Article d’un auteur invité, Calvinyps.
Partie 3 : si je suis cessationiste mais que je n’ai pas l’amour… – 1 Corinthiens 13.8
Avant de reprendre la suite de notre étude de 1 Corinthiens 13.8-14.40, je souhaite insister lourdement sur le fait que la discussion sur la continuation ou la cessation des dons miraculeux doit se faire dans l’amour, quel que soit la position que l’on défende à partir de l’Ecriture. C’est seulement dans le contexte de l’amour que les chrétiens se manifestent réciproquement qu’une telle discussion peut avoir lieu.
I. L’importance de l’amour.
1. L’amour caractérise Dieu.
La Bible nous enseigne que l’amour est l’essence même de Dieu lorsqu’elle nous dit que “Dieu est amour” (1 Jn 4.8). La Bible nous enseigne aussi que l’exemple suprême de l’amour, c’est Jésus-Christ qui, “ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux” (Jn 13.1). Cet amour dont parle la Bible est un amour qui “surpasse toute connaissance” (Eph 3.19), et c’est seulement par le Saint-Esprit que nous pouvons saisir “quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur” de l’amour de Christ (Eph 3.18). C’est ce qu’il faut comprendre lorsqu’il est dit que “l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a été donné” (Rom 5.5).
Ainsi, l’amour est quelque chose de prépondérant dans l’Ecriture : il s’agit de la nature de Dieu manifestée en Christ au-delà de toute compréhension humaine, et qui pourtant est répandu sur les croyants. Quelle vérité extraordinaire y a-t-il ici !
2. Qu’est-ce que l’amour ?
L’amour n’est pas un sentiment ou une émotion. L’amour est plutôt un esprit de sacrifice de soi, la volonté de pourvoir au besoin de quelqu’un d’autre, même si cela implique le sacrifice de ce que nous possédons ou de ce que nous avons besoin.
3. L’amour caractérise la vie du chrétien.
L’amour est tellement caractéristique de la vie du chrétien qu’en théorie tout chrétien devrait pouvoir être reconnu comme tel en raison de son amour. En Jean 13.35, Jésus déclare en effet : “A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres”. Nous retrouvons la même affirmation en 1 Jean 2.9-10 : “Celui qui dit qu’il est dans la lumière, et qui hait son frère, est encore dans les ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière…”. Autrement dit, les chrétiens sont des personnes qui aiment leurs frères. En 1 Jean 3.16, il est dit que “Nous avons connu l’amour, en ce qu’il a donné sa vie pour nous; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères”, et 1 Jean 3.18, l’Apôtre écrit : “Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité”.
Notre vie doit donc être caractérisée par l’amour. Il s’agit d’un aspect essentiel de la vie de chaque croyant.
II. Pourquoi nous nous éloignons du sujet de l’amour.
1 Corinthiens 13 parle essentiellement de la réalité de notre amour. Je préférerais exposer ce que dit ce chapitre en une seule fois pour montrer combien tout ce qui est dit ici sert à célébrer la grandeur de l’amour. Alors, se demandera le lecteur, pourquoi ne pas se borner à exposer ce que dit ce texte sur l’amour plutôt que d’aborder un sujet susceptible de diviser les chrétiens ? Eh bien, c’est parce qu’il y a ce petit mot au v.8 : “langues” (Grec : glossa). La raison pour laquelle je m’arrête à ce mot, c’est parce que ce mot pose problème aujourd’hui. Et par conséquent, je dois à la Parole de Dieu d’essayer de comprendre ce qu’elle nous dit à ce sujet. Si j’avais vécu avant le début du siècle dernier, j’aurais pu traverser ce chapitre en une seule fois sans aucun problème : à propos du verset 8, j’aurais pu alors simplement déclarer : “le mot ‘langues’ renvoie à un don apostolique qui n’est plus disponible aujourd’hui. Continuons notre exposition du passage”. Aujourd’hui, cependant, il est impossible de dire cela, et c’est pourquoi nous nous attardons à ce sujet. Ce serait génial si je pouvais parler seulement d’amour et négliger la question des langues. Mais je crois que nous devons nous éloigner du sujet principal du chapitre 13 qui est l’amour pour parler de la question du parler en langue.
III. Nous devons nous aimer… même si nous ne sommes pas d’accord !
Le monde ne sait pas vraiment ce qu’est l’amour. C’est pourquoi il est important que nous manifestions aux personnes autour de nous cet amour qui vient de Dieu. Mais il est tout aussi important que nous nous manifestions entre chrétien ce même amour. Ce principe a plein d’applications, et l’une d’entre elle est l’attitude que nous adoptons lorsqu’il s’agit de discuter d’un sujet aussi polémique que les langues. Il nous faut maintenir un esprit d’amour, et cela est particulièrement vrai lorsque nous ne sommes pas d’accord.
Lorsque le monde dit : “Je t’aime”, il est en fait en train de dire : “Je m’aime moi-même, et je te veux”. L’amour de ce monde est un amour égoïste. Alan Redpath, un évangéliste anglais du XXè siècle, racontait souvent l’histoire d’une jeune fille déprimée et qui appelle son pasteur pour lui raconter son problème : “Mais qu’est-ce que je vais faire ? Il y a cet homme qui m’aime tellement qu’il a dit qu’il se suiciderait si je ne l’épouse pas !”. Le pasteur répondit : “Ne fais rien. Laisse le se suicider si c’est vraiment ce qu’il veut faire. La pression qu’il exerce sur toi n’est pas de l’amour : ce n’est que pur égoïsme”. Cet homme qui disait “Je t’aime” disait en fait “Je m’aime moi-même, par conséquent, j’ai besoin de toi dans ma vie”.
Notre monde ne sait pas vraiment ce qu’est l’amour, c’est pourquoi nous devons lui montrer de quoi il s’agit en réalité. Il ne s’agit pas seulement d’aimer notre monde : il nous faut aussi nous aimer les uns les autres même lorsque nous ne sommes pas d’accord. Les chrétiens doivent s’aimer les uns les autres ! En tant que cessationistes, nous devons nous reconnaître que ceux qui sont impliqués dans le mouvement charismatique sont, pour la plupart, nos frères et soeurs en Christ. Dans notre discussion avec eux, nous devons garder la perspective que seul l’amour est éternel – alors que les dons sont temporaires. Tout ceci ne signifie pas que nous devons éviter la question du parler en langue. Mais nous devons faire ce que Paul disait en Ephésiens 4.15 : essayer de “professer la vérité dans l’amour”. Et c’est ce que je veux faire dans cette série d’études.
Adapté de John MacArthur dans son guide d’étude The Permanence of Love.
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