La tradition catholique romaine dit que Clément de Rome était le quatrième pape. Le document qui porte aujourd’hui son nom, intitulé « La première épître de Clément », ne le revendique jamais comme auteur. Elle dit qu’elle vient de l’église de Rome et qu’elle s’adresse à l’Église de Corinthe. Il imite clairement l’apôtre Paul dans le style, et il reprend de nombreux thèmes déjà présentés dans les 1er et 2ème Corinthiens. Les érudits la datent de la fin du premier siècle ou des premières années du second.
A partir du 42ème chapitre, 1 Clément commence à parler de gouvernance de l’Eglise et même d’une sorte de succession apostolique. Il dit que les apôtres étaient « du Christ… ayant reçu une charge… » (1 Clément 42:1-2). Il poursuit en disant que ces apôtres :
…prêchant partout dans le pays et la ville, ils désignèrent leurs prémices, quand ils les eurent éprouvés par l’Esprit, comme évêques et diacres pour ceux qui devaient croire. Et cela, ils ne l’ont pas fait d’une manière nouvelle ; car, en effet, il avait été écrit au sujet des évêques et des diacres depuis des temps très anciens…
(42:4)
Les apôtres ont ensuite nommé des « évêques et diacres » dans les différents pays et villes. Cela ressemble beaucoup au modèle du Nouveau Testament, avec une pluralité d’évêques présents dans une certaine région. Clément dit que cela a été fait par tous les apôtres, et qu’ils l’ont fait en continuité avec la pratique de l’Ancien Testament. Le reste du chapitre 42 et tout le chapitre 43 expliquent comment les apôtres imitaient Moïse dans sa mise en place d’Aaron et d’une direction religieuse sur Israël. Clément ne revendique pas de façon particulière la nature de ce ministère, qu’il soit sacerdotal, aaronien ou autre, mais fait plutôt appel à la nécessité de l’ordre. « Mais ce désordre ne s’est pas produit en Israël, il l’a fait ainsi, afin que le Nom du vrai et unique Dieu soit glorifié » (1 Clem. 43:6).
Clément poursuit en disant que les successeurs des apôtres ont établi leurs propres successeurs :
Nos Apôtres aussi ont su qu’il y aurait des contestations au sujet de la dignité de l’épiscopat ; c’est pourquoi, sachant très bien ce qui allait advenir, ils instituèrent les ministres que nous avons dit et posèrent ensuite la règle qu’à leur mort d’autres hommes éprouvés succéderaient à leurs fonctions. Ceux qui ont ainsi reçu leur charge des Apôtres, ou, plus tard, d’autres personnages éminents, avec l’assentiment de toute l’Église, s’ils ont servi le troupeau du Christ d’une façon irréprochable, en toute humilité, sans trouble ni mesquinerie, si tous ont rendu un bon témoignage depuis longtemps, nous pensons que ce serait contraire à la justice de les rejeter de leur ministère. Et ce ne serait pas une petite faute de déposer de l’épiscopat des hommes qui présentent à Dieu les offrandes avec une piété irréprochable. Heureux les presbytres qui ont déjà parcouru leur carrière ! Pour ceux-ci du moins, elle s’est déroulée jusqu’au bout et a rapporté son fruit. Ils n’auront plus à craindre qu’on vienne les chasser du poste qui leur a été assigné.
(1 Clem. 44:1-5)
Un certain nombre d’affirmations sont faites ici, mais l’une des choses les plus importantes est la reconnaissance de la controverse et des conflits sur la question même du gouvernement et de l’autorité de l’Église. 1 Clément défend certains dirigeants d’église dans un contexte où les églises ont retiré des dirigeants. Cela devient encore plus clair en 44:5 et 47:6. 44:4 dit aussi que « les presbytres qui sont partis avant » n’ont pas à « craindre qu’on ne les chasse… » 44:2 dit que certains ont été « injustement chassés de leur ministère ». Ainsi, le problème auquel 1 Clément est confronté est celui des dirigeants d’église qui ont été destitués à tort.
1 Clément dit que les apôtres ont nommé des hommes pour leur succéder dans « l’office épiscopal » et que ces hommes en nommeraient d’autres à leur tour. Il décrit ainsi la « continuation » de cette succession : « Ceux qui ont été nommés par eux, ou par la suite par d’autres hommes de bonne réputation, avec le consentement de toute l’Église… » (1 Clément 44:2). Ainsi, le « consentement de toute l’Église » a été jugé pertinent.
Nous pouvons aussi voir que ces évêques sont aussi des anciens, comme c’était le cas dans le Nouveau Testament :
Et ce ne serait pas une petite faute de déposer de l’épiscopat des hommes qui présentent à Dieu les offrandes avec une piété irréprochable. Heureux les presbytres qui ont déjà parcouru leur carrière ! Pour ceux-ci du moins, elle s’est déroulée jusqu’au bout et a rapporté son fruit. Ils n’auront plus à craindre qu’on vienne les chasser du poste qui leur a été assigné.
(1 Clément 44:4-5)
Les presbytres qui ont précédé ne doivent pas craindre de perdre leur charge épiscopale. Toujours en 47:6, on dit que le problème est « l’Église des Corinthiens, l’ancienne et inébranlable Église des Corinthiens, à cause d’une ou deux personnes, fait sédition contre ses presbytres ». 57:1 dit : « Vous qui avez posé les fondements de la sédition, soumettez-vous aux presbytres et recevez la repentance, en pliant les genoux de votre cœur ». Ainsi, les « évêques » et les « presbytres » (ou anciens) de Clément sont la même chose.
1 Clément est important parce qu’il illustre comment un auteur chrétien de la fin du Ier siècle ou du début du IIe siècle a défendu l’existence des évêques et des diacres et la nécessité d’avoir une direction ecclésiastique faisant autorité pour prévenir le schisme. Les « évêques » de 1 Clément sont aussi des « anciens », comme les deux mots semblent décrire une seule fonction, et ils exercent leur ministère dans les villes. On dit qu’ils succèdent à ceux qui ont succédé aux apôtres, mais aucun apôtre n’est mentionné comme ayant une priorité ou une autorité unique. Le consentement des laïcs est également invoqué pour soutenir l’autorité des évêques ultérieurs. Il est également important de noter que l’auteur, un ecclésiastique romain, ne fait aucune mention de Pierre ou d’une signification unique attachée au siège de Rome.
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