L'image de Dieu en l'Homme [Q6.2 Heidelberg]
6 mai 2020

Troisième dimanche

QUESTION 6

Dieu a-t-il donc créé l’homme si méchant et si pervers?

Non ; au contraire,
Dieu a créé l’homme bon et à son image,
c’est-à-dire vraiment juste et saint,
afin qu’il ait de Dieu son Créateur une droite connaissance,
qu’il l’aime de tout son coeur
et qu’il vive avec lui dans un éternel bonheur
pour le louer et le bénir.

DE L’IMAGE DE DIEU EN L’HOMME

A ce sujet, nous allons surtout rechercher :

  1. Ce qu’elle est et ce que sont ses parties.
  2. Jusqu’à quel point elle est perdue, et ce ce qu’il en reste en l’homme.
  3. Comment elle est restaurée.

1. QU’EST ELLE ET DE QUOI EST-ELLE COMPOSÉE?

L’image de Dieu en l’homme est :

  • Un esprit qui connaît droitement la nature, la volonté et les œuvres de Dieu. 
  • Une volonté obéissant librement à Dieu et conformant tous ses penchants, désirs et actions avec la Volonté de Dieu.
  • La nature spirituelle et immortelle de l’âme, et tout ce qui suit : la pureté et l’intégrité de l’homme, la parfaite béatitude, la joie de se reposer en Dieu, et la dignité et majesté de l’homme, qui vient du fait qu’il l’emporte et domine sur la nature.

L’image de Dieu comprend donc :

  1. La substance même de son âme, immatérielle et immortelle, et sa capacité de comprendre et vouloir.
  2. Toutes les notions naturelles au sujet de Dieu, de sa volonté et de ses œuvres, c’est-à-dire, la parfaite sagesse dans notre esprit.
  3. Des actions, désirs et mouvements de notre volonté justes et saints, c’est-à-dire, une parfaite justice et sainteté dans la volonté, le cœur, et toutes les actions extérieures.
  4. La plus grande joie se reposant en Dieu, avec la félicité, la béatitude, et la gloire, et beaucoup d’autres biens conjoints, sans misère ni corruption.
  5. La domination de l’homme sur les autres créatures : poissons, oiseaux et autres êtres vivants.

En tout ces aspects, la nature rationnelle a une relation avec le créateur, dans la mesure ou l’image a une certaine relation à l’archétype, mais non pas en étant dans une relation d’égalité. Paul appelle l’image de Dieu « vraie justice et sainteté » (Éphésiens 4:24) aussi bien dans le principe que dans ses parties. Il n’exclut pas la sagesse et les notions naturelles, mais les présupposent. Personne en effet ne peut honorer un Dieu inconnu. Il n’exclut pas non plus la félicité et la gloire. En effet elles sont à la suite de l’ordre de la justice divine. En effet, là où est la justice et la sainteté, il y a l’absence des maux de faute et des maux de peine. La sainteté et la justice peuvent être prises ensemble, ou distinguées ainsi :

  • Une compréhension droite de la justice au sujet des actions intérieures et extérieures, conformes à un esprit qui juge droitement et avec la loi de Dieu.
  • La sainteté se référant à la qualité même de ces actions.

Objection : La sagesse et la justice parfaite sont à Dieu seul, et ne revient à aucune créature. En effet, la sagesse des anges et de toutes les créatures peut croître et croît. Comment donc l’image de Dieu en l’homme pouvait être la parfaite justice et sainteté ? Réponse : On l’appelle « parfaite sagesse », non parce qu’elle n’ignore rien, mais parce qu’elle est parfaite selon la perfection qui se trouve dans la nature créée, ou que le créateur veut dans la créature et qui suffit au bonheur de la créature. D’où le fait que quand on dit que la sagesse et la béatitude des anges sont parfaits, c’est parce qu’elles sont telles que Dieu veut qu’elles soient, et pourtant celles-ci peuvent découvrir quelque chose d’autre. Par ailleurs, une infinité d’autres choses. Si l’homme était parfaitement juste, c’est parce qu’il était conforme à Dieu en toute choses que Dieu attendait de lui. Il n’était pas égal à Dieu, et la justice qu’il avait n’était pas du degré de celle qu’avait Dieu. Mais rien ne manquait à sa perfection dans laquelle Dieu l’avait créé et qu’il voulait et qui suffisait pour le bonheur de sa nature créée.  C’est donc une ambiguïté sur le mot « perfection ». Et c’est selon ce sens que l’homme est dit à l’image de Dieu, ou créé à l’image de Dieu dans l’Ecriture.

Christ est appelé image de Dieu certainement pour une raison très différente :

  1. Considérant sa nature divine : en tant qu’image coéternelle du Père éternel, de même substance et égale au Père dans ses propriétés, son essence, ses œuvres et sa personne, par qui le Père se révèle parfaitement, créant et préservant toute chose, mais surtout sauvant les élus. Et il est appelé l’image de Dieu non pas en étant l’image de lui-même, ou du Saint Esprit, mais du Père, parce qu’il n’est pas engendré de lui-même ou du Saint Esprit mais du Père de toute éternité.
  2. Considérant sa nature humaine, en tant qu’il est créé à l’image de Dieu des créatures, mais excellant de façon infinie en degré, nombre des dons, sagesse, justice, puissance, et gloire celle de tous les anges et les hommes, et en particulier ressemblant à notre Père en doctrine, vertu et actions, selon qu’il est dit : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14:9).

De l’autre côté, les anges et les hommes sont appelés image de Dieu aussi bien du Fils que du Saint-Esprit, en ce qui concerne les parties où il est dit : « Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance » (Genèse 1:26) non en vue d’une ressemblance de l’essence ou d’une égalité, mais en vue l’harmonie des propriétés, non en degré ou essence, mais dans le genre et dans l’imitation. En effet, ce qui est créé par Dieu dans les anges et les hommes est une analogie de l’archétype qui est l’essence divine. D’un autre côté, ces choses qui sont disputées au sujet de l’image de Dieu autrefois apportées par les antropomorphites et plus récemment par Osiander sont dans Ursinus volume 1, pages 154-155.

2. JUSQU’OÙ A-T-ELLE ÉTÉ PERDUE ET QU’EN RESTE-T-IL EN L’HOMME?

L’image de Dieu était ce que Dieu crée au commencement dans l’homme, et que l’homme avait brillante avant la chute. Mais après la chute, l’homme perd cette très belle image de Dieu à cause du péché et il est transformé en la cruelle image du diable. Des restes de celle-ci demeurent encore et brillent après la chute, et qui restent même chez les hommes non-régénérés :

  1. La substance incorporelle, irrationnelle et immortelle de l’âme avec ses capacités. Dans celles-ci, le libre-arbitre si bien que ce que l’homme veut, il le veut librement.
  2. Beaucoup de notions au sujet de Dieu, de la nature, de la différence entre bien et mal faire dans l’esprit, qui sont les principes des arts.
  3. Les traces et semences de vertus et d’éthique et de discipline extérieure quelles que soient leurs pouvoirs.
  4. La jouissance de beaucoup de biens temporels.
  5. Enfin, une certaine domination sur les créatures. Car cela ne fut pas totalement perdu. Beaucoup d’entre elles restent sujettes à la domination de l’homme, si bien qu’il peut en diriger un grand nombre.

Voici quels sont les restes de l’image de Dieu en l’homme, même s’ils sont obscurcis et ruinés violemment par le péché. En effet, ils sont sauvés d’une certaine façon dans la nature :

  1. Pour qu’ils soient un témoignage de la miséricorde de Dieu vis-à-vis de nos indignités.
  2. Pour que Dieu puisse les utiliser pour la restauration de son image en nous.
  3. Pour que les méchants soient rendus inexcusables.

Mais ces choses que nous avons perdues de l’image de Dieu sont de loin les plus grandes et les plus importantes des biens :

  1. Une connaissance vraie, parfaite et salutaire de Dieu et de sa volonté.
  2. L’intégrité des notions au sujet des œuvres divines, et la plus pure lumière dans notre esprit. À celle-ci succèdent l’ignorance, l’aveuglement, les ténèbres.
  3. La droiture de tous les penchants, désirs et actions et la conformité avec la Loi de Dieu, dans la volonté et le cœur et les membres extérieurs. À ceci succèdent un horrible désordre et une dépravation des penchants et des mouvements du cœur et de la volonté, d’où vient que les péchés actuels pullulent.
  4. La domination sur les créatures pure et parfaite. Car les hommes étaient auparavant craints des bêtes, et maintenant elles résistent, occupent et nuisent. Ils représentent un piège et une épines aux agriculteurs.
  5. Le droit d’usage de la création que Dieu accorde non à ses ennemis, mais à ses fils.
  6. Enfin, cette félicité et la vie éternelle. À ceci succède la mort éternelle et temporelles avec tous les genres de calamités.

Objection : Les païens excellent dans beaucoup de vertus, et accomplissent  des choses remarquables. Donc il semble que l’image de Dieu ne soit pas détruite en eux. Réponse : Les vertus extraordinaires et exploits des païens appartiennent aux restes et rudiments qui ont été conféré à l’Image de Dieu dans la nature de l’homme. Mais pour autant ils n’ont pas l’image de Dieu vraie et intègre qui manque en l’homme, si bien qu’il n’y a que des fantômes de celle-ci dans la discipline extérieure, sans l’obéissance interne du cœur vis-à-vis de Dieu, qu’ils ignorent et fuient. Pour cette raison, ils ne plaisent pas à Dieu, vu qu’ils ne professent pas une vraie connaissance de Dieu ni ne font leurs œuvres pour sa gloire.

3. COMMENT L’IMAGE DE DIEU PEUT ÊTRE RESTAURÉE EN NOUS

La restauration de l’image de Dieu en l’homme est de Dieu seulement, qui l’a donnée aux hommes. Cette dernière est de fait le don de la vie, et la restitution des choses perdues. Dieu le Père la restitue par le Fils. C’est pourquoi il est écrit « c’est grâce à lui que vous êtes en Jésus–Christ, qui a été fait pour nous sagesse venant de Dieu – mais aussi justice, consécration et rédemption » (1 Corinthiens 1:30). Le Fils nous la donne par le Saint Esprit « nous sommes transfigurés en cette même image, de gloire en gloire ; telle est l’œuvre du Seigneur, qui est l’Esprit » (2 Corinthiens 3:18). Le Saint Esprit la restitue par la parole et l’usage des sacrements « L’Evangile est en effet puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Romains 1:16). Cependant notre restauration est telle qu’elle n’est que commencée dans l’élu et dans cette vie confirmée et croissante jusqu’à la fin de la vie, quant à l’âme ; quant à tout l’homme, ce sera à la résurrection du corps. Nous allons donc étudier qui est l’auteur, dans quel ordre et selon quel mode c’est restauration est faite.

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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