Découvrez la liturgie réformée
5 mai 2020

Dans un article paru sur Évangile 21, Kevin DeYoung nous explique l’intérêt qu’il y a à réfléchir à l’organisation de notre culte pour le conformer à la Parole de Dieu.

Kevin DeYoung nous invite à considérer notre liturgie et à la comparer à la liturgie réformée historique dont il nomme les éléments les plus importants. Oui mais, beaucoup d’évangéliques ne connaissent pas (plus !) cette liturgie ! Le but de cet article est de la faire redécouvrir.

Premièrement, j’aimerais citer ici la Confession de Westminster qui énonce les éléments qui doivent faire partie de notre culte, au chapitre 21, paragraphe 5 :

5. Le culte religieux ordinaire de Dieu comprend (Mt 28.19 ; 1 Co 11.23-29 ; Ac 2.42) : la lecture des Écritures faite dans la crainte de Dieu (Ac 15.21 ; Ap 1.3), une solide prédication (2 Tm 4.2) et l’écoute attentive de la Parole dans l’obéissance à Dieu, et avec intelligence, foi et respect (Jc 1.22 ; Ac 10.33 ; Mt 13.19 ; Hé 4.2 ; És 66.2), le chant des psaumes avec la grâce dans le coeur (Col 3.16 ; Ép 5.19 ; Jc 5.13), comme aussi une juste administration des sacrements institués par Christ ; à cela s’ajoutent les serments religieux (Dt 6.13 avec Né 10.29), les vœux (És 19.21 avec Ec 5.4,5), les jeûnes solennels (Jl 2.12 ; Est 4.16 ; Mt 9.15 ; 1 Co 7.5) et les actions de grâce lors de circonstances particulières (Ps 107 ; Est 9.22), le tout devant être pratiqué, en temps voulu, de manière sainte et religieuse (Hé 12.28).

Étant donc à l’écoute de la Parole, la liturgie réformée a été traditionnellement organisée suivant ce schéma :

  1. Accueil. Le psaume 100 était alors souvent chanté, le pasteur ou celui qui présidait invite alors à louer, à disposer son coeur au culte.
  2. Rappel de la Loi. (Selon les liturgies cet élément se trouvait soit avant l’aveu des fautes soit après l’annonce du pardon). La congrégation pouvait chanter les dix commandements et les exigences morales de Dieu étaient alors rappelées. L’idée est soit de pousser à la confession des péchés soit d’instruire les chrétiens sur la façon dont ils doivent vivre.
  3. Aveu des fautes. Ayant entendu la loi, les fidèles étaient exhortés à confesser leurs péchés personnels et un temps leur était donné pour qu’ils puissent prier devant Dieu. Celui qui préside priait aussi au nom de l’assemblée toute entière pour confesser les péchés de l’Église en tant que corps. Le psaume 51 est particulièrement approprié pour être chanté à cette occasion.
  4. Annonce du pardon. Celui qui préside rappelait les promesses de Dieu à l’assemblée, selon lesquelles le pardon de Dieu est assuré à ceux qui confessent avec foi leurs péchés. L’assemblée pouvait alors prendre un chant célébrant la grâce de Dieu et son pardon comme le psaume 32.
  5. Confession de foi. Le président ou l’assemblée toute entière lisait alors le Symbole des Apôtres ou le Credo de Nicée. Puis des chants confessant les grandes vérités de la foi chrétienne pouvaient être entonnés.
  6. Sainte Cène. La Cène du Seigneur était célébrée et des chants sur le sujet étaient chantés.
  7. Exhortation et bénédiction. Le service était conclu par une exhortation du président et d’un chant proclamant la bénédiction de Dieu.

Le service comprenait aussi une lecture de sections de la Parole de Dieu, un sermon, un moment où l’Église récolte les dons des fidèles, une doxologie souvent placée à la fin d’un psaume (une doxologie est simplement un chant célébrant la gloire de Dieu), des moments de prière du peuple, des prières pour les autorités et, à l’occasion, un baptême, un jeûne, une reconnaissance particulière.

En lisant cela, certains seront gênés, cela sonne « catho » aux oreilles de plusieurs évangéliques. Mais il n’y a rien de plus protestant que cette liturgie. En effet, elle se base sur l’Écriture pour chacune de ses étapes et reproduit le message de l’Évangile.

En effet, en annonçant la Loi, confessant les fautes puis annonçant le pardon, cette liturgie reproduit le schéma de l’Évangile et d’Ésaïe 6 : le pécheur se rend compte de son péché face à la Loi de Dieu, le confesse puis s’assure dans le pardon de Dieu. Il peut alors confesser sa foi et célébrer la mort de Christ par la Cène.

Ce rythme du culte, basé sur l’Evangile, a l’avantage d’instruire en même temps les enfants. En effet, ceux-ci ne retiendront pas nécessairement ce qui sera dit pendant le culte, mais si tous les dimanches ils savent que l’on nous rappelle la Loi de Dieu, que l’on confesse nos péchés et que l’on croit en son pardon, ils seront ainsi enseignés pour ce qui a trait aux bases de l’Évangile auquel les adultes aussi doivent toujours revenir.

Mais pourquoi lire ou « réciter » un Credo ? Aïe, c’est là que les oreilles évangéliques se mettent en alerte. « Réciter », n’est-ce pas du formalisme sans cœur ? Réfléchissons deux minutes : Quand nous chantons un chant, ne sommes-nous pas en train de réciter ce qu’un autre a écrit ? Nous sommes prêts à réciter dès qu’il y a une mélodie, mais si on l’ôte, ça devient un sacrilège !

Au contraire, lire une confession de foi tous les dimanches a de nombreux avantages :

  1. Elle permet à l’assemblée de se remémorer les vérités centrales de sa foi.
  2. Elle permet encore aux enfants, par la répétition, d’apprendre ces vérités.
  3. Elle permet à l’assemblée de se rendre compte que sa foi est historique, qu’ils ont la même foi que les chrétiens du 3<sup>e</sup> ou 4<sup>e</sup> siècles qui ont écrit cette confession.
  4. Elle permet au visiteur de savoir rapidement ce que croient les chrétiens.
  5. Cela rend le culte participatif. Au lien de simplement écouter celui qui est devant et de se réveiller pendant les chants, le croyant est appelé à déclarer, avec ses frères et soeurs, sa foi.

Dieu n’accorde dans sa Parole aucune vertu particulière à ce qui serait spontané en opposition à ce qui serait préparé. Dieu accorde de la valeur à ce qui est fait avec le cœur. Et, bien des fois, ne sachant pas comment prier, j’ai trouvé que des prières dans les psaumes exprimaient mieux ce que j’avais sur le coeur que mes propres mots. Il ne faut donc pas se priver des credos ni des prières écrites, qu’elles soient écrites par soi-même, par un autre ou chantées. L’important étant de le faire avec le coeur. Et ne nous trompons pas, il est possible de prier nos propres mots sans avoir le coeur bien disposé !

Conclusion

Je vous invite alors, si vous avez l’opportunité de diriger le culte dans votre Église, à réfléchir à ces choses et, si vous assistez aux cultes de votre Église, à partager cela avec ceux qui dirigent le culte afin de les amener à la réflexion. Le but étant de rendre un culte à Dieu toujours plus conforme à sa Parole en le priant d’utiliser cela pour former des coeurs disposés à le louer !

>> Cet article peut vous intéresser : Comment adapter la liturgie réformée à un culte évangélique ?

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

6 Commentaires

  1. Pepscafe

    Bonjour Maxime,
    excellente réflexion sur un sujet peu porteur ! Merci de nous l’avoir partagée !
    La liturgie me paraît utile et pédagogique, en ce que, outre son rappel de ce que nous croyons, ses différentes séquences correspondent à la quasi-totalité de la vie chrétienne. En clair, d’après ce qui se fait lors des cultes réformés que je connais :
    – La louange, l’action de grâce, l’adoration.
    – La repentance (confession du péché) avec l’annonce du pardon.
    – La confession de foi.
    – La prière d’intercession et le Notre Père.
    – L’offrande, l’annonce et l’envoi-bénédiction.
    Chaque séquence représente donc une étape dans la vie chrétienne :
    * L’accueil : Une parole de bienvenue, et aussi une prière dont le but est avant tout d’invoquer le nom du Seigneur et de poser sa seigneurie sur le culte.
    * Louange-repentance-annonce du pardon : louange, dans le fait de découvrir qui est Dieu, et pour prendre conscience de qui je suis, et surtout ce que je ne suis pas. De cette reconnaissance de ma faillibilité l’accueil de la parole de grâce de Dieu.
    * Confession de foi : pour repositionner correctement ma relation avec Dieu : savoir qui Il est et ce que je suis [quid du chant « je sais qui je suis » – que je trouve égocentrique – lors des cultes ?]
    * Intercession et notre Père : pour passer du « moi-Dieu » à l’ouverture vers les autres et pour donner au Seigneur le dernier mot de notre prière, lorsque nous proclamons celle qu’Il a apprise à ses disciples.
    * Offrande et annonces : une prolongation de notre prière, traduite en acte, et non un temps de pause/distraction.
    * Envoi et bénédiction : un rappel de ce que Dieu veut pour nous, lequel Dieu nous envoie dans le monde être ceux que nous sommes appelés à être.
    Concernant le fait de « lire » ou « réciter » un crédo, tout comme le fait de chanter, il s’agit d’un acte qui est, effectivement, d’une très grande importance, puisqu’il s’agit en réalité d’une proclamation de ce que nous croyons.
    Et encore merci pour ce partage !
    Bénédictions en Jésus-Christ,
    Fraternellement,
    Pep’s

    Réponse
  2. Erwan Fausther

    Merci Maxime pour ce bel article.
    Je trouve la liturgie réformée très belle.
    Et j’aime beaucoup que tu rappelles que même si ça paraît catho, la liturgie se base sur l’Ecriture et qu’elle reproduit l’évangile.
    Paix et grâce en Christ.

    Réponse
    • Maxime N. Georgel

      Merci de ce retour. Ton église vit-elle quelque chose de similaire ? Comment peux-tu encourager à ce que ce soit le cas ?

      Réponse
      • Erwan Fausther

        Dans notre liturgie, nous avons l’appel à louer, les chants, la confession des péchés, l’assurance du pardon, la prédication et la sainte cène.
        J’ai moi-même eu la grâce d’être de présidence deux fois. La première, j’ai fait lire l’article sur Dieu de la Confession de foi de 1689 pour que nous affirmions en église ce que nous croyons à son sujet. La seconde, j’ai fait lire la 1ère question et sa réponse du catéchisme d’Heidelberg.
        A chaque fois, j’ai demandé au ministre du culte d’entonner la doxologie avant la prière de bénédiction. C’était tellement beau :-).
        Mais je me note le symbole des apôtre pour la prochaine fois.

        Réponse

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