Je partage ici des extraits du Traité du premier principe de Duns Scot qui sont des prières qu’il adresse à Dieu, soit au début pour lui demander son aide pour son travail intellectuel, soit pour l’adorer après ce qu’il a démontré. Duns Scot est un grand théologien et philosophe du Moyen-Âge aux côtés notamment de Thomas d’Aquin, Bonaventure et Albert le Grand. Le Traité du premier principe est un de ses écrits de taille moyenne où il démontre l’existence de Dieu avec un argument cosmologique qui semble mêler argument thomiste et argument de la contingence. Il s’agit de la preuve la plus rigoureuse et la plus détaillée de tout le Moyen-Âge.
Que le premier principe des choses m’accorde de croire, de comprendre et de faire connaître, ce qui plaît à sa majesté et élève nos esprits à sa contemplation.
Seigneur, notre Dieu, à Moïse ton serviteur qui cherchait à savoir de toi, le maître le plus vrai, de quel nom il devait te désigner aux fils d’Israël, sachant ce que l’intelligence des mortels pouvait concevoir de toi, tu as répondu, révélant ton nom béni : Je suis celui qui suis. Tu es l’être véritable, tu es l’être tout entier; Cela je le crois, cela, si je le pouvais, je voudrais le savoir. Aide-moi, Seigneur, quand je cherche à savoir quelle connaissance de l’être véritable que tu es, peut atteindre notre raison naturelle en prenant comme point de départ l’être que tu t’es attribué. […]
Véritablement, Seigneur, tu as fait toutes choses, les ordonnant en sagesse, de sorte que tout être a un ordre, ce qui semble raisonnable à tout intellect. De là les philosophes ont trouvé absurde d’ôter l’ordre à quelque (être). Aussi il découle de cette (proposition) universelle : « tout être est ordonné », que tout être n’est pas postérieur et que tout (être n’est) pas antérieur ; parce que dans les deux cas, ou bien le même serait ordonné à soi, ou bien on poserait le cercle dans l’ordre. Il y a donc un certain être antérieur, non postérieur, et ainsi le premier; et (il y a) un certain (être) postérieur et non antérieur; mais aucun qui ne soit antérieur ni postérieur. Tu es le premier unique, et tout autre que toi t’es postérieur, dans l’ordre triple, comme je l’ai montré selon mes capacités. […]
Seigneur notre Dieu, tu es un naturellement, tu es un numériquement; tu as dit en vérité que hors de toi il n’est pas de Dieu. Car bien qu’on nomme et qu’on pense des dieux très nombreux, tu es pourtant unique par nature, (tu es) le vrai Dieu, de qui, en qui, par qui tout (existe), (toi) qui es béni dans les siècles. Amen.
Référence : Duns Scot, Traité du premier principe, Chapitre Premier, Chapitre Troisième et Chapitre Quatrième, éd. Vrin, 2001, pp. 77 ; 135 ; 205.
Illustration : Lawrence W. Ladd, La Création, aquarelle, 1880.
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