Le cardinal Richelieu est celui que l’histoire a retenu comme fondateur de l’Académie française. Mais quand nous regardons de plus près l’histoire de cette noble institution, nous retrouvons un nom qui revient à chaque étape de sa fondation, avant même que Richelieu n’intervienne. Il s’agit de Valentin Conrart.
Des rencontres informelles
Valentin Conrart n’était pas un expert des langues anciennes. Il se mit en effet trop tard à l’étude pour les maîtriser parfaitement. Mais il étudia en profondeur l’italien, l’espagnol et, bien sûr, le français.
Son amour pour les lettres le poussa à réunir chez lui, une fois par semaine, dès 1629, une dizaine d’hommes de lettres qui seront le noyau de ce qui deviendra l’Académie Française : son cousin Antoine Godeau, Jean Ogier de Gombauld, Philippe Habert, Claude Malleville, François Le Métel de Boisrobert, Jean Desmarets de Saint-Sorlin, Nicolas Faret, Paul Pellisson. Le cardinal Richelieu entendit parler de ces réunions et s’en inspira dans son désir de renforcer la cohérence de la langue française par son projet d’Académie Française.
La rédaction des statuts
Valentin Conrart est donc l’initiateur de ce projet par ces réunions informelles. Mais il fit plus pour l’Académie Française : ce fut en effet lui qui rédigea les statuts et les lettres patentes de cette institution en 1634.
Le premier secrétaire perpétuel
Les premiers membres de l’Académie sont les quelques personnes que Conrart réunissait chez lui auxquelles se rajoutent 13 personnes, Richelieu étant le protecteur. Mais quand vient le moment de choisir un secrétaire perpétuel, c’est encore le même nom qui revient.
Il devint donc le premier secrétaire perpétuel de l’Académie et Richelieu, malgré le protestantisme de Conrart, le maintint dans cette fonction jusqu’à sa mort.
Le réformé et l’homme de foi
Étonnamment, Conrart écrivit peu. Boileau dira même, dans son Épître première « j’imite de Conrart le silence prudent ». Mais il nous a toutefois laissé, en bon réformé, une versification en français des Psaumes de David ainsi que d’autres passages de la Bible. En effet, un souci central de la Réforme protestante a été de rendre accessible à tous la Bible, qu’elle considère comme Parole de Dieu. Il ne faut donc pas se contenter du latin, mais la proclamer dans la langue du peuple et l’ancrer dans les mémoires par la musique et les vers. Voici, par exemple, la versification de Luc 2:29-30 par Conrart, qui est encore chantée aujourd’hui et que l’on retrouve dans les recueils À Toi la Gloire :
Laisse-moi désormais,
Seigneur, aller en paix ;
Car, selon ta promesse,
Tu fais voir à mes yeux
Le salut glorieux
Que j’attendais sans cesse :
Salut qu’en l’univers
Tant de peuples divers
Vont recevoir et croire,
Ressource des petits,
Lumière des Gentils,
Et d’Israël la gloire.
>> Pour en savoir plus sur ce qu’est la Réforme protestante, cliquez ICI <<
0 commentaires