La persévérance chrétienne (1/3)
17 octobre 2021

Cette mini-série est la première d’un ensemble de méditations suivies dans l’épître de Jacques. Elle est composée des trois parties ci-dessous. :

1/3 : Les diverses épreuves de la vie chrétienne

2/3 : La considération chrétienne des épreuves

3/3 : La joie chrétienne dans l’épreuve

Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous recommande la lecture de l’excellente série de Josué Isaac sur la souffrance.


Préambule

Le mois dernier, Dieu a accordé à notre Église locale le grand privilège de célébrer plusieurs baptêmes et d’accueillir de nouveaux membres en son sein. Contre toute attente, notre assemblée n’a jamais connu de croissance plus importante qu’en ces périodes de confinement, gloire à notre Dieu ! Cette croissance inattendue est pour nous une preuve supplémentaire de la fidélité du Christ envers son Église qu’il bâtit, pierre vivante après pierre vivante. C’est une preuve de la souveraineté de Dieu à travers toutes les circonstances que lui-même décrète pour sa gloire. C’est aussi un encouragement qu’il nous fait à persévérer dans notre foi personnelle et notre proclamation fidèle de l’Évangile. Car nous constatons, par ces témoignages de conversion ou de réveil spirituel, que jusqu’à son retour, Jésus-Christ est effectivement avec son Église, comme il l’a promis, et que l’Esprit Saint combat pour nous en continuant à convaincre les hommes de leur péché, et à les conduire au pied de la glorieuse croix du calvaire pour leur salut.

Je ne dis pas cela pour décourager les plus jeunes dans la foi qui nous liraient, mais les plus anciens le savent bien : une fois baptisé, le plus dur reste à venir. Tous ceux qui sont passés par une expérience de conversion ou de réveil authentique connaissent ce sentiment d’euphorie et ce zèle, qui manque même parfois de sagesse, qui nous anime dans les premiers mois ou premières années de notre nouvelle naissance. Dans ces moments-là, tout nous semble naturel et facile dans notre marche chrétienne. Abandonner nos péchés les plus évidents, témoigner de notre foi à chaque occasion, participer à la vie de l’Église : nous n’avons que peu d’efforts à faire pour rester fidèle dans ces choses. Dans ces moments-là, même l’opposition frontale, voir la persécution, nous semble facile à supporter.

Mais nous sommes obligés de reconnaître que sur l’ensemble de notre vie chrétienne, entre ces moments de réveil spirituel, c’est plutôt la léthargie, la lassitude, le découragement, voire l’indifférence spirituelle qui ont tendance à dominer. Et cela peut grandement troubler le jeune chrétien dans la foi, lorsqu’il constate pour la première fois un manque de motivation pour ce qui était si facile pour lui auparavant, qu’il ne ressent plus la même chaleur et la même joie dans ses moments de lecture et de prière. Alors peuvent lui venir des questions telles-que : Cela veut-il dire que je régresse dans ma foi ? Est-ce que ma conversion n’était finalement qu’une illusion ? Le Seigneur m’a-t-il abandonné ?

L’apôtre Paul utilise plusieurs fois dans ses lettres des métaphores pour illustrer la marche chrétienne dans ce monde. Il compare notamment le chrétien à un sportif en évoquant la persévérance dans la sanctification. Et ceux qui pratiquent un sport depuis longtemps le savent bien : la progression dans une discipline sportive n’est pas linéaire. Au début, on apprend vite et on progresse beaucoup, car on part quasiment du niveau zéro. C’est une période très gratifiante, très motivante, et on a bien l’impression d’être promis à un grand avenir sportif. Mais il y a toujours un moment où on arrive à un pallier, qui peut être plus ou moins long, où nos progrès vont être beaucoup moins évidents. On a l’impression de stagner, et il faut persévérer, malgré cette impression démotivante, jusqu’au moment où toutes les petites améliorations difficilement acquises pendant de longs mois nous amènent à un nouveau pic de progression, qui lui-même nous amènera à un nouveau palier et ainsi de suite.

Autrement dit la progression dans une discipline sportive n’est pas linéaire, elle est en escalier, et plus le sportif progresse, plus les phases de progression sont courtes et espacées par des paliers de plus en plus longs, jusqu’à ce que l’athlète atteigne son niveau maximum.

Je suis pour ma part convaincu que cette image illustre bien le progrès de notre foi dans notre marche chrétienne. Notre vie chrétienne est essentiellement composée de paliers, que l’on peut assimiler à notre persévérance dans les moyens de grâce au quotidien (étude de la Parole, prière, communion fraternelle). Et, selon sa volonté, Dieu peut nous accorder des périodes de réveil spirituel, où nos progrès sont bien plus évidents, rapides, et dans un sens « motivants » pour nous. Mais nous ne devons pas faire l’erreur de ne valoriser que ces moments de réveil et de vouloir en faire la norme de notre vie, car, par définition, ils sont ponctuels, et exceptionnellement accordés selon la volonté de Dieu.

Donc l’essentiel de notre vie, ce sont ces paliers, où il nous faut persévérer, malgré la lassitude, malgré l’impression de stagnation, parfois même de recul. Tout sportif ressent cette lassitude dans la discipline de ses entraînements. Il souffre, il a à ses côtés d’autres sportifs qui progressent plus vite que lui, il doute bien souvent. Bien souvent il veut laisser tomber, mais il persévère, pour deux raisons principales : Parce qu’il sait qu’il doit souffrir pour progresser, et parce qu’il ne perd jamais de vue son but. Et c’est ce but qui est sa plus grande motivation dans les pires moments de découragement : il doit persévérer pour atteindre la victoire.

Dans cette série, nous allons donc parler de la persévérance du chrétien, et plus particulièrement, de la persévérance du chrétien dans l’épreuve. A l’image de ce sportif, nous allons voir comment nous aussi, nous devons souffrir pour progresser, et les raisons glorieuses que nous, chrétiens, avons en commun, pour porter un regard positif sur les épreuves de nos vies. Et ma prière, c’est qu’aussi bien les nouveaux baptisés que les plus anciens dans la foi, puissent être, par cette lecture, encouragés et fortifiés pour affronter, par la grâce de Dieu, les épreuves à travers lesquelles il aura décidé de nous faire passer pour nous préparer à la vie dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

Contexte

Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec l’épître de Jacques, et puisque cet article est le premier d’une série de méditations sur ce texte, il peut être bon d’en présenter succinctement le contexte général avant d’entrer dans le vif du sujet. Pour cela, commençons par le premier verset :

Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut!

Jacques 1:1

Jacques le juste

Commençons donc par son auteur, qui se présente au premier verset. Ce Jacques dont il est question (car il y en a plusieurs mentionnés dans la Bible) n’était pas n’importe qui puisqu’il était l’un des plus importants responsables de l’Église à Jérusalem à cette époque (Gal 1:19). Il était considéré comme un des piliers de l’Église primitive, avec Pierre et Jean (Gal 2:9). C’est lui qui a présidé le fameux concile de Jérusalem mentionné en Actes 15. Il était un des fils de Marie et Joseph, un juif donc, qui, tout comme ses frères, était très sceptique vis à vis de son demi-frère Jésus tout au long de son ministère terrestre. Ce n’est qu’après avoir contemplé la résurrection du Christ de ses propres yeux qu’il fut convertit (1Cor 15:7). L’historien de l’Église primitive Hégésippe de Jérusalem l’appelait « Jacques le juste », car il était un homme d’une grande piété, animé d’un zèle profond pour l’obéissance de la loi de Dieu, et particulièrement dévoué à la prière. On disait de lui qu’il passait tant de temps à prier sur ses genoux que ceux-ci, tout recouverts de corne, ressemblaient à ceux d’un chameau. Voici donc qui était Jacques, le demi-frère de Jésus, un homme très pieux, un homme de prière, un pasteur, sage et reconnu, animé du plus profond désir de voir ses frères et sœurs obéir aux commandements du Christ dans tous les domaines de leur vie.

Si je vous donne tous ces détails, c’est pour qu’il soit bien clair qu’on ne peut pas reprocher à Jacques de prêcher ce qu’il ne vit pas, et qu’on ne peut pas non plus l’accuser de prêcher un légalisme opposé à l’Évangile du Christ. Il est au contraire l’illustration vivante des exhortations qu’il fait à l’Église dans sa lettre, légitime pour dire, comme Paul, « soyez donc mes imitateurs« . Tout d’abord il est évident que Jacques a vécu une vraie conversion. Voici un homme qui a côtoyé le Christ durant la majeure partie de sa vie en le méprisant et en rejetant ses enseignements. Un homme qui, à nouveau comme l’apôtre Paul, était exemplaire dans sa pratique du judaïsme. Et nous voici devant les mots de ce juif modèle, après qu’il ait fait face à son demi-frère, qui affirmait être le Fils de Dieu, le messie, ce demi-frère qu’il a vu mourir, et ressusciter trois jours après, nous voici devant Jacques, qui se présente à l’Église primitive en ces termes au verset 1 « Serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ« . « Serviteur » ayant ici le sens d’un esclave qu’un maître a acquis volontairement, intentionnellement. Jacques, un juif parlant à des juifs, reconnaît qu’il a été racheté, appelé, et qu’il est aujourd’hui le serviteur de son demi-frère Jésus-Christ, qu’il reconnaît être vraiment Dieu et vraiment homme. Ne sont-ce pas là des mots remplis du courage et de l’humilité que seule une âme illuminée et fortifiée par le Saint Esprit peut prononcer après avoir contemplé la gloire du Fils de l’Homme ? Autrement dit, par ces tous premiers mots de présentation, la nouvelle naissance de Jacques est évidente, et, point très important : toutes les exhortations pratiques qu’il fera par la suite ont pour point de départ et d’arrivée la nouvelle nature qu’il a reçu en Jésus-Christ, par la grâce de Dieu. Jacques est donc l’illustration vivante des paroles du Christ « celui qui m’aime garde mes commandements » et c’est ce désir qui transparaît dans toute sa lettre.

Toutes les exhortations pratiques que Jacques fera dans la suite de sa lettre ont pour point de départ et d’arrivée la nouvelle nature qu’il a reçu en Jésus-Christ, par la grâce de Dieu.

Objectif central

Cette lettre est donc logiquement remplie d’exhortations et de conseils pour vivre la vie chrétienne. Son contenu est beaucoup plus pratique que théorique. Jacques développe ce que l’on appelle « l’orthopraxie » de la vie chrétienne, c’est à dire la bonne manière de vivre devant Dieu, « Ortho » signifiant « droit » , « juste » et « praxis » signifiant « action ». Bien sûr, l’orthopraxie a toujours pour base l’orthodoxie, c’est à dire que nous devons d’abord connaître, comprendre et accepter ce qui est bon pour Dieu, avant de pouvoir pratiquer ce qui est bon dans tous les domaines de notre vie. Et il y a bien entendu de la théorie dans cette lettre, qui vient soutenir ponctuellement les exhortations pratiques de Jacques, mais elle reste avant tout majoritairement une lettre de conseils, de directives pratiques sur la bonne manière de vivre la vie chrétienne dans ce monde.

Jacques est avant tout épris d’un vif désir de voir ses frères et sœurs faire preuve d’une obéissance sans compromis à la parole de Dieu. C’est pourquoi il aborde, parfois sans transition, des sujets très différents tels que l’usage de la parole, la maîtrise de nos passions, la gestion des richesses et la planification de nos projets de vie, la maladie, ou encore la lutte contre le péché. Cette lettre est courte, dense, riche, et sans détour.

Destinataires

Et, finalement, pour en finir avec ce tour d’horizon de la lettre au verset 1, je ne vais pas passer beaucoup de temps sur les destinataires de la lettre qui sont « les douze tribus qui sont dans la dispersion ». Certains interprètes considèrent que Jacques s’adresse premièrement à ses frères juifs convertis dispersés suite aux persécutions, d’autres considèrent que ce terme, comme en 1 Pierre 1, fait référence aux Églises de manière générale, que Jacques désigne ainsi pour signifier que les Églises chrétiennes sont la continuité d’Israël, cette fois-ci composée de juifs et de gentils1. Dans tous les cas, peu importe l’interprétation que l’on privilégie, ce qui est sûr, c’est que vous et moi sommes directement concernés par ces exhortations pratiques de Jacques, car cette lettre était une lettre circulaire, destinée non à une assemblée en particulier, mais à un ensemble d’Églises composées de juifs et de gentils convertis au Christ par l’Évangile. Les problématiques pratiques que Jacques aborde sont donc universelles, et cette lettre est et sera donc toujours très pertinente pour l’Église qui continuera d’être confrontée aux même défis éthiques, moraux et spirituels jusqu’au retour du Seigneur Jésus-Christ.

Ce que Jacques veut nous rappeler, c’est que la vie chrétienne, ce n’est pas que la saine doctrine, mais c’est aussi, sans aucun doute, la saine pratique.

Le sujet avec lequel Jacques commence sa lettre, et qui en est finalement le fil conducteur, c’est la persévérance. Et notamment la persévérance que produit l’épreuve dans la vie du chrétien. La question que nous allons nous poser dans cette série est la suivante : Comment le chrétien peut-il se réjouir face aux épreuves de sa vie ?

« Les diverses épreuves » de la vie chrétienne

Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience.

Jacques 1:2-3

La première chose que nous devons faire pour répondre à cette question, c’est définir ce que Jacques entend par « épreuves ». C’est très important pour ne pas tomber dans une compréhension malsaine de l’exhortation à la joie qu’il nous fait ici. Au verset 2, il parle des « diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés« , puis juste après au verset 3 de « l’épreuve de notre foi« . Comme nous l’avons dit en introduction, Jacques écrit à des chrétiens qui ont fui la persécution qu’ils subissaient de la part des juifs, ou de Rome, ou des deux à la fois. Donc lorsqu’il parle des diverses épreuves et de l’épreuve de votre foi, il s’agit premièrement des épreuves que ses frères endurent directement à cause de leur fidélité au Seigneur Jésus-Christ et à son Évangile. Il faut que cela soit bien clair pour nous tous. Si un jour vous entendez un prédicateur prendre comme base ce verset, et vous parler de votre patron qui ne veut pas vous accorder une augmentation, de vos résultats entrepreneuriaux qui ne sont pas à la hauteur de vos efforts, ou même de votre conjoint qui vous rend la vie difficile, vous pouvez être sûr qu’il ne s’agit pas de ce “genre d’épreuves”. Jacques parle ici à la suite de notre Seigneur qui disait « Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande au ciel. » Pierre affirmera plus tard la même vérité dans sa lettre : « Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra.« .

Le premier point déterminant pour la bonne compréhension de ces versets est donc que les épreuves que Jacques mentionne ici sont toutes des épreuves liées de près ou de loin à notre foi en Jésus-Christ. Ce sont les épreuves que vous subissez dans le monde parce que vous vous réclamez de Jésus Christ dans vos mots et dans vos actes, les épreuves à travers lesquelles vous participez aux souffrances du Christ. Regardez dans les Écritures pour quelles raisons et dans quel cadre le Christ fut persécuté. Ce n’était pas à cause de son ambition carriériste, de son charisme ou de son statut social, mais toujours à cause de son ministère en tant que prophète de la vérité, en tant que Fils de Dieu.

Je voudrais néanmoins nuancer un point ici car on me dit souvent par rapport à ce verset « Oui mais il est quand même question de diverses épreuves auxquelles nous sommes exposés ». Est-ce que cela n’inclue pas toutes les difficultés auxquelles nous pouvons faire face dans la vie ? Le verset 3 nous permet de répondre à cette question. On reconnaît le type d’épreuves dont Jacques parle non seulement au fait que nous les subissons à cause de notre fidélité au Christ, mais nous les reconnaissons aussi au fruit que ces épreuves produisent en nous. Et ce fruit c’est la persévérance.

Laissez-moi vous donner quelques exemples concrets pour illustrer cela. On peut classer les épreuves dans la vie chrétienne en trois catégories :

La persécution directe

La première catégorie, c’est la persécution directe, explicite, intentionnelle : C’est l’épreuve de notre foi la plus évidente que nous pouvons subir, c’est la persécution directe à cause de nos croyances et de notre mode de vie chrétien, comme se fut le cas depuis l’Église primitive jusqu’à aujourd’hui dans de très nombreux pays. Lorsque nous sommes insultés, agressés, opprimés ou tués parce que nous sommes chrétiens, nous traversons ce type d’épreuve, liée au nom du Christ, qui nous sanctifie, et qui a pour finalité la récompense céleste.

Les trois caractéristiques par lesquelles vous pouvez reconnaître le type d’épreuve dont Jacques parle sont les suivantes : Ces épreuves sont liées au nom du Christ, elles nous sanctifient, et elles ont pour finalité la récompense céleste.

La persécution indirecte

Il y a une deuxième catégorie d’épreuves à laquelle nous sommes plus confrontés dans un pays comme la France ; celle de la persécution indirecte. Ce sont les épreuves qui sont la conséquence, qui sont un effet secondaire de notre obéissance à la volonté de Dieu. Par exemple, un frère qui cherche depuis longtemps un travail, et qui refuse une opportunité parce que cet emploi impliquerait qu’il travaille le dimanche est éprouvé à cause de sa foi. Un frère qui refuse une promotion parce que son nouveau poste exigerait de lui d’être beaucoup moins disponible pour sa famille est éprouvé à cause de sa foi. Un adolescent qui se prononce contre l’homosexualité ou attend d’être marié avec une chrétienne pour avoir des rapports sexuels, et qui est mis à l’écart et moqué par les autres élèves, voir pointé du doigt par les enseignants, est éprouvé à cause de sa foi.

Ces choix peuvent amener une famille à vivre modestement alors qu’elle pourrait s’enrichir, ils peuvent amener une personne à se retrouver isolée et mal vue des autres tout simplement parce qu’elle obéit à la volonté de Dieu, et ces épreuves sont aussi liées au nom du Christ, elles sanctifient, et elles ont pour finalité la récompense céleste.

Les épreuves communes

Et il y a finalement une troisième catégorie, celle des épreuves communes à tous les hommes : Ce sont toutes les « diverses épreuves » auxquelles le chrétien peut être confronté, au même titre que les non croyants, mais précisément parce que nous sommes chrétiens, le Saint Esprit nous travaille à travers ces épreuves communes pour produire en nous de la patience, de la persévérance. Et donc en effet, on peut dire que pour le chrétien, par le Saint Esprit, toutes les épreuves de sa vie produisent de la patience/persévérance, et donc qu’à ce titre, elles doivent être considérées par lui comme un sujet de joie complète, ainsi que Jacques nous y exhorte.

La même épreuve qui produit chez le non chrétien de la colère, de la frustration, du désespoir, produira chez le chrétien, par le Saint Esprit, de la patience, de l’espérance, et de la joie, car il sait que cela travaille à sa sanctification, et que la finalité de toutes ces épreuves, c’est la félicité éternelle auprès de Dieu.

A ce jour en France, nous sommes beaucoup plus susceptibles de traverser les deux dernières catégories d’épreuves. Et laissez-moi vous dire que le plus grand danger dans ce pays, pour nous chrétiens, ce n’est pas (encore) l’épreuve de la persécution, mais bien le danger du confort. Je me souviens avoir lu quelque part cette phrase « si votre vie chrétienne est confortable, c’est qu’il y a un problème ». Et nous devons sérieusement nous poser la question : Est-ce que je m’arrange pour que ma vie chrétienne soit la plus confortable possible ? Est-ce que dès que je suis confronté à un choix où je sais très bien que si j’obéis à la volonté de Dieu, je serai éprouvé, je m’arrange avec ma conscience pour choisir la voie du compromis et de la facilité ? A quand remonte la dernière fois où vous avez été éprouvé à cause de votre foi ? Si nous ne pouvons pas répondre à cette question, remettons-nous en question, et prions pour que Dieu nous montre s’il n’y a pas des domaines de notre vie où nous nous sommes progressivement endurcis, par crainte de l’épreuve, par facilité et désir de confort.

Notre Seigneur nous a averti que nous serions éprouvés dans ce monde à cause de notre foi en lui, d’une manière ou d’une autre. Si cela ne nous est jamais arrivé, nous ne sommes probablement pas ses disciples.

Le monde et Satan ne sont pas dérangés par une foi silencieuse, intérieure et invisible. C’est lorsqu’elle s’exprime qu’elle dérange et qu’elle génère une opposition et la persécution. C’est pourquoi si nous n’avons jamais vécu dans une certaine mesure la persécution, c’est que notre foi ne se traduit pas en parole et en actes dans notre vie, et donc, qu’elle n’est possiblement pas la foi biblique.

Le plus grand danger aujourd’hui pour nous chrétiens en occident, ce n’est pas la persécution, mais le confort et l’assoupissement spirituel qu’il amène dans notre vie, et nous devons y être particulièrement vigilant.

Voilà donc la nature des « diverses épreuves » dont parle Jacques et qu’il nous appelle à « regarder comme un sujet de joie complète » ; ce sont les situations qui éprouvent directement ou indirectement notre foi en Jésus-Christ. Dans le prochain article, nous verrons ce que Jacques nous appelle à faire lorsque, dans sa providence, Dieu nous fait passer par l’épreuve.


  1. Ou gens des nations, les non-juifs[]

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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