Toutes ces personnes que je devrais connaître – Heath-Whyte & Brake – Recension
17 juin 2020

Parmi les ressources catéchétiques que proposent les éditions BLF, j’ai été heureux de voir qu’il y avait aussi une introduction à l’histoire de l’Église pour les petits. Pour la théologie systématique pour les tout-petits, j’ai déjà recensé Tout ce que je devrais savoir sur Dieu, de Kenneth Taylor et Jenny Brake. Toutes ces personnes que je devrais connaître de Clare Heath-Whyte et Jenny Brake (illustratrice) est en quelque sorte la suite et le complément du précédent, comme le montre le recours à la même illustratrice et le même travail éditorial.

Il s’agit de cinquante-deux très courtes biographies adaptées aux petits (plutôt des enfants que des tout-petits), soit une par semaine, afin d’introduire nos enfants à l’histoire de l’Église et à la communio sanctorum – c’est à dire l’ensemble des chrétiens qui ont aimé et servi Jésus à travers les époques.

Et j’en suis globalement satisfait, une fois que j’ai compris l’intention du livre, et considérant que les ressources catéchétiques autour de l’histoire de l’Église sont très restreintes.

Une introduction à la communio sanctorum pour les petits.

Clare Heath-Whyte a donc sélectionné cinquante-deux grands personnages dans l’histoire de l’Église, et raconté en l’espace d’une courte page les principaux aspects de leurs vies, soit une biographie par semaine pendant un an. Très bonne idée pour nous aider en tant que parent à l’utiliser. Chaque semaine donc, vous avez l’occasion de présenter à vos enfants une figure de l’église comme Augustin, Chrysostome, Jean Calvin, John Newton, William Wilberforce, Dwight Moody, C.S Lewis, Corrie ten Boom, Frère André… Les biographies sont écrites dans un but d’édification: l’idée est d’inspirer nos enfants à bien agir selon l’exemple de ces saints, plus que de les informer sur leur histoire.

C’est cette orientation morale qui m’a un peu perdu à la première lecture, mais elle n’est pas gênante en fin de compte: elle rend l’histoire de l’Église accessible et pertinente pour nos enfants, et rien ne nous empêche ensuite de sortir les vrais portraits et de compléter les informations historiques qui ne manqueraient. Le revers de la médaille, c’est que ce livre est une introduction à la communio sanctorum plutôt qu’à l’histoire stricte de l’Église. Tout bien pesé, je ne pense pas que ce soit un problème.

Dans le choix des personnages, il y a une très forte surreprésentation des évangéliques, c’est à dire des protestants d’après le XVIIIe siècle, notamment ceux du XIXe siècle. Cependant, toutes les époques ont leur représentant, le plus ancien étant Augustin d’Hippone, et les réformateurs sont bien représentés. Il y a des missionnaires, des fondateurs d’oeuvres sociales, des pasteurs, des évangélistes, des modèles d’endurance (Joni Earickson Tada), mais pas de martyr. On notera aussi un effort bienvenu pour présenter des femmes comme Katharina von Bora (épouse de Luther), Susanna Wesley, la comtesse de Huntingdon… Bref, une galerie intéressante, avec plein de personnages que je ne connaissais pas moi-même. Ils sont classés par ordre alphabétique, et non chronologique: il est donc difficile de présenter l’histoire de l’Église à partir d’eux.

Ma seule réserve quant au style concerne l’insistance très lourde sur le terme «ami de Jésus». L’expression peut être utilisée jusqu’à six fois par pages, à chaque page. Jamais le terme de Seigneur, ou de Sauveur n’est mentionné, ni Dieu, ni d’autres personnes de la Trinité que Jésus. Or, bien que la Bible utilise bien le terme « ami de Dieu », il faut tout de même reconnaître que la très grande majorité du temps, et il en est de même chez les Pères, c’est le terme et l’idée de Seigneur qui est présentée dans la Bible.

Je ne pense pas que ce soit une atteinte à l’orthodoxie. J’imagine que l’auteur a simplement voulu rendre Jésus plus accessible pour les enfants, et ce faisant, a volontairement gommé tous les aspects qui le rendent trop étranger. Ce faisant, elle gomme aussi le fait que tous ces gens ont aimé, servi et suivi Jésus parce qu’il était leur Dieu.

Concernant le niveau de lecture, le texte est trop dense pour les tout-petits, mais des enfants plus âgés (jusqu’en 6e d’après un lecteur) en tirent bien profit. Après la lecture, mon garçon souhaite souvent en savoir plus, et il y a plein de figures que je découvre moi-même. De ce point de vue, il est bien fait.

Pour ce qui concerne le travail de l’illustratrice – Jenny Brake – j’avais déjà signalé à quel point j’appréciais son travail dans Toutes ces choses que je devrais savoir sur Dieu. Je suis cependant moins convaincu de la pertinence de son style pour cette œuvre. Heath-Whyte écrit pour des enfants de plus de 5 ans, et Brake a des dessins adaptés pour des enfants de moins de 5 ans. Cependant, ses dessins colorés restent agréables et très illustratifs, ce n’est pas un défaut de l’illustratrice.

Malgré tout, il manque un portrait ou une réprésentation réaliste des personnages présentés. Quand nous le lisons à notre fils, nous prenons souvent notre téléphone pour montrer le «vrai portrait» à notre fils, qui le demande.

Conclusion

Le livre de Clare Heath-Whyte est une tentative intéressante de présentation de l’histoire de l’Église pour les petits. Cependant, il faut bien saisir l’intention du livre avant de se le procurer: le but est d’édifier plutôt que d’enseigner. C’est une introduction à la communio sanctorum plutôt que l’histoire de l’Église. Et dans ce créneau, il est bon.

Cependant, ce fut l’occasion pour moi de me rendre compte qu’il y a un créneau éditorial en francophonie: il manque une ressource qui présente l’histoire de l’Église de façon chronologique. L’approche biographique pourrait être gardée, à condition que les époques soient plus équitablement présentées. Amis éditeurs, qu’en pensez vous? Et vous, lecteur?

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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