La Cène en Jean 6 ?
6 juin 2020

Nombreux sont ceux qui rejettent l’idée que la Sainte-Cène soit un moyen de grâce. J’ai moi-même grandi avec l’idée que la Cène n’était qu’un symbole. Ma compréhension des sacrements était telle que je ne pouvais pas me permettre de voir un enseignement à ce sujet en Jean 6. Mon point de vue a changé depuis et j’aimerais vous exposer pourquoi je pense que l’enseignement de Jean 6 est lié à la cène. Les trois principaux arguments textuels m’ayant convaincu sont l’utilisation du psaume 78 par Jésus, la proximité lexicale entre ce discours et l’institution de la Cène et le contexte du discours.

Mais avant de commencer, je tiens à dire que je ne pense pas que Jésus institue ce sacrement en Jean 6. Je ne pense pas non plus qu’il soit un moyen de régénération. La nécessité de la foi en Christ est l’enseignement principal du discours (Jn 6:29, 35, 40, 64 et 69). Mais comme le dit la question 65 du catéchisme de Heidelberg, notre foi est confirmée par l’usage des saints sacrements :

Question : Puisque c’est seulement la foi qui nous rend participants de Christ et de tous ses bienfaits, d’où vient-elle?

Réponse : Le Saint-Esprit la produit dans mon cœur par la prédication du saint Évangile et la confirme par l’usage des saints sacrements. 

L’utilisation du psaume 78 par Jésus en Jean 6

En Jean 6, Jésus cite un verset (Ps 78:24) qui est, dans son contexte, entouré de types pointant vers les sacrements. 

À la lumière du Nouveau Testament, on réalise que la traversée de la mer Rouge était un type d’une réalité bien plus grande : le baptême (1 Co 10:2). De même, la manne et l’eau du rocher étaient des types qui pointaient vers la Cène (1 Co 10:3-4). Avec la révélation néotestamentaire en tête, une abondance de références typologiques aux sacrements de la Nouvelle Alliance nous saute aux yeux dans le psaume que cite Jésus. 

Pour le baptême : 

Dieu avait fendu la mer pour les faire passer, il avait dressé l’eau comme une muraille.

Ps 78:13.

Et pour la Cène : 

Dieu avait fendu des rochers dans le désert, et il leur avait donné à boire en abondance. Du rocher il avait fait jaillir des sources et couler de l’eau, comme des fleuves. Dieu a frappé le rocher et l’eau a coulé, des torrents se sont déversés. Dieu a donné ses ordres aux nuages d’en haut, et il a ouvert les portes du ciel ; il a fait pleuvoir sur eux de la manne comme nourriture, il leur a donné le pain du ciel. Ils ont mangé et ont été pleinement rassasiés. 

Ps 78:15, 16, 20, 23-25, 29.

Si donc on prend en compte le contexte du verset 24 du psaume 78 que Jésus cite en Jean 6, on peut affirmer le lien entre les sacrements et l’enseignement de Jésus dans ce passage.

Les deux espèces de la Cène

Celui qui mange mon corps et qui boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. (Jean 6.56)

Les deux espèces de la Cène sont le pain et le vin, ceux-ci représentent le corps et le sang du Seigneur (Lc 22:19-20). Nous avons donc les mêmes éléments (corps et sang) et les mêmes actions (manger et boire) en Jean 6 et dans la Cène. Le lien est flagrant !

Le contexte de l’enseignement de Jésus en Jean 6

Premièrement, nous savons que Jésus a institué la Cène durant la Pâque. L’Apôtre Jean prend la peine de préciser que cette fête juive était proche lorsque Jésus a multiplié les pains pour les 5000 hommes (Jean 6:4).

Deuxièmement, Jésus tient son discours au sujet du « pain de vie » devant la foule qu’il venait de rassasier physiquement avec les pains et les poissons. Dans l’évangile de Marc, la mise en scène de la multiplication des pains pour les 5000 hommes (chapitre 6) montre clairement une reconstruction d’événements vécu par Israël. Nous nous trouvons dans un désert (Mc 6:31, 32 et 35) avec une grande foule qui n’avait rien a manger (Mc 6:36), qui est divisé en groupes (Mc 6:40) et avec un médiateur qui va sur la montagne (Mc 6:46). C’est dans ce contexte que Jésus prend les pains, prononce la prière de bénédiction, rompt les pains et les donne à ses disciples (Mc 6:41). C’est exactement avec ces 4 actions et dans cette même ordre que Jésus va instituer la Cène quelques chapitres plus tard (Mc 14:22).

Jésus est le vrai Moïse. Il est celui qui peut vraiment rassasier ceux qui viennent à lui. Jésus ne nous nourrit pas comme la manne avait nourri Israël ; eux sont morts, mais celui qui se nourrit de Jésus vivra éternellement (Jn 6:58). La Cène est un moyen par lequel Christ communique les bienfaits de sa médiation qui sont rendus efficaces pour le salut de ses élus.

Conclusion

Ainsi, le parallèle entre Jean 6 et la Cène peut être esquissé à la lumière de l’utilisation du psaume 78 par Jésus dans son discours, du contexte de ce discours et des formulations et mots utilisés (manger, boire, corps et sang). De même que la manne a réellement nourri le peuple de Dieu dans le désert, de même Dieu nous nourrit réellement lors de la Cène. Notre foi est fortifiée lorsque nous nous souvenons de Christ, l’agneau pascal sacrifié pour nous (1 Co 5:7). En effet, nous voyons le pain brisé, nous sentons, touchons et goûtons les éléments et surtout entendons les paroles de la vie éternelle (Jn 6:68). C’est ainsi que nous nous nourrissons du Christ, non pas physiquement (Jn 6:52), mais spirituellement, car c’est l’Esprit qui fait vivre (Jn 6:63). Tout comme la communion avec les démons peut être réelle (1 Co 10:20), la communion avec notre Seigneur est réelle (1 Co 10:16-17, Jn 6:56). Son corps est vraiment une nourriture et son sang est vraiment une boisson (Jn 6:55). Dieu veut nous bénir par la Cène (1 Co 10:16), ne vous en privez pas !

Illustration : mosaïque de Tabgha en Galilée, Ve siècle.

Philipp Hopp

Philipp est avant tout un disciple du Seigneur Jésus-Christ. Fiancé à Laura, ingénieur de formation, il a aussi étudié un an à l’Institut Biblique de Bruxelles. Il est particulièrement émerveillé par la beauté de l’Écriture en étudiant la théologie biblique.

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