Un ami orthodoxe a récemment porté à ma connaissance un extrait du traité La papauté hérétique du prêtre orthodoxe Wladimir Guettée. Le père Guettée, bien connu en France, est un prêtre et historien catholique romain devenu orthodoxe au XIXe siècle. Dans cet extrait il expose une compréhension de la justification par la foi seule, par une foi véritable qui produit de bonnes œuvres. Bref, une compréhension superposable à la doctrine réformée. Mon ami orthodoxe m’assure qu’il s’agit là d’un avis courant dans l’orthodoxie russe avant la période bolchévique. Sans plus tarder, je vous propose l’extrait en question :
Cette doctrine [celle de l’Église orthodoxe] peut être ainsi résumée, en ce qui concerne l’œuvre humaine :
Ce n’est que par Jésus-Christ, unique rédempteur, unique médiateur, que nous pouvons être justifiés. Ce n’est qu’en lui que nous pouvons l’être, c’est-à-dire en nous identifiant à lui par la foi. Mais, pour que cette foi nous unisse à Jésus-Christ, il faut qu’elle soit vraie, c’est-à-dire qu’elle nous fasse pratiquer les commandements ou les vertus qui y sont prescrites. Nos bonnes œuvres n’ont pas la vertu de nous justifier par elles-mêmes ; mais elles sont la conséquence nécessaire de la vraie foi, et cette foi, se manifestant par les œuvres, nous unit au Rédempteur qui nous justifie. La foi qui nous excite au bien est un don de Dieu ; elle nous a été méritée par Jésus-Christ ; tout ce qui est bon en nous vient donc de la grâce de Dieu, en Jésus-Christ ; et, sans cette grâce, nous ne pouvons rien faire de bon et d’utile pour notre salut. Il est bien évident qu’en admettant un trésor composé des mérites surabondants des saints, lequel trésor peut être distribué aux vivants et aux morts qui en manqueraient, selon la volonté du pape, par les indulgences, on contredit ouvertement la doctrine catholique d’après laquelle aucun homme ne peut être justifié que par les mérites de l’unique médiateur, notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi :
1° Par sa doctrine sur la grâce ;
2° Par sa doctrine sur l’immaculée conception de la sainte Vierge ;
3° Par sa doctrine sur le mérite surabondant de l’acte humain,
L’Église romaine professe trois hérésies formellement et directement opposées au dogme de la rédemption1.
- Guettée Wladimir, La papauté hérétique, pages 119-120.[↩]
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