Le suicide de l’Occident : une apostasie – Edward Feser
27 janvier 2025

Voici une traduction d’un article du philosophe catholique thomiste Edward Feser paru dans la revue catholique Catholic World Report. Dedans, il essaye de déterminer les causes du suicide de l’Occident (son effondrement volontaire en tant que puissante civilisation judéo-chrétienne) en reprenant les analyses de Burnham et d’Anton. Il rajoute une cause spécifique : l’apostasie (l’abandon ou trahison) de la foi chrétienne par les pays occidentaux (d’Europe et les Etats-Unis). J’ai rajouté des liens qui expliquent des mots compliqués ainsi que des notes de bas de page de ma propre main quand j’ai trouvé utile d’expliquer des choses et des choix de traductions.


James Burnham est bien connu pour avoir qualifié le libéralisme comme “l’idéologie du suicide de l’Occident” dans son classique Suicide of the West. J’ai longtemps voulu écrire un essai sur ce livre. Mais ceci n’en est pas un. Cependant, la thèse de Burnham m’est venue à l’esprit lorsque je lisais l’essai “Unprecedented” de Michael Anton dans le journal New Criterion car il cite des phénomènes qui corroborent clairement son analyse. 

Notre civilisation est en déclin à un rythme alarmant qui ne cesse de s’accélérer. Ce n’est en soi pas nouveau dans l’histoire de l’humanité. Mais la manière précise avec laquelle elle se désintègre est sans aucun précédent. Ce qui est totalement inédit selon Anton, c’est la montée de ce qui est devenue l’idéologie des classes dirigeantes, connue sous bien des noms – le politiquement correct, le “wokisme”, “la théorie critique de la race”1, “l’idéologie du successeur” (successor ideology), la mentalité baizuo, et ainsi de suite – et qui manifeste une tendance perverse à l’autodestruction nihiliste. 

Cette idéologie que nos élites ont maintenant embrassée de tout cœur et propagé dans toutes les principales institutions de la société enseigne qu’il faut haïr de son propre pays et sa propre civilisation, qu’ils sont tout particulièrement mauvais et oppressifs. Elle pousse les étrangers et les immigrés à considérer les Etats-Unis et plus généralement l’Occident avec la même hostilité. Des gens aisés de gauche ont aussi adopté une haine de soi ethnique jusqu’alors inégalée dans l’histoire. Ils accueillent avec ferveur la démonisation de leur « blancheur » (whiteness), source de tous les maux dans le monde. Pour autant, ils imposent ces formes d’oikophobie ou de haine de soi uniquement aux Occidentaux et aux blancs – les non occidentaux et les “non blancs”, peu importe à quel point l’histoire de leur peuple a été sanglante et remplie d’oppressions, sont vivement invités à célébrer uniquement leur patrimoine. 

Mais comme si tout ceci n’était pas encore assez radical, cette idéologie s’attaque aux fondations mêmes de l’ordre social, de la famille, ainsi qu’à la distinction et à la relation entre les sexes, qui forment la base de la famille. On fait l’éloge de toute forme déréglée de la sexualité et on taxe virulemment même la critique la plus timide “d’intolérante”. L’activité sexuelle la moins pratiquée est celle qui a pour résultat des enfants – bien que ce soit en premier lieu la raison pour laquelle le sexe existe –. Le nombre de mariages et le nombre de naissances baissent de façon significative. On condamne comme étant “patriarcales” les règles censées réguler les rôles des pères et des mères ainsi que les relations entre les différents sexes sont condamnées. Beaucoup se sentent étrangers même dans leur propre genre, et cherchent plutôt à “s’auto-identifier” à l’un des 63 “genres” alternatifs qui ont été imaginés. 

Comme le remarque Anton, tous les domaines de la culture, de l’architecture aux arts en passant par la publicité, font une promotion agressive de la laideur pure et simple. Les films et la musique sont sans cesse obsédés par tout ce qui est anormal, déréglé et criminel tout en ridiculisant tout ce qui est normal. Les corps sont toujours plus tatoués, remplis de piercings et revêtus de tenues amorphes qui au lieu de mettre en avant leur masculinité ou leur féminité la cache. Des mannequins obèses ou décharnés que nous voyons dans les publicités affichent un sombre regard plein de défiance. On condamne dorénavant les normes de beauté traditionnelles comme étant “oppressives” et des formes d’“intolérance”. 

On condamne également la loi fondamentale et l’ordre dans les mêmes termes. On diabolise, les prive de leurs fonds et on démoralise les policiers. On dépénalise de nombreuses infractions, on n’applique plus les lois qui restent encore dans les livres et on laisse revenir dans la rue sans caution beaucoup de ceux qui sont arrêtés pour avoir enfreint des lois toujours en vigueur. On arrive à excuser et même à approuver le pillage et le vandalisme. On permet aux toxicomanes et aux malades mentaux de circuler librement sur la voie publique et de déféquer dans les rues bien que cela ne profite ni à eux, ni à personne. 

Le système d’enseignement inculque aux jeunes ce nihilisme et cette oikophobie, tout en condamnant les normes d’excellence (vous l’aurez deviné) comme encore d’autres formes “d’oppressions” et “d’intolérances”. On conçoit le “progrès” comme un cycle éternel où l’on cherche sans cesse à débusquer de nouvelles normes à subvertir. Tout cela nous entraîne dans une spirale mortelle qui semble désormais atteindre inévitablement son point culminant. 

D’après Anton, c’est la haine de soi sociétale que tout cela manifeste, qui nous rend unique dans les annales de l’effondrement des civilisations. Et c’est ce qui m’a fait pensé à l’analyse de Burnham : qu’est-ce qui explique cela ? 

Notre chute s’explique en partie par le fait que nous sommes victimes de notre propre succès. En effet, en réalité, la société moderne occidentale n’est pas oppressive (excepté actuellement envers ceux qui s’opposent au déclin culturel que je viens de décrire et qui essayent de sauver les valeurs traditionnelles qui peuvent encore l’être). Elle est plus libre et plus prospère que ne l’a jamais été aucune autre société au cours de l’histoire. La preuve en est qu’elle tolère en son sein même les mécontents odieux qui répandent le “wokisme” tel un cancer dans tout le corps politique. Bien évidemment, celui-ci l’a maintenant adopté comme sa propre idéologie, ce qui démontre à quel point notre société est libre. Le fait même que notre système dans son ensemble malgré ses profonds disfonctionnements ne se soit pas encore totalement effondré de son cancer montre combien elle est si prospère. Une société qui voit sa conception de la famille et ses lois fondamentales s’effondrer a besoin d’un haut degré de richesse pour tenir encore debout, au moins pour un certain temps. 

Toutefois, la liberté et l’abondance engendrent ensemble la décadence. Plus les gens sont libres et riches, plus ils ont tendance à ne pas supporter la moindre gêne résiduelle ou à faire preuve de retenue dans la satisfaction de leurs désirs. J’ai traité ailleurs en détails de l’analyse de Platon qui explique comment les sociétés oligarchiques ont tendance à se détériorer en une débauche égalitaire. Comme le constate Nietzsche dans son Par-delà le bien et le mal

Il y a un point de faiblesse maladive et d’affadissement dans l’histoire de la société, où elle prend parti même pour son ennemi, pour le criminel, et cela sérieusement et honnêtement. Punir lui semble parfois injuste ; il est certain que l’idée de « punition » et « d’obligation de punir » lui fait mal et l’effraye. « Ne suffit-il pas de rendre le criminel incapable de nuire ? Pourquoi punir ? Punir même est terrible ! » — Par cette question la morale de troupeau, la morale de la crainte tire sa dernière conséquence. (201) 

Même si cela est vrai en ce qui concerne l’activité criminelle, cela vaut aussi pour les formes de déviance non-criminelles. Une société atteinte “de faiblesse maladive et d’affadissement” ne peut supporter qu’on puisse couvrir de honte des personnes faisant des choses honteuses. C’est ce qui fait qu’elle rabaisse ou abandonne complètement ses normes afin de flatter tout cinglé et tout pervers qui pleurniche sur le fait qu’on n’a pas accordé suffisamment de respect à son comportement déviant préféré. 

Cependant, bien que cette analyse explique en partie à quel point les normes se sont effondrées, elle laisse de côté l’hostilité viscérale qui anime ceux qui œuvrent à les détruire. Pour expliquer cela, nous avons besoin de prendre compte des facteurs comme le péché mortel qu’est la jalousie (ou l’envie) et ce que Nietzsche appelle ressentiment, qui vont tout deux de pair avec un ultra-égalitarisme. Comme nous l’apprend Thomas d’Aquin, “la haine peut naître et de la colère et de l’envie. Elle naît cependant plus directement de l’envie qui rend le bien du prochain attristant et par conséquent haïssable.”2. La personne remplie de jalousie veut détruire ce qu’elle n’arrive pas à accomplir et tout ce qui s’y rattache. C’est ainsi que les woke ne se satisfont pas de jouir de la seule liberté de mépriser les valeurs défendues par les “gens normaux”3. Ils veulent salir ces valeurs et bien sûr les annihiler totalement. C’est ce qu’avait bien cerné Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra

C’est ainsi que je vous parle en parabole, vous qui faites tourner l’âme, prédicateurs de l’égalité ! vous êtes pour moi des tarentules avides de vengeances secrètes ! […] 

Cependant les tarentules veulent qu’il en soit autrement. « C’est précisément ce que nous appelons justice, quand le monde se remplit des orages de notre vengeance » — ainsi parlent entre elles les tarentules. « Nous voulons exercer notre vengeance sur tous ceux qui ne sont pas à notre mesure et les couvrir de nos outrages » — c’est ce que jurent en leurs cœurs les tarentules. Et encore : « Volonté d’égalité — c’est ainsi que nous nommerons dorénavant la vertu ; et nous voulons élever nos cris contre tout ce qui est puissant ! » 

Prêtres de l’égalité, la tyrannique folie de votre impuissance réclame à grands cris l’« égalité » : votre plus secrète concupiscence de tyrans se cache derrière des paroles de vertu ! Vanité aigrie, jalousie contenue, peut-être est-ce la vanité et la jalousie de vos pères, c’est de vous que sortent ces flammes et ces folies de vengeance. […] 

Méfiez-vous de tous ceux qui parlent beaucoup de leur justice ! […] Et s’ils s’appellent eux-mêmes « les bons et les justes », n’oubliez pas qu’il ne leur manque que la puissance pour être des pharisiens ! 

Il y en a qui prêchent ma doctrine de la vie : mais ce sont en même temps des prédicateurs de l’égalité et des tarentules. Elles parlent en faveur de la vie, ces araignées venimeuses : quoiqu’elles soient accroupies dans leurs cavernes et détournées de la vie, car c’est ainsi qu’elles veulent faire mal. 

Une telle haine tend naturellement à subvertir la raison. Mais comme nous l’ont enseigné Platon et Thomas d’Aquin, parmi tous les vices, c’est le vice sexuel qui a le plus grande tendance à détruire toute rationalité. Le désir sexuel peut sérieusement brouiller l’intellect même dans les meilleures circonstances. Mais lorsque ses objets sont contre-natures, l’assouvissement de ces désirs rend détestable l’idée même d’un ordre des choses objectif et naturel. Il est inévitable que le wokisme, qui marie le péché mortel de la jalousie à celui de la luxure, engendre des manifestations toujours plus bizarres d’une irrationnalité pure et simple. 

Par conséquent, l’abondance engendre la mollesse, ce qui engendre l’égalitarisme, ce qui engendre la débauche, ce qui à son tour engendre la folie. Tout ceci n’est que l’analyse sociopolitique “démodée” de la tradition classique (Platon, Aristote, Augustin, Thomas d’Aquin, et al.). Tous ces éléments jouent un rôle important dans les événements auxquels nous assistons actuellement. Mais je suggère que même cette explication a une faille quand il s’agit d’expliquer en quoi l’effondrement de notre culture est “sans précédent” pour Anton. Ce que j’ai décrit repose entièrement sur des processus naturels de “décomposition culturelle”. Mais en réalité, il y a quelque chose à l’œuvre au-delà de l’ordre naturel – quelque chose de vraiment diabolique derrière ce qui se passe. 

Après tout, même les païens d’antan avaient une compréhension considérable de la loi naturelle. C’est pourquoi l’Eglise a pu trouvé des âmes sœurs telles que Platon et Aristote. Les modernes, en revanche, ont même pratiquement perdu la connaissance morale que les païens avaient. A l’époque du paganisme antique, la déviance se limitait principalement aux classes supérieures aisées. Aujourd’hui, elle imprègne l’ensemble de la société. 

Que s’est-il passé entre leur temps et le nôtre ? Bien évidemment, la naissance et l’apogée du christianisme – suivie de son apostasie. Et selon moi, c’est justement cette caractéristique (l’apostasie) qui explique le caractère sans précédent et diabolique de l’effondrement culturel duquel nous sommes les témoins. Les païens du passé avaient une compréhension passable de la loi naturelle. La foi catholique l’a perfectionnée et y a ajouté la connaissance de notre fin surnaturelle – la vision béatifique – et la possibilité des vertus théologales que sont la foi, l’espérance et l’amour, qui nous permettent de parvenir à cette fin. Mais l’Occident moderne a abandonné la Foi, et a perdu avec elle, non seulement les vertus naturelles, mais avec elles, ces dons surnaturels. Plus on s’élève, plus dure sera la chute. Ou pour le dire autrement, comme Christ avertit ceux qui utilisent mal ce qui leur a été donné : « Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. » (Matthieu 13,12) 

Maintenant, quel place pouvons-nous donner au libéralisme dans cette histoire ? Selon moi, le libéralisme était voué à engendrer le genre de nihilisme incarné par le wokisme. Comme je l’ai soutenu ailleurs en détails, le libéralisme est par essence une hérésie chrétienne. Et son hérésie implique de déformer la vision chrétienne de la nature. En particulier, elle requiert qu’on conçoive la nature de telle sorte à la priver de toute téléologie ou but intrinsèque, et donne lieu à une vision faussée de la loi naturelle. Elle fait aussi du surnaturel quelque chose d’étranger qu’on superpose à la nature plutôt que quelque chose qui viendrait la compléter. Et comme je l’ai aussi défendu, la vision “dénudée” de la nature du libéralisme reviendrait à faire du “moi individualiste” le seul arbitre des valeurs. Tout ce que le moi n’approuve pas doit être quelque chose d’oppressif. 

Il est vrai qu’on retrouve dans le wokisme un fort élément collectiviste à côté de cet individualisme radical, en particulier en ce qui concerne la théorie critique de la race. Mais ceci ne contredit pas le fait que le wokisme est le fruit de l’individualisme libéral. D’une part, les formes modernes du collectivisme (que ce soit le socialisme, le communisme ou le collectivisme raciste du nazisme et de la TCR) ont précisément émergé en surréaction à l’individualisme libéral. D’autre part, l’accent que la TCR met sur “l’intersectionnalité”4 atténue fortement son collectivisme. Quand quelqu’un se définit (par exemple) comme une personne de couleur de grande taille handicapée, trans lesbienne, à faible revenu et sans-papiers, victime de l’oppression de tous ceux qui ne rentrent pas dans cette intersection de catégories, la notion d’identité de groupe ne sert plus à grand-chose. Il s’agit juste d’une autre forme de grief individuel

Comme Nietzsche l’a fait remarquer, l’égalitarisme du libéralisme moderne et du socialisme est un héritage du christianisme et ne repose plus sur aucun fondement rationnel en l’absence de sa fondation originelle. Mais les formes modernes de l’égalitarisme sont également des déformations grotesques de ce qu’affirme le christianisme à propos de l’égalité des hommes. Le christianisme enseigne que tous les êtres-humains sont créés de manière égale à l’image de Dieu en vertu de leur nature rationnelle et que Dieu leur offre à tous la fin surnaturelle de la vision béatifique. Le wokisme, contrairement à l’enseignement de la tradition chrétienne, affirme que tous les êtres humains sont ou doivent être égaux dans tous les sens pertinents et que toute “inégalité” est par essence injuste. Le christianisme enseigne que Dieu offre à tous les pécheurs l’occasion de recevoir le pardon de leurs fautes, à la seule condition qu’ils se repentent. Le wokisme enseigne qu’aucune repentance n’est nécessaire étant donné que les choses pour lesquelles le christianisme offre le pardon de Dieu ne sont pas vraiment des péchés. Bien évidemment, les seuls vrais pécheurs sont ceux qui défendent les anciennes normes.  

On peut voir d’autres manières par lesquelles le wokisme équivaut à une contrefaçon du christianisme qui a pour but de saboter et remplacer l’original. En particulier, comme je l’ai soutenu ailleurs, il présente la caractéristique d’un culte gnostique manichéen qui a des nombreux points communs avec les défis gnostiques du passé auxquels l’Eglise a du faire face. 

Vers où tout cela nous mènera-t-il ? Contrairement à ceux qui s’inquiètent (ou qui espèrent) que “l’idéologie du successeur” woke mettra son couteau sous notre gorge pendant plusieurs générations, Anton affirme que : 

Si je devais miser, je miserais sur quelque part entre l’effondrement imminent et un déclin interminable. Je lis de temps à autre, plein d’admiration des théories d’énigmes à résoudre et “de jeu d’échecs à quatre dimensions” – ils savent vraiment ce qu’ils font ! Notre régime politique est aujourd’hui incapable de décharger un cargo, d’avoir suffisamment de stock pour un rayon de magasin, de mener des élections en bonne et due forme, de prendre en charge les plaintes de parents d’élèves lors d’une réunion scolaire, de faire passer un projet de loi budgétaire, de traiter un variant du rhume, de maintenir l’ordre dans les rues, de vaincre militairement un pays du tiers-monde ou même d’évacuer proprement ce genre de pays. Je ne parle même pas de toutes les choses qu’il devrait faire mais qu’il refuse de faire, que font tous les pays “qui ne blaguent pas”. Si notre classe dirigeante a vraiment un projet, il semble que ce soit de détruire la société et les institutions dont ils sont les principaux (on serait tenté de dire les seuls) bénéficiaires. Pensent-ils qu’ils ont plus à y gagner à partir de ses décombres ? Ou sont-ils motivés par une haine qui les empêche de voir les répercussions sur leur propre intérêt ? Peut-être se pourrait-il tout simplement qu’ils sont fous ? 

Pour répondre aux trois dernières questions d’Anton, je répondrais “oui” à toutes. Je pense aussi que ceux qui supposent que l’hégémonie actuelle du wokisme durera indéfiniment se bercent eux-mêmes d’illusions. Le monde est incroyablement différent de ce qu’il était il y a seulement cinq décennies quand je suis né. Si des normes qui ont persisté pendant des millénaires peuvent se désintégrer en une seule génération, pourquoi espérer ou craindre que ce qui les a remplacées tiendra sur le long terme ? Tout particulièrement quand cela inclut une attaque sur la cellule fondamentale de la société qu’est la famille, encore plus radicale que ce que les régimes communistes ont tenté de faire ? 

En réalité, ce nouvel ordre des choses à vomir est tellement contre nature qu’il est impossible pour lui de perdurer. Les véritables questions qui se posent sont : A quel point sa chute sera chaotique ? Qu’adviendra-t-il après cette chute ? L’arrivée du successeur à “l’idéologie du successeur” amènera-t-elle un renouveau de la Foi, une apostasie de laquelle nous a menée tout droit dans cette crise ?


Illustration de couverture : Pieter Brueghel l’Ancien, Le suicide de Saül, huile sur panneau de bois, 1562.

  1. Abrégé par TCR dans la suite.[]
  2. Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIaIIae, Article 6.[]
  3. En anglais, normies.[]
  4. L’intersectionnalité consiste en l’étude et la caractérisation des préjudices subis par les personnes en fonction des axes identitaires qui se croisent en elles (comment elle est discriminée en tant que noire, femme, lesbienne etc) par une déconstruction. C’est ainsi qu’on se retrouve avec des appels à l’unité au-delà des « frontières de races, genres, sexe, statut social, orientation sexuelle » et des listes d’identités à rallonge.”, Etienne Omnès, Le postmodernisme expliqué aux chrétiens pressés.[]

Laurent Dv

Informaticien, époux et passionné par la théologie biblique (pour la beauté de l'histoire de la Bible), la philosophie analytique (pour son style rigoureux) et la philosophie thomiste (ou classique, plus généralement) pour ses riches apports en apologétique (théisme, Trinité, Incarnation...) et pour la vie de tous les jours (famille, travail, sexualité, politique...).

sur le même sujet

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *