Faire le bon diagnostic — Alexandre Sarran
13 février 2022

Alexandre Sarran est pasteur de l’Église réformée évangélique de Lyon–Gerlandassociée à l’Union des Églises protestantes réformées évangéliques de France (lui-même a été ordonné dans la Presbyterian Church of America, après des études à Aix-en-Provence)Il a bien voulu nous accorder de publier une série de sept prédications sur les lettres aux Églises de l’Apocalypse (Ap 2 et 3) ; qu’il en soit vivement remercié. Cette prédication, cinquième des sept, a été donnée le 1er juillet 2018.


1Écris à l’ange de l’Église de Sardes : Voici ce que dit celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles : Je connais tes œuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort.
2Sois vigilant, et affermis le reste qui est près de mourir ; car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu.
3Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde et repens-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi.
4Cependant tu as à Sardes quelques hommes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; ils marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu’ils en sont dignes.
5Celui qui vaincra sera revêtu ainsi de vêtements blancs ; je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges.
6Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises !

(Apocalypse 3,1-6)


Introduction

Voici une des questions les plus angoissantes qu’un croyant puisse se poser, et aussi une des plus courantes : « Comment savoir si je suis vraiment sauvé ? » Je suis prêt à parier que la plupart d’entre nous, nous nous sommes déjà posé cette question, et plus d’une fois. Peut-être que c’est une question que vous vous posez aujourd’hui-même. Qui sait, peut-être que vous en perdez le sommeil ! « Comment savoir si je suis vraiment destiné à aller au paradis ? Est-ce qu’il est possible d’en être sûr ? Je suis croyant, je fréquente des chrétiens, je vais à l’Église…mais si ça se trouve, tout ça, ce n’est que de l’apparence. Je pense avoir la foi, mais si ça se trouve, ce n’est pas la vraie foi ! Si ça se trouve, un jour, je vais me détourner de Dieu, comme d’autres l’ont fait alors qu’ils avaient bien l’air d’être des chrétiens ! » Vous savez, il n’est pas inhabituel pour des croyants d’être vraiment torturés par cette question.

Mais vous savez ce qui est pire que de se poser cette question ? Ne pas se la poser ! Et c’est justement à des gens qui sont trop sûrs d’eux que Jésus adresse le message qu’on va lire dans un instant. C’est une lettre que Jésus fait envoyer à une Église du premier siècle, située dans une ville appelée Sardes. Et cette lettre nous apprend, justement, que ce qui caractérise les chrétiens de Sardes, c’est qu’il y en a un bon nombre d’entre eux qui pensent être sauvés alors qu’en fait ils ne le sont pas ! Et Jésus veut que ces gens-là se posent les bonnes questions. Il veut que ces chrétiens arrêtent de présumer qu’ils sont sur la bonne voie, et qu’au contraire, ils s’examinent et qu’ils réfléchissent, et que la présupposition erronée de leur salut se change en assurance bien fondée de leur salut. En fait, que vous soyez angoissé par la question de votre relation avec Dieu, ou au contraire, un petit peu trop sûr de vous, Jésus veut, dans les deux cas, que ça change ! Il veut que vous trouviez la confiance de la foi, la vraie. Comment ça ? Eh bien tout simplement… en faisant attention !

Un avertissement (vv. 1-2)

Quel est le problème de l’Église de Sardes ? Tout est résumé au verset 1 : « Tu as le renom d’être vivant (le nom de vivant), mais tu es mort. » Voilà une Église qui a tout l’air d’être en pleine forme : réputée sans doute pour ses activités, ses programmes, ses œuvres de miséricorde, connue peut-être pour son groupe de jeunes, son groupe de louange, son magazine trimestriel, sa chaîne de radio, ses bonnes relations avec les autorités locales… Mais le verdict de Jésus est sans appel : tu es mort ! Quel choc sans doute pour cette Église, de recevoir un tel message de la part de Jésus.

Mais qu’est-ce qui fait dire ça à Jésus ? C’est inquiétant de se dire qu’on peut penser être vivant (ou passer pour être vivant) alors qu’en fait on est mort ! Ça me fait penser aux zombies, forcément. Les zombies sont des cadavres, mais qui sont animés par un virus. Ils ont tout l’air d’être vivants, puisqu’ils marchent, grognent, et sont capables de mordre. Mais ils sont morts. Alors les zombies, c’est vrai qu’ils n’ont pas l’air vivant au sens agréable du terme. Alors au lieu de zombies, on pourrait penser à des androïdes. Des robots, comme Terminator, qui ressemblent en tout point, extérieurement, à des êtres vivants. Mais au lieu d’un cœur de chair, ils ont un cœur… d’acier. Peut-être une batterie au lithium. Alors de façon similaire, qu’est-ce qui fait dire à Jésus que l’Église de Sardes, globalement, est morte alors qu’en apparence, elle est active et dynamique ?

Eh bien regardons ce que Jésus lui reproche, à cette Église. Et ce qu’il lui reproche, ce n’est pas ce qu’elle fait ; c’est ce qu’elle ne fait pas. Elle n’est pas vigilante, elle n’affermit pas ses membres, ses œuvres ne sont pas parfaites (v. 2). Qu’est-ce que ça veut dire ? Eh bien imaginez que vous travailliez dans une usine de production. Il y a beaucoup d’ouvriers, les machines tournent tout le temps, des produits sont fabriqués, il y a toute une organisation avec des équipes, des managers, des syndicats, un conseil d’entreprise, etc. Mais un jour le PDG vous rend visite à l’atelier et vous dit : « Je ne suis pas satisfait de la qualité des produits qui sortent de cette usine. Soyez vigilants. Concentrez-vous sur votre travail. »

Quel est, au fond, le reproche que vous fait votre PDG ? Il vous reproche de ne pas vous appliquer dans la réalisation de votre mission. D’être tombé dans une forme de nonchalance. D’être devenu brouillon et négligent dans votre travail. Et si Jésus nous dit : « Eh, je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu », ce n’est pas pour sous-entendre que nos œuvres doivent être parfaites pour plaire à Dieu, mais c’est pour sous-entendre que nous ne nous soucions pas de savoir si nos œuvres plaisent à Dieu ! C’est pour pointer le problème de notre nonchalance. C’est pour pointer le fait que nous ne nous posons même plus la question de savoir ce qu’est une œuvre parfaite pour Dieu.

Vous voyez ? Les chrétiens de Sardes sont un peu trop sûrs d’eux. L’Église fonctionne bien. Il y a du monde, de l’animation, de la vie semble-t-il ! Mais ils ne font plus attention à ce qui compte vraiment. Ils ne se demandent pas si le chef est satisfait. Et il y a là un avertissement pour nous tous. Qu’est-ce que vous êtes venus chercher à l’église aujourd’hui ? Une bonne ambiance ? De la bonne musique ? Une activité pour les enfants ? Et qu’est-ce que nous recherchons en tant que responsables ? Remplir les chaises ? Satisfaire vos attentes et vos demandes ? Rendre les visiteurs confortables ? Être félicité pour une bonne prédication ? S’assurer que l’Église tourne et qu’on passe des bons moments ensemble au nom de Jésus ?

On peut faire tout ça et se sentir bien à la fin de la semaine. On peut se dire : « Ouah, il y a de la vie dans notre Église. C’est cool, ça bouge. Il y a du monde. Ça doit plaire à Dieu. On doit être sur la bonne voie. » Mais si c’est vraiment ça qu’on est censé faire, autant aller à un match de foot. L’ambiance est encore meilleure. Ou bien on peut aller chez les musulmans : il y a des associations islamiques très dynamiques ! Ou bien on peut aller à des concerts de métal, ou à des meetings d’hommes politiques, ou à des manifestations de la CGT ; c’est très vivant là-bas ! Mais ce n’est pas sur ce genre de dynamisme qu’on peut fonder notre assurance d’être en vie… selon Dieu ! Ce n’est pas ça qui garantit qu’on est une « bonne » Église, et qu’on est sauvé, et qu’on va aller au paradis. Comment avoir cette assurance, alors ?

Un remède (v. 3)

Eh bien que dit Jésus au verset 3 ? « Rappelle-toi comment tu as reçu et entendu la parole, garde-la, repens-toi, et veille. » (ce qui est une autre façon de dire : « sois vigilant ») Jésus veut que les Sardiens se souviennent de ce qui fait d’eux des chrétiens au départ. Pourquoi est-ce qu’ils existent en tant qu’Église à Sardes ? Ce n’est pas parce qu’un jour, quelqu’un a dit : « Ici, à Sardes, il y a un vrai marché pour des concerts de louange ! » ou bien : « Il y a beaucoup de pauvres à Sardes, on va démarrer une banque alimentaire. » Ce n’est même pas parce que quelqu’un s’est dit qu’il allait développer un super site internet qui allait donner envie aux gens ! Non. Si des gens sont devenus chrétiens à Sardes, c’est parce que le message de l’Évangile leur avait été annoncé.

Et ce message de l’Évangile, cette « parole », concerne la personne et l’œuvre de Jésus-Christ. C’est le message qui distingue la foi chrétienne de toute autre religion, et même de toute autre philosophie ou courant de pensée dans le monde. C’est un message qui commence avec une mauvaise nouvelle : en tant qu’êtres humains, on est séparé de Dieu par notre faute, et on est destiné à en subir éternellement les conséquences. Mais c’est un message qui poursuit avec une bonne nouvelle : Dieu nous a tant aimés qu’il a envoyé son Fils, le Seigneur Jésus-Christ, subir les conséquences de nos fautes à notre place pour nous en délivrer. Il est volontairement mort et ressuscité en faveur de tous ceux qui lui font confiance ; et de sorte que tous ceux qui lui font confiance sont pardonnés et réconciliés avec Dieu pour toujours.

Voilà quelle est cette « parole » que les chrétiens de Sardes avaient reçue et qui est à l’origine de leur existence. Mais cet Évangile, cette « bonne nouvelle », avec le temps, est passée au second plan. Puis au troisième plan. Puis on l’a rangée au placard. Ils l’ont négligée, ils l’ont oubliée, ils ne l’ont pas « gardée » (v. 3). Ce n’est pas qu’ils prêchent un autre évangile ; c’est juste qu’ils ne prêchent plus l’Évangile. Ils sont peut-être trop occupés à faire d’autres choses, des choses qui leur valent le « nom » de « vivant » (v. 1), mais ce ne sont pas ces choses-là qui font d’eux des vivants selon Dieu, car c’est l’Évangile qui est la « puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit1». Ce ne sont pas les programmes d’aide sociale, les groupes de louange ultra-perfectionnés, ou les camps à la montagne qui font des chrétiens.

Jésus dit : « Repens-toi ». Tu es trop sûr de toi. Tu as oublié l’Évangile, et tu as fondé ton assurance sur d’autres choses. Et parce que tu as rangé au placard la puissance de l’Évangile, tu es devenu incapable « d’affermir » tes frères et sœurs (v. 2), et même d’être un instrument de salut pour ton prochain ! C’est comme si tu étais un chauffeur de bus, et que ton bus est super propre et confortable et luxueux. Vitres teintées, sièges en cuir, wifi et écrans de télévision. Tout le monde veut monter dans ton car. Ton car a le « renom » d’être un super car. Mais ça fait quinze ans que tu n’as plus entretenu la mécanique. Tu es devenu nonchalant et négligent, et tu ne t’es pas occupé de ce qui était important ! Et une fois le car bien rempli, dans une descente, les freins ne vont pas tenir et tout le monde va mourir.

Repens-toi (c’est-à-dire change d’avis et de mentalité) et fais attention, avant qu’il ne soit trop tard. Au verset 3, Jésus rappelle une parole qu’il avait dite à ses disciples concernant le fait qu’il faut se tenir prêt à rencontrer le Seigneur, car cela peut arriver à tout moment2. Jésus peut revenir d’un jour à l’autre, ou nous pouvons mourir d’un jour à l’autre ! Les chrétiens de Sardes ne vivaient pas dans cette optique-là. Ils ne s’en rendaient pas compte, mais ils n’étaient pas prêts à rencontrer le Seigneur ; ils se reposaient sur leurs lauriers et ils étaient devenus nonchalants et trop sûrs d’eux, un peu comme les vierges folles de la parabole qui sont allées à la rencontre de l’époux, mais sans prendre d’huile pour leur lampes3.

Et en rappelant cette réalité, Jésus fait référence à quelque chose auquel les habitants de Sardes pouvaient pourtant bien s’identifier. Il se trouve que Sardes était, historiquement, une ville très prospère. C’était la ville de Crésus (riche comme Crésus). La ville était traversée par une rivière appelée le Pactole (toucher le pactole). C’était une ville fortifiée dont l’accès était barré par des falaises. Les habitants de Sardes étaient très sûrs d’eux-mêmes. Riches et puissants. Du coup, ils n’étaient pas très vigilants. Et deux fois dans leur histoire, la ville a été envahie par des ennemis qui ont escaladé les falaises au milieu de la nuit.

Ruines de la synagogue de Sardes (IIIe siècle après J.-C.).

Et c’est l’image qu’utilise Jésus pour inciter les gens qui se disent chrétiens à se tenir prêts à le rencontrer, lui le Seigneur. Comment se tenir prêt, alors ? En se rappelant l’Évangile, en gardant l’Évangile, en se repentant ; et en veillant, c’est-à-dire en tirant pour aujourd’hui les conséquences de notre rencontre future avec le Seigneur. Tu mets de l’huile dans ta lampe aujourd’hui, parce que tu vas rencontrer le Seigneur bientôt, mais tu ne sais pas quand. Mettre de l’huile dans ta lampe, ça commence, bien sûr (si tu ne l’as jamais fait), par placer toute ta confiance en Jésus, c’est-à-dire par lui céder ta vie sans aucune réserve.

Ensuite, tu lis ta Bible, et tu pries, et tu vas à l’église, et tu prends la Sainte-Cène (après avoir été baptisé), et tu consacres du temps à tes amis chrétiens, et par tous ces moyens-là, tu te rappelles l’Évangile, et tu t’appropries sans cesse l’Évangile, et tu te réjouis de l’Évangile, et tu chantes l’Évangile, et tu partages l’Évangile. Voilà comment on se tient prêt à rencontrer le Seigneur. Voilà ce qui fait qu’on entretient la mécanique. Voilà ce qui doit caractériser l’Église. C’est l’Évangile, et plus exactement l’objet de l’Évangile, c’est-à-dire la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, qui fonde notre assurance d’être sauvé et d’aller au paradis. « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes, et par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain. Je vous ai transmis, avant tout, ce que j’avais aussi reçu ; Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures4. »

Une promesse (vv. 4-6)

Voilà ce qui fonde l’assurance authentique d’un chrétien. Et cette assurance, la vraie, les chrétiens de Sardes aussi peuvent l’avoir, et vous aussi, aujourd’hui, vous pouvez l’avoir. À la fin de cette lettre, Jésus fait référence à « quelques hommes » qui ne sont pas comme les autres. Il attire l’attention sur eux, parce qu’il veut que les gens imitent leur exemple. Qu’est-ce qui les caractérise, ces « quelques hommes » ? Ils n’ont pas souillé leurs vêtements, et ils marcheront avec Jésus en vêtements blancs (v. 4). Qu’est-ce que ça veut dire ?

L’image des vêtements souillés est une image tirée de l’Ancien Testament. Dans la loi de Moïse, il y avait toutes sortes de règles concernant les choses pures et les choses impures, et les vêtements d’une personne, en particulier, pouvaient être souillés, normalement par le contact avec quelque chose d’impur. Ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est quelque chose qui arrivait normalement par accident ou par négligence. Personne ne souillait exprès ses vêtements. Et donc je pense que ces « quelques hommes » qui n’ont pas souillé leurs vêtements sont justement des gens qui « font attention ». Eux, ils sont vigilants et ils veillent. Ce ne sont pas des gens qui sont sans péché (c’est-à-dire qui ne font jamais rien qui déplaît à Dieu), mais ce sont des gens qui ont la vraie foi, c’est-à-dire qui mettent en pratique l’exhortation de Jésus au verset 3 : ils se rappellent, ils gardent et ils se repentent. Et c’est ça qui fait qu’ils sont « dignes », selon Jésus, de marcher avec lui en vêtements blancs (v. 4).

Les vêtements blancs dont il est question ici, c’est encore une image ; cette fois, c’est l’image de l’absence complète de toute impureté et de tout péché. C’est l’image de la sainteté et de la justice qui conviennent à celui qui veut se tenir dans la présence de Dieu. Vous savez, dans la vie, il existe certains codes vestimentaires en fonction des endroits où vous allez et des gens que vous rencontrez. Vous ne pouvez pas vous habiller n’importe comment pour aller dans un restaurant gastronomique qui a trois étoiles au guide Michelin, ou pour rencontrer la reine d’Angleterre dans son palais. De même, il faut être vêtu de vêtements blancs, c’est-à-dire être complètement juste et saint, pour s’approcher du Père céleste dans son royaume.

Ces vêtements blancs, ce ne sont pas des vêtements qu’on est capable de trouver dans notre garde-robe. Ce sont des vêtements que Dieu nous donne lui-même en vertu de ce que Jésus a accompli en mourant et en ressuscitant pour nous. En fait, ces vêtements blancs, ce sont les vêtements de Jésus. Il les a échangés contre les nôtres, comme le dit l’apôtre Paul : « [Christ] qui n’a pas connu le péché, [Dieu] l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu5. »

Et qui se vêtira de ces vêtements blancs ? Le vainqueur, dit Jésus. Encore une fois, dans le contexte, le vainqueur, c’est celui qui a la vraie foi ; et celui qui a la vraie foi, ce n’est pas celui qui est sûr de lui, ce n’est pas celui qui est dynamique et enthousiaste, ce n’est pas celui qui a seulement le « nom de vivant » ; c’est celui, plutôt, qui met en pratique les instructions de Dieu. « Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur ! N’entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux6. » Et quelles sont ses instructions ? « Rappelle-toi comment tu as reçu et entendu la parole, garde-la et repens-toi. Et sois vigilant, et veille. »

À celui qui fait ça, Jésus promet qu’il n’effacera pas son nom du livre de vie, et qu’il confessera son nom devant son Père et devant ses anges (v. 5). Vous avez remarqué ce qui se passe, ici ? Jésus a commencé par dire au chrétien présomptueux et nonchalant : « Tu as le nom de vivant, mais tu es mort » ; mais maintenant, il dit au chrétien fidèle que par le moyen de la vraie foi, Jésus n’effacera pas son nom du livre de vie, et qu’il confessera son nom devant son Père. Jésus propose d’échanger ce faux nom de vivant, ce nom de surface, par un vrai nom de vivant, un nom inscrit dans les cieux.

C’est comme si quelqu’un essayait de vous vendre un produit particulièrement rare et cher. Disons, un whisky vieux de cent ans, tiré d’une petite réserve secrète découverte dans la cave d’un château perdu en Écosse. On vous propose d’acheter ce whisky (puisque vous êtes riches comme Crésus), mais vous avez des doutes sur son authenticité. Mais le vendeur vous dit : « Si, si, c’est authentique, regardez, il y a une étiquette ! ». Mouais… N’importe qui peut coller n’importe quelle étiquette sur n’importe quoi ; ça n’en fait pas un whisky à 10 000 euros. Ce qu’il vous faudrait pour vous rassurer, ce n’est pas une étiquette, mais un certificat.

Et dans le texte, la différence entre l’étiquette et le certificat, c’est la différence entre le « nom de vivant », plaqué superficiellement sur l’Église de Sardes, et le « nom dans le livre de vie », confessé au ciel par le Fils-même de Dieu. Si votre nom est inscrit dans le livre de vie au ciel, alors vous pouvez vraiment avoir l’assurance d’être sauvé, parce que Jésus dit qu’il n’effacera pas votre nom de ce livre de vie. Personne ne peut vous ravir de sa main. Mais cette assurance, vous ne pouvez pas la fonder sur les choses que vous faites pour Dieu, sur les nombreuses activités de l’Église, sur l’ambiance qu’il y a au culte, ni même sur vos propres émotions. Cette assurance, pour qu’elle soit authentique, ne peut et ne doit être fondée que sur Jésus, sur ce qu’il a fait pour vous, et sur ses promesses.

Conclusion

Vous voyez ? Jésus veut que ces chrétiens de Sardes arrêtent de présumer qu’ils sont sur la bonne voie, et qu’au contraire, ils s’examinent et qu’ils réfléchissent, et que la présupposition erronée de leur salut se change en assurance bien fondée de leur salut. Et peut-être que vous avez tendance à être présomptueux, un peu comme ça ; trop sûr de vous. Ou bien vous avez peut-être tendance, au contraire, à être angoissé par la question de votre relation avec Dieu. Jésus veut, dans les deux cas, que ça change ! Il veut que vous trouviez la confiance de la foi, la vraie. Comment ça ? Eh bien tout simplement… en faisant attention ! En faisant attention à l’Évangile. Et si vous faites confiance à Jésus, alors regardez-vous dans l’Évangile tous les jours comme dans un miroir, faites-le attentivement, veillez-y, et vous allez reconnaître que votre nom est inscrit à l’encre indélébile dans le livre de vie.


Illustration de couverture : Crésus et Solon, huile sur toile, vers 1630 (Bowes Museum, Barnard Castle).

  1. Rm 1,16.[]
  2. Mt 24,44.[]
  3. Mt 25.[]
  4. 1 Co 15,1-4.[]
  5. 2 Co 5,21.[]
  6. Mt 7,21.[]

Arthur Laisis

Linguiste, professeur de lettres, étudiant en théologie à la faculté Jean Calvin et lecteur dans les Églises réformées évangéliques de Lituanie. Principaux centres d'intérêts : ecclésiologie, christologie, histoire de la Réforme en Europe continentale. Responsable de la relecture des articles du site.

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