Je suis très loin d’adhérer au système théologique de John N. Darby, mais il faut avouer que son explication d’1 Corinthiens 7:14, bien que classique, est formulée d’une manière claire et concise. Cette explication est tirée d’une lettre de Darby intitulée Pourquoi je ne pourrais être baptiste, je citerai donc l’extrait sur 1 Corinthiens 7:14 avec un extrait qui précède pour mieux comprendre le contexte. Reproduisons tout d’abord le texte en question (1 Cor 7:14).
Car le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le frère; autrement, vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints. (1 Corinthiens 7:14)
« J’ajoute que l’idée des baptistes que le baptême est le signe de ce que nous sommes est aussi contraire à la Parole, car il est dit : “Vous êtes ensevelis avec Lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités.” Cela n’est donc pas basé sur la supposition que nous sommes déjà morts et ressuscité. Au contraire : en figure nous mourons et nous ressuscitons dans le baptême même, c’est-à-dire qu’il signifie que nous ne l’étions pas auparavant. C’est le signe de la chose par laquelle nous entrons, et non pas le signe de notre état à nous.
[…]
J’ai déjà montré que le baptême n’est pas un témoignage rendu à l’état de l’individu, mais l’admission de l’individu est un témoignage à la valeur de l’œuvre de Christ. Le baptiste, je le sais me dira : “Mais vous admettez un petit païen ?” La Parole me dit tout le contraire. Elle dit que si l’un des parents est chrétien, les enfants sont saints; or ils ne sont pas saints de nature; c’est une sainteté relative, c’est-à-dire un droit d’entrée dans la maison. C’est le sens de ce mot dans la Bible. Ils ne sont pas souillés, profanes. Un Juif qui épousait une femme des nations était profané, et les enfants profanes, et la femme devait être renvoyée avec eux. Mais le christianisme est un système de grâce, et la femme, au lieu de rendre son mari profane, est sanctifiée, et les enfants sont saints. Et ceci est la force propre et la portée évidente du passage, car il s’agit de savoir si un croyant devait renvoyer sa femme non convertie. Ainsi les enfants, étant saints, ont droit d’entrer dans la maison, et c’est l’avantage réel dont ils jouissent.
Parler d’enfants légitimes est un non-sens, car ce ne sont que les lois modernes qui ont fait faire cette distinction en pareil cas. »
Je cite :
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La pensée sur le christianisme n’est pas juste car elle rejoint la Loi mosaïque et ce qui était pratiqué jadis au milieu des israélites. En effet, dans le cas où le croyant n’est pas marié avant sa conversion à Christ, s’il se marie à un incroyant après sa conversion le mariage est « porneia », c’est à dire en infidélité à la loi divine.
C’est le seul cas de répudiation possible évoqué par Jésus dans les Évangiles et reprécisé par Paul en 2cor.6:14 et 1Cor.6:12-20, les mariages illicites en forme de « porneia » qui sont dans ce cadre les alliances d’un saint qui va chercher un conjoint dans le monde.
Par contre, si le mariage a été acté avant la conversion d’un des conjoints (les deux conjoints sont païens au moment de leur mariage) et que l’un des conjoints après le mariage devient chrétien(croyant), dans ce cas seulement la partie croyante sanctifie la partie non croyante et c’est ce que spécifie 1Cor.7:12-16.
Ainsi dans tous les cas de figure la partie païenne n’est pas sanctifiée.
• Il y a sanctification de la partie non croyante par le croyant quand le mariage s’est produit alors que les deux conjoints étaient incroyants et que l’un des membres du couple se converti après mariage,
• Il y a profanation de la partie croyante par le membre incroyant quand la partie croyante suite à sa conversion et en qualité de chrétien non marié, va se marier avec un membre incroyant.
Non, je pense que la porneia à laquelle Christ fait référence (uniquement en Matthieu) est autre :
la clause d’exception porte sur la pratique juive de l’année de fiançailles qui précédait la cérémonie finale et la consommation du mariage. Contrairement à la conception romaine, le mariage juif était constitué d’étapes successives, et les fiançailles étaient l’une d’entre elles. Durant cette période, le couple était considéré comme légalement marié, mais n’avait pas de relations conjugales. Le temps des fiançailles prenait fin au moment de la consommation du mariage.
Il existait bel et bien une possibilité de rompre lors de l’étape des fiançailles : c’est celle dont Joseph se proposait d’user secrètement envers Marie (Matt. 1:19). Notez d’ailleurs l’usage d’apoluo (divorcer) pour qualifier cette rupture, tandis que Joseph est appelé “mari” (Matt. 1:19) et que l’ange appelle Marie “sa femme” (Matt. 1:20) alors qu’ils ne sont que fiancés.
En Matt. 5 comme en Matt. 19, Jésus affirme donc la permanence de l’institution du mariage, mais il rappelle cette possibilité de rupture qui existe pendant la période de fiançailles. La clause en question n’est donc pas “d’exception”, mais “de fiançailles”. Une infidélité pendant la période de fiançailles ne constituait pas en soit une cause de divorce, mais matérialisait plutôt l’impossibilité de la partie coupable de parachever l’alliance du mariage (cf. Deut 22:23-29).
En Jean 8:41, les Pharisiens accusent Jésus d’avoir été conçu dans la porneia, une référence très probable à la grossesse de Marie durant sa période de fiançailles (cf. Matt. 1:18). Les défenseurs de cette position voient donc une volonté apologétique dans le rappel de cette clause par Matthieu, et ils pensent pouvoir en expliquer l’absence dans Marc et Luc de la sorte :
(1) À la différence des juifs et des peuples du Proche Orient, les Romains et les Grecs ne disposaient pas d’une période de fiançailles de même nature. Matthieu étant “l’Evangile des juifs”, il semble acceptable que la clause d’exception ne soit mentionnée qu’ici.
(2) Seul Matthieu inclut la volonté de Joseph de rompre avec Marie. En insérant la clause d’exception, Matthieu pouvait sans dommage qualifier “d’homme de bien” tout en cherchant à divorcer de sa fiancée/épouse (cf. Matt. 1:18-20). Matthieu anticipe ainsi l’accusation de conception dans la porneia (Jean 8:41)
(3) En précisant l’existence de cette clause, Jésus indique que seul le mariage dont les étapes sont parachevées est indissoluble. En cas de porneia, les fiançailles pouvaient être rompus. Romains et Grecs n’auraient pas pu comprendre une telle clause sans référence à la culture juive.
La plupart des défenseurs de cette position refusent toute possibilité de divorce et de remariage et sont souvent taxés de légalisme (cf. les controverses liées au positionnement de John Piper à ce sujet). Cependant, il est possible de définir une version plus “pastorale” de cette position. Selon celle-ci, la clause de porneia dans Matthieu aurait essentiellement une visée apologétique. À cause de “la dureté du coeur” de l’être humain, les pratiques pastorales pourraient tolérer au cas par cas des situations de divorce et de remariage, tout en estimant qu’il s’agit d’un échec, d’un péché, et que ce n’est pas conforme à la volonté initiale du créateur.
http://leboncombat.fr/divorce-remariage/
Bonjour Maxime N. George,
Merci pour votre réponse et le temps pris pour expliciter votre pensée.
Je n’abonde pas dans votre conception pour la simple et bonne raison que Jésus qualifie(dans les versets précités), le remariage de moichao. (Un autre terme qui mérite des éclaircissements bien particuliers)
Le moichao ici c’est la violation du lien marital époux/épouse, lien jugé indissoluble du vivant des conjoints et qui n’est dissout que par la mort d’un des conjoints. On ne peut parler de moichao que dans le cadre de couples véritablement mariés qui se séparent et se remarient avec autrui et non de couples fiancés.
En effet, la partie du couple marié qui répudie et se remarie commet un moichao et quiconque se marie avec un membre de ce couple séparé commet un moichao. Notons que l’emphase n’est pas mis sur le caractère sexuel mais sur l’alliance en mariage.
Ce point capital donné dans ces versets qui comportent la clause d’exception montre bien qu’il ne s’agissait pas de fiançailles(couples fiancés) où l’on pouvait se permettre de rompre sans porter atteinte au lien marital, mais bien de couples véritablement mariés puisque tout remariage en cas de répudiation dans ces couples serait moichao.
Bien à vous !
Au contraire, je pense que le début de Matthieu et de Luc nous indique que les fiançailles étaient déjà une première étape du mariage.