J’ai récemment écrit sur l’école à la maison en annonçant que je poursuivrai éventuellement la réflexion en « cassant » des mythes sur le homeschool, nous y voilà. Voici les 3 grosses appréhensions que les parents peuvent avoir en tête quand on leur parle de homeschool.
« Mais ils ne seront pas sociabilisés ! »
Je pourrai répondre à cette objection en vous redirigeant vers de longues études statistiques qui montrent l’inverse et que vous ne lirez pas, je préfère donc faire appel à votre bon sens.
Si nous devions partir de rien et créer un système pour apprendre aux enfants à créer des relations comme ils le feront dans leur vie d’adulte, que choisirions-nous ? Les réunir par groupe de 30 ayant tous le même âge avec un adulte ? Certainement pas. Je pense, au contraire, que développer des liens forts avec sa famille, des frères et soeurs de tout âge, des grands-parents, visiter d’autres familles de l’Église, des amis et leur apprendre par l’imitation en voyant l’hospitalité des parents et leurs visites chez d’autres est quelque chose de bien plus proche de la vie réelle.
Oui, cela nécessite de l’investissement. Oui, cela nécessite d’être hospitalier, de visiter les malades, de prendre soin les uns des autres dans l’Église, de ne pas délaisser les siens. Ah, mais en fait c’est exactement ce que la Bible nous demande. Il suffit de bon sens pour se rendre compte qu’un enfant peut très bien et même mieux développer ses relations dans un autre cadre que l’école. On pourra toujours donner des contre-exemples qui confirment la règle.
Toutefois, il est vrai que, comme le dit le psychiatre Jordan Peterson, l’école à la maison, si elle est associée à une personnalité destructrice comme une mère étouffante, ne fera qu’accentuer les conséquences néfastes de cette personnalité. Ainsi, l’école à la maison n’est évidemment pas la solution à tous les problèmes. Mais si elle est bien pratiquée, le bon sens nous indique qu’elle a un potentiel tout aussi grand, si ce n’est plus grand, pour socialiser les enfants, ce que les études confirment.
« Ils ne pourront pas rejoindre de grandes écoles »
En moyenne, les enfants qui apprennent à la maison ont 2 ans d’avance dans leur scolarité. Les grandes écoles l’ont compris. C’est pourquoi, si vous consultez les sites des grandes écoles renommées à l’international, vous verrez que, loin de rejeter le homeschool, elles considèrent que les personnes ayant été scolarisées à la maison favorablement. Par exemple l’Université d’Oxford dit « les candidats ayant été scolarisés à la maison sont considérés favorablement ». Le MIT, Princeton, acceptent sans problème les homeschoolers et Harvard dit même qu’il s’agit d’un plus.
Ainsi, l’école à la maison n’empêche personne de rejoindre une bonne école, bien au contraire.
« J’ai pas le niveau pour faire ça »
Les parents désirent (ou devraient désirer !) le mieux pour leurs enfants. C’est pourquoi ils veulent confier leur éducation à des professionnel et les inscrivent dans les écoles (publiques ou privées). De plus, beaucoup se sentent incapables de relever ce défi. Ce sentiment d’incapacité repose sur deux fausses idées que j’aimerai questionner.
La première est que ce sont les adultes qui apprennent aux enfants. Le projet One Laptop consistait à abandonner dans deux villages en Ethiopie un carton contenant plusieurs ordinateurs portables. Ce village était habité par des personnes totalement illettrées et le but était d’observer comment les enfants du village allaient réagir. Ces enfant n’avaient jamais vu aucun texte, même pas un panneau routier.
En 4 minutes, l’un des enfants avait trouvé comment ouvrir la boîte et comment allumer l’ordinateur. Au bout de 5 jours, ils utilisaient 47 applications par jour et par enfant. Au bout de 2 semaines ils chantaient des chants sur l’alphabet dans le village (ils n’étaient donc plus tout-à-fait illettrés) et après 5 mois ils réussirent à hacker Android (le système d’exploitation de ces ordinateurs).
Ces résultats nous indiquent que les enfants ont une capacité innée pour apprendre. Le rôle du parent qui se lance dans le homeschool n’est pas de faire rentrer la connaissance dans la tête de l’enfant. Cela, même un professeur ne pourra pas le faire. Le but est de lui donner les conditions, les outils et le soutien (moral, psychologique, etc.) pour qu’il apprenne. Mais c’est bien l’individu qui apprend.
Au collège, j’étais passionné d’aquariophilie (le monde des aquariums). Sans effort et sans professeur, j’ai dévoré des blogs, des livres et parcouru les magasins et les foires aquariophiles au point qu’en quelques mois j’en connaissais beaucoup plus que les vendeurs en animalerie. J’ai simplement eu la passion et le cadre qu’il fallait pour apprendre. Je n’ai pas compté les heures, je n’ai pas eu besoin de la pression d’une note évaluant mon progrès : j’avais mes aquariums en face de moi pour me dire si ce que je faisais réussissait. De même, si nous ne pouvons pas inspirer une passion pour tous les domaines (et devrions-nous le faire si c’était possible ?) à chaque enfant, nous pouvons toutefois profiter de leur curiosité, la valoriser et la faire grandir au lieu de l’étouffer dans des tests standardisés qui ne valorisent pas du tout ce que l’on a appris en plus du programme, par simple curiosité. La curiosité devrait être une valeur éducative tout aussi considérée que le problème de l’illettrisme.
Se souvenir de ce simple fait : les parents créent les conditions, les enfants apprennent « seuls » permet de comprendre que le homeschool n’est pas une tache impossible. Pas besoin d’être un génie en maths, en français, etc. Mes parents qui m’ont acheté un aquarium et des livres à ce sujet n’y connaissaient pas grand chose en aquariophilie, ils ont fournir le cadre et permis à ma curiosité de se développer pour devenir une passion. Et la passion permet d’apprendre très vite. Faites confiance à vos enfants, Dieu les a créé avec une capacité d’apprentissage fantastique et un organe avide de connaissance : le cerveau.
La deuxième fausse idée sur l’éducation, est de croire que des professionnels seront plus capables que vous de créer ces conditions propices à l’apprentissage. Pour obtenir un doctorat, il faut en moyenne 18 000 heures d’étude. Quand votre enfant aura 3 ans, vous aurez passé avec lui l’équivalent du temps qu’il faut pour avoir un doctorat. Vous aurez donc, en quelque sorte, un doctorat en éducation de votre enfant à l’âge où l’école commence.
La famille a été créée par Dieu. Dieu a voulu que les parents soient ceux qui éduquent leurs enfants, l’instruction intellectuelle fait partie de cette éducation. En tant que parents, vous avez un mandat et une position unique qui vous rend capables d’instruire vos enfants mieux que n’importe qui. Oui, les professeurs sont formés. Mais la plupart du temps le sujet de leur thèse ou de leur mémoire n’est pas celui qu’ils enseigneront en cours et ils seront confronté à 20 élèves ou plus. Des élèves qu’ils aiment moins que leurs parents ne le font, qu’ils connaissent moins, qu’ils ne verront que quelques années ou même qu’une année. Là encore, le bon sens nous indique que vous serez les mieux placés pour les éduquer et les instruire.
Bien-sûr, le homeschool, comme toute l’éducation, reste un défi. Mais il n’est pas interdit de demander de l’aide, des conseils, de suivre les nombreux blogs et de lire les livres sur le sujet. Mais surtout, si vous aimez vos enfants et désirez obéir à Dieu par ce moyen (je ne veux pas dire que les autres moyens sont une désobéissance !), sachez qu’il pourvoira et vous donnera la force de le faire et que cela sera immensément gratifiant.
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