Qu’est-ce que le fondamentalisme ?
18 novembre 2021

Dans cet article, je donne une définition du fondamentalisme par opposition au christianisme libéral lors de la controverse des “Fundamentals” aux Etats-Unis au XIXème siècle.. Même si nous avons déjà beaucoup parlé du fondamentalisme (et de leurs partisans : les fondamentalistes) sur le site, nous n’avons jamais présenté ce que c’est. C’est pourquoi je trouvais important de le faire ici.


Le fondamentalisme, dans son sens original et le plus large (en incluant tous les sous-groupes qui en découleront), peut être défini comme le mouvement conservateur chez les protestants qui s’est opposé au christianisme progressif (aussi appelé révisionniste, moderniste ou encore libéral) du XXe siècle et à d’autres courants. Les « cibles » des fondamentalistes sont ceux qui défendaient :

1. Des croyances progressistes qui contredisaient des doctrines pourtant fondamentales au christianisme (par exemple une théorie de l’évolution purement naturaliste, la haute critique, la néo-orthodoxie (mouvement représenté par Emil Brunner et Karl Barth) comme l’inspiration divine, l’autorité et l’infaillibilité de la Bible, les miracles, la naissance virginale et la résurrection du Christ, etc.

2. Des valeurs progressistes qui remettaient en cause la compréhension de la vie chrétienne (par exemple, la danse, la consommation d’alcool, les jeux d’argents pour certains, des mouvements politiques comme le communisme dans les années 50 ou la révolution sexuelle dans les années 60 pour d’autres).

(extrait de Justin Taylor, “10 Key Events: Fundamentalism and Evangelicalism in 20th Century America”, The Gospel Coalition)

L’erreur des fondamentalistes

Depuis cette époque jusqu’à maintenant, « fondamentaliste » est encore utilisé pour désigner les chrétiens conservateurs. Mais le plus souvent par des détracteurs pour les dénigrer. Les chrétiens du passé sont en partie responsable de cette moquerie comme les générations qui ont succédé l’origine de la controverse sont devenues « anti-intellectuelles ». C’est-à-dire qu’ils rejetaient les croyances de leurs opposants mais sans prendre le temps d’y répondre sérieusement et en méprisant les débats académiques.

Certains vont même jusqu’à considérer comme hérétiques (pour nous à tort) ceux qui n’ont pas le même avis qu’eux sur des doctrines qui ont pourtant une importante seulement secondaire1. Par exemple la croyance en une terre jeune (c’est-à-dire que l’univers ait seulement quelques milliers d’années et non pas des millions ou des milliards), l’absence de mort animale avant la Chute, l’interdiction pour le chrétien de consommer de l’alcool, etc.

Comme le dit le théologien anglican réformé J. I. Packer2, c’est pour cela qu’il vaut mieux éviter cette expression. Elle est mal connotée aujourd’hui et elle peut rapidement créer des tensions inutiles. En rejetant ce terme, nous pouvons aussi montrer à nos contemporains que nous reconnaissons les manquements de nos pères et que nous essayons de corriger cela. Enfin, fondamentaliste est une expression moderne qui risque de nous faire oublier que notre foi remonte à bien plus loin qu’une simple controverse d’il y a deux siècles : à l’époque du Nouveau Testament et à la Réforme s’il faut ajouter un autre repère important.

Aller plus loin que le fondamentalisme

Je reprends encore Packer : nous, conservateurs du XXIe siècle, sommes tous les héritiers des fondamentalistes. C’est parce qu’ils ont eu le courage de défendre l’Évangile face au libéralisme que nous pouvons encore être là. Bien sûr, leur défense était parfois bancale et fragile, mais ils ont quand même essayé : nous leur devons du respect au moins pour cela.

Nous pouvons nous réjouir de ce que nous commençons à apprendre de leurs erreurs. Nous avons aujourd’hui la chance de voir de nombreux croyants conservateurs étudier et débattre à un niveau académique. Par exemple des philosophes3, des scientifiques4, des historiens5, des spécialistes en critique textuelle6, en langues bibliques, etc.


Illustration : Portrait de B. B. Warfield, un théologien réformé, contributeur des Fundamentals.

  1. Il n’est pas nécessaire d’y croire pour être sauvé contrairement par exemple à la Trinité, la divinité de Christ, sa naissance virginale, sa mort expiatoire à la croix et sa résurrection.[]
  2. Fundamentalism and the Word of God, chapitre II.[]
  3. Par exemple Norman Geisler, William Lane Craig, Alvin Plantinga, Edward Feser, etc.[]
  4. Par exemple Francis Collins.[]
  5. Par exemple Gary Habermas, Josh McDowell, Craig Keener.[]
  6. Par exemple Peter Williams, Richard Bauckham.[]

Laurent Dv

Informaticien, époux et passionné par la théologie biblique (pour la beauté de l'histoire de la Bible), la philosophie analytique (pour son style rigoureux) et la philosophie thomiste (ou classique, plus généralement) pour ses riches apports en apologétique (théisme, Trinité, Incarnation...) et pour la vie de tous les jours (famille, travail, sexualité, politique...).

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