Le caractère charnel des Corinthiens : Le don des langues dans 1 Corinthiens 13.8-14.40 (8/16)
4 mai 2018

Article d’un auteur invité, Calvinyps.


Partie 8 : la manifestation du caractère charnel des Corinthiens – 1 Corinthiens 14.6-19

Commençons cet article en soulignant à nouveau que je m’approche de ce texte sans arrière-pensée. Mon seul but est de comprendre ce que Paul dit ici. Mon but en écrivant ses articles sur 1 Corinthiens 13-14 n’est pas en tant que tel de critiquer le mouvement charismatique. J’essaie simplement d’enseigner ce que le texte enseigne et d’en tirer les applications qu’il faut tirer dans notre contexte contemporain. J’imagine qu’il est difficile pour certain d’admettre que je n’attaque pas personnellement les individus qui croient ce que croient les charismatiques. Quoi qu’il en soit, ce que je fais ici, c’est de faire tout mon possible pour exposer clairement ce que dit la Parole de Dieu dans ce texte, et cela a des applications en ce qui concerne le phénomène actuel de glossolalie et sur la question de l’actualité du don des langues.

C’est seulement avec cela en tête que nous pourrons lire paisiblement 1 Corinthiens 14. Mais avant de passer la prochaine fois à la suite de ce texte, résumons aujourd’hui ce que nous avons vu la dernière fois. Lorsque Paul adresse en 1 Corinthiens 14 le sujet des langues dans l’église de Corinthe, il ne s’agit là que d’une manifestation parmi d’autres de leur caractère charnel.

I. La nature du don des langues.

C’est en Actes 2.6 que nous pouvons trouver la description la plus claire du don des langues authentique et biblique, lorsque les disciples parlèrent en langues et que les personnes présentes les entendirent parler dans leur propre langage. Le véritable don des langues est la capacité miraculeuse à parler dans une langue étrangère inconnue de celui qui la parle dans le but de communiquer la vérité de l’Evangile dans la langue de quelqu’un de présent. Parce qu’il s’agissait d’un événement miraculeux, le parler en langue servait aussi de signe que Dieu était présent et que le message proclamé était véridique.

Il n’y a aucune raison de penser qu’il y ait dans la Bible deux sortes de parler en langues différents qui auraient une nature et une finalité différentes. Le mot grec qui est utilisé par Paul en 1 Corinthiens 14 est le même mot qu’emploie Luc en Actes 2. Le même mot est utilisé, il n’est pas redéfini d’une façon différente, et Luc et Paul se connaissaient. La seule conclusion à laquelle nous pouvons arriver, c’est que le don des langues mentionné par Luc en Actes 2 et par Paul en 1 Corinthiens 14 sont parfaitement identiques : il s’agit de la capacité miraculeuse que donne le Saint-Esprit de parler dans une langue étrangère inconnue de celui qui la parle dans le but de communiquer l’Evangile dans la langue de quelqu’un de présent qui comprend ce message, et ce miracle sert de signe que la parole prononcée vient de Dieu.

II. La corruption du don des langues.

Le chaos qui existait dans l’église de Corinthe au sujet du don langues provenait de ce que les Corinthiens avaient corrompu le véritable don des langues en l’utilisant n’importe comment et en le confondant avec la pratique païenne du parler en charabia extatique qui était courante dans leur culture. Pour Satan, il était relativement simple de contrefaire le véritable don des langues pour la raison que l’extase païenne était quelque chose de courant dans la société corinthienne. Mais le vrai don des langues, celui qui consiste à parler dans de vraies langues étrangères, provenait de Dieu. Cette contrefaçon païenne du véritable don des langues, ce langage extatique avait cours dans l’assemblée corinthienne, et avait probablement rapidement dominé l’église à cause de ses excès émotionnels concomitants. Paul a donc écrit 1 Corinthiens 14 afin de distinguer l’adoration des faux dieux et la recherche de satisfaction personnelle de l’adoration du vraie Dieu et la recherche du salut des autres. Paul voulait que les Corinthiens utilisent leurs dons (s’il s’agissait de vrais dons) pour servir les autres, et non pour se servir égoïstement soi-même, en recherchant pour soi-même des bénédictions extatiques.

Alexander Hay résume ce que nous avons dit de la façon suivante : “Ces croyants, lorsqu’ils étaient encore païens, avaient cru qu’ils parlaient dans une langue que ne comprenait pas les hommes, que même l’adorateur ne comprenait pas, et par laquelle ils disaient à leurs dieux des secrets ou mystères. Ils pensaient que c’était l’esprit des dieux qui parlaient par eux de sorte que seul celui qui prononçait ces paroles divines était béni et que personne d’autre que les dieux ne comprenait ce qui se disait. L’adorateur tirait profit de cette expérience grâce à l’extase du sentiment qui s’éveillait en lui et grâce à l’impression qu’il faisait désormais partie des privilégiés qui communiaient avec le monde des esprits. L’édification des autres adorateurs n’était pas du tout son objectif. Mais Paul contraste dans ce passage cet égocentrisme avec le but chrétien de l’usage des dons. La finalité des manifestations de l’Esprit de Dieu, c’est que l’assemblée entière soit édifiée” [Counterfeit Speaking in Tongues, in What Is Wrong in the Church?, Vol. 2, p. 32].

Cela nous ramène à la question suivante : Y a-t-il deux sortes de parler en langues ?

Cette question provient de ce que les charismatiques et les pentecôtistes se rendent bien comptent qu’il y a une différence entre ce qui se passaient en Actes 2 et la confusion dans l’église de Corinthe que décrit Paul, certes en filigrane, en 1 Corinthiens 14. Leur conclusion, c’est qu’il y a deux sortes de parler en langues. Ils disent ainsi que les langues d’Actes 2 sont de véritables langages alors qu’en 1 Corinthiens 14 les langues seraient un langage extatique, personnel et inconnu que l’on utilise pour prier Dieu de façon personnelle pour son édification personnelle. Autrement dit, ils reconnaissent qu’il y a bien une différence entre ce que nous voyons en Actes 2 et en 1 Corinthiens 14, et ils résolvent ce problème en disant qu’il y a deux sortes de parler en langues.

Pour ma part, je vois bien cette différence, mais la solution que j’apporte à ce problème, c’est que nous trouvons le bon usage du parler en langue en Actes 2 et que nous trouvons la corruption de ce don en 1 Corinthiens 14. 1 Corinthiens 14 ne parle en effet pas d’un autre don, mais bien du même don qui a été perverti et qui a été mélangé et confondu avec une contrefaçon païenne de ce don. La Bible n’enseigne pas qu’il y a deux sortes de parler en langues, l’un qui serait un parler en langues étrangères et l’autre qui serait un langage extatique. En fait, le même mot est utilisé pour parler de ce don en Actes 2 et en 1 Corinthiens 14 par des auteurs qui avaient travaillés ensemble. Si Dieu avait voulu parler de deux choses différents, il aurait utilisé deux termes différents ; mais il ne l’a pas fait. Il s’agit du même mot. C’est le mot grec habituel pour dire “langues”. Il n’y a aucune raison de justifier l’utilisation égoïste du don des langues telle que nous la trouvons en 1 Corinthiens 14 comme s’il s’agissait d’un don différent.

Si l’on veut alors soutenir que les Corinthiens exerçaient le véritable don des langues de manière appropriée, on se dresse alors contre les principes les plus fondamentaux de ce que la Bible décrit comme spirituel. L’Eglise corinthienne ne pouvaient pas manifester de façon juste un don de l’Esprit pour la raison que tout ce qu’il faisait par ailleurs était corrompu. Le reste de l’épître nous montre qu’ils étaient matérialistes et animés d’un esprit de discorde, de parti et de clan, qu’ils étaient charnels et envieux, qu’ils étaient enclins aux conflits et chicaniers, qu’ils étaient pleins d’orgueil et qu’ils cherchaient leur propre gloire, qu’ils étaient suffisants, immoraux et laxistes, qu’ils s’escroquaient mutuellement et qu’ils étaient fornicateurs, qu’ils se privaient l’un de l’autre dans le mariage, qu’ils offensaient les chrétiens plus faibles et qu’ils convoitaient les choses mauvaises, qu’ils étaient idolâtres, qu’ils communiaient avec les démons, et qu’ils étaient rebelles à l’autorité, qu’ils étaient gloutons, ivrogne et sans générosité à l’égard des pauvres, et enfin qu’ils profanaient la Sainte-Cène. Pouvons-nous alors sérieusement croire qu’ils ne corrompaient pas aussi le don des langues ? Bien sûr que non, ou alors ce serait aller à l’encontre des principes que décrit la Bible à propose de la vraie spiritualité. De deux choses l’une : soit on marche par la chair et dans ce cas, il n’y a pas de lutte entre la chair et l’Esprit ; soit on marche par l’Esprit et dans ce cas il y a une réelle lutte avec la chair. Mais de toute évidence, les Corinthiens marchaient selon la chair et c’est pour cette raison qu’ils ne pouvaient manifester de façon correcte les véritables dons du Saint-Esprit.

III. La raison pour laquelle Paul parle du don des langues dans ce passage.

Si l’on lit 1 Corinthiens 14 à la lumière des treize premiers chapitres de l’épître, on est obligé d’arriver à la conclusion que les Corinthiens n’exerçaient pas de façon correcte le véritable don des langues. Si on arrive pas à cette conclusion, c’est qu’on a assez mal compris le principe fondamental de ce qui caractérise selon la Bible ce qui est spirituel, c’est-à-dire le rapport entre la manifestation des dons de l’Esprit et la marche dans l’Esprit et non dans la chair. La seule explication que nous pouvons donner, c’est que ce qui se passait dans l’assemblée corinthienne n’était pas l’exercice correcte du véritable don des langues. Pourquoi ? Simplement parce que rien dans la vie des Corinthiens ne correspondait à la vie qu’ils auraient dû vivre. Paul a écrit les treize premier chapitre de cette épître aux Corinthiens pour corriger les erreurs qui avaient cours dans cette assemblée. Il en va de même du quatorzième chapitre qu’il a écrit pour les corriger de leur utilisation égoïste et païenne d’un langage extatique qu’ils confondaient avec le don spirituel des langues. Apparemment, même ceux qui avaient le vrai don des langues l’avaient corrompu en l’utilisant pour leur édification personnelle et dans l’assemblée lorsque aucun incroyant n’étaient présent : ils utilisaient le don des langues pour s’élever eux-mêmes dans l’assemblée afin de démontrer leur supériorité spirituelle. L’église corinthienne avait laissé entrer en son sein la totalité du système qui avait cours dans leur société. Pourquoi n’en aurait-il pas été ainsi de leur approche de la pratique religieuse ?

Adapté de John MacArthur dans son guide d’étude The Truth about Tongues

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Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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