Le pédobaptême : une autre conception du baptême
17 août 2018

Une autre conception

En réalité, il y a beaucoup de bonnes raisons de baptiser les enfants. Mais si les évangéliques ont tant de mal à accepter cette idée c’est, entre autres, en raison de leur façon de considérer le baptême.

Faites un petit sondage et demandez « qu’est-ce que le baptême ? » dans un milieu évangélique. Une réponse courante sera « C’est un témoignage que je crois en Jésus et que je veux le suivre ». Il y a plusieurs problèmes à cette conception qui n’est pas inexacte mais qui est incomplète.

Premièrement, notons qu’aucun passage biblique ne nous dit que le baptême est un témoignage que nous avons la foi. Nous avons des exemples comme celui de l’eunuque éthiopien ou la foule de baptisés à la Pentecôte qui n’ont pas « donné leur témoignage ». Le texte nous dit simplement qu’ils confessaient Jésus comme Seigneur et étaient baptisés (eux et leur famille quand elle était là).

Il est admis par tous que le baptême est le signe de la nouvelle alliance. Dieu a donné un signe d’alliance par lequel il est montré publiquement que, en vertu de l’alliance, Jésus-Christ est notre Seigneur.

Mais le baptême n’est pas qu’un acte humain. Quand Dieu fait alliance avec Noé, il lui donne l’arc-en-ciel, quand il fait alliance avec Abraham, il lui donne la circoncision comme rite d’entrée dans l’alliance, et donne à Israël la Pâque comme repas commémoratif, il donne à l’Église le baptême comme rite d’entrée et la Cène comme repas commémoratif. Le point commun de tous ces signes de l’alliance n’est pas d’être des actions humaines mais d’être des sceaux (Rom 4 :11) des promesses de Dieu. Dieu scelle et certifie sa promesse par ce signe, tout comme un roi scelle son traité par un cachet de cire.

Le baptême est donc une déclaration publique faite par Dieu lui-même qui dit : « tout comme l’eau passe sur ton corps et le lave, de même le sang de mon Fils et le bain de la régénération de mon Esprit (Tite 3 :5) passent sur ton âme par la foi en Christ ».

Le baptisé est certes consacré à Dieu comme serviteur de l’alliance par cela mais c’est surtout Dieu lui-même qui certifie sa promesse. Cette vérité me donne un grand réconfort et fortifie ma foi. Quand je suis tenté par le doute, je n’ai qu’à me souvenir que tout comme l’eau est passée sur mon corps, de même Dieu s’engage à me laver par le sang de son Fils.

Cela fait une différence majeure : celui qui considère le baptême comme un acte humain va voir le baptême comme faisant référence à une chose passée, à une conversion antérieure. Celui qui le voit comme un acte divin va le voir comme faisant référence à quelque chose de futur, à toute la vie chrétienne. Toute la vie chrétienne est bâtie sur la réalité du baptême, de la promesse de Dieu en Christ certifiée par le baptême. C’est pour cela que Paul rappelle si souvent aux chrétiens leur baptême.

Ainsi, le baptême est une réalité qui peut être toujours à nouveau saisie par la foi. La prédication, c’est l’Évangile prêché aux oreilles, le baptême c’est l’Évangile scellé devant nos yeux.

La différence quant au baptême des enfants c’est qu’il est donc tout-à-fait approprié de baptiser un enfant car, comme dit Pierre « la promesse est pour nous et nos enfants » (Actes 2 :39). L’enfant peut être consacré au Seigneur de l’alliance en recevant le signe de l’alliance et il saisira plus tard par la foi, si Dieu le veut, ce que cette promesse veut dire tout comme l’enfant circoncis ne comprenait que plus tard que sa circoncision était « le sceau de la justice reçue par la foi » (Rom 4 :11). Notons ici que Paul ne dit pas que la circoncision est signe de la foi mais de la justice reçue par la foi. Autrement dit, les signes de l’alliance ne sont pas signes de la réponse humaine à l’alliance mais de la promesse de Dieu elle-même : ici, la justice.

C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Écriture fait le raccourci entre le signe de l’alliance et l’alliance elle-même : « On devra circoncire celui qui est né dans ta maison […] ce sera dans votre chair une alliance perpétuelle » (Genèse 17 :13). De même le Nouveau Testament fait le raccourci entre le baptême et le salut : « le baptême qui vous sauve, à présent » (2 Pierre 3 :21).

Une distinction cruciale

Je pense que cette distinction promesse-réponse est cruciale pour comprendre la vraie différence entre baptistes et réformés.

Les deux sont d’accord sur le fait que l’Évangile est une promesse. Les deux s’accordent à dire que la réponse appropriée est la foi en Christ. Les deux s’accordent sur le fait que la promesse doit être proclamée au chrétien toute sa vie et que la foi est la réponse de toute une vie aussi. La différence, c’est que le baptême pour un baptiste et le signe de la réponse « j’ai répondu, je me fais baptiser » alors que pour le réformé le baptême est le signe de la promesse « Dieu te lave de tes péchés si tu crois ».

Je pense qu’à la fois le langage du Nouveau Testament et les précédents au baptême dans l’Ancien Testament militent pour la compréhension du baptême comme signe de la promesse.

Parlons d’abord des précédents : comme je l’ai déjà dit, l’arc-en-ciel, la circoncision et tous les signes d’alliance dans l’Ancien Testament fonctionnaient ainsi. La circoncision n’était pas le signe qu’Abraham avait cru en la promesse de Dieu mais était signe de la promesse elle-même. Paul dit que la circoncision est « le sceau de la justice reçue par la foi » (Rom 4:11) et non pas le sceau de la foi qui reçoit la justice. N’inversons pas la logique. En fait, puisque dans la Bible « alliance » et « promesse » sont souvent synonymes, c’est une évidence de dire que le baptême, qui est signe de la nouvelle alliance, est signe de la promesse. Ainsi, Dieu a jugé bon que les enfants des croyants soient marqués dès leur naissance de la promesse, comme l’étaient les enfants d’Abraham.

Oui, le baptême nécessite la foi, tout comme la circoncision : la foi est nécessaire non pas en étant présente au moment du baptême pour le rendre valide mais comme réponse appropriée à la promesse scellée par le baptême. Isaac ne croyait pas encore au moment de sa circoncision, mais la foi était nécessaire comme réponse à la promesse scellée par la circoncision. N’inversons pas la logique : le signe d’alliance est rattachée à la promesse tandis que la réponse, c’est la foi.

Parlons maintenant du langage du Nouveau Testament. Pierre fait explicitement la connexion entre baptême et promesse en Actes 2:38,39 où il parle de la nécessité du baptême, de la promesse du pardon et du Saint-Esprit (et c’est à cette occasion qu’il dit « la promesse est pour vous et vos enfants). C’est dans le cadre de cette promesse qu’il les appelle au baptême.

Mais le Nouveau Testament fait aussi très souvent le lien entre le baptême et la promesse du pardon des péchés. « Sois baptisé et lave tes péchés en invoquant le Seigneur » a-t-on dit à Paul, « faites-vous baptiser pour le pardon des péchés » est un refrain courant dans les Actes. Le baptême est le signe de la promesse du pardon, signe de la promesse « tes péchés seront lavés si tu invoques le Seigneur » pour paraphraser ce qu’Ananias a dit à Paul.

Ainsi, à la fois le contexte des alliances du Moyen-Orient, les précédents de l’Ancien Testament et le langage du Nouveau Testament semble nous indiquer que le baptême est le signe de la promesse de Dieu et non de la réponse de l’homme.

Lisez : C’est quoi, un sacrement ?

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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