Les Colossiens étaient pris par une tentation plus courante que ce que l’on pense : chercher quelque chose en plus du Christ. Pour eux, c’était dans les pratiques juives, l’ascétisme et le mysticisme qu’ils voulaient trouver ce « plus ».
Mais depuis, l’erreur des Colossiens ne s’est pas éteinte, elle a changé de forme. Les gnostiques ont cherché l’illumination. Au Moyen-Âge et dans l’Église romaine, on parle de ce « niveau 2 » comme de la sainteté et ces chrétiens de niveau 2 sont donc appelé « saints », d’autres parlent de baptême du Saint-Esprit, d’autres encore de consécration totale. Bref, il semble que toutes les dénominations, toutes les époques et tous les courants aient été tenté à un moment d’aller au-delà du Christ.
Cette erreur pose de nombreux problèmes à mes yeux.
Cela détourne les yeux du Christ
C’est surtout sur ce point que Paul insiste en Colossiens. C’est pourquoi, avant même d’aborder le sujet, il nous livre un des plus beaux hymnes à la gloire du Christ du Nouveau Testament (Col 1:15-19). Il veut que ses lecteurs soient émerveillés par la grandeur du Christ. Il insiste sur le fait que tout est en Christ. Puis, au chapitre 2, il leur montre qu’ils ont tout en Christ. Si tout est en Christ et que par la foi le Christ tout entier se donne à nous, alors nous avons tout ce dont nous avons besoin.
Paul peut alors, plus loin au chapitre 2, montrer aux Colossiens que les pratiques juives n’étaient que des ombres des choses à venir et que le mysticisme et l’ascétisme sont en fait un orgueil déguisé. Il accuse l’homme qui cherche ces choses de ne pas « s’attacher à la tête du corps », c’est-à-dire au Christ duquel tout le corps tire sa force. Chercher une deuxième étape, une deuxième expérience, c’est rabaisser la gloire du Christ et ne pas s’attacher à lui.
Cela crée deux catégories de chrétiens
Les saints et les autres, les spirituels et les charnels, ceux qui ont reconnu Christ comme Seigneur et ceux qui l’ont reconnu uniquement comme Sauveur, les consacrés et les autres, ceux qui sont baptisés de l’Esprit et ceux qui ne le sont pas, ceux qui ont vaincu tel péché et ceux qui galérent, ceux qui ont tel don et ceux qui ne l’ont pas, etc. Nous ne pourrons pas ici montrer comment chacune de ces formes de l’erreur des Colossiens vient d’une mauvaise compréhension de certains passages bibliques. Souvenons-nous simplement que, nous qui avons cru au Christ, nous l’avons reçu tout entier et que tout est en Lui. Ne cherchez pas ailleurs, cherchez Christ.
Si nous avons en tête ce message de Paul aux Colossiens, nous comprendrons qu’il n’y a pas deux types de chrétiens. Dans un certain sens, nous sommes tous égaux en ce que nous avons le même Esprit et le même Christ. Dans un autre sens, nous sommes tous complémentaires et certains sont plus avancés que d’autres. Mais soyons prudents ici, ceux qui sont plus avancés, ce ne sont pas ceux qui ont obtenu quelque chose en plus du Christ, ce sont ceux qui ont puisé par la foi chaque jour dans ses richesses.
Avoir deux catégories de chrétiens peut décourager ceux qui se pensent au niveau 1 ou mener à l’orgueil ceux qui se pensent au niveau 2. Baser toute sa vie sur Christ montre à chaque croyant qu’ils ont tout ce qui leur faut et les détourne de l’orgueil puisque tout vient de Lui.
Cela empêche le progrès des croyants
Un chrétien qui ne regarde plus à Christ, c’est un chrétien qui ne progresse plus. Paul le dit aux Colossiens « comme vous avez reçu le Christ Jésus, marchez en Lui » (Col 2:7). Vous avez reçu le Christ par la foi, c’est encore par la foi que vous progresserez. Ne cherchez pas ailleurs, celui qui a été capable de vous justifier et de vous régénérer, c’est le même qui vous sanctifiera.
Certainement, cela nous paraît trop simple et c’est pour cela que nous voulons chercher ailleurs. Telle épreuve, telle tentation, telle difficulté est bien trop grande, pensons-nous, pour utiliser des moyens ordinaires. Il nous faut plus que la foi cette fois-ci. Christ a bien pu sauver mon âme, mais dans cette situation, je doute qu’il puisse faire quoi que ce soit. Ou alors, je pense qu’il va falloir que je mérite son aide par quelque chose d’exceptionnel. Abandonnez ces raisonnement incrédules qui déshonorent le Christ, confiez-vous en Lui là où vous en êtes et persévérez dans cette confiance. Il en est digne et il agit au moment opportun.
Des moyens ordinaires, une grâce extraordinaire
Un progrès quotidien, une persévérance par la foi dans les moyens ordinaires que Dieu nous a donné (son Église, la prédication de sa Parole, le Baptême et la Cène, la prière, la lecture de sa Parole) est ce qui nous fera avancer. Des moyens ordinaires, des résultats extraordinaires si l’on y persévère.
Et, ne nous trompons pas, ces choses ne rajoutent pas à la foi, elles sont des moyens de faire grandir en nous la foi, en particulier la Parole, le Baptême et la Cène qui sont des moyens directs par lesquels Dieu affermi notre foi. Pour la prière et l’Eglise, elles sont en fait déjà des fruits de la foi. C’est parce que l’on a cru aux promesses de Dieu que l’Eglise est là, et c’est parce que l’on croit que l’on prie. Mais la Parole et les Sacrements (Baptême et Cène) précèdent logiquement la foi en ce qu’elles proclament les promesses de Dieu et les grandes vérités du salut. Or, il faut que Dieu promette avant que l’on puisse croire.
Dans le Baptême, Dieu nous promet « aussi certainement que l’eau coule sur ton corps, de même le sang de mon Fils et l’effusion de mon Esprit coulent sur ton âme si tu crois ». Dans la Cène, Dieu nous promet « Christ est la nourriture de ton âme, viens et mange par la foi et ta faim et ta soif seront comblées ».
Chrétiens, toute votre vie et tous les jours, ne cherchez que le Christ par la foi, en utilisant les moyens qu’il nous a donné pour affermir en nous cette foi. Vous avez tout en lui, il suffit.
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