Les pères de l'Église et la papauté (7) : Ambroise
20 décembre 2017

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Cet article est le septième de notre série sur les pères et la papauté, adaptation de l’article de William Webster à ce sujet.


Ambroise était l’évêque de Milan dans la dernière partie du IVème siècle. Il fut l’un des plus grands pères de l’Église occidentale, mentor de Saint Augustin et universellement reconnu comme l’un des plus grands théologiens de l’ère patristique. Il fait partie de ceux qui sont reconnus par l’Église catholique romaine comme docteurs de l’Église. Il est souvent cité comme un père appuyant l’interprétation catholique et moderne de Matthieu 16:18. La citation suivante est la plus souvent citée ainsi :

C’est à Pierre lui-même qu’Il dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Là où est Pierre, là est l’Église.
(W.A. Jurgens, The Faith of the Early Fathers (Collegeville: Liturgical, 1979), Volume 2, St. Ambrose, On Twelve Psalms 440, 30, p. 150).

L’impression que veulent donner ici les apologètes romains est que ce commentaire d’Ambroise soutient l’interprétation romaine de Matthieu 16. Ils appliquent une telle logique à ce passage : La citation semble impliquer que la personne de Pierre est la pierre. Et, puisque les évêques de Rome sont les successeurs de Pierre, ils sont donc, par succession, les pierres de l’Église. Ainsi, selon Ambroise, l’Église est fondée sur le règne universel des évêques de Rome. Être en communion avec Rome c’est être dans l’Église, et inversement. Mais est-ce ce que Ambroise voulait dire ? Les autres passages où Ambroise parle de ce texte nous éclaireront :

Il dit : « Qui dites-vous que je suis ? » et, immédiatement, conscient de sa position et exerçant sa primauté, c’est-à-dire, sa primauté de confession et non d’honneur; sa primauté de foi et non de rang, Pierre répondit au nom du reste des apôtres, du reste même des hommes. Et c’est pour cela qu’il est appelé la pierre… La foi, ainsi, est la pierre et le fondement de l’Église, car ce n’est pas de la chair de Pierre mais de sa foi qu’il est dit que « les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle ». La confession de sa foi triomphait de l’enfer.
(The Fathers of the Church (Washington D.C., Catholic University, 1963), Saint Ambrose, Theological and Dogmatic Works, The Sacrament of the Incarnation of Our Lord IV.32-V.34, pp. 230-231).

Christ est la pierre, car « ils ont bu à un rocher spirituel, et cette pierre était le Christ » (1 Cor 10:4); mais il n’a pas refusé d’accorder ce nom à son disciple Pierre (petros) car il tire ce nom de la pierre (petra), il tire d’elle la solidité et la fermeté dans la foi… Votre pierre c’est votre foi, et la foi est la fondation de l’Église. Si vous êtes une pierre, vous serez dans l’Église car l’Église est sur la pierre. Celui qui a vaincu la chair est une fondation de l’Église; et, s’il ne peut pas égaler Pierre, il peut l’imiter.
(Commentary in Luke VI.98, CSEL 32.4).

Ces citations doivent nous suffire pour comprendre ce qu’Ambroise veut dire quand il mentionne Pierre comme la pierre. Le reste de l’article de William Webster apporte encore bien d’autres citations, analyses d’historiens et commentaires à ce sujet.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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