé par les tablettes ou les smartphones, est le motif numéro un des consultations chez les jeunes dans le service d’addictologie des HUG, devant le cannabis et l’alcool, explique-t-il. On retrouve les mêmes changements neurobiologiques que dans l’addiction à l’alcool ou à la cocaïne. Or, contrairement à ces drogues, Internet propose des stimuli de manière concentrée, rapide et toujours disponible. En matière de dépendance, c’est beaucoup plus efficace et pernicieux que l’héroïne.»
Daniele Zullino, chef de service d’addictologie aux HUG
Les mécanismes addictifs ne s’attaquent pas uniquement au système de récompense. Ils s’attaquent surtout au lobe frontal, responsable de la décision, de la maitrise de soi, etc. C’est pour cela que les addictions vont toujours plus loin : le lobe responsable du contrôle de soi perd de ses récepteurs à la dopamine, il se « dépeuple ». De plus, cette perte de récepteur tend à rendre la vie quotidienne banale et à diminuer notre perception des joies naturelles et quotidiennes. L’addict s’enferme dans son monde et devient de plus en plus incapable de se réjouir de la vie ordinaire. Ok, c’est un tableau noir, mais le but est de prendre conscience du risque. Il me semble clair que si 90% des jeunes passent 2h par jour sur les réseaux sociaux, une grosse proportion d’entre eux a du développer une forme d’addiction.
>>>Plus d’info sur la pornographie et ses conséquences sur le cerveau ICI<<<
Demain, tous transhumains ?
Facebook a un agenda politique. Il ne le cache pas, entre la promotion des groupes LGBT+ et la censure récente du site d’apologétique chrétienne de William Lane Craig, les choses sont claires : les valeurs de Facebook ne sont pas celles qu’un chrétien doit rechercher. Mais Facebook (et Google, Apple, Microsoft, Amazon, etc.) a un projet bien plus ambitieux pour lequel il investit beaucoup plus d’argent : Singularity.
Singularity n’est pas une théorie du complot, c’est quelque chose de public, tout comme le nouveau culte « Way of the Future ». Le but ? Promouvoir le transhumanisme, le développement des intelligences artificielles comme le robot Sophia de Hansom Robotics et travailler à l’émergence du jour du Singularity; un jour où les machines prendraient enfin le contrôle du monde pour remplacer les humains là où ils ont faillis.
Je ne crois pas au Singularity. Je crois que cette entreprise va échouer. Mais avant d’échouer, elle va conduire à des catastrophes éthiques et à une vision utilitariste de l’homme où son problème central n’est plus le péché mais la limitation de ses facultés physiques et intellectuelles. Je ne tiens pas à encourager cela et je cherche donc à donner de moins en moins de poids à Facebook.
Mieux que le sondage
Mais, pourquoi Facebook existe-t-il ? Pourquoi est-ce une entreprise, présente sur les marchés boursiers ? D’où vient l’argent généré ? Des pubs certes, mais cela représente une part minime. Non, le pétrole du XXIème siècle, c’est le Big Data.
Quel est le point commun entre Macron et Obama ? Ils ont été présidents, ok. Mais encore ? Ils ont tous les deux utilisé le Big Data pour arriver au pouvoir. Le Big Data, c’est tout simplement l’ensemble de vos données personnelles de navigations, de préférences, d’intérêts, votre âge, votre localisation, etc. Non, Facebook ne s’en sert pas pour vous surveiller, ils se fichent royalement de votre vie. Mais les publicitaires et les politiciens, eux, sont très intéressés. Imaginez une pub qui propose exactement et toujours ce dont vous avez envie sur le moment. Imaginez un programme présidentiel et une communication politique qui correspondent exactement à ce que la majorité pense. C’est un outil surpuissant mais qui fait de l’homme une marchandise, qui encourage une démocratie qui s’achète et la fameuse société de consommation.
Pour toutes ces raisons, parce que je veux améliorer ma productivité, utiliser mon temps avec sagesse, améliorer ma mémoire, ne pas développer des comportements addictifs, développer des vrais relations humaines, lutter contre le transhumanisme et l’oligarchie, j’ai décider de quitter Facebook…enfin, pas tout-à-fait. Voici les « résolutions » que j’ai prises et qui me permette d’utiliser Facebook d’une façon qui me convient. Vous pouvez vous en inspirer ou les adapter :
- Ne pas avoir de smartphone. Mon téléphone est tout pourris. Pas internet, pas possible d’écrire rapidement des SMS.
- Déjà au lycée, j’ai commencé à désactiver les vibrations et sonneries sur mon téléphone pour augmenter ma concentration.
- En 2017 je me suis désabonné de tout le monde sur Facebook pour n’avoir rien sur mon actualité afin de ne pas être poussé à descendre et descendre sur mon fil de publication en publication. C’est moi qui choisis ce que je veux aller voir.
- Il y a deux semaines bientôt, je suis passé à la vitesse supérieure en limitant mon utilisation à 1 heure par semaine, souvent les vendredis, pour gérer les groupes dont je suis l’admin et voir les nouvelles de ma faculté (indispensable pour mes études).
- Supprimer les applications Facebook de mes appareils.
- Ne pas liker ni commenter. Quand on like ou commente, Facebook enregistre le post pour nous notifier la prochaine fois qu’il se passe quelque chose dessus, ce dont nous n’avons pas nécessairement envie. Je ne commente que ce qui est susceptible de m’intéresser.
- Privilégier les petits aux grands groupes. Sur Facebook, je fais en sorte de passer plus de temps sur les petits groupes où les discussions sont souvent plus productives et ne partent pas dans tous les sens.
- Gérer toutes mes publications en externe. Beaucoup le savent, je poste énormément sur Facebook. Oui, mais tous mes posts sont gérés soit automatiquement soit en externe. J’ai configuré WordPress pour qu’il partage automatiquement mes articles sur ma page Par la foi et sur ma page personnelle. Je n’ai plus qu’à utiliser la fonction partage pour que les articles se partagent sur les différents groupes dans lesquels je suis. Je peux aussi utiliser les applications de gestionnaires de Page pour automatiser mes posts, etc.
- Prévenir les contacts avec lesquels je parle souvent de me contacter soit par mail soit par SMS, plutôt que sur Facebook.
- Rediriger mes abonnés vers l’abonnement par mail. Je veux rendre Par la foi de plus en plus indépendant vis-à-vis de Facebook car aujourd’hui 52% de ses lecteurs viennent de Facebook. C’est pourquoi cette semaine j’ai travaillé à rediriger mes lecteurs vers un suivi par mail. Vous pouvez vous abonner en cliquant ICI.
Je complèterai et corrigerai cet article à l’avenir pour y mettre d’autres « résolutions », des liens vers des études scientifiques sur le sujet, des ressources, etc. J’espère qu’il vous sera utile, n’hésitez pas à commenter (sur mon blog, pas sur Facebook !) pour suggérer d’autres façons de mieux gérer son utilisation des réseaux sociaux.
Super !
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Et à liker ? 😉
Sinon, courage ! Vous y êtes presque (à vous passer entièrement de Facebook) ! Merci pour ce partage de vos combats sur ce sujet.
Fraternellement,
Pep’s
PS : vous pouvez aussi relayer certaines de mes réflexions sur le sujet (y compris celle relative au respect de l’espace intime)
Je n’ai pas nécessairement pour objectif de me passer entièrement de Facebook, il y un groupe en particulier que je veux continuer à consulter car il fait partie de mes projets à long terme mais je ne veux plus utiliser Facebook « passivement » en perdant mon temps. 1h par semaine me parait raisonnable pour l’instant. D’ailleurs il est courant que je ne passe finalement que 30 min voire 15 min parce que j’ai fait ce que j’avais à faire.
Bonjour Maxime,
je vous remercie pour votre réponse et pour ces précisions.
C’est déjà en soi un bon objectif !
Bon courage ! Et bravo pour votre blogue, que je découvre.
Fraternellement,
Pep’s
Oui Maxou on t’aime merci pour cet article !!! <3
Moi je reve de supprimer mon compte FB mais je peux pas a cause de la fac comme toi, et du coup j'arrive pas trop a me gérer, tant que j'ai FB j'y passe trop de temps et ça enerve JB :/ Du coup il m'a obligé à lire cet article, j'avoue que c'est motivant !
Amen !