Réforme et Mission
Le pédobaptisme étant assez mal compris en France ou associé au catholicisme, il existe quelques confusions sur cette pratique. Une de ces confusions concerne l’attitude des réformés lors d’une conversion. Pour que les choses soient claires : les réformés baptisent des adultes et des jeunes et non seulement des enfants. Ainsi, une personne qui entend l’Évangile, se repent et rejoint une Église réformée sera baptisée (avec sa famille si elle en a une). Il n’y a donc pas d’opposition entre pratique pédobaptiste et emphase missionnaire mais il y a plutôt une précision sur la nature de notre mission : elle ne concerne pas uniquement des individus mais des familles entières qui doivent être « discipulées » et atteintes par l’Evangile.
Et s’il est déjà baptisé ?
Nous concevons tout-à-fait qu’un enfant baptisé puisse grandir et croire à l’Evangile dès son plus jeune âge, dès lors qu’il en est instruit par ses parents et sans s’en détourner durant sa vie. Néanmoins, il est aussi possible qu’un enfant né dans une famille chrétienne et baptisé ne vienne à la foi que plus tard.
Comme j’ai eu l’occasion de le dire des dizaines de fois sur ce blog, les réformés conçoivent le baptême non pas comme un acte humain signifiant « je crois » mais comme un signe visible d’une promesse de Dieu : celle de la purification. Si le baptême n’est pas la réponse de l’homme à l’Evangile, il est toutefois le signe visible de l’Evangile et attend une réponse. Autrement dit, le baptême n’est pas la réponse mais nécessite une réponse. Que cette réponse vienne immédiatement, plus tôt lors de l’écoute de l’Evangile ou plus tard ne change pas la validité de la promesse de Dieu : dans tous les cas, la promesse est le fondement de la foi et non pas l’inverse.
De plus, le nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit sont invoqués sur la personne baptisée. Cette personne n’est donc pas baptisée au nom de son pasteur, en son propre nom ou au nom de sa foi : c’est Dieu le garant de la promesse qui est scellée symboliquement par le baptême. Ainsi, même si le pasteur ou le baptisé s’avéraient ne pas être dans la foi au moment du baptême, l’infidélité des hommes n’annule pas celle de Dieu.
Pour mieux comprendre les réformés : trois exemples et une illustration
Pour mieux comprendre la conception du baptême présentée rapidement ci-dessus, on peut considérer deux autres exemples de « signes » qui fonctionnent d’une manière similaire dans la Parole. Lorsque Dieu a fait une promesse à Noé, il lui a donné l’arc-en-ciel comme signe visible de sa promesse, signe certain chargé d’affermir sa foi en la promesse de Dieu. Lorsque Dieu nous promet que Christ est le pain de vie il nous donne la Cène pour nous représenter cette vérité de façon visible afin que notre foi puisse saisir ce pain en contemplant ce signe visible et certain. Lorsque Dieu promet à Abraham une descendance et aux Israélites « Je circoncirai vos coeurs », il leur donne la circoncision de la chair comme signe visible de son alliance et de sa promesse, afin que leur foi puisse s’appuyer sur un tel signe.
Ainsi, tous les signes (sacrements) de la Bible fonctionnent de la même manière : comme des signes de la promesse de Dieu par lesquels notre foi est affermie et non point comme des signes signifiant « je crois ». Comme le sens étymologique du mot sacrement l’indique, ces signes sont des serments, comme des sceaux en bas d’une lettre divine contenant ses promesses et certifiant par un serment officiel qu’il nous les adresse.
Conclusion
Compris ainsi, le baptême d’un enfant qui ne se convertira que plus tard prendra sens pour lui à sa conversion, non pas parce que son baptême serait rendu valide à ce moment (cela reviendrait à faire dépendre la promesse de Dieu de la réponse de l’homme !) mais parce que la personne saisit à ce moment la promesse signifiée et symbolisée dans son baptême.
Qu’en est-il des baptisés qui ne rencontrent jamais Dieu ?
Ces personnes finiront soit en restant toute leur vie dans l’Eglise et en ce cas nous ne saurons pas grand chose de leur véritable état spirituel puisque c’est Dieu qui connait les coeurs, notre rôle étant d’avertir l’Eglise selon les avertissements de la Parole afin que personne ne se séduise de par son appartenance à l’Eglise. Soit ces personnes quitteront l’Eglise un jour, cela n’annule pas la validité de leur baptême (car le baptême ne dépend que de la promesse de Dieu dès lors qu’il est administré avec de l’eau et en son nom) mais cela contribue au contraire à augmenter la culpabilité de ces personnes qui ont rejeté Dieu malgré la grâce qui leur a été faite de grandir dans l’Eglise : c’est un cas d’apostasie.
Bien, merci !