Contre les pélagiens (livre 1) – Saint Jérôme – résumé
16 janvier 2025

iC’est le dernier écrit polémique de Jérôme, écrit en 417. Le plus utile est de citer Fremantle :

Il aborde le sujet avec plus de calme que dans ses traités précédents, principalement parce que cela s’éloignait quelque peu de ses préoccupations habituelles. Il s’y est intéressé en raison de son estime croissante pour Augustin et de l’arrivée du jeune Espagnol Orose, en 414, envoyé par Augustin pour s’asseoir à ses pieds. Pelage était également venu en Palestine et, après une enquête sur ses doctrines lors d’un petit concile à Jérusalem en 415, présidé par l’évêque Jean, puis un second à Diospolis en 416, il avait été admis à la communion. Jérôme semble ne pas avoir participé à ces événements, et, étant en paix avec l’évêque Jean depuis près de vingt ans, il était sans doute réticent à agir contre lui. Mais il en était venu à considérer Pelage comme infecté par l’« impiété » hérétique, qu’il jugeait (i. 28) bien pire que le mal moral, et il l’associait, comme nous le voyons dans sa lettre à Césiphon (CXXXIII.), à l’origénisme et à Rufin. Il mobilise sa grande connaissance des Écritures dans cette controverse. Il cite un ouvrage de Pelage, bien qu’il n’en donne que les titres et les numéros des chapitres, jusqu’à 100 (i. 26–32). Et bien qu’à certains moments sa conviction semble faible, et qu’il y ait des passages (i. 5, ii. 6–30, iii. 1) qui donnent lieu à l’observation qu’il penchait réellement, bien que de manière inconsciente, vers les vues de Pelage, et qu’il était un « synergiste » plutôt qu’un prédestinarien rigoureux comme Augustin, le Dialogue, dans son ensemble, est clair et constitue une contribution substantielle à notre connaissance. Bien que son ton soit moins violent que celui de ses traités ascétiques, il semble avoir suscité une forte animosité à son encontre. Les partisans de Pelage attaquèrent et incendièrent les monastères de Bethléem, et Jérôme lui-même ne survécut qu’en se réfugiant dans une tour.

Même si Jérôme n’a pas le degré de pureté que peut avoir Augustin sur le même sujet, j’ai été particulièrement intéressé par ce livre, et il s’inscrit assez bien dans nos propres travaux sur la prédestination d’un point de vue réformée. Autre point d’intérêt : l’immense culture biblique de Jérôme mobilisée par lui contre les pélagiens. Un protestant peut lire à l’aise ce livre.


Préface Jérôme prend la plume suite à une réponse de ses amis, après sa lettre à Ctésiphon (lettre 133). Il fait le choix d’avoir recours à un dialogue philosophique entre Atticus (ci-après « l’augustinien ») et Critobulus (ci-après « le pélagien »). Il proteste ne pas attaquer les pélagiens par envie, en citant l’exemple de ses précédents débats contre Helvidius, Jovinien et Rufin.

Livre 1

Est-il possible d’être parfait ?

1 L’augustinien accuse le pélagien de deux propositions hérétiques : (1) que l’homme peut êtres sans péché s’il le veut ; (2) que les commandement de Dieu sont faciles. Le pélagien conteste et dit qu’on l’interprète mal : le pélagien ne nie pas qu’il y ait besoin de la grâce de Dieu pour ne pas pécher, mais j’oeuvre et [Dieu] assiste. Il confesse que nous avons besoin de la grâce de Dieu pour faire le bien, mais dit ensuite que cette grâce consiste en la création du libre-arbitre en l’homme, pour nous rendre capable de choisir entre le bien et le mal.

2 L’augustinien demande des précisions : s’agit-il de la seule création de la faculté du libre-arbitre, ou d’une assistance continue dans notre exercice de la liberté? Apparemment, les deux opinions existaient chez les pélagiens du Ve siècle.
Le pélagien répond « les deux. » Les deux s’entendent sur le fait qu’on ne peut pas faire le bien sans Dieu (Ps 117.1)

3Le pélagien ironise en demandant à l’augustinien si, sans la grâce de Dieu, nous sommes vraiment incapables de nous assoir et de nous lever, de prendre un stylo et de le poser ?
L’augustinien : YES.
Le pélagien demande comment cela se peut.

4 L’augustinien répond que le don du libre-arbitre n’exclut pas le soutien de Dieu en certaines actions.
Le pélagien dit au contraire que si l’assistance de Dieu est nécessaire en tout temps, alors il n’y a plus de liberté et plus de responsabilité, pour la récompense comme pour le blâme.
L’augustinien l’accuse d’annuler la grâce de Dieu : on ne peut pas nier les applications particulières de la Grâce sans en nier le principe. C’est comme si Dieu s’endormait après nous avoir donné le libre-arbitre, et qu’il n’existait plus au moment de nos choix.

5 Le pélagien confirme que c’est son opinion. L’augustinien dit alors qu’il ne sert à rien de prier Dieu pour les détails de notre conduite, puisqu’il ne fait rien de plus. Le pélagien opine en disant qu’en effet, c’est sa responsabilité de faire le bien : si Dieu assistait, ce ne serait plus la créature qui ferait le bien.

L’augustinien cite alors Romains 9.16 cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Jérôme-Atticus dit alors :

De cela, nous comprenons que vouloir et agir relèvent de nous, mais que la réalisation de notre volonté et de notre action dépend de la miséricorde de Dieu, et s’accomplit de telle manière que, d’une part, dans la volonté et l’action, le libre arbitre est préservé ; et d’autre part, dans l’accomplissement de notre volonté et de notre action, tout est laissé à la puissance de Dieu.

A ceci, l’augustinien ajoute les exemples de prières dans la Bible pour la conduite, et du psautier en particulier, où l’on voit souvent le psalmiste demander à Dieu de lui accorder l’obéissance.

6 Le pélagien crie au sophisme et réaffirme qu’il n’y a pas de responsabilité s’il y a grâce de Dieu.
L’augustinien l’accuse de blasphème et affirme le démasquer. Il en revient à la proposition discutée avant : l’homme peut-il être sans péché s’il le souhaite? Combien de temps? Le pélagien bafouille.

7 L’augustinien insiste. Le pélagien finit par dire que l’homme peut ne pas pécher aussi longtemps qu’il souhaite. L’augustinien lui demande alors pourquoi lui, Atticus, n’arrive pas à arrêter de pécher. Le pélagien lui répond que c’est parce que son choix est imparfait : si vraiment l’augustinien ne voulait pas pécher, il ne pécherait pas.

8 L’augustinien fait remarquer que pourtant, ils étaient d’accord plus haut pour se considérer tous deux comme des pécheurs. Où est donc celui dans l’histoire qui n’a jamais péché?
Le pélagien admet le fait historique que tous ont péché, mais en théorie il pourrait ne pas pécher. J’ai la capacité d’être médecin, c’est juste que dans la pratique je ne le suis pas.

9 L’augustinien objecte que les médecins et autres métiers existent dans la pratique. C’est illogique de dire que l’homme est capable sans que personne n’ait jamais réussi à le faire. On ne peut prouver la possibilité d’une chose que par l’actualisation de celle-ci.

10 Le pélagien demande alors si Dieu a donné des commandements impossibles.
L’augustinien accuse le pélagien de changer de sujet, puis répond rapidement que les commandements sont possibles à accomplir.
Le pélagien revient au sujet et propose comme exemple de possibilité non actualisée la parole de Jésus : il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. (Mt 19,24) → On n’a jamais vu de chameau passer par le trou d’une aiguille, mais cela est possible comme un riche qui entre dans le royaume de Dieu. C’est seulement difficile dans la pratique.
L’augustinien répond qu’en réalité, les riches ne peuvent vraiment pas entrer dans le royaume de Dieu. Même des riches croyants comme Abraham ont dépensé leurs richesses ou bien n’ont été que des gestionnaires de celles de Dieu. La perfection évangélique est exprimée par : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi. (Mt 19.21)

11 Le pélagien jubile : il y a donc bien un exemple de perfection accessible aux hommes!
L’augustinien : Bah non, puisque le destinataire de ces paroles -le jeune homme riche- n’a pas été capable de les accomplir.
Le pélagien essaie de rattraper en disant que Jésus n’aurait pas dit cela si ce n’était pas possible, mais l’augustinien en revient au point précédent : si c’est possible, alors il faudrait que cela ait existé.

12 Le pélagien sort alors l’exemple de Job qui était parfait (Job 1.1) 1 et de Zacharie et Élisabeth qui étaient justes devant Dieu, observant d’une manière irréprochable tous les commandements (Luc 1.6).
L’augustinien dit que c’est hors contexte. Job lui même confesse être pécheur et jugé par Dieu en Job 31,35 et Job 9.20, 30, 31. Zacharie pèche par incrédulité en Luc 1.18, et il est même puni par Dieu en étant frappé de mutisme. Ainsi, l’homme juste dans l’Écriture est aussi sujet au péché qu’un bateau est sujet au risque de naufrage, même par beau temps. Puis il cite les versets suivants pour montrer qu’en général, l’homme n’est pas sans péché :

  • Ecclésiaste 7.20 : Non, il n’y a sur la terre aucun homme juste qui fasse le bien et qui ne pèche jamais..
  • 2 Chroniques 6.36 : Quand ils pécheront contre toi (car il n’y a point d’homme qui ne pèche)
  • Psaume 19.12-13 : Qui connaît ses égarements ? Pardonne-moi ceux que j’ignore. Préserve aussi ton serviteur des orgueilleux ; qu’ils ne dominent point sur moi.
  • Psaume 143.2 : N’entre pas en jugement avec ton serviteur ! Car nul vivant n’est juste devant toi.

13 Le pélagien riposte en citant 1 Jean 5.18 Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas.

L’augustinien réplique d’abord que dans l’épître de Jean elle-même, il est écrit Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. (1 Jean 1.8) Cela montre que la justice du croyant ne réside pas dans une absence de péché intrinsèque, mais dans la reconnaissance de sa dépendance envers Dieu pour la purification et le pardon. Il confirme ce lien entre justice et confession des péchés en citant :

  • Proverbes 18:17 « Le juste s’accuse lui-même lorsqu’il commence à parler » (trad Vulgate)
  • Ésaïe 43:26 « Rappelle-moi tes fautes, afin que tu sois justifié » (LXX)
  • Romains 11:32 « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous »
    Il interprète ensuite la parabole du bon grain et de l’ivraie (Mt 13.24-30) comme décrivant le coeur de l’homme : aussi longtemps que la fin des temps n’est pas venue, la bonne semence née de Dieu croît en même temps que les mauvaises graines du péché. Enfin, la logique pélagienne elle-même nous amènerait à dire que celui qui est sans péché le doit à sa bonne nature et non son bon choix et ne mériterait donc pas de récompense.

14 Le pélagien enchaîne avec une autre objection. Moïse n’a-t-il pas dit Vous serez parfait et sans tache avec le Seigneur, votre Dieu. (Dt 18.13, SAC) 2 et Jésus a dit : Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Matthieu 5.48). S’il était impossible d’obéir parfaitement, alors ce serait un mauvais commandement.

L’augustinien fait alors un appel général à la règle de foi (qui n’est donc pas une invention protestante) pour affirmer que le commandement est bon et les hommes incapable d’obéir :

Ce passage, pour les ignorants et ceux qui ne sont pas habitués à méditer sur les Saintes Écritures, et qui ne les connaissent ni ne les utilisent, peut sembler à première vue soutenir votre opinion. Mais lorsqu’on l’examine de plus près, la difficulté disparaît rapidement. En comparant des passages des Écritures entre eux, afin que le Saint-Esprit ne semble pas se contredire en fonction du lieu ou du temps, conformément à ce qui est écrit : « L’abîme appelle l’abîme, au bruit de tes cascades » (Psaume 42:7), la vérité se manifeste : à savoir que le Christ a bien donné un commandement possible en disant : « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5:48), et pourtant les apôtres n’étaient pas parfaits.

Le pélagien insiste tout de même sur le fait que le commandement de Christ est tout de même atteignable, c’est juste que les apôtres n’y arrivaient pas.
L’augustinien riposte avec ironie en disant que le pélagien devrait plutôt dire « nous pouvons être meilleur que les apôtres » plutôt que « nous pouvons être sans péché ». Le témoignage biblique, quant à lui, di au sujet des prophètes, des apôtres et des patriarches et tous les autres saints : Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. (Rom 3.23s)

Le pélagien crie à la philosophie grecque à cause de l’articulation logique que fait l’augustinien (si un homme ne pèche pas alors il est meilleur que les apôtres). L’augustinien lui renvoie l’accusation de faire de la rhétorique creuse. Il force le pélagien à clarifier le dilemme pélagien :

Ou bien le Seigneur n’a pas donné des commandements impossibles, de sorte que ceux qui n’ont pas fait ce qui était possible sont coupables;
ou, si ce qui est commandé ne peut être accompli, alors ce ne sont pas ceux qui n’accomplissent pas des choses impossibles qui sont convaincus d’injustice, mais Celui qui a commandé des choses impossibles, et cela est une affirmation impie.

L’augustinien désamorce le dilemme en s’appuyant sur Philippiens 3.12-16 Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection, mais je cours pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ. Frères, je ne pense pas l’avoir saisi, mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. etc

  • Reconnaissance de l’imperfection :
    Paul déclare : « Ce n’est pas que j’aie déjà obtenu le prix ou que je sois déjà parvenu à la perfection » (Philippiens 3:12). Il utilise l’image d’un archer visant une cible (σκοπός) pour expliquer que, même lorsqu’il semble atteindre un objectif, il reconnaît que ce qui paraît parfait aujourd’hui se révélera imparfait demain. Cela souligne que la vie chrétienne est une progression continue, sans jamais se satisfaire des réalisations passées.
  • Tension apparente dans le texte :
    Paul affirme ensuite : « Tous ceux donc qui sont parfaits, ayons cette même pensée » (Philippiens 3:15). Cela semble contradictoire, car il a précédemment nié être parfait. L’explication repose sur l’idée qu’il parle ici d’une perfection relative, mesurée par la faiblesse humaine, et non d’une perfection absolue comparable à celle de Dieu.
  • Reconnaissance de l’imperfection comme sagesse :
    La véritable sagesse consiste à reconnaître son imperfection : « Sache que tu es imparfait ». Cela correspond à la « justice véritable » mentionnée dans Proverbes 2:9 : « Alors tu comprendras la justice et le droit, la droiture, toutes les routes qui mènent au bien. » La justice humaine, aussi sincère soit-elle, reste incomplète par rapport à la justice divine.
  • Dépendance à la révélation divine :
    Paul poursuit : « Et si, sur quelque point, vous êtes d’un autre avis, Dieu vous éclairera aussi là-dessus » (Philippiens 3:15). Cela montre que la perfection spirituelle nécessite une révélation progressive de Dieu, comme l’exprime le psalmiste : « Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi » (Psaume 119:18).

15 L’augustinien distingue donc entre une perfection parfaite qui n’appartient qu’à l’excellence de Dieu, et une perfection relative qui vient de la crainte des créatures pour Dieu, qui est le début de la Sagesse. Cette justice, bien que reconnue par Dieu, reste marquée par la fragilité humaine : Nul homme vivant ne sera juste devant toi (Psaume 143:2). Des figures comme Job, Zacharie et Élisabeth sont qualifiées de justes dans cette mesure relative. Cependant, cette justice humaine peut déchoir, contrairement à la justice immuable de Dieu.

La gloire de cette perfection relative devient insignifiante face à la gloire surpassante de la grâce : Ce qui a été glorieux ne l’est plus à cause de cette gloire supérieure. Si ce qui était passager a été glorieux, ce qui demeure est bien plus glorieux (2 Corinthiens 3:.10-11). Puis il suit une sorte de digression sur notre connaissance partielle et humaine comparée à la suprême excellence de la connaissance divine.

16 Le pélagien n’est pas ébranlé : il ne parlait pas de la justice humaine vs divine, mais seulement de la justice humaine. L’homme peut, s’il le veut suffisamment, être sans péché.
L’augustinien répond que la situation n’est pas binaire dans les écritures : péché ou sans péché. Ce que l’on lit, c’est qu’il y a des gradients de justice (et donc d’imperfection relative) et il détaille.

L’exemple de l’apôtre Paul est donné : il se considère juste lorsqu’il écrit à Timothée : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi; dorénavant la couronne de justice m’est réservée, que le Seigneur, le juste juge, me donnera en ce jour-là » (2 Timothée 4.7-8). Cependant, bien qu’il soit juste, cela ne signifie pas que sa justice soit identique à celle de Timothée, son disciple, car Paul a davantage mérité par ses efforts. Le raisonnement est illustré par l’idée de diverses « demeures » dans la maison du Père (Jean 14.2), des « étoiles » qui diffèrent en gloire (1 Corinthiens 15.41), et des membres du corps ayant des fonctions distinctes (1 Corinthiens 12.14-21). Ces comparaisons montrent que chaque individu peut être « parfait » selon son propre rôle ou capacité, mais en comparaison avec d’autres, il peut être considéré comme « imparfait ».

De même, l’apôtre Paul souligne que, même dans un même corps, les membres ne sont pas identiques et dépendent les uns des autres. Ainsi, la perfection dans la foi et les dons spirituels varie selon le plan de Dieu (1 Corinthiens 12.11). De plus, bien que chaque « vase » puisse être parfait dans son propre genre, ceux en or surpassent ceux en bronze ou en argent (2 Timothée 2.20-21). Enfin, bien que des figures comme Zacharie et Élisabeth soient considérées comme justes (Luc 1.6), leur justice est comparée à celle de la Vierge Marie, qui se considère bénie non par sa propre vertu mais par la grâce de Dieu (Luc 1.48-49). Le raisonnement conclut que même les plus grands, comme Jean-Baptiste, sont dits « moindres » que les plus petits dans le royaume des cieux (Matthieu 11.11), ce qui montre que la perfection humaine, bien qu’existante, est toujours relative et dépendante de la grâce divine.

17 Il est dit à Jérusalem, marquée par de nombreux péchés, que « Sodome est justifiée par toi » (Ézéchiel 16.51-52). Cela ne signifie pas que Sodome, qui a été détruite pour toujours, est juste en soi, mais qu’en comparaison avec Jérusalem, elle apparaît moins pécheresse. Jérusalem, en effet, a tué le Fils de Dieu, tandis que Sodome, à cause de son excès de nourriture et de luxe, a succombé à ses péchés de débauche. Cette idée de la justice relative est aussi illustrée par la parabole du publicain et du pharisien dans l’Évangile, où le publicain qui se frappe la poitrine, conscient de ses péchés, est justifié plutôt que le pharisien orgueilleux (Luc 18.13-14). De même, dans l’Ancien Testament, Tamar, qui s’est déguisée en prostituée pour tromper Juda, est jugée « plus juste » que lui (Genèse 38.26). Ces exemples démontrent que, même par rapport à des figures humaines, la justice et la perfection sont relatives : certains peuvent sembler meilleurs que d’autres, mais cela ne signifie pas qu’ils atteignent la perfection absolue. Enfin, il est souligné que, même si l’on peut être supérieur à d’autres qui sont imparfaits, il reste toujours la possibilité d’être surpassé par d’autres, ce qui montre que la perfection humaine, bien que relative, n’est jamais absolue.

18 Mais alors pourquoi le Christ nous demande la perfection ? Par anticipation des récompenses célestes. Comme l’enseigne l’Apôtre, Dieu doit être « tout en tout » (1 Corinthiens 15.28), et cela implique que tout n’est pas encore totalement soumis à Lui. Le prophète, dans ce contexte, anticipe sa soumission finale, en déclarant : « Ne sera-ce pas ma pensée de soumettre mon âme à Dieu seul ? Car de Lui vient ma délivrance » (Psaume 62.1). Cette soumission à Dieu est partielle dans le corps de l’Église, où certains membres résistent encore, ce qui empêche l’unité parfaite du corps, car « si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Corinthiens 12.26). De même, tant que nous sommes dans la chair mortelle et corrompue, nous nous estimons heureux d’être soumis à Dieu dans certaines vertus spécifiques. Mais, lorsqu’à la résurrection, « ce corps corruptible revêtira l’incorruptibilité » (1 Corinthiens 15.54), alors Dieu sera pleinement présent dans tous les saints, et chaque vertu sera intégrée dans une perfection totale. À ce moment-là, la sagesse de Salomon, la douceur de David, le zèle d’Élie, la foi d’Abraham, l’amour parfait de Pierre (Jean 21.15), et d’autres vertus, ne seront plus que des reflets de la plénitude de Dieu, qui sera « tout en tout ».

19 Autrement dit : aussi longtemps que nous sommes dans ce corps mortel, nous ne pouvons pas revêtir l’immortalité et son absence de péché.
Le pélagien objecte que, pourtant, il existe des hommes vertueux. La justice semble bien être en un bloc sinon rien en Jacques 2.10 Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous.
L’augustinien désamorce l’objection en faisant remarquer que Jacques ne dit pas non plus que laisser le riche s’asseoir aux bonnes places est aussi grave qu’un meurtre. Il y a des péchés plus ou moins grave, et donc des degrés aussi dans notre perfection. Celui qui ne commet que des péchés peu conséquents sera peu injuste.

Le pélagien essaie alors de redéfinir la vertu et la perfection : être parfait, ce n’est pas être sans péché, mais être aussi vertueux que nous pouvons l’être.
L’augustinien répond que l’injustice se mesure à ce que nous ne pouvons pas faire (le bien que Dieu nous demande).
Le pélagien ne voit pas le problème : Si nous n’avons pas pu faire tel et tel bien, c’est parce que nous ne l’avons pas assez voulu.
L’augustinien répond que, pourtant tout le monde désire toutes les vertus et c’est uniquement de Dieu que dépend la distribution de celles-ci. Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; diversité de ministères, mais le même Seigneur ; ( 1 Corinthiens 12,4-5)

20 Le pélagien : mais enfin, si l’homme est à l’image de Dieu il peut être parfait comme Dieu non?
L’augustinien : Ca va pas la tête ? Une peinture de cheval va-t-elle courir dans la plaine ? Ressemblance est une chose, égalité une autre. Le pélagien abandonne et veut à présent parler de s’il est possible d’obéir aux commandements de Dieu.

Est-il possible d’obéir aux commandements de Dieu ?

21 Le pélagien propose un dilemme : soit les commandements de Dieu sont possible et on peut les accomplir si on le veut ; soit ils sont impossibles et on ne peut pas nous reprocher d’y faire défaut.
L’augustinien répond que l’on fait l’éloge des hommes vertueux non sur la base des vertus et arts qu’ils n’ont pas, mais de ceux qu’ils ont. [On fait l’éloge d’un poète parce qu’il fait des beaux vers, et on ne lui reproche pas d’être mauvais charpentier] En un mot, on est justifié par les vertus que l’on a.

22 Il évoque l’exemple moral des évêques (1 Timothée 3.2ss ; Tite 1.5ss) qui doivent être sans reproche. Pourtant les évêques ne sont pas sans fautes morales. L’augustinien parcourt toute la liste des exigences morales de Saint Paul à l’égard des évêques et fait remarquer que si jamais un évêque manque d’une qualité dans la liste, on ne le destitue pas forcément. Si même chez nos évêques nous ne trouvons personne qui puisse obéir à tous les critères, qu’en sera-t-il des chrétiens ordinaires ?

23 L’augustinien développe. Tout comme un homme ne peut pas avoir toutes les qualités physiques, on ne trouve pas d’homme qui ont toutes les qualités morales. Personne n’arrive à obéir à tous les commandements, et ce n’est pas une faute de Dieu. Pourtant notre responsabilité est tout de même engagée parce que ce que moi j’ai échoué à faire, un autre à réussi à obéir, et je suis coupable de ne pas avoir réussi autant que l’autre.

24 Objection du pélagien : il est écrit en Jude 24 à celui qui peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irréprochables → c’est donc qu’il est possible d’être préservé de toute chute et d’être irréprochable.
Réponse de l’augustinien : non, il est simplement écrit que Dieu peut nous empêcher de chuter s’il le souhaite. Tout est possible à Dieu, mais tout ce que l’homme désire ne lui est pas nécessairement accessible. Le pélagien essaie d’en revenir à la discussion sur la possibilité sans actualité, mais l’augustinien y coupe court.

Critique des citations de Pélage.

25 L’augustinien commence un long discours en se basant sur des citations du livre de Pélage.

Citation 1 : Il est impossible pour quiconque ne connaît pas la loi d’être sans péché → et donc quasiment aucun chrétien ordinaire n’est juste. Saint Jérôme critique alors Pélage parce qu’on enseigne directement et laisse chanter les femmes. 3

26 Citation 2 : Le serviteur de Dieu ne doit laisser sortir de ses lèvres aucune amertume, mais seulement ce qui est plaisant et agréable. Puis Pélage dit un prêtre ou un docteur doit surveiller les actions de tous, et faire des reproches avec confiance aux pécheurs, de crainte qu’il ne soit responsable de leur conduite et qu’on lui reproche leur sang. → Hé quoi, un prêtre ne peut-il donc pas être un serviteur de Dieu? En vérité, il n’est pas nécessaire pour le chrétien d’être toujours obséquieux, ce sont les hérétiques séducteurs qui en ont besoin.

27 Citation 3 : Tous sont gouvernés par leur propre libre choix. Faux! Même notre libre choix est gouverné par Dieu. Saint Jérôme cite :

  • Proverbes 20.24 « Les pas de l’homme dépendent de l’Éternel; mais l’homme peut-il comprendre sa voie? »
  • Jérémie 10.23 « Je le sais, ô Éternel! La voie de l’homme n’est pas en son pouvoir; ce n’est pas à l’homme, quand il marche, à diriger ses pas. »
  • Jean 19.11 « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut. »
  • 1 Corinthiens 4.7 Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ?
  • Jean 6.38 « Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. »
  • Luc 22.42 « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. »
  • Matthieu 6.10 « Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

28 Citation de Pélage, quatrième : Au jour du jugement, il n’y aura aucune pitié pour les injustes et les pécheurs, mais ils seront consumés dans le feu éternel. → Pourquoi être plus sévère que Dieu ? Saint Jérôme s’appuie sur plusieurs passages bibliques pour démontrer que la miséricorde de Dieu est mêlée à Ses avertissements et qu’Il laisse la possibilité de correction et de repentance.

  1. Proverbes 20.24 et Jérémie 10.23 : Ces passages montrent que la conduite humaine dépend de Dieu. L’auteur souligne que condamner sans appel les pécheurs reviendrait à limiter la miséricorde divine, une position inacceptable.
  2. Psaume 104.35 : « Que les pécheurs disparaissent de la terre, et que les méchants ne soient plus ! » L’auteur interprète ce passage non comme une condamnation éternelle, mais comme un appel à cesser de pécher dès maintenant, avant le jugement éternel.
  3. Ésaïe 1.28 : « Les méchants et les pécheurs seront consumés ensemble, et ceux qui abandonnent l’Éternel périront. » Ce verset est interprété comme une référence aux hérétiques qui s’écartent de la foi. Ils seront consumés s’ils ne se repentent pas et ne reviennent pas à Dieu.
  4. Psaume 1.5 : « Les impies ne subsistent pas lors du jugement, ni les pécheurs dans l’assemblée des justes. » L’auteur distingue entre perdre la gloire de la résurrection et périr éternellement4. Les impies (jamais chrétiens) sont condamnés à la destruction, mais les pécheurs repentant peuvent réintégrer l’assemblée des justes (soit l’Église).
  5. Hébreux 12.6 : « Car le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il frappe de verges tout fils qu’il agrée. » Ce passage soutient l’idée que les punitions de Dieu sont correctives et non destructrices, comme un parent ou un enseignant qui guide avec affection.
  6. Jean 5.28-29 : « Tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix, et ils sortiront : ceux qui ont fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui ont fait le mal ressusciteront pour le jugement. » L’auteur montre que la résurrection pour le jugement ne signifie pas automatiquement une condamnation éternelle (dans le sens où ils ressuscitent pour le jugement et non pour la destruction éternelle).
  7. Romains 2.12 : « Tous ceux qui ont péché sans la loi périront sans la loi, et tous ceux qui ont péché sous la loi seront jugés par la loi. » Ici, l’auteur fait une distinction entre les incroyants (ceux qui ont péché sans la loi), qui périssent pour toujours, et les croyants pécheurs (péché sous la loi), qui sont jugés mais non condamnés à la mort éternelle.

Enfin, Saint Jérôme critique la prétention de juger les autres pécheurs tout en admettant sa propre condition de pécheur. Il rejette l’idée attribuée à Origène selon laquelle tous, y compris le diable, pourraient être sauvés, tout en défendant que les chrétiens peuvent être sauvés après correction, même s’ils ont péché5. En somme, les Écritures montrent une justice divine mêlée de miséricorde, laissant toujours la possibilité de repentance et de salut, sauf pour ceux qui persistent dans l’impiété et rejettent Dieu.

29 Cinquièmes citations : A moins qu’un homme n’ait appris, il ne peut pas connaître la sagesse et comprendre les Écritures. et Celui qui n’a pas été enseigné ne doit pas assumer connaître la loi. Apparemment, Pélage est lui-même un autodidacte, puisque Jérôme le raille sur ces paroles. Il raille aussi des enseignements excessifs : certes, nous ne devons pas refuser de donner notre manteau à qui nous l’arrache, mais il n’est pas nécessaire de s’en réjouir non plus. Jérôme raille aussi une autre parole de Pélage : Un vêtement tapageur et l’ornement est l’ennemi de Dieu en faisant remarquer que les évêques et membres du clergés ont des vêtements blancs et n’ont pas l’obligation d’être vêtu de haillons. Même des beaux vêtements sur des laïcs ne sont pas forcément un affront contre Dieu.

30 Paroles contradictoire de Pélage : nous devons aimer nos ennemis comme nos voisins puis nous ne devons jamais croire un ennemi. Jérôme corrige son enseignement sur l’amour pour nos ennemis.

Suis-je invité à aimer mes ennemis comme s’ils étaient mes voisins, mes proches ou mes amis, et à ne faire aucune distinction entre un rival et un parent ? Si j’aime mes ennemis comme mes voisins, quelle affection supplémentaire puis-je montrer à mes amis ? Si vous aviez soutenu cette position, vous auriez dû veiller à ne pas vous contredire en disant que nous ne devons jamais croire un ennemi.
Même la Loi nous enseigne comment aimer un ennemi : « Si tu vois l’âne de ton ennemi succomber sous sa charge, tu le relèveras avec lui » (Exode 23:5). Et l’Apôtre nous dit : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire. Car en agissant ainsi, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête » (Romains 12:20). Ces « charbons ardents » ne sont pas une malédiction ni une condamnation, comme beaucoup le pensent, mais une manière de le corriger et de le conduire à la repentance. Ainsi, vaincu par la bonté et réchauffé par l’amour, il cessera d’être un ennemi.

31 Jérôme critique Pélage pour ne pas séparer suffisamment Ancien et Nouveau Testament, Loi et Évangile. Par exemple, Pélage dit que le Royaume de Dieu était enseigné dans l’Ancien Testament (au sein des livres apocryphes) tandis que Jérôme dit que c’est uniquement à partir des évangiles que Jésus prêche l’avènement du Royaume de Dieu.

32 Le 100e chapitre du livre de Pélage indique : Un homme peut être sans péché, et facilement garder les commandements de Dieu s’il le veut. Jérôme note que cette position est en contradiction avec l’enseignement de saint Cyprien (de Carthage), qui, dans son traité adressé à Quirinus, soutient que personne n’est exempt de péché. Jérôme rappelle les arguments bibliques cités par Cyprien :

  • Job 14:4 : « Qui peut tirer le pur de l’impur ? Personne. » → Cela souligne l’impossibilité pour les hommes d’être totalement exempts de péché.
  • Psaume 51:5 : « Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. » → Ce verset démontre que la condition pécheresse est inhérente à la nature humaine dès la conception.
  • 1 Jean 1:8 : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. » → Cette affirmation apostolique réfute explicitement l’idée qu’un homme puisse être sans péché.

Jérôme souligne que si les commandements de Dieu étaient « faciles » à observer, ils auraient été respectés par tous. Cependant, l’expérience montre que leur observation est rare et difficile. Cette rareté prouve que suivre les commandements n’est pas aisé, contredisant l’affirmation de son interlocuteur. Pélage avance également qu’il est possible d’éviter même les fautes légères et de ne jamais penser une mauvaise pensée. Jérôme critique cette position en citant le Psaume 19:12-13 : « Qui discerne ses fautes ? Pardonne-moi celles que j’ignore. Préserve aussi ton serviteur des péchés volontaires. » → Ce passage montre que même les fautes inconscientes ou les pensées peuvent être considérées comme des péchés. L’Église reconnaît ces fautes et prescrit des sacrifices pour leur expiation. Jérôme insiste donc sur le fait que même les péchés involontaires nécessitent le pardon divin.

33 Objection du pélagien : il est écrit en Matthieu 5.28 celui qui regarde une femme pour la désirer a déjà commis l’adultère en son coeur. → Soit nous pouvons éviter une pensée mauvaise, et donc être libre du péché ; soit nous ne pouvons pas l’éviter et ce n’est pas un péché.
L’augustinien répond que c’est bien essayé, mais que l’Écriture ne considère par l’ignorance comme innocence. Job offre des sacrifices au cas où ses fils auraient péché par ignorance. Dans la loi, celui qui tuait accidentellement quelqu’un d’autre si jamais un fer de hache échappait du manche, devait se réfugier dans une ville de refuge, et attendre que la mort expiatoire et substitutive du Grand Prêtre pour revenir chez lui.
Le pélagien objecte : comment puis je être coupable de ce dont ma conscience ne m’accuse pas?
L’augustinien répond que ce sont là les mystères de Dieu qu’il ne faut pas percer (Ecc 7.16 ; Romains 11.33s ; 2 Tim 2.23)

Fin Le reste de ce livre présente une série de citations de l’Ancien Testament visant à démontrer que ce n’est pas seulement l’acte extérieur et conscient qui est considéré comme péché, mais également l’opposition implicite et semi-consciente à la volonté divine. Saint Jérôme montre aussi que ces textes soutiennent l’argument selon lequel les hommes peuvent être qualifiés de justes dans un sens général tout en restant marqués par des péchés de pensée ou de désir, même en l’absence d’actes.

  1. Genèse 8:21« Je ne maudirai plus la terre… car les pensées du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse. » → Cela illustre la corruption inhérente à l’humanité, où même les pensées de l’homme sont orientées vers le mal dès son jeune âge.
    1. Genèse 17:17 ; 18:12
    • « Abraham tomba sur sa face et rit… »
    • « Et Sarah rit en elle-même… »
      → Abraham et Sarah, pourtant des modèles de foi, montrent ici un doute implicite dans la promesse divine, prouvant que même les justes ne sont pas exempts de faiblesse intérieure.
  2. Genèse 37:35
    « Et Jacob refusa d’être consolé. »
    → La douleur excessive de Jacob devant la perte de Joseph révèle un attachement excessif, témoignant d’un manque de confiance totale en Dieu.
  3. Exode 21:12-13
    « Celui qui frappe un homme et le tue… S’il ne l’a pas fait volontairement… »
    → Même les péchés involontaires, comme le meurtre involontaire, sont pris en compte dans la loi de Dieu.
  4. Lévitique 4:2, 27
    « Si quelqu’un pèche involontairement… »
    → Les sacrifices prescrits pour les péchés d’ignorance montrent que même les fautes non intentionnelles nécessitent l’expiation.
  5. Lévitique 5:3
    « S’il touche une impureté humaine, sans s’en apercevoir… »
    → Même les impuretés rituelles involontaires étaient considérées comme des péchés nécessitant une réconciliation avec Dieu.
  6. Lévitique 9:1
    « Il offrit un sacrifice pour Aaron… »
    → Même Aaron, le grand prêtre, devait offrir des sacrifices pour ses propres péchés.
  7. Lévitique 12:6
    « Une femme qui enfante… offrira un agneau. »
    → L’exigence de sacrifices après l’accouchement montre que les événements naturels de la vie humaine sont inclus dans les provisions pour le péché.
  8. Lévitique 14:1-6, 16:6 ; 12:7
    « Pour le lépreux, des sacrifices seront faits… »
    → Les lépreux, représentant l’impureté, nécessitent des sacrifices pour être purifiés.
  9. Lévitique 15:31, 16:2, 16:5
    « Le peuple sera purifié le jour de l’expiation… »
    → Le Jour de l’expiation illustre que toute la communauté devait expier ses fautes collectives et inconscientes.
  10. Lévitique 22:14
    « Celui qui mange des choses saintes sans le savoir… »
    → Cette loi est rapprochée de 1 Corinthiens 11:27-28, où l’apôtre Paul condamne la participation négligente à la Cène du Seigneur.
  11. Nombres 6:1
    « Le naziréen offrira un sacrifice… »
    → Même les naziréens, exemplaires de consécration, devaient offrir des sacrifices pour leurs imperfections.
  12. Nombres 14:7, 7:28-29
    « Ils offrirent des sacrifices pour implorer la miséricorde de Dieu. »
    → Les sacrifices pour la miséricorde divine soulignent la reconnaissance de la faute inhérente.
  13. Nombres 28:15, 28:22, 29:5, 5:11, 29:17
    « Des sacrifices seront offerts aux fêtes solennelles. »
    → Ces sacrifices réguliers rappellent que le peuple entier avait besoin d’être constamment purifié.
  14. Nombres 35:13
    « Des villes de refuge seront désignées pour les meurtriers. »
    → Les villes de refuge montrent que même les péchés involontaires nécessitent une forme de réparation.
  15. Deutéronome 9:6, 18:13
    « Ne dis pas dans ton cœur : c’est à cause de ma justice… »
    → Israël est averti de ne pas se vanter de sa propre justice, car leur position est due à la grâce divine.
  16. Deutéronome 18:9-12, 5:14-15
    « Tu seras parfait devant le Seigneur. »
    → La perfection est interprétée comme l’abandon de l’idolâtrie, et non comme une absence totale de péché.
  17. Deutéronome 22:8
    « Construis un parapet autour de ton toit… »
    → Négliger une précaution peut rendre quelqu’un coupable de négligence ayant causé du tort.
  18. Deutéronome 23:2
    « Un homme sera impur par ses actes inconscients. »
    → Cette loi montre que même les actes involontaires peuvent entraîner une impureté.
  19. Josué 7:12
    « Israël a péché à cause d’Acan. »
    → La faute d’Acan est imputée à tout le peuple, soulignant la dimension collective du péché.
  20. Josué 11:19-20
    « Les Cananéens étaient coupables devant Dieu. »
    → Cela montre que la culpabilité collective d’une nation peut être reconnue par Dieu.

Saint Jérôme utilise ces textes pour prouver que le péché ne se limite pas à des actes extérieurs et intentionnels, mais inclut aussi les pensées, les désirs, et même des états involontaires. En outre, il montre que la justice humaine est toujours imparfaite, et que même les plus justes dépendent constamment de la grâce et de la miséricorde divines.

  1. la citation du pélagien indique le mot « parfait » alors que le texte dit simplement « juste »[]
  2. Traduction Lemaître de Sacy, 1701. En effet, la Vulgate de Jérôme traduit תָּמִים par perfectus (eris), alors que les traductions actuelles s’alignent toutes sur (tu seras) intègre[]
  3. J’ai dû lire plusieurs fois l’argument pour comprendre le lien, mais je n’y arrive pas.[]
  4. Il ne faut pas y discerner ici de l’universalisme : Jérôme condamne très nettement le principe même du salut universaliste contre les origénistes. Il s’agit plus probablement des récompenses supplémentaires au delà de la seule vie éternelle. Un chrétien qui se repent à la dernière minute est ressuscité, sans plus.[]
  5. Le passage est étrange et a beaucoup été discuté : Jérôme n’évoque pas de purgatoire et il confesse dans d’autres écrits un jugement dernier unique et une punition éternelle en termes orthodoxes. Alors pourquoi parle-t-il d’un jugement temporaire entre le Jugement Dernier et l’entrée dans la gloire ? Est-ce seulement une exagération pour damer le pion à Pélage ?[]

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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