Ceci est une traduction de François Turretin, Institution de Théologie Élenctique, loc. 99 question 10 section XXI.
Bien que la bienheureuse Vierge ait été véritablement « comblée de grâce » aimée et choisie par Dieu au-dessus des autres femmes pour concevoir et enfanter le Fils de Dieu, et puisse à juste titre être appelée « mère de Dieu » (theotokos), ce privilège éminent et manifestement unique, par lequel elle a été élevée au plus haut degré de félicité, ne l’a cependant pas empêchée d’être conçue et née selon la manière commune des autres mortels — dans et avec le péché originel.
1. Cette souillure est, dans l’Écriture, attribuée universellement à tous les hommes, à l’exception du Christ seul. Celui-ci ne fut pas engendré de manière ordinaire, mais conçu de façon extraordinaire par le Saint-Esprit, et descendit d’Adam seulement comme principe matériel, non comme principe actif.
2. Elle-même avait besoin d’un Sauveur, qu’elle célèbre comme le sien (Luc 1:47).
3. Elle était tenue d’offrir les sacrifices de l’ancienne loi, ce qui ne pouvait se faire sans confession du péché.
4. Les effets de ce péché se retrouvent en elle, tout comme des péchés actuels. C’est pourquoi nous lisons qu’elle fut réprimandée même par le Christ (Jean 2:4 ; Luc 2:49 ; 8:19–21), les calamités et les épreuves — qui sont les fruits du péché — transperçant son âme (Luc 2:35).
Combien grandes furent les controverses sur ce sujet dans l’Église romaine entre Dominicains, Franciscains et Jésuites. Ces derniers soutenaient l’immaculée conception de la bienheureuse Vierge ; les premiers la niaient. Cela est connu de tous. L’erreur semble avoir pris naissance au Concile de Lyon, vers l’an 1136, à partir du culte excessif rendu à la Vierge (culte réfuté par Bernard, « Lettre 174 », ainsi que par les scolastiques de cette époque). Cependant, la controverse fut relancée de façon plus virulente après l’an 1300, et se poursuivit jusqu’en 1439, lorsque le Concile de Bâle se prononça en faveur des Franciscains (Session 36, Mansi, 29:182–83). Sixte IV confirma ensuite cela en 1476. Cela fut approuvé par le Concile de Trente, puis finalement sanctionné par une nouvelle bulle d’Alexandre VII en 1661, de sorte que cela put désormais être tenu comme une doctrine de l’Église.
Celui qui souhaite en savoir plus peut consulter le célèbre Heidegger (Dissertatio 8, De Conceptione B. Virginis Mariae, dans Dissertationum selectarum[1675], 1:177–241), qui a traité en profondeur l’histoire de cette controverse.
Pour plus de détails, je vous renvoie vers notre article principal sur le sujet : L’immaculée conception, une innovation. Pensez aussi à consulter nos autres articles sur le sujet.
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