Voici une traduction d’un article de Eunjin Kim, spécialiste réformée dans la théologie historique de la Réforme. Dedans, elle donne quatre autres arguments pour défendre la présence des enfants au culte au lieu de les séparer des adultes pour les mettre soit dans un culte pour enfants, soit à l’école du dimanche (l’option la plus courante dans les Eglises évangéliques en France). Ces quatre autres arguments se basent sur les bénéfices qu’apportent pour les adultes la participation au culte des enfants : reconnaître que leurs enfants appartiennent au peuple de l’alliance de Dieu, glorifier Dieu de manière appropriée, permettre à l’Eglise d’accomplir sa mission de transmettre le message de l’Evangile à la prochaine génération et motiver les adultes à adorer de manière appropriée. Vous pouvez retrouver ici la première partie de cet essai sur la place des enfants dans le culte.

Voici une traduction d’un article de Eunjin Kim, spécialiste réformée dans la théologie historique de la Réforme. Dedans, elle donne quatre autres arguments pour défendre la présence des enfants au culte au lieu de les séparer des adultes pour les mettre soit dans un culte pour enfants, soit à l’école du dimanche (l’option la plus courante dans les Eglises évangéliques en France). Ces quatre autres arguments se basent sur les bénéfices qu’apportent pour les adultes la participation au culte des enfants : reconnaître que leurs enfants appartiennent au peuple de l’alliance de Dieu, glorifier Dieu de manière appropriée, permettre à l’Eglise d’accomplir sa mission de transmettre le message de l’Evangile à la prochaine génération et motiver les adultes à adorer de manière appropriée. Vous pouvez retrouver ici la première partie de cet essai sur la place des enfants dans le culte.

Dans mon article précédent, j’ai présenté trois bénéfices que les enfants retirent quand ils participent au culte : cela les connecte au passé, à l’Église et à la famille.

Vous pourriez alors vous demander : « Oui, je comprends que les enfants en tirent des bénéfices en participant au culte, mais j’aimerais pouvoir me concentrer sur mon adoration sans avoir à m’inquiéter de mes enfants ! » Il semble qu’il y ait plus à perdre qu’à gagner à amener ses enfants au culte. Les parents doivent veiller à ce que leurs enfants demeurent calmes et ne dérangent pas les autres autour d’eux. Il semble qu’avoir des enfants à nos côtés nuise à notre propre expérience du culte.

Ce que je tiens à souligner ici, c’est qu’inclure les enfants au culte est extrêmement bénéfique, non seulement pour eux, mais aussi pour les parents et l’Église. En réalité, contrairement aux idées reçues, cette pratique renforce l’expérience du culte vécue par l’ensemble de l’assemblée.

1. Inclure les enfants au culte permet aux adultes de reconnaître que leurs enfants appartiennent au peuple de l’alliance de Dieu

J’ai souvent observé que les Eglises qui ont un culte à part pour les enfants ont tendance à considérer que les principaux membres du peuple de l’alliance de Dieu sont les adultes. Selon cette compréhension, les enfants rejoindront cette partie essentielle du peuple de l’alliance de Dieu une fois devenus adultes. En attendant, l’Église doit répondre avant tout aux besoins urgents des adultes. Cette façon de voir les choses peut sembler quelque peu extrême, mais quand on sépare les enfants de notre vie d’Eglise et du culte, on a tendance à les considérer comme des membres moins importants.

Cela se reflète clairement, par exemple, dans le vocabulaire qu’on emploie pour faire référence au culte des adultes et au culte des enfants dans les Églises coréennes. On appelle « culte du dimanche »(Sunday Worship) ou même « culte principal »(Main Worship) le culte des adultes tandis qu’on désigne par « école du dimanche » celui des enfants. Il est intéressant de noter que le lieu de culte des adultes est le « sanctuaire principal »(main sanctuary), alors que celui des enfants est simplement une « salle de classe ». On appelle les adultes « fidèles », alors qu’on qualifie les enfants d’« élèves ». J’ai aussi rencontré de nombreux pasteurs, qui quand on les questionne sur le nombre de fidèles dans leur Eglise, répondent avec un nombre qui exclut les enfants. Ils répondent par exemple : « Nous avons environ 100 fidèles au total. Ah, et nous avons aussi quelques enfants. » Même si cela peut sembler anodin, ces distinctions linguistiques laissent entendre que l’Eglise est gérée par les adultes et qu’ils occupent la place centrale dans l’Église. L’exemple qu’on retrouve dans les Eglises coréennes démontre comment avoir un culte à part pour les enfants peut se traduire par de nouvelles façons de penser et de parler.

Il est donc crucial que l’Église et l’ensemble de l’assemblée reconnaissent que les enfants occupent une place tout aussi importante que les adultes dans le peuple de l’alliance de Dieu. La question 74 du Catéchisme de Heidelberg(C’est une correction car l’auteur l’a inversé avec le Petit catéchisme de Westminster. La citation est rallongée car la version française a une formulation différente de l’anglaise.) affirme : « Faut-il aussi baptiser les petits enfants? Oui, car puisqu’ils appartiennent aussi bien que les adultes à l’Alliance de Dieu et à son Église, et puisque la rémission des péchés par le sang du Christ et par le Saint-Esprit, qui produit la foi, ne leur sont pas moins promis qu’aux adultes. » En encourageant les enfants à participer au culte, nous affirmons précisément cette profession de foi. En entendant un bébé gémir ou en voyant un enfant s’agiter, nous nous rappelons que nous appartenons tous ensemble au peuple de l’alliance de Dieu.

2. Inclure les enfants au culte nous permet de glorifier Dieu de manière appropriée

Dieu appelle son peuple collectivement dans le peuple de son alliance pour sa gloire. Jetons un coup d’œil à quelques versets bibliques.

Dans Genèse 1,28, Dieu à nos premiers parents ce commandements « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre ». Dès la création, Dieu révèle son plan : être glorifié par les hommes et les femmes créés à Son image. Cette gloire que Dieu reçoit de la part des êtres faits à son image se reflète dans la bénédiction qu’Il accorde aux parents en leur donnant des enfants, eux aussi porteurs de Son image. Autrement dit, ce commandement dans Genèse 1,28 implique que Dieu veut être glorifié non seulement par les parents, mais aussi par leurs enfants. Dès le commencement, enfants et adultes s’inscrivent tous deux dans le plan de Dieu comme des moyens par lesquels il sera glorifié.

Ce principe a un lien important avec le culte. Dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, le dessein qu’a Dieu d’être glorifié à la fois par les enfants et les adultes atteint son apogée lorsque tous les croyants se réunissent ensemble pour glorifier Dieu ensemble à l’unisson. Dans Apocalypse 7,9-10 il est écrit, « Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. Et ils criaient d’une voix forte, en disant: Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’agneau. » Imaginez cette foule innombrable de croyants, de toutes les générations et de toutes les nations, réunis devant Dieu, en train de l’adorer ! Quel spectacle glorieux ! Or, le culte est un avant-goût de cette gloire à venir, qui nous est promise et dont nous serons témoins.

En attendant ce jour, Dieu appelle ses élus à rejoindre l’Église dans une seule foi et un seul Esprit (Éphésiens 4:4-6) comme peuple de son alliance. Or, c’est au culte que les membres du peuple de l’alliance se réunissent ensemble pour recevoir la prédication de la Parole et prendre part aux sacrements. En d’autres termes, Dieu se présent aux côtés de son peuple d’une manière distincte et puissante à travers ses moyens de grâce qu’il a établis. C’est une vocation et un privilège particuliers pour tous les croyants, y compris les enfants. Inclure les enfants dans le culte n’est donc pas une question de préférence personnelle, mais une manière de reconnaître le plan de Dieu pour son peuple et d’anticiper le jour où Il sera pleinement glorifié à travers sa Création.

3. L’Eglise accomplit sa mission de transmettre le message de l’Evangile à la prochaine génération

L’Église s’inscrit dans une continuité historique.

Il est toujours important de se rappeler que l’Eglise puise ses racines dans l’histoire. Le message de l’Évangile que le prédicateur annonce chaque semaine lors du culte repose sur les actes de salut de Dieu dans l’histoire. Cela implique que le contenu de l’Evangile a vocation à être transmis de génération en génération. Puisque les enfants appartiennent au peuple de l’alliance de Dieu, il est essentiel de leur transmettre la vérité. C’est ainsi que l’histoire des actes de salut de Dieu a été enseignée et prêchée à la prochaine génération dans l’Eglise.

Et quel est le meilleur moyen pour l’Église de d’accomplir cette mission, à savoir transmettre le message de l’Évangile ? La réponse se trouve dans le culte. Lors du culte, tous les membres de l’assemblée – jeunes et personnes âgées – se réunissent pour écouter la Parole prêchée, prendre part aux sacrements, réciter les confessions de foi et chanter des hymnes. C’est de cette façon que le culte Église a toujours fonctionné à travers les âges. Les enfants apprennent que les doctrines ne sont pas des choses qu’on réinvente semaine après semaine pour leur faire plaisir, mais elles s’enracinent dans l’histoire et l’Église universelle. En adorant aux côtés des enfants, l’Église remplit naturellement sa mission de transmettre le message de l’Evangile à la prochaine génération.

4. Pour finir, les enfants motivent aussi les adultes à adorer de manière appropriée

Il va de soi que tous les enfants doivent grandir et mûrir intellectuellement, physiquement et spirituellement. Dans le cadre de ce processus, les adultes ont la responsabilité de les guider correctement selon ce qu’enseigne l’Écriture. Mais cela signifie-t-il que les enfants ne peuvent jamais nous interpeller (challenge us) dans notre foi ? Nous serions surpris de voir combien leur présence peut en réalité motiver les adultes à mieux adorer Dieu.

Un dimanche, alors que j’avais du mal à me concentrer pour adorer Dieu, mon esprit vagabondait parmi diverses pensées, j’ai remarqué une petite fille assise avec sa mère. Elle écoutait la prédication avec une telle attention qu’à cet instant, j’ai immédiatement réalisé à quelle point j’étais distraite. Elle avait beau être une simple petite fille et moi une grande personne, une étudiante en théologie, ce jour là, c’était elle qui m’a mise poussée (challenged me) à rester attentive au culte. Cette enfant m’a rappelé l’importance de rester attentif au culte.

De plus, chanter les hymnes lors du culte tous ensemble avec les enfants apporte vraiment une dynamique différente à la louange. Lorsque leurs voix se mêlent à celles des adultes, le chant en assemblée (corporate singing) est absolument magnifique. Les adultes qui sont découragés de chanter des hymnes sont souvent encouragés par les voix joyeuses des enfants. Les enfants qui chantent donnent de l’ampleur au son qu’on entend lorsque nous chantons les louanges chaque dimanche.

Les adultes sous-estiment souvent à quel point les enfants réfléchissent à leur foi et la pratiquent de manière sérieuse et profonde. Mais ce j’ai appris en servant dans le ministère des enfants, c’est que l’âge ne détermine pas la maturité spirituelle. Ce n’est pas parce que les enfants sont plus jeunes qu’ils sont nécessairement plus faibles dans la foi. Alors que le Saint-Esprit œuvre dans leurs cœurs, les enfants sont les plus aptes à se poser des questions profondes en rapport avec leur foi et adorer Dieu avec un cœur sincère. Les enfants ne sont pas limités dans leur désir de connaître Dieu par leur âge ou leur compréhension. Dieu les utilise aussi pour interpeller (challenge) la foi des adultes avec des vérités spirituelles.

Inclure les enfants au culte peut être un défi (challenge) et demande au début de la patience et de la discipline, tant pour les parents que pour les enfants. De plus, chaque Église aura son organisation propre à elle qui ne lui permet pas toujours d’adopter immédiatement ce modèle. Je ne défends pas la nécessité pour chaque Eglise de suivre un seul et unique modèle. Ce que j’ai tenté de montrer dans mes deux articles, c’est que nous passons à côté de quelques points importants quand on écarte les enfants de notre culte. J’espère que les points que j’ai abordés ici aideront certains à réfléchir plus en profondeur à la place de nos enfants dans notre culte. Lorsque votre Église fait de leur présence une norme, cela créera une expérience vraiment magnifique pour tout le monde.

Illustration : Nicolaes Maes, Jésus bénissant les enfants, huile sur toile, 1652.