La fête réformée de la Réformation — Romel Quintero
31 octobre 2021

Romel Quintero, partenaire de notre site, a publié en espagnol ce bref article à l’occasion de la fête de la Réformation de cette année.

Les débuts de la célébration de la Réforme protestante ne sont pas très clairs. Il y a des historiens qui pensent que ses origines sont modernes (à partir du XIXe siècle seulement), et c’est peut-être de là que date sa forme actuelle. Cependant, on sait que ladite célébration remonte au moins au XVIIe siècle, plus précisément à 1617, lorsqu’on a célébré son centenaire. Ce qui est étonnant, c’est que la célébration du centenaire fut l’initiative de réformés allemands et non de luthériens, comme on aurait pu s’y attendre. Tout cela est bien résumé et expliqué dans le paragraphe suivant :

De manière intéressante, ce sont les calvinistes, et non les luthériens qui proposèrent pour la première fois en 1617 un centenaire qui commémorât l’attaque de Luther contre les indulgences. S’inquiétant d’une Église catholique tridentine qui s’affirmait de plus en plus, et privés de tout statut légal dans le Saint Empire romain germanique, les fonctionnaires ecclésiastiques et royaux du Palatinat réformé proclamèrent au début de l’année qu’ils célébreraient en octobre un jubilé, pour se souvenir comment « l’Éternel tout-puissant nous a favorisés et nous a libérés des ténèbres horribles de la papauté. » Le prince-électeur palatin Frédéric V exhorta tous les protestants (il désignait par là les luthériens et les réformés) à mettre de côté les divisions et à rendre grâces entre le 31 octobre et le 2 novembre pour la restauration de « la lumière brillante de l’Évangile ».

Thomas Albert Howard, Mark A. Noll, The Reformation at Five Hundred, First Things, 2014.

L’invitation à « mettre de côté les divisions et rendre grâces » comme double motivation de la fête de la Réformation est très intéressante ; je crois qu’il y a là quelque chose qui devrait être la caractéristique de cette célébration réformée. D’un côté, c’est un jour à fêter avec les autres protestants orthodoxes, au-delà de nos différences doctrinales. Mais c’est aussi — et c’est le plus important — un jour qui convient parfaitement pour remercier1 Dieu pour la Réforme qu’il a accordée à son Église, au moyen de réformateurs comme Luther, Zwingli et d’autres2. La fête de la Réformation n’est pas une fête chrétienne comme Noël ou Pâques, mais un jour d’actions de grâces protestant pour ce bienfait historique, qui fait mémoire de manière particulière de l’action de la Providence divine.

L’équipe de Par la foi souhaite une joyeuse et priante fête de la Réformation

à tous ses lecteurs réformés, luthériens et protestants d’autres confessions !


Illustration : Porte de l’église du château de Wittemberg (Thesentür, détail), bronze, 1858.

  1. L’institution de jours d’action de grâce est bien documenté dans la tradition réformée, par exemple, dans la confession de Westminster (§ 21,5). Un membre important de l’assemblée de Westminster de 1643, Georges Gillespie (1613-1648), dit à ce propos : « Dieu a donné à son Église une règle générale (…) au sujet de fêtes extraordinaires (…) pour rendre grâces en rassemblant tout son peuple, à l’occasion d’un grand bienfait reçu… » (A Dispute Against the English-Popish Ceremonies, W. Christiaens, 1637, chap. VII, p. 23).[]
  2. Voir l’article de Romel Quintero, ¿Fue realmente Lutero quien inició la Reforma?[]

Arthur Laisis

Linguiste, professeur de lettres, étudiant en théologie à la faculté Jean Calvin et lecteur dans les Églises réformées évangéliques de Lituanie. Principaux centres d'intérêts : ecclésiologie, christologie, histoire de la Réforme en Europe continentale. Responsable de la relecture des articles du site.

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