Comment lire la littérature non-chrétienne — Jérôme
11 mars 2024

Comment devons-nous nous approprier la littérature non-chrétienne ? Doit-on censurer par principe, ou bien accepter par principe ? Avec quelles précautions ? Cette question se pose dès que l’on a une vie intellectuelle chrétienne.

Si la censure de tout est souvent exclue, la vraie question demeure la sévérité avec laquelle on doit faire le tri dans la littérature non-chrétienne. L’article d’aujourd’hui apporte une citation de saint Jérôme à ce sujet. Nous la trouvons dans la lettre 21 à Damase (l’évêque de Rome) où Jérôme expose la parabole du fils prodigue. Il interprète les caroubes (Luc 15,16) comme étant le chant des poètes, la philosophie profane, la pompe verbale des rhéteurs.. Il commente alors avec une allégorie de la loi mosaïque sur les captives de guerres (Deutéronome 21,10-13 : Lorsque tu pars en guerre contre tes ennemis, que le Seigneur te les livre et que tu fais des captifs, si tu vois parmi les captives une belle femme, que tu t’éprennes d’elle et que tu la prennes pour femme, alors tu l’amèneras dans ta maison. Elle se rasera la tête et se coupera les ongles, elle quittera son manteau de captive, elle habitera chez toi et pleurera son père et sa mère pendant un mois. Après cela, tu iras avec elle, tu l’épouseras et elle sera ta femme.).

Le type de cette sagesse-là est décrit au Deutéronome sous la figure d’une femme captive. La voix de Dieu ordonne que, si un Israélite veut la prendre pour épouse, il lui rase la tête, lui taille les ongles et l’épile complètement. Ainsi purifiée, elle pourra se livrer aux baisers du vainqueur. Si nous prenons ces prescriptions au sens littéral, n’est-ce pas ridicule ? Et pourtant, c’est ce que nous avons coutume de faire, quand nous lisons les philosophes, quand nous tenons entre nos mains les livres de la sagesse séculière. Si nous y découvrons quelque chose d’utile, nous le transposons en notre dogme. Mais ce qui est superflu : les idoles, l’amour, le souci des choses profanes, nous le rasons, nous le vouons à la calvitie ; comme des ongles, nous les taillons d’une lame très aiguisée.

Jérôme, Lettres, éd. Belles Lettres, lettre 21, p.126.

J’apprécie la rigueur qu’exprime Jérôme, et j’entends suivre son exemple. Pour un traitement plus détaillé et complet, je vous renvoie vers l’article de Maxime Georgel : Christ, la clé pour comprendre la Bible et les autres livres..

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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