QUESTION 2
Combien de choses dois-tu savoir pour vivre et mourir dans cette heureuse assurance?
Trois.
D’abord, combien sont grands mon péché et ma misère.
Ensuite, comment j’en suis délivré.
Enfin, quelle reconnaissance je dois à Dieu pour cette délivrance.
EXPOSITION
Cette question contient la formulation et le plan de tout le catéchisme et elle coïncide avec la division de l’Ecriture entre Loi et Evangile et aux différences de ces parties que nous avons montré plus haut.
La reconnaissance de notre misère est nécessaire pour le réconfort, non pas qu’elle nous console en elle-même, ou qu’elle soit une part du réconfort (en effet elle nous épouvante plus qu’elle nous réconforte), mais :
- Elle fait monter en nous un désir de notre libération, tout comme reconnaître la maladie fait que le malade désire le remède. Ou bien, la misère non encore perçue ne fait pas attendre la libération, tout comme une maladie ignorée ne nous fait pas rechercher un médecin. Si en effet la libération n’est pas attendue, alors elle n’est n’est pas recherchée : si elle n’est pas recherchée, elle n’est pas obtenue parce que Dieu donne à ceux qui recherchent et ouvre à ceux qui frappent, selon ce qu’il est écrit : « Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. » « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés ! » « Venez à moi, vous tous qui peinez sous la charge » « je demeure avec celui qui est écrasé et dont l’esprit est abaissé » (Mattthieu 7.7 ; Matthieu 5.6 ; Matthieu 11.28 ; Esaïe 57.15) Ainsi donc : ce qui est nécessaire pour susciter le désir de libération en nous, c’est en effet ce qui est nécessaire pour notre réconfort. La reconnaissance de la misère est nécessaire pour susciter le désir de libération en nous. Donc elle est nécessaire pour notre réconfort, certes pas comme une cause en elle-même, mais comme une condition sine qua non, sans laquelle nous ne chercherions pas le réconfort. Par elle-même elle nous effraie en effet, mais la terreur est salutaire car elle mène à la foi.
- Pour que nous soyons reconnaissant à Dieu pour notre libération. En effet nous serions ingrats si nous ignorions la grandeur du mal dont nous sommes libérés, parce que dans ce cas nous n’estimerions pas justement la grandeur des bénéfices, et nous n’obtiendrions pas la délivrance, vu qu’elle ne touche que ceux qui sont reconnaissants.
- Parce que sans la reconnaissance des péchés et de la misère nous ne sommes aptes à entendre l’évangile. En effet, sans la proclamation de la Loi au sujet du péché et de la colère de Dieu il n’y aurait pas préparation à la proclamation de la grâce : il en suivrait une sécurité charnelle et un réconfort fragile parce que le réconfort sûr ne vient pas de la sécurité charnelle. Il est donc clair que nous devons commencer par la prédication de la Loi, tout comme nous voyons les prophètes et les apôtres le faire, pour renverser les hommes de leurs prétentions de propre justice, qu’ils soient préparés à la connaissance d’eux-même et pour la vraie repentance. En effet, sans cela la proclamation de la grâce les rendra plus insouciants et obstinés, et les perles seront jetées devant les porcs pour être piétinées.
Connaître notre délivrance est nécessaire pour notre réconfort :
- Pour que nous ne désespérions pas. En effet la reconnaissance de notre misère nous plongerait dans le désespoir, s’il n’y avait pas rapidement l’idée de la libération.
- Pour que nous la désirions. Car un bien que nous ne connaissons pas n’est pas attendu parce que personne ne désire ce qu’il ignore. Si donc nous ignorons le bien de la libération, alors nous ne l’attendons pas, et par conséquent nous ne l’obtenons pas. Je dirais même plus : nous ne l’accepterions pas s’il nous était trouvé et offert.
- Pour que nous soyons réconfortés. En effet un bien que nous ne reconnaissons pas ne nous réconforte pas.
- Pour que nous ne jetions pas d’outrages sur le nom divin ou notre salut, en nous inventant notre propre moyen de délivrance ou en embrassant les inventions d’autres.
- Pour nous puissions la recevoir par la foi. En effet la foi n’est pas sans la connaissance, et la libération est reçue par la foi seule.
- Enfin, pour que nous soyons reconnaissant à Dieu. Car le bien inconnu, que nous ne désirons pas, nous ne l’honorons pas ni n’avons des pensées de gratitude à son sujet. D’ailleurs, il n’est pas donné aux ingrats le bienfait de la libération, vu que Dieu veut le donner à ceux qui l’aiment en retour, ce qui est la gratitude. C’est pourquoi les éléments qui sont nécessaire pour un réconfort sûr sont la connaissance de notre délivrance, de ce quoi et comment elle est, par quoi nous y sommes amenés etc. Il faut aussi connaître l’évangile, qui est le seul qu’il faut entendre, lire et faire confiance : parce qu’il est le seul à promettre la libération des croyants en Christ.
Connaître notre gratitude est nécessaire pour notre réconfort :
- Parce que Dieu veut accorder la libération à ceux qui sont reconnaissants. Seuls ceux-là en effet atteignent leur fin, c’est-à-dire : sa célébration et la gratitude. La gratitude est donc la fin principale et l’objectif de la libération. « Si le Fils de Dieu s’est manifesté, c’est pour détruire les œuvres du diable. » « Il nous as destiné d’avance afin de célébrer la gloire de sa grâce » (1 Jean 3.8 ; Ephésiens 1.4)
- Ensuite afin qu’il puisse fournir le genre et l’intensité de gratitude qui plaît à Dieu. En effet Dieu ne veut pas que notre gratitude soit différente de celle qu’il commande dans sa parole. La vraie gratitude n’est donc pas inventée, mais apprise à partir de la parole de Dieu.
- Pour savoir que quelque soient ce que nous fournissons comme service à Dieu et notre prochain, ce ne sont pas des mérites, mais des déclarations de gratitude. Pour ce que nous faisons par gratitude, nous reconnaissons que ce n’est pas un mérite.
- Enfin, pour que par la gratitude notre foi et notre réconfort soit renforcées, ou pour que à partir de la gratitude d’être libéré, que nous avons, nous soyons assurés de la cause à partir de l’effet. En effet ceux qui sont reconnaissants, admettent et déclarent ouvertement être certains du bien qu’ils ont reçu. On l’appelle aussi vraie gratitude, celle qui est générée à partir de l’évangile, parce que l’évangile requiert la foi et la repentance pour être sauvé : « le règne de Dieu s’est approché. Changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle. » (Marc 1.15) Cependant elle est aussi enseignée dans la Loi selon un aspect, parce que la Loi montre les œuvres et ce qui plaît à Dieu. Il est donc en effet nécessaire que la gratitude soit enseignée par le catéchisme.
Objection : Ce qui suit en dernier, n’est pas nécessaire à enseigner. La gratitude suit en dernier la reconnaissance de notre misère et la libération. Donc il n’est pas nécessaire de l’enseigner. Réponse : C’est une erreur de secundum quid – ou d’abus de principe. La gratitude suit, mais ce n’est pas la même chose que le mode de la gratitude : c’est-à-dire, en reconnaissant notre libération de notre misère, nous comprenons que nous devons être reconnaissant pour un si grand bienfait. Mais ce qu’est la vraie gratitude qui plaît à Dieu, nous l’ignorons si elle ne nous est pas enseignée. Nous devons donc apprendre son mode à partir de la parole de Dieu. De plus : La majeure n’est pas universelle. Car en effet ce qui suit en dernier peut être enseigné pour une plus grande connaissance et la confirmation de notre grâce. Et Dieu par ce moyen, c’est-à-dire, par la transmission de la doctrine et la connaissance veut susciter, accroître et affermir la gratitude.
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