Calvin sur le Psaume 117
15 avril 2021

CALVIN, Jean, Commentaires sur le livre des Pseaumes, Tome 2, Paris : Ch. Meyrueis et Compagnie, 1859, pp. 372-3.


1 Toutes nations louez le Seigneur, tous peuples célébrez-le ;
2 Car sa miséricorde est confermée1 sur nous, et la vérité du Seigneur demeure éternellement. Louez le Seigneur.

(Psaume 117, traduction de Calvin)

Toutes nations. Parce que le Saint-Esprit, par la bouche du prophète, exhorte toutes les nations à chanter la miséricorde et vérité de Dieu, c’est à bon droit que saint Paul en l’Épître aux Romains (15.11) recueille de cette prophétie que la vocation des gentils a été prédite. Car combien que les incrédules ne soient pas sans sentir la miséricorde de Dieu, toutefois parce qu’ils ne l’aperçoivent point, et aussi que sa vérité leur est inconnue, comment se disposeraient-ils pour le louer ? De ce fait, ce serait en vain que le prophète parlerait aux nations profanes, sinon qu’elles dussent être recueillies en une même unité de foi avec Abraham.

Et il ne faut point que les moqueurs s’efforcent de réfuter la raison de saint Paul par leurs cavillations. Je confesse bien que le Saint-Esprit exhorte ailleurs tant les montagnes que les fleuves, les arbres, les pluies, vents, et les tonnerres à résonner les louanges de Dieu ; toutes créatures, même en se taisant crient qu’il est leur Créateur. Mais il est autrement loué par les hommes qui sont garnis d’intelligence, comme aussi la cause qu’il en rend le montre, soit parce que sa vérité et sa miséricorde leur en donne matière.

Or, le prophète n’entend pas que Dieu doit être loué partout des gentils, parce que la connaissance de celui-ci sera enclose en un petit endroit du pays de Judée ; mais d’autant qu’elle sera répandue par tout le monde. En premier lieu donc, il commande que Dieu soit loué, à cause que sa bonté est multipliée ou confermée (car le verbe hébreu signifie l’un et l’autre), puis après, parce que sa vérité demeure ferme éternellement. Ceux donc qui avec une stupidité brutale laissent couler la bonté de Dieu, qui ayant les oreilles sourdes rejettent sa doctrine céleste, comment seraient-ils préparés à chanter les louanges de Dieu ? Or, la vérité de Dieu en ce passage, se rapporte proprement au témoignage de sa grâce. Il pourra bien être véritable, en menaçant tout le monde de le ruiner ; mais pour cette cause a-t-il mis la clémence de Dieu en premier lieu, afin que la foi contenant un témoignage de sa bénévolence paternelle, recrée les âmes des bons.

Il est bien vrai que sa puissance et sa justice ne méritent pas moins de louange : mais d’autant que les hommes ne seront jamais affectionnés à louer Dieu, sinon qu’ils y soient alléchés par un goût de sa bonté, ce n’est pas sans propos que le prophète a choisi la miséricorde et la foi, lesquelles seules ouvrent la bouche aux muets. Or il n’est pas dit que la vérité soit éternelle, comme si la miséricorde après avoir été en vigueur s’évanouissait incontinent (car par cette même raison, elle serait petite au regard de la miséricorde, laquelle est dite être abondante) ; mais le sens est, que la miséricorde de Dieu sur nous est si abondante, qu’elle découle d’un cours continuel, parce qu’elle est conjointe avec sa vérité éternelle.

Au reste, si nous disons que la miséricorde est confermée, toute la difficulté sera ôtée ; parce que tant la miséricorde que la vérité seront ornées d’un même titre de constance et de fermeté.


  1. Multipliée.[]

Josué Isaac

Sauvé, mari, père, historien et passionné de théologie.

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