Surnommé « la harpe du Saint-Esprit», saint Éphrem de Nisibe, dit aussi le Syrien (306-373), est un des plus grands théologiens et poètes de l’Église orientale primitive, et un des fondateurs de la littérature syriaque. Ses hymnes (ܡܕܖ̈ܫܐ madrāšê), toutes écrites dans son dialecte araméen, sont nombreuses et particulièrement imagées, emprutant à divers motifs de l’Écriture, mais parfois aussi à des traditions populaires voire à d’autres religions. Dans la sixième des Hymnes pascales que nous reproduisons ici (dans l’édition française de François Cassingena-Trévedy), c’est l’agneau immolé qui fait le lien entre la Pâque mosaïque et la Pâque christique, entre le repas du Jeudi saint et le sacrifice du lendemain ; les dernières strophes réunissent aussi dans une formulation ramassée le déchirement du voile du temple et la dernière des sept paroles du Christ en croix.
Entre agneau et Agneau
Se tenaient1 les disciples,
Mangeant l’agneau pascal
Et l’Agneau véritable.
Gloire à toi,
Christ-Roi !
Rachetée par ton sang,
Ta sainte Église ! (refrain)
Symboles et Vérité :
Les Apôtres, au milieu,
Ont vu les uns finir
Et l’autre commencer.
Heureux Apôtres ! En eux
Le terme des figures,
Et derechef en eux
Le prélude du Vrai.
Notre-Seigneur mangea
La pâque avec les siens2 :
En ce Pain qu’il rompit3,
L’azyme cessa net.
Le Pain tout-vivifiant
Ravive les Nations,
Remplaçant cet azyme,
Nourriture de mort.
Voici le Pain vital
Que nous donne l’Église :
Il remplace l’azyme
Que nous bailla4 l’Égypte.
C’est le Pain du repos
Que nous donne Marie
Au lieu du pain de peine5
Qu’Ève bailla jadis.
Abel était agneau
Et offrit un agneau :
Qui vit jamais agneau
D’un agneau faire offrande ?
L’Agneau, celui de Dieu,
Consomma un agneau :
Qui vit jamais agneau
D’un agneau se nourrir ?
L’Agneau de Vérité
Mangea l’agneau pascal :
La figure entra vite
Dans le ventre du Vrai !
Car toutes les figures
Dedans le Saint des saints
Demeuraient, attendant
Qu’il les accomplît toutes.
Les symboles le virent,
Lui, l’Agneau véritable,
Et, déchirant le voile,
Sortirent à son devant6
Tous sur lui tout entier
Sont fondés et assis,
Car tous en son entier
En tout lieu le publient.
C’est en lui que s’achèvent
Symboles et figures,
Comme il l’a garanti :
« Voilà. Tout est fini7. »
Les contributeurs de Par la foi vous souhaitent un bon triduum pascal.
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