Cette mini-série est la seconde d’un ensemble de méditations suivies dans l’épître de Jacques. Elle est composée des trois parties ci-dessous :
1/3 : Le destinataire de la prière
3/3 : La foi dans la prière
Si vous sentez le besoin d’être renouvelé dans votre vie de prière, n’hésitez pas à lire les nombreuses prières réformées publiées sur le site.
La foi dans la prière
Dans les deux précédents articles, nous avons établi, volontairement dans cet ordre, les deux premières caractéristiques de la prière efficace : elle est tout d’abord adressée au Dieu trinitaire, puis, son sujet est nourri par les intérêts de ce même Dieu pour son Royaume. Poursuivons notre réflexion avec les versets 6 à 8 :
Mais qu’il la demande avec foi, sans douter ; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre.
Qu’un tel homme ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur : c’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies.
Jacques 1,6-8
Deux types d’hommes, dont la disposition de cœur dans la prière est très différente, nous sont présentés dans ces versets. Tous les deux prient le même Dieu véritable, pour un même sujet légitime, mais l’un prie avec foi et l’autre, en doutant. Celui qui prie avec foi est exaucé, et celui qui prie en doutant ne reçoit rien de la part du Seigneur. Nous voici donc devant la troisième caractéristique d’une prière efficace qui semble être déterminante, et qui est particulièrement pertinente pour nous aujourd’hui, si l’on considère l’emphase que certains courants du christianisme mettent sur la force, la quantité de foi nécessaire pour qu’une prière soit exaucée.
Pour éclaircir ce que Jacques entend par prier avec foi, voyons tout d’abord ce qui caractérise l’homme dont la prière n’est pas exaucée. Il nous est dit qu’il doute, qu’il est semblable aux flots de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre, qu’il est irrésolu, inconstant dans toutes ses voies. D’autres traductions mentionnent à la place d’irrésolu l’homme au cœur double.
Cela nous montre que cet homme doute de deux manières tout aussi problématiques l’une que l’autre : il doute de Dieu et il doute de ses propres voies.
Douter de Dieu
Premièrement il doute de Dieu et de sa Parole. Voici un homme qui ne connaît pas réellement Dieu. À l’inverse d’Élie face aux prophètes de Baal, quand vient l’épreuve et qu’il se sent poussé à la prière, il ne peut trouver de réconfort et de courage dans le caractère de Dieu, car il n’a pas appris à le connaître et n’a pas développé de relation personnelle avec lui. Alors forcément, lorsque vient le moment de prier, il doute. Comme nous l’avons vu juste avant, il ne sait pas quoi demander à Dieu, il ne sait pas comment adorer Dieu dans ses prières, car il ne connaît ni son caractère ni ses promesses, car il ne connaît pas sa Parole. Et nous en revenons donc à notre premier point : Nous ne pouvons prier avec foi sans connaître Dieu, nous ne pouvons connaître Dieu sans étudier sa Parole, et donc nous ne pouvons prier avec foi sans d’abord étudier la parole.
Ceux qui ne connaissent pas Dieu et sa parole sont contraints de remplir leurs prières de mots souvent vains, creux et répétitifs pour combler le vide que leur paresse spirituelle a créé. J’ai conscience que ces mots sont durs mais c’est la triste réalité, dans bien trop d’Églises. Mieux vaut une prière de trois phrases saturées de vérités bibliques qu’une prière d’une heure remplie de charabia, de répétition vaine, et d’émotions subjectives. Ce qui compte, c’est la confiance que vous avez dans la vérité contenue dans les mots que vous adressez au seul vrai Dieu.
Lorsque Jacques dit qu’un tel homme ne recevra rien de la part du Seigneur, ce n’est pas, premièrement en tout cas, parce que Dieu le punit de douter de lui. Cela peut être le cas, dans le cas d’un chrétien en mauvaise santé que Dieu discipline. Mais si cet homme ne reçoit rien de la part de Dieu, c’est premièrement et tout simplement parce qu’il ne sait pas quoi demander ! Il ne sait pas ce qu’il convient de demander dans telle ou telle situation, il ne sait pas comment il convient d’adorer Dieu dans la prière. Alors soit il est paralysé, soit il demande instinctivement, et cela peut tomber juste ou non. Voilà pourquoi l’homme qui doute est semblable aux flots de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre : il n’a pas la stabilité que seul celui qui connaît le Dieu véritable expérimente dans sa vie.
Douter de ses propres voies
Deuxièmement, cet homme doute de ses propres voies. Un tel homme est sans cesse tiraillé entre Dieu, qu’il ne connaît pas vraiment, et le monde. Il ne sait pas dans quelle direction marcher, il ne sait pas vraiment ce qu’il veut. Son cœur est double : un jour il désire les choses du monde, l’admiration des hommes, l’argent, la gloire, la prospérité, et le lendemain il se consacre à nouveau à Dieu et marche dans la sainteté pendant quelques jours ou semaines. À cause des affections de son cœur qui sont partagées entre Dieu et le monde, cet homme est inconstant dans toutes ses voies. Il n’est ni vraiment un païen, ni vraiment un enfant de Dieu : il est irrésolu. Rappelez-vous ce qu’Élie disait du peuple sur le mont Carmel : Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si l’Eternel est Dieu, allez après lui ; si c’est Baal, allez après lui ! Un tel homme non plus ne sait pas quoi demander au Seigneur et bien souvent il n’ose même pas car il a conscience de sa double vie et donc forcément, il ne reçoit rien de la part de Dieu.
On peut donc dire que les prières de cet homme sont inefficaces, et elles sont inefficaces très précisément à cause des dispositions de son cœur dans lequel la parole de Dieu ne s’est pas profondément enracinée. Souvenez-vous de l’explication que Jésus-Christ donna pour la parabole du semeur : Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie ; mais il n’a pas de racines en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute. Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse1.
C’est parce que la parole de Dieu ne s’est pas enracinée et qu’elle ne règne pas dans le cœur de cet homme que la persécution et l’amour du monde sont deux pierres d’achoppement sur lesquelles il trébuche, car il doute de Dieu, et de ses propres voies. Cet homme ne peut prier avec foi car il ne connaît pas la vérité et il ne marche pas selon la vérité.
Maintenant que nous avons vu ce qui caractérise une prière inefficace faite sans la foi, voyons ce qu’est prier avec foi. Cela est très important pour nous, non seulement parce que nous voyons par les mots de Jacques que cela est déterminant pour l’efficacité d’une prière, mais aussi parce que de nos jours, “la foi” et “la prière faite avec foi” sont des termes très mal définis, mal compris et mal pratiqués depuis des années dans beaucoup de milieux chrétiens. Si nous désirons avoir une vie de prière efficace, nous devons absolument comprendre ce que “prier avec foi” signifie.
PRIER EN ACCORD AVEC LA vérité révélée PAR DIEU
Prier avec foi, c’est avant tout prier en accord avec la vérité révélée par Dieu. La foi selon la Bible, est d’abord un contenu, un ensemble de doctrines, de vérités transmises par Christ à son Église, comme le dit Jude dans sa lettre : Bien-aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes2. La foi est un contenu précis et défini que nous sommes appelés à méditer nuit et jour, qui régule et nourrit notre vie chrétienne. Prier avec foi, c’est donc d’abord et avant tout élever vers Dieu des prières saturées de vérités bibliques. C’est le prérequis pour tout le reste, et encore une fois, c’est pourquoi nous devons connaître la parole de Dieu pour prier correctement. Rappelez-vous d’Élie qui commença sa prière par évoquer la fidélité de Dieu envers son peuple.
Prier avec certitude et confiance envers la vérité révélée par Dieu
La foi c’est ensuite la certitude et la confiance que Dieu nous donne en ce contenu doctrinal, par l’Esprit Saint : il y a d’abord un contenu objectif puis une confiance subjective, et la foi subjective est toujours alimentée et toujours en accord avec la foi objective. Notre foi subjective peut varier en intensité, mais la foi objective, elle, est immuable, car elle est la vérité révélée par Dieu, elle est la Parole éternelle qui a bâti le monde. Prier avec foi, c’est donc prier non seulement en connaissant Dieu et sa Parole, mais en ayant confiance en Dieu et en sa Parole. C’est la connaissance relationnelle que nous avons de Dieu. Rappelez-vous d’Élie qui avait une telle confiance dans le Dieu qu’il connaissait qu’il noya tout l’autel du sacrifice, sachant que cela ne l’empêcherait en rien de s’embraser.
Prier en cohérence avec notre vie pratique
Prier avec foi veut enfin dire que nous prions en toute cohérence avec notre vie pratique. Qu’y a-t-il de plus laid qu’un soi-disant chrétien qui s’adresse à Dieu de temps en temps pour solliciter son intervention dans sa vie, mais qui le reste du temps, la mène comme bon lui semble, sans tenir compte de Dieu et de ses commandements. Un tel homme est comme un fils qui se serait enfui de chez lui, qui ne parle jamais à son père et le méprise, mais quand il a besoin d’argent ou autre, revient vers lui avec un grand sourire pour solliciter son aide. Est-ce qu’un tel comportement n’est pas méprisable à nos yeux ? Et pourtant, bien des Églises sont remplies de telles personnes, semblables à celles dont Ésaïe disait : Le Seigneur dit : quand ce peuple s’approche de moi, il m’honore de la bouche et des lèvres ; mais son cœur est éloigné de moi, et la crainte qu’il a de moi n’est qu’un précepte de tradition humaine3. À l’inverse de l’homme dont le cœur est double, l’enfant de Dieu qui prie avec foi manifeste qu’il aime véritablement Dieu en obéissant à ses commandements. Rappelez-vous d’Élie qui resta fidèle à Dieu face aux quatre-cent-cinquante prophètes, au roi et à la reine d’Israël. Prier avec foi, c’est prier en restant fidèle à Dieu en toutes circonstances.
CONCLUSION
En guise de conclusion, je voudrais considérer avec vous une dernière caractéristique de la prière efficace. Nous sommes désormais en mesure de définir en quoi consiste l’efficacité d’une prière. Nous savons à qui nous devons l’adresser, nous savons pour quoi prier et nous savons dans quelle disposition de cœur nous devons prier, mais finalement, quel est le résultat d’une telle prière ? Comment évaluer son efficacité ?
Nous avons une tendance naturelle à considérer une prière comme efficace lorsque Dieu exauce notre requête. Nous raisonnons en termes de résultat direct. Mais nous aurions tort d’évaluer l’efficacité d’une prière uniquement par ce moyen-là. Pour commencer cela ne fonctionne que pour les requêtes que l’on adresse à Dieu. Qu’en est-il des prières d’adoration ? d’actions de grâce ? de complainte ? Je vais peut-être vous choquer, mais le fait que Dieu exauce notre demande est secondaire.
On ne reconnaît pas forcément une prière efficace au fait qu’elle soit exaucée. Au contraire, Dieu peut même discipliner son enfant, ou juger l’hypocrite en lui accordant ce qu’il lui demande. Pourtant aujourd’hui, dans la majorité des Églises, c’est le critère principal. Rappelez-vous, je disais que lorsque nous prions, nous voulons que cela soit efficace. Mais efficace pour quoi ? Encore une fois, que cherchons-nous dans la prière ? notre volonté ou celle de Dieu ? Notre prospérité charnelle ou notre prospérité spirituelle ? Si nous cherchons premièrement la volonté de Dieu et notre prospérité spirituelle, alors nous savons que même si Dieu ne nous accorde pas directement ce que nous demandons, notre prière est efficace, parce qu’elle nous sanctifie et nous rapproche de lui.
La prière efficace se reconnaît avant tout au fait que, tout comme la patience dans l’épreuve, elle produit quelque chose en nous : la prière produit en nous des dispositions de cœur qui honorent et glorifient Dieu. C’est le cercle vertueux de la prière. Plus nous prions efficacement, plus nous sommes sanctifiés à travers nos prières, et plus nous prions efficacement. La prière efficace est d’abord et avant tout celle qui nous sanctifie, nous et ceux qui l’écoutent, et c’est d’ailleurs pourquoi nous ne devons pas prier en même temps qu’un frère et une sœur, précisément pour pouvoir entendre sa prière et en être béni.
Chercher à honorer Dieu dans le fond et la forme de toutes vos prières est le meilleur moyen d’être sûr de prier selon sa volonté, et donc efficacement. Plus je connais Dieu, son caractère, ses promesses, et plus je vais manifester dans ma vie et dans mes prières, de la confiance et de l’assurance en sa providence, de la soumission à sa souveraineté, de la paix face à sa sagesse, et de la joie face à ses promesses. Voilà pourquoi la prière est un moyen de grâce dont nous disposons à chaque instant et dont nous ne devrions jamais nous priver, ainsi que Jacques le dit : Priez en toute occasion. Les effets du manque de prière se voient très rapidement dans notre vie individuelle et communautaire, je peux vous l’assurer. Alors frères et sœurs, adorons, louons, supplions et rendons grâce à l’Éternel, en élevant vers lui des prières saturées de vérité biblique, avec une entière assurance fondée sur son caractère.
N’hésitez jamais, n’attendez jamais avant de demander à Dieu ce dont vous avez besoin pour mener une vie qui le glorifie davantage. Je me rappelle une discussion avec un frère dans laquelle nous disions que bien souvent, nous nous plaignons, à juste titre, de manquer de sagesse, d’intelligence, de persévérance, de maturité, de volonté, de joie, d’envie de lire et de prier, mais que nous n’avons pas pour autant le réflexe de demander ces choses à Dieu. Demandons ces choses à Dieu ! avec la ferme assurance qu’il nous les donnera.
Peut-être n’avez-vous jamais appris à prier de la sorte, c’est tout à fait possible. Alors je voudrais terminer en vous proposant un moyen simple qui vous aidera à prier selon les trois critères que nous avons considérés. Lisez les dix commandements ou le Notre Père, qui sont évidemment de très bons textes de base pour nous diriger dans nos prières. Et pour chaque commandement ou requête, adressez une prière à Dieu en cinq parties :
1) Adoration : quel attribut de Dieu est digne de mes louanges dans ce texte ?
2) Actions de grâce : qu’est-ce qui, dans ce texte, me rend reconnaissant ?
3) Confession : qu’est-ce qui, dans ce texte, me reprend, m’invite au changement et à la repentance ?
4) Intercession : quels sujets d’intercession – non pas mes propres souhaits – le texte me suggère-t-il ?
5) Action : qu’est-ce qui, dans ce texte, me pousse à l’action ?
Si vous vous posez ces cinq questions après avoir lu un passage des Écritures, il est fort probable que vous adresserez au seul vrai Dieu une prière efficace, qui l’honorera et vous sanctifiera.
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