Cette brève confession de foi sur l’identité du nouvel Israël a été rédigée dans le contexte de la recrudescence du conflit armé en Israël / Palestine. Paweł Bartosik (pasteur réformé évangélique à Gdańsk, Pologne) y rappelle pour l’essentiel les positions chrétiennes traditionnelles sur la question, face aux remises en cause diverses, tant catholiques ou juives qu’évangéliques. Traduction du polonais à partir du blog de l’auteur.
- Dieu a toujours eu et n’a qu’un seul peuple, l’Église. Dans l’Ancien Testament, Israël était l’Église ; dans la Nouvelle Alliance, le nouvel Israël est l’Église : une Église universelle, multinationale, où la division entre le Juif et le Grec a été abolie. Cela signifie la cohérence et la continuité de l’unique peuple de Dieu. Jésus n’a pas fondé de nouvelle religion. Toute l’Écriture parle de lui.
- La raison d’être d’Israël dans l’Ancien Testament était d’apporter la lumière de Dieu aux nations, d’être leur porte-parole qui devait leur apporter la bénédiction promise à Abraham. Malheureusement, Israël s’est détournée de sa vocation et a rejeté tant ses prophètes que le Messie, et à travers cela également Abraham et Moïse, qui ont parlé du Christ. Il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes (Lc 24,44).
- Dieu n’honore pas les origines et la nationalité. La révélation et la connaissance plus grandes (la Loi, le Temple, la circoncision, la prêtrise, etc.) qu’a reçues Israël impliquaient une plus grande responsabilité et un jugement plus sévère en cas d’apostasie. Cela vaut aussi pour l’Église : Car c’est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu. Or, si c’est par nous qu’il débute, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de Dieu ? (1 P 4,17)
- Il n’y a aucun héritage, aucune promesse et aucune bénédiction spirituelle en dehors du Christ, d’une relation à lui, que nous établissons par la foi. Étants unis avec Christ, nous recevons toutes les bénédictions spirituelles que le ciel a à nous offrir. En dehors du Christ, nous n’héritons aucune promesse — sinon l’enfer.
- La descendance spirituelle d’Abraham, ce sont ceux qui ont la foi d’Abraham, et donc qui croient en Jésus : Vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus (Ga 3,27-29). Seul ce lien et seule cette généalogie ont une signification pour le salut.
- Les prophéties concernant la reconstruction du tabernacle de David ont été accomplies dans l’Église du Nouveau Testament : Et les paroles des prophètes s’accordent avec cela, comme il est écrit : « Après cela, je reviendrai, et je relèverai la tente de David qui était tombée, j’en relèverai les ruines, et je la redresserai, afin que le reste des hommes cherche le Seigneur, ainsi que toutes les nations sur lesquelles mon nom a été invoqué, dit le Seigneur, qui fait ces choses connues de toute éternité. » C’est pourquoi, je juge bon de ne pas créer de difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu (Ac 15,15-19). Les prophéties sur la conclusion d’une Nouvelle Alliance avec la maison d’Israël et la maison de Juda (et avec un cœur nouveau) ont été accomplies dans l’Église du Nouveau Testament : Si, en effet, la première alliance avait été irréprochable, il n’y aurait pas lieu d’en chercher une seconde. C’est bien en effet sous la forme d’un reproche que (Dieu) dit : « Voici que les jours viennent, dit le Seigneur, où je conclurai une alliance nouvelle avec la maison d’Israël, et la maison de Juda. Ce ne sera pas comme l’alliance que j’ai traitée avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte. Puisqu’eux-mêmes n’ont pas persévéré dans mon alliance, moi aussi je ne me suis pas soucié d’eux, dit le Seigneur. Or voici l’alliance que j’établirai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit le Seigneur : je mettrai mes lois dans leur intelligence, je les inscrirai aussi dans leur cœur ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Personne n’enseignera plus son concitoyen, ni personne son frère, en disant : Connais le Seigneur ! En effet, tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux. Car je leur ferai grâce de leurs injustices, et je ne me souviendrai plus de leurs péchés. » En appelant nouvelle cette alliance, il a rendu ancienne la première. Or ce qui est ancien et vieilli, est sur le point de disparaître (Hé 8,7-13). L’Église est l’Israël de Dieu.
- Les prophéties concernant la destruction et la reconstruction d’un nouveau Temple ont été accomplies à la mort et à la résurrection du Christ. Il est le Temple divin – le lieu de rencontre de Dieu avec l’homme. Il n’y en aura pas d’autre, du moins pas d’autre que Dieu agrée.
- La venue à l’existence de l’État d’Israël n’a rien à voir avec des prophéties bibliques. Les prophéties concernant le retour d’Israël à sa terre se sont accomplies à l’époque de son retour de la déportation à Babylone et étaient liées à la repentance et à la conversion. Il n’y a aucune promesse en dehors du cadre de la conversion et de la foi en Dieu. L’avènement d’Israël ne s’est pas accompagné de la conversion des juifs à Jésus et d’une renaissance spirituelle. Dieu n’honore pas et ne récompense pas l’impiété.
- Nos frères aînés dans la foi ne sont pas les juifs, mais tous ceux (juifs et non-juifs) qui ont cru en Dieu. Nos pères spirituels sont Abel, Noé, Abraham, Rahab, Moïse, Ruth, Samuel, David, et non pas les pharisiens et les docteurs de la Loi.
- La Bible s’oppose à toute forme de discrimination, c’est pourquoi, en tant que chrétiens, nous devons condamner sans ambiguïté l’antisémitisme, le racisme, la xénophobie.
- Le Nouveau Testament enseigne qu’il n’y a qu’un peuple de Dieu, qui est l’Église multinationale. C’est pourquoi la Bible ignore les concepts d’« Église messianique » ou de « Juifs messianiques ». Il y a en revanche des chrétiens d’origine juive, ou grecque, ou polonaise. Ils doivent tous rejoindre des Églises locales composées de chrétiens d’origine diverse.
- Les fondements divins de l’Église composée des juifs et des non-juifs sont le baptême et la cène. Dans la Nouvelle Alliance, nous ne célébrons pas les fêtes de l’Ancien Testament, car elles racontaient toutes, de manière typologique, l’œuvre à venir du Messie. Après l’incarnation, la mort et la résurrection du Christ, nous ne revenons pas aux ombres ; nous célébrons la réalité. C’est pourquoi l’Église, à raison, a établi des fêtes comme Pâques, le Vendredi saint, Noël, qui racontent l’œuvre du fils de Dieu. Nous ne célébrons pas les événements de la période nocturne en plein jour. Nous racontons la réalité vers laquelle les ombres pointaient.
- L’histoire de l’Israël de l’Ancien Testament est la nôtre, celle de l’Église. Nos ancêtres sont sortis d’Égypte et ont traversé la mer Rouge : Frères, je ne veux pas que vous l’ignoriez ; nos pères ont tous été sous la nuée, ils ont tous passé au travers de la mer, ils ont tous mangé le même aliment spirituel, et ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était le Christ. (1 Co 10,1-4). Moïse est le père spirituel de l’Église, et non du judaïsme contemporain. Moïse était chrétien (Il estimait en effet que l’opprobre du Christ était une plus grande richesse que les trésors de l’Égypte ; car il regardait plus loin, vers la récompense, Hé 11,26), et ceux qui marchaient avec lui mangeaient une nourriture spirituelle et buvaient d’un rocher spirituel, qui était Christ (1 Co 10,4). Moïse a cru à Christ qui lui était révélé en figures et en symboles.
- Le Dieu du judaïsme contemporain (en une seule personne) et le Dieu biblique (en trois) sont deux dieux différents. Celui qui n’a pas le Fils n’a pas le Père (Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père, 1 J 2,23). Voici ce que Jésus a annoncé aux juifs (aux pharisiens) : Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants illégitimes ; nous avons un seul Père, Dieu. Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez écouter ma parole. Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne s’est pas tenu dans la vérité, parce que la vérité n’est pas en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, ses paroles viennent de lui-même car il est menteur et le père du mensonge. (Jean 8,41-44)
- Nous devons prier pour Israël comme pour toutes les nations : pour qu’il se convertisse, se repente et mette sa foi en Jésus.
Illustration : L’Église et la Synagogue, statues en grès rose, vers 1220 (musée de l’Œuvre Notre-Dame, Strasbourg).
Excellent.
Bonjour,
je vous cite : « C’est pourquoi l’Église, à raison, a établi des fêtes comme Pâques, le Vendredi saint, Noël, qui racontent l’œuvre du fils de Dieu »
et aussi : « Dans la Nouvelle Alliance, nous ne célébrons pas les fêtes de l’Ancien Testament, car elles racontaient toutes, de manière typologique, l’œuvre à venir du Messie »
Je crois aussi que les fêtes de l’ancien testament (qui sont dans la Bible appelées « fêtes de l’Eternel » et non pas fêtes juives comme on l’entend trop souvent) sont effectivement des types de l’œuvre du Messie.
Mais si Paque, la fête des prémices, la fête des pains sans levain et la pentecôte ont bien été déjà « réalisées » par la première venue de Jésus, on attend toujours je l’espère la réalisation des fêtes dites d’automne.
Si l’on suit votre raisonnement, on devrait donc pouvoir les « fêter » puisqu’elles ne sont pas encore réalisées, je me trompe ?
D’autre part, pourquoi fêter Noël (alors que tout le monde sait que Jésus n’est pas né un 25 décembre) et le vendredi « saint » alors que Jésus n’est certainement pas mort un vendredi ? (mais ça moins de gens en sont convaincus hélas…)
Et pourquoi ne pas garder pour Paques la date fixée dans la Bible (le 14e jour du premier mois) ?
Merci pour vos explications.
Olivier
Nous suivons une tradition très ancienne qui avait réduit tous les festivals à seulement deux : Pentecôte et Pâques. Pour ce qui est des autres festivals, pourquoi garderions nous yom kippour alors que c’est à la Pâque que nos péchés ont été enlevés ? Pour la fête des cabanes et l’entrée dans la terre promise, la symbolique est maintenant portée par la Pentecôte, quand l’Esprit a commencé à nous faire entrer dans le royaume de Dieu.
Pour ce qui est de fêter Noël, beaucoup de protestants ont essayé de la supprimer, et je n’y vois aucune obligation pour ma part. Mais les usages sont plus forts que la discipline. Pour ce qui est du vendredi saint, je n’ai jamais entendu que Jésus ne soit pas mort un Vendredi. Du reste, tout ce qui entoure la semaine sainte n’a pas valeur d’obligation, contrairement à la fête de la Pâque et de Pentecôte.
Pour ce qui est de la date, les deux dates (14 Nisan et Dimanche qui suit l’équinoxe) ont existé au début de l’Eglise. Considérant que ce calcul est libre, il a paru bon à nos pères de suivre le dimanche qui suit l’équinoxe de printemps, comme symbole de victoire de la lumière.