La transsubstantiation est la doctrine romaine selon laquelle, lors de la consécration, la totalité de la substance du pain et du vin est changée en corps et sang du Christ, tout en conservant l’apparence du pain et du vin.
Une conséquence de la transsubstantiation, c’est que manger le pain et boire le vin consacrés, même si l’on a pas la foi, c’est manger le corps et boire le sang du Christ. Imaginons que quelqu’un entre dans une église, voie une hostie consacrée et décide de la manger alors qu’il n’est absolument pas croyant. Un catholique romain doit croire que cette personne mange le corps et le sang du Christ. Eh bien, justement, les Pères ne croyaient pas cela. Voyons en effet ce qu’en disait Bède le Vénérable (672-735) :
Aucun infidèle ne mange la chair du Christ1.
Et celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. Par conséquent, manger cette nourriture et boire cette boisson, c’est demeurer en Christ et avoir Christ demeurant en soi. Ainsi, ceux qui ne demeurent pas en Christ, et en qui Christ ne demeure pas, ne mangent sans doute pas sa chair spirituellement, même s’ils pressent physiquement et visiblement le sacrement du corps et du sang du Christ avec leurs dents. Au lieu de cela, ils mangent et boivent plutôt le sacrement d’une si grande chose pour leur jugement, car l’impur présume s’approcher des sacrements du Christ, qu’on ne reçoit pas dignement à moins qu’on ne soit pur ; à propos de quoi il est dit : Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu (Matthieu 5)2.
- Croire à la transsubstantiation implique de croire que les impies reçoivent le Christ en mangeant le pain ;
- Cet auteur croyait que si l’on ne demeure pas dans le Christ, on ne mange point sa chair, on ne boit pas son sang ;
- Donc cet auteur ne croyait pas à la transsubstantiation.
Les citations de cet article complètent un travail plus général sur l’Eucharistie chez les pères de l’Église, abordant plusieurs dizaines d’autres citations de ce type et notamment de nombreuses citations de saint Augustin, nous vous invitons à poursuivre l’étude par cette vidéo :
Illustration en couverture : James Doyle Penrose, Bède le Vénérable, 1906.
- Le latin porte : Omnis infidelis non vescitur carne Christi ; Bedæ Venerabilis, In Pentateuchum Commentarii: Exodus, Cap. XI, XII ; PL, 91:308 ; trad. JHT-TCF, 235[↩]
- Le latin porte : Et qui manducat meam carnem, et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in eo. Hoc est ergo manducare illam escam, et illum bibere potum, in Christo manere, et illum manentem in se habere. Ac per hoc qui non manet in Christo, et in quo non manet Christus, procul dubio nec manducat spiritualiter ejus carnem, licet carnaliter et visibiliter premat dentibus sacramentum corporis et sanguinis Christi; sed magis tantæ rei sacramentum ad judicium sibi manducat et bibit, quia immundus præsumit ad Christi accedere sacramenta, quæ alius non digne sumit, nisi qui mundus est; de quibus dicitur: Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum videbunt (Matth. V). ; Bedæ Venerabilis, In S. Joannis Evangelium Expositio, Caput VI ; PL, 92:719[↩]
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