Voici une remarque pleine de bon sens de Tertullien sur la persécution : si être chrétien est un crime, alors pourquoi torturer celui qui a avoué son crime ? D’habitude, on torture pour que la personne avoue, non pas pour qu’elle cache son crime.
Mais voici un autre point, où vous ne nous traitez pas non plus d’après les formes de la procédure criminelle : c’est que, quand les autres accusés nient, vous leur appliquez la torture pour les faire avouer; aux chrétiens seuls vous l’appliquez pour les faire nier. Et pourtant, si c’était un crime d’être chrétien, nous nierions et vous auriez recours à la torture pour nous forcer d’avouer. Et en effet, il n’est pas vrai que vous croiriez inutile de rechercher par la torture les crimes des chrétiens, parce que l’aveu du nom de chrétien vous donnerait la certitude que ces crimes sont commis car vous-mêmes, chaque jour si un meurtrier avoue, bien que vous sachiez ce que c’est que l’homicide, vous lui arrachez par la torture les circonstances de son crime. Par conséquent, c’est contrairement à toutes les règles de la justice que, présumant nos crimes d’après l’aveu de notre nom, vous nous forcez par la torture à rétracter notre aveu, pour nous faire nier, en même temps que notre nom, tous les crimes que l’aveu du nom vous avait fait présumer.
Tertullien, Apologétique, chapitre II, 10-11.
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