Cet article est le premier d’une série consacrée à l’avortement dans la Bible. Dans cet article, je présenterai ce que dit la Bible sur l’avortement dans la Loi de l’Ancien Testament (aussi appelée la Loi de Moïse ou le Pentateuque) qui regroupe les cinq premiers livres de la Bible et de l’Ancien Testament écrits par Moïse. Comme d’habitude, je reprendrai étroitement le contenu du livre Avortement. Enjeux théologiques et éthiques (un résumé ici d’Alain Kitt) écrit sous la direction de James Hoffmeier, chapitre 2 (L’avortement dans la loi de l’Ancien Testament, James K. Hoffmeier), pp. 31-. Pour plus de détails, je vous invite bien sûr à consulter le livre.
I. les sacrifices d’enfants dans l’Ancien Testament : l’équivalent de L’avortement au Proche-Orient ancien interdit par Dieu
L’avortement semble totalement absent de l’Ancien Testament. En effet, tel que nous le connaissons, hormis quelques cas chez les Egyptiens où il existait des substances abortives, l’avortement n’était pas couramment pratiqué au Proche-Orient ancien.
Mais on trouve beaucoup de mentions des sacrifices d’enfants que la Loi de Moïse interdit explicitement :
Tu ne livreras aucun de tes enfants pour le faire passer à Moloc, et tu ne profaneras point le nom de ton Dieu. Je suis l’Éternel.
Lévitique 18,21
Lorsque l’Éternel, ton Dieu, aura exterminé les nations que tu vas chasser devant toi, lorsque tu les auras chassées et que tu te seras établi dans leur pays, garde-toi de te laisser prendre au piège en les imitant, après qu’elles auront été détruites devant toi. Garde-toi de t’informer de leurs dieux et de dire: Comment ces nations servaient-elles leurs dieux? Moi aussi, je veux faire de même. Tu n’agiras pas ainsi à l’égard de l’Éternel, ton Dieu; car elles servaient leurs dieux en faisant toutes les abominations qui sont odieuses à l’Éternel, et même elles brûlaient au feu leurs fils et leurs filles en l’honneur de leurs dieux. Vous observerez et vous mettrez en pratique toutes les choses que je vous ordonne; vous n’y ajouterez rien, et vous n’en retrancherez rien.
Deutéronome 12,29-32
Comme nous le montrent des représentations dans les temples égyptiens au XIVème et au XIIème siècles, les sacrifices d’enfants étaient une pratique répandue chez les Cananéens (les peuples dépossédés par Israël), surtout en cas de péril national où ils cherchaient à obtenir par ce moyen la faveur de leurs dieux (Baal, Astarté, etc.) et pour accomplir un vœu, comme celui de Jephté dans Juges 11.30-40. C’est exactement ce qu’a fait le roi de Moab lorsqu’il été sur le point de perdre une bataille contre Israël, Juda et Edom :
Le roi de Moab, voyant qu’il avait le dessous dans le combat, prit avec lui sept cents hommes tirant l’épée pour se frayer un passage jusqu’au roi d’Édom; mais ils ne purent pas. Il prit alors son fils premier-né, qui devait régner à sa place, et il l’offrit en holocauste sur la muraille. Et une grande indignation s’empara d’Israël, qui s’éloigna du roi de Moab et retourna dans son pays.
2 Rois 3,26-27
En tout cas c’est ce qu’on croyait jusqu’à la découverte d’un site archéologique à Carthage (l’actuelle Tunis en Tunisie) où l’on a retrouver des ossements humains dont la majorité correspondaient à ceux de foetus ou à des nouveau-nés.
La preuve la plus effroyable de la pratique des sacrifices d’enfants a été fournie par la découverte à Carthage (l’actuelle Tunis) d’un cimetière d’enfants victimes de tels sacrifices et portant le nom de Topheth.
En 1021, puis au milieu des années soixante-dix, des archéologues ont découvert un endroit où l’on avait enterré des gens sur une période allant de 750 à 146 avant Jésus-Christ. La taille exacte du Topheth n’a pas encore été déterminée car une partie du site est actuellement occupée. Cependant, pour la période allant de 400 à 200 avant Jésus-Christ, on a retrouvé des urnes contenant des ossements d’enfants et d’animaux, mais jamais d’adultes, et leur nombre est estimé à 20 000. Pour ce qui est de l’âge des enfants, cela va des nouveaux-nés à des enfants de trois ou quatre ans, et les ossements sont carbonisés.
L’avortement. Enjeux pratiques et théologiques (Ecrits recueillis et édités par James K. Hoffmeier), p. 33.
Carthage était une colonie cananéenne mêlée à des Phéniciens particulièrement riche et prospère. Le motif du péril national ne peut pas expliquer pourquoi il y avait autant d’ossements de foetus et de nouveau-nés. C’est pourquoi les spécialistes en ont déduit que le « sacrifice d’enfants » était aussi un moyen de régulations des naissances sous la bénédiction de l’Etat et de « l’Eglise cananéenne » de l’époque (les prêtres de Baal). On peut supposer que les pauvres l’employaient pour ne pas prendre la charge difficile d’enfants supplémentaires. Les riches afin de ne pas s’encombrer d’enfants qu’ils n’avaient pas désirés.
Ainsi on peut en conclure que la pratique des sacrifices d’enfants avait une fonction en commun avec l’avortement d’aujourd’hui : la régulation des naissances par la mise à mort délibérée d’être humains précoces.
L’auteur identifie directement les sacrifices d’enfants à l’avortement. A mon avis, il ne faut pas le faire pour éviter de prêter le flanc aux pro-choix. De plus, De plus, la terminologie actuelle distingue clairement l’avortement (l’acte de tuer délibérément un fœtus, donc un être humain avant sa naissance) et l’infanticide (l’acte de tuer délibérément un nouveau-né, donc un être humain après sa naissance). Mais cela n’empêche pas de relier les deux pratiques par la fonction de régulation des naissances. D’ailleurs pour les meilleurs philosophes pro-choix comme Peter Singer et David Boonin, ces deux pratiques n’ont quasiment aucunes différences morales comme pour eux, le nouveau-né (jusqu’à 2 ans environ) n’a pas de différence significative par rapport au foetus. C’est pour cette raison que pour eux, l’infanticide post-natal (jusqu’à deux ans), tout autant que l’avortement, n’est pas immoral.
II. L’argument basé sur la théologie créationnelle de l’être humain
La loi de Moïse condamne implicitement l’avortement car elle affirme que tout être humain est une créature faite à l’image de Dieu, donc d’une valeur unique comparée aux autres animaux. Plus précisément, cela signifie qu’il est le chef d’œuvre de Dieu en personne en lequel il a spécialement insufflé son souffle (nephesh en hébreu dans Genèse 2,7) et à qui il a confié de représenter son règne sur terre. Ainsi donc, on offense le Dieu dès lors qu’on détruit ce chef d’oeuvre comme dans le cas de l’avortement.
Sous une forme rigoureuse avec des prémisses et la conclusion, on peut le formuler ainsi :
- L’être humain est un chef d’oeuvre de Dieu. (prémisse connue par la Bible)
- Détruire avec une mauvaise intention le chef d’oeuvre de quelqu’un, a fortiori de Dieu est immoral. (prémisse évidente connue par intuition)
- L’avortement détruit avec une mauvaise intention un être humain. (prémisse connue par l’observation et la science)
- Donc l’avortement est immoral.
La seconde prémisse est vérifiée dans notre expérience de la vie courante : c’est une offense envers un artiste de détruire avec une mauvaise intention son oeuvre (sa peinture, sa statue, etc.), envers un enfant que de casser en faisant exprès le château de sable qu’il a construit à la plage ou le château de cartes, etc. Hoffmeier donne l’exemple d’un peintre du Wheaton College qui fut très attristé lorsque des étudiants ont volontairement recouvert de peinture son oeuvre.
Dans la suite de cette seconde partie, je défendrai la prémisse 1 avec un argument d’autorité basé sur la Bible, d’abord sur le Pentateuque, puis sur le reste du canon. Il est évident que cet argument ne vaudra que pour ceux qui acceptent la Bible comme une source d’inspiration divine, à savoir les Juifs et les chrétiens. C’est là précisément le but de ma série : montrer que la Bible est contre l’avortement et que les chrétiens doivent donc suivre ce qu’elle dit sur ce sujet.
A. L’être humain : chef d’oeuvre de Dieu dans le Pentateuque
Pour commencer sa défense, Hoffmeier se base sur le lieu commun dans Genèse 1 où il est dit que Dieu créa l’homme à son image :
Puis Dieu dit: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.
Genèse 1,26-27
Il interprète l’image de Dieu comme le fait pour l’homme d’être doué du souffle insufflé personnellement par Dieu (Genèse 2,7) et de dominer sur le reste de la Création en tant que représentant ou vice-régent de Dieu sur terre conformément au mandat culturel qu’il lui donne (« Qu’il domine sur »). Autrement dit, il adhère à l’interprétation fonctionnelle : l’image de Dieu définie par la fonction de l’homme, à savoir représenter le règne de Dieu sur terre. Elle a été notamment popularisée et défendue par les exégètes et théologiens bibliques Gerhard Von Rad, David Clines et J. Richard Middleton. Il avance deux arguments basés sur des données extrabibliques. Dans le Proche-Orient ancien, les rois installaient leur statue ou stèle (leur « image ») dans les territoires qu’ils avaient conquis pour affirmer leur souveraineté et les statues1 n’étaient pas simplement des objets d’arts mais avaient aussi une fonction cultuelle, c’est là où résidaient spirituellement les divinités.
Il rejette par contre l’interprétation ontologique (ou au moins une combinaison des deux), position qui a pourtant été traditionnelle parmi les chrétiens. Selon cette interprétation, l’image de Dieu se définit par les propriétés essentielles ou fondamentales de l’homme, à savoir l’intelligence et la volonté. C’est celle que de grands noms de la théologie comme Thomas d’Aquin, Jean Calvin (la tradition réformée également, voir la Confession de Westminster) et Martin Luther soutenaient. Ce rejet est regrettable étant donné qu’il est pourtant tout à fait possible d’accepter en même temps ces deux interprétations qui ne sont pas incompatibles2. C’est parce que l’homme est essentiellement un animal rationnel qu’il est supérieur au reste de la Création et qu’il peut dominer sur eux. L’adage latin de la scolastique s’applique ici : Agere sequitur esse (L’action suit l’être : les actions d’une chose découlent de son essence, de ce qu’elle est).
Tout d’abord, dans le même chapitre, le fait que Dieu dise que ce qu’il vient de créer le sixième jour est très bon, et non plus simplement bon comme lors des cinq jours précédents, montre la place particulière de l’homme à ses yeux :
Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le sixième jour.
Genèse 1,31
Genèse 2,7 déjà cité avant, utilise le mot hébreu יָצַר (yatsar) traduit par exemple par former (dans les versions Louis Segond 1910 et 1979), façonner (dans la version Louis Segond 21) ou modeler (dans la version Traduction œcuménique de la Bible) apparaît également dans des textes où il est clairement question d’un potier (qui représente souvent Dieu) et de ses vases. Par conséquent, il est très probable que le texte en question présente Dieu comme un potier et Adam son vase (son chef-d’oeuvre) qu’il a créé « avec de la poussière prise du sol ».
Certes, Genèse 1,26-27 et Genèse 2,7 traitent d’une création spéciale et inhabituelle, celle des deux premiers être humains. Mais de nombreux autres passages passages du Pentateuque et dans le reste du canon biblique affirment :
- Que Dieu participe directement à la création de chaque être humain en utilisant les parents comme ses instruments ;
- Qu’il considère chaque être humain, y compris chaque foetus, comme un chef d’œuvre dont il est propriétaire. Et ce, même après le sixième jour de la création.
Dans le Pentateuque, on a premièrement Genèse 4,1 juste après l’épisode de la Chute où Eve reconnaît qu’elle et Adam n’ont pas donné à eux seuls la vie à Caïn, mais que Dieu aussi a participé directement à sa conception :
Adam connut Eve, sa femme; elle conçut, et enfanta Caïn et elle dit: J’ai formé un homme avec l’aide de l’Éternel.
Genèse 4,1
De même, à chaque fois qu’une femme auparavant stérile d’un patriarche (Sarah, Rébecca et Rachel) réussit à avoir un enfant, il est dit explicitement que c’était grâce à Dieu3 :
L’Éternel se souvint de ce qu’il avait dit à Sara, et l’Éternel accomplit pour Sara ce qu’il avait promis. Sara devint enceinte, et elle enfanta un fils à Abraham dans sa vieillesse, au temps fixé dont Dieu lui avait parlé. Abraham donna le nom d’Isaac au fils qui lui était né, que Sara lui avait enfanté.
Genèse 21,1-3
Isaac implora l’Éternel pour sa femme, car elle était stérile, et l’Éternel l’exauça: Rebecca, sa femme, devint enceinte.
Genèse 21,21
Dieu se souvint de Rachel, il l’exauça, et il la rendit féconde. Elle devint enceinte, et enfanta un fils, et elle dit: Dieu a enlevé mon opprobre. Et elle lui donna le nom de Joseph, en disant: Que l’Éternel m’ajoute un autre fils!
Genèse 30,22-24
Je rajouterai ces passages où Dieu agit directement pour rendre Léa fertile et répondre ainsi à ses prières qu’elle lui a faite dans son malheur (manque d’amour de la part de son mari) :
Jacob alla aussi vers Rachel, qu’il aimait plus que Léa; et il servit encore chez Laban pendant sept nouvelles années. L’Éternel vit que Léa n’était pas aimée; et il la rendit féconde, tandis que Rachel était stérile. Léa devint enceinte, et enfanta un fils, à qui elle donna le nom de Ruben; car elle dit: L’Éternel a vu mon humiliation, et maintenant mon mari m’aimera. Elle devint encore enceinte, et enfanta un fils, et elle dit: L’Éternel a entendu que je n’étais pas aimée, et il m’a aussi accordé celui-ci. Et elle lui donna le nom de Siméon. Elle devint encore enceinte, et enfanta un fils, et elle dit: Pour cette fois, mon mari s’attachera à moi; car je lui ai enfanté trois fils. C’est pourquoi on lui donna le nom de Lévi. Elle devint encore enceinte, et enfanta un fils, et elle dit: Cette fois, je louerai l’Éternel. C’est pourquoi elle lui donna le nom de Juda. Et elle cessa d’enfanter.
Genèse 29,30-35
Dieu exauça Léa, qui devint enceinte, et enfanta un cinquième fils à Jacob. Léa dit: Dieu m’a donné mon salaire parce que j’ai donné ma servante à mon mari. Et elle l’appela du nom d’Issacar. Léa devint encore enceinte, et enfanta un sixième fils à Jacob. Léa dit: Dieu m’a fait un beau don; cette fois, mon mari habitera avec moi, car je lui ai enfanté six fils. Et elle l’appela du nom de Zabulon. Ensuite, elle enfanta une fille, qu’elle appela du nom de Dina.
Genèse 30,17-21
Et inversement, Jacob dit que Dieu contrôle aussi l’infécondité quand il répond à la plainte de Rachel :
Lorsque Rachel vit qu’elle ne donnait point d’enfants à Jacob, elle porta envie à sa sœur, et elle dit à Jacob: Donne-moi des enfants, ou je meurs! La colère de Jacob s’enflamma contre Rachel, et il dit: Suis-je à la place de Dieu, qui t’empêche d’être féconde?
Genèse 30,1-2
De même, Moïse explique aux Israélites que la fécondité des femmes Israélites est une bénédiction de Dieu :
L’Éternel, votre Dieu, vous a multipliés, et vous êtes aujourd’hui aussi nombreux que les étoiles du ciel. Que l’Éternel, le Dieu de vos pères, vous augmente mille fois autant, et qu’il vous bénisse comme il vous l’a promis!
Deutéronome 1,10-11
Il doit probablement penser à la fécondité des femmes Israélites en Egypte, ce qui a suscité la panique du et l’a poussé le Pharaon à persécuter Israël :
Les enfants d’Israël furent féconds et multiplièrent, ils s’accrurent et devinrent de plus en plus puissants. Et le pays en fut rempli. Il s’éleva sur l’Égypte un nouveau roi, qui n’avait point connu Joseph. Il dit à son peuple: Voilà les enfants d’Israël qui forment un peuple plus nombreux et plus puissant que nous. Allons! montrons-nous habiles à son égard; empêchons qu’il ne s’accroisse, et que, s’il survient une guerre, il ne se joigne à nos ennemis, pour nous combattre et sortir ensuite du pays. Et l’on établit sur lui des chefs de corvées, afin de l’accabler de travaux pénibles. C’est ainsi qu’il bâtit les villes de Pithom et de Ramsès, pour servir de magasins à Pharaon.
Exode 1,7-11
B. L’être humain : chef d’oeuvre de Dieu dans le reste du canon biblique
Pour ce qui est du reste du canon, beaucoup de passages corroborent cette idée selon laquelle Dieu intervient directement dans la création de chaque être humain, son chef œuvre sur laquelle il a droit de propriété.
Le Psaumes 139 est probablement le plus clair et le plus beau :
C’est toi qui as formé mes reins, Qui m’as tissé dans le sein de ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, Et mon âme le reconnaît bien. Mon corps n’était point caché devant toi, Lorsque j’ai été fait dans un lieu secret, Tissé dans les profondeurs de la terre. Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient; Et sur ton livre étaient tous inscrits Les jours qui m’étaient destinés, Avant qu’aucun d’eux existât. Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables! Que le nombre en est grand! Si je les compte, elles sont plus nombreuses que les grains de sable. Je m’éveille, et je suis encore avec toi.
Psaumes 119,13-18
De même que pour les femmes des patriarches, Dieu agit dans la conception des enfants par des femmes auparavant stériles comme la mère du juge Samson (Juges 13) et Anne, la mère du prophète Samuel (1 Samuel 1).
Les autres passages reprennent souvent l’analogie du potier et du vase pour l’appliquer à Dieu et l’homme (parfois plutôt à Israël en tant que peuple) :
L’Éternel regarde du haut des cieux, Il voit tous les fils de l’homme ; Du lieu de sa demeure il observe Tous les habitants de la terre, Lui qui forme (yatsar) leur coeur à tous, Qui est attentif à toutes leurs actions.
Psaumes 33,13-15
Jusques à quand les méchants, ô Éternel ! Jusques à quand les méchants triompheront-ils ? […] ils disent: L’Éternel ne regarde pas, Le Dieu de Jacob ne fait pas attention ! Prenez-y garde, hommes stupides ! Insensés, quand serez-vous sages ? Celui qui a planté l’oreille n’entendrait-il pas ? Celui qui a formé (yatsar) l’œil ne verrait-il pas ?
Psaumes 94,3-9
Malheur à ceux qui cachent leurs desseins Pour les dérober à l’Éternel, Qui font leurs œuvres dans les ténèbres, Et qui disent: Qui nous voit et qui nous connaît ? Quelle perversité est la vôtre ! Le potier doit-il être considéré comme de l’argile, Pour que l’ouvrage dise de l’ouvrier: Il ne m’a point fait ? Pour que le vase dise du potier: Il n’a point d’intelligence ?
Esaïe 29,15-16
Ainsi parle maintenant l’Eternel, qui t’a créé, ô Jacob! Celui qui t’a formé (yatsar), ô Israël! Ne crains rien, car je te rachète, Je t’appelle par ton nom: tu es à moi! […] Je dirai au septentrion: Donne ! Et au midi: Ne retiens point ! Fais venir mes fils des pays lointains, Et mes filles de l’extrémité de la terre, Tous ceux qui s’appellent de mon nom, Et que j’ai créés pour ma gloire, Que j’ai formés et que j’ai faits.
Esaïe 43,1 ; 6-7
O homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé: Pourquoi m’as-tu fait ainsi? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil?
Romains 9,20-21
Dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais il y en a aussi de bois et de terre; les uns sont des vases d’honneur, et les autres sont d’un usage vil. Si donc quelqu’un se conserve pur, en s’abstenant de ces choses, il sera un vase d’honneur, sanctifié, utile à son maître, propre à toute bonne œuvre.
2 Timothée 2,20-21
Le texte le plus intéressant est le suivant où Dieu reproche aux Israélites leurs sacrifices d’enfants. Il est intéressant de voir que Dieu appelle ces nouveaux-nés sacrifiés « mes enfants »4, ce qui est logique si Dieu agit avec les parents dans la création de chaque enfant :
Tu leur as offert en sacrifice les fils et les filles que tu m’avais donnés, tu les leur as donnés en pâture. La débauche ne te suffisait donc pas ? Il a fallu que tu égorges mes enfants pour les livrer à tes idoles !
Ezéchiel 16,20-21
III. Le texte le plus explicite de la Loi de Moïse : Exode 21,22-25
Si des hommes se querellent, et qu’ils heurtent une femme enceinte, et la fasse accoucher, sans autre accident, ils seront punis d’une amende imposée par le mari de la femme, et qu’ils paieront devant les juges. Mais s’il y a un accident, tu donneras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure.
Exode 21,22-25
En résumé, sans rentrer dans les détails d’interprétation, ce passage semble montrer très probablement que Dieu se préoccupe de la vie des foetus car il défend leurs droits à la vie et à l’intégrité physique dans cette loi précise. Il ne leur refuse pas le statut de personne ou le droit à la vie contrairement aux adultes (souvent « normaux ») comme le font des pro-choix. Enfin, le fait que ce texte parle d’une compensation « vie pour vie » (celle du coupable pour celle de la victime qui peut être le foetus) et que Genèse 9,6 (« Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé ; car Dieu a fait l’homme à son image. ») justifie cette même compensation (la peine de mort) par le statut de l’homme comme image de Dieu démontre que le foetus aussi est déjà image de Dieu.
Bien sûr, il y a un débat pour savoir de qui il est question ici (s’il y a un accident), de la mère ou du foetus ? Hoffmeier répond qu’il s’agit probablement des deux. Pour ma part, je trouve improbable qu’il s’agisse uniquement de la mère car cette mention du cas d’une femme enceinte deviendrait alors inutile. Dieu aurait pu parler du cas d’un accident d’une femme tout court, sans préciser s’il s’agit ou non d’une femme enceinte. De plus, même si l’on n’est pas sûr que ce texte montre que Dieu se préoccupe ici du foetus, il vaut mieux le supposer par prudence, de peur qu’un innocent voit à tort ses droits bafoués.Pour un chrétien, la question n’est pas tant de savoir ce qui nous sauvera de l’obscurcissement de notre esprit, quelle technique intellectuelle, mais de savoir qui nous en sauvera. A cette question, un chrétien répond : Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Nous devons l’imiter, non pas seulement ses actes, mais sa pensée – sa vie intellectuelle – pour que la nôtre, si corrompue, reçoive la grâce de la rédemption.
Illustration en couverture : Représentation d’un sacrifice d’enfants à Moloch par un artiste dans le livre Bible Pictures with brief descriptions de Charles Foster, 1897.
- Hoffmeier ne précise pas s’il parle toujours des statues des rois ou plutôt de celles des divinités.[↩]
- Pour aller plus loin sur le sujet, vous pouvez lire par exemple cet article du théologien systématique Stephen Wellum : Humans: The Image and Likeness of God et ceux du site de formation théologique et philosophique baptiste Faith Seeking Understanding.[↩]
- On peut effectivement faire remarquer que ces cas là sont des cas à part puisqu’ils sont des miracles. Mais même si on les distingue à ce point des conceptions ordinaires, il reste les deux passages précédents qui ne traitent pas de miracles.[↩]
- Peu importe s’il s’agit uniquement des enfants des Israélites, de son peuple à l’époque ou de tous les enfants en général car dans le premier cas, on peut facilement le généraliser à tous.[↩]
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