Si seulement j’avais un nez vert — Lucado & Martinez — Recension
10 juin 2020

Il y a beaucoup d’histoires dans la Bible. Il est en ainsi parce que Dieu a choisi le récit comme moyen d’enseignement particulièrement adapté. Raconter des histoires est donc un excellent moyen d’enseigner l’Évangile à nos enfants. Parmi les propositions chrétiennes, j’ai lu et raconté à mes enfants Si seulement j’avais un nez vert de Max Lucado, illustré par Sergio Martinez. Et j’ai été vraiment impressionné par la qualité du travail de l’auteur, la profondeur du récit, ainsi que la pure beauté du travail de l’illustrateur.

Si seulement j’avais un nez vert est un conte illustré qui raconte l’histoire d’un village de marionnettes — les vémiches — qui se passionnent pour la dernière mode : se peindre le nez en vert. Malgré les avertissement de son créateur, Punchinello se plie à cette mode, et même si dans les premiers temps il est soulagé d’être « branché », il se rend compte au final que ce n’est qu’une vaine poursuite, et revient vers son créateur pour se débarrasser de ces couches de peinture.

Commençons par parler de l’auteur. Max Lucado est bien connu comme auteur chrétien pour les enfants, et c’est à raison. Ce que j’ai trouvé le plus intéressant, c’est la grande quantité d’interprétations possibles de son histoire ; elle peut être utilisée avec plusieurs visées pédagogiques :

  • sur l’idolâtrie : comment l’homme préfère se tourner vers des folies toujours renouvelées plutôt que vers son créateur ;
  • sur la loi naturelle : le créateur nous as créés en vue de quelque chose, et nous ne sommes pas libres de disposer de notre propre corps pour en faire ce qu’il nous plaît ;
  • sur la difficulté de résister au groupe, qui vous pousse vers le péché ;
  • ou même, si cela vous chante, pour de la « moraline » habituelle : ne te fais pas de piercing, de tatouage, ne fume pas, etc.

L’histoire permet toutes ces interprétations-là. Et elles viennent très facilement aux enfants. Mon fils aîné (6 ans) à la lecture disait spontanément : « Ah mais Éli c’est Dieu » et la conversation a naturellement tourné vers la loi naturelle. Sans douleur ni efforts.

J’en viens au travail de l’illustrateur. Il est juste magnifique, d’une beauté classique et cependant adapté aux enfants. Sergio Martinez a fait un travail aussi bon que Max Lucado, et il mérite d’être félicité.

En ce qui concerne l’âge, le niveau de l’histoire, sa densité et le style de dessin font qu’elle est adaptée à des enfants de plus de 6 ans, plutôt qu’à des tous-petits.

Le livre est globalement orthodoxe, ma seule réserve porterait sur une réplique : alors que Punchinello se demande s’il peut revenir voir son créateur malgré sa bêtise, un personne l’encourage à le faire. Il demande : «Il est en colère ? » L’autre personnage répond: « Triste, mais pas en colère ». L’orthodoxie affirme au contraire que Dieu est en colère contre le péché, et le pécheur. En sens inverse, le milieu évangélique a beaucoup cherché à gommer et diminuer cette colère de Dieu, selon une logique qui cherche à plaire à ceux qui sont extérieurs à la fois. Une logique d’adaptation au public (seeker-sensitive) semble avoir dicté cette réplique. D’un autre côté, ce n’est qu’un conte, et on ne demande pas à ce conte d’être un traité de théologie systématique extrêmement précis. Je ne renoncerai donc pas à utiliser ce livre.


Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

1 Commentaire

  1. David Mas

    Merci Etienne pour la recension ! C’est loin d’être un exercice facile et tu t’en sors brillamment !

    Réponse

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