Depuis quelques mois maintenant, mon pasteur expose, lors du culte du dimanche matin, l’Évangile selon saint Marc (vous pouvez retrouver tous les sermons sur cette playlist). Ce dimanche, le sermon portait sur la Transfiguration, un épisode de la vie du Christ auquel on accorde un rôle anecdotique bien souvent, mais qui est en fait tout aussi structurant dans le ministère du Christ que l’est son baptême. Alastair Roberts, dans son livre Transfigured Hermeneutics, fait remarquer que l’on perçoit parfois la Transfiguration comme un acteur qui serait rentré trop tôt sur scène par erreur : le Christ glorifié.

Mon pasteur relevait ce dimanche que tout comme le baptême (avec le témoignage de Jean, la venue de l’Esprit et la voix du Père) venait certifier la validité du ministère du Christ qui allait débuter, la transfiguration venait jouer un rôle similaire relativement à la Passion. En effet, avant la Transfiguration Pierre confesse, en porte-parole des apôtres, Jésus comme le Messie. Toutefois, Pierre est encore scandalisé quand Jésus explique qu’il va souffrir et mourir. Les apôtres, dont Pierre, ont besoin d’une confirmation pour cet autre aspect du ministère du Christ. À partir de la Transfiguration, Jésus va fréquemment mentionner sa mort, et ses déplacements vont constamment le rapprocher de Jérusalem, lieu de la Passion. Il me semblait intéressant pour poursuivre la réflexion de signaler quelques parallèles entre le baptême du Christ et sa transfiguration pour poursuivre la méditation de ce texte :

• Les deux évènements suivent une déclaration de Jésus comme Messie dans le contexte de la foule hésitante au sujet de l’identité de Jésus : avant le baptême, Jean confesse Jésus comme Messie ; avant la Transfiguration, Pierre confesse Jésus comme Christ, Fils du Dieu vivant ;
• Les ministères concernés sont en parallèle : La mort de Jean-Baptiste se produit peu de temps avant la Transfiguration, le chapitre des Évangiles se situant sous le ministère de Jean touche à sa fin. Hérode et les foules se demandent si Jésus n’est pas Jean-Baptiste revenu à la vie. Jésus place côte à côte l’attitude du monde vis-à-vis de son prédécesseur et vis-à-vis du Fils de l’homme (Matthieu 17.10-13). Ainsi, Jean-Baptiste est présent avant le baptême et il meurt peu avant la Transfiguration ;
• Jean-Baptiste faisait un travail de préparation pour une construction : aplanir et couper, comme lors de la préparation du temple (2 Chroniques 3,1, Malachie 3,1-3). Juste avant la Transfiguration, Jésus annonce la construction d’un bâtiment (Matthieu 16,17-19) ;
• Les deux évènements sont suivis d’un affrontement avec les esprits mauvais : Jésus tenté dans le désert dans un cas et Jésus chassant un démon particulièrement coriace dans l’autre ;
• Dans les deux cas il traverse ensuite la Galilée pour se rendre à Capernaüm (Matthieu 4,12-13, Matthieu 17,22-24) ;
• Dans le baptême, l’Esprit descend sur Christ sous forme d’une colombe. Dans la Transfiguration, la nuée, qui est un autre signe de l’Esprit, couvre le Christ ;
• Dans le baptême et dans la Transfiguration, la voix du Père se fait entendre pour témoigner de l’identité de Jésus. Les deux sont donc des théophanies trinitaires ;
• Ce que dit le Père à ces occasions est très semblable, les deux déclarations débutent en effet par : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé¹ » (Matthieu 3,17, 17,5) ;
• L’Évangile de Luc nous rapporte que les deux évènements se produisent alors que Jésus prie (3,21-22, 9,29).

1. Exactement les mêmes mots en grec : Οὗτός ἐστιν ὁ Υἱός μου ὁ ἀγαπητός.[↩]