La transsubstantiation est la doctrine romaine selon laquelle, lors de la consécration, la totalité de la substance du pain et du vin est changée en corps et sang du Christ, tout en conservant l’apparence du pain et du vin.
Une conséquence de la transsubstantiation, c’est que manger le pain et boire le vin consacrés, même si l’on a pas la foi, c’est manger le corps et boire le sang du Christ. Imaginons que quelqu’un entre dans une église, voie une hostie consacrée et décide de la manger alors qu’il n’est absolument pas croyant. Un catholique romain doit croire que cette personne mange le corps et le sang du Christ. Eh bien, justement, les Pères ne croyaient pas cela. Nous avions déjà considéré comment Augustin ne croyait pas à cela, comment Rabbula d’Édesse n’y croyait pas non plus. Voyons maintenant ce qu’en dit Prosper d’Aquitaine (390-455) :
Il reçoit la nourriture de la vie, et boit la coupe de l’éternité, celui qui demeure en Christ, et en qui Christ demeure. Car celui qui est en désaccord avec Christ, ne mange ni sa chair ni ne boit son sang [Nam qui discordat a Christo, nec carnem ejus manducat, nec sanguinem bibit] bien qu’il reçoive indifféremment le Sacrement d’une chose si grande pour le jugement de sa propre présomption1.
Ainsi, on pourrait très simplement dire que :
- Croire à la transsubstantiation implique de croire que les impies reçoivent le Christ en mangeant le pain ;
- Prosper croyait que si l’on ne demeure pas dans le Christ, on ne mange point sa chair, on ne boit pas son sang ;
- Donc Prosper ne croyait pas à la transsubstantiation.
Les citations de cet article complètent d’un travail plus général sur l’Eucharistie chez les pères de l’Église, abordant plusieurs dizaines d’autres citations de ce type et notamment de nombreuses citations de saint Augustin, nous vous invitons à poursuivre l’étude par cette vidéo :
- Prosperi Aquitani, Sententiæ ex Augustino Delibatæ, 341 ; PL, 45:1890 ; trad. JHT-TCF, 234. Cf. Augustin d’Hippone, Homilies on the Gospel of John, 26.18 ; PL, 35:1614 ; trad. WSA, I/12:464. Cf. NPNF1, 7:173[↩]
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