Neuf arguments en faveur de l'ancienneté des vaudois.
28 août 2017

L’appellation “vaudois” fait référence à des mouvements chrétiens qui ont suscité bien des discussions et débats. Ces croyants ont subi d’intenses et nombreuses persécutions dans leur histoire. On distingue généralement les vaudois du Piémont, dont l’histoire est plus précise que celle des vaudois dits d’Europe. Ces derniers sont souvent confondus avec les cathares et albigeois. Il est probable que ces vaudois d’Europe se soient formés suite à la prédication de vaudois du Piémont.

En effet, on rapporte que ces derniers allaient de maison en maison pour vendre des objets. Puis, quand on leur demandait s’ils avaient autre chose à vendre, il disait qu’ils avaient une perle de grand prix et récitaient alors des passages du Nouveau Testament que de nombreux vaudois avaient mémorisé en partie ou intégralement.

Le débat majeur autour des vaudois est celui de leur origine, que l’on fait souvent remonter à Pierre de Lyon, le leader et prédicateur des pauvres de Lyon. Toutefois, nous listerons ici 9 arguments, donnés par Monastier dans son histoire des vaudois, qui nous laisse penser que les vaudois sont antérieurs à Pierre de Lyon. Ainsi, cet article est composé presque exclusivement de citations de Monastier. Nous remercions le site info-bible qui a publié en ligne l’intégralité du livre de Monastier.

I/ Il a toujours existé des communautés chrétiennes séparées de Rome, aux croyances proches de celles des vaudois et dont certaines se trouvaient en terres appelées par la suite vaudoises.

Le pape Célestin I, écrivant aux évêques des provinces Viennoise et Narbonnaise dans les Gaules, entre l’an 423 et 432, se plaint à eux de la permission qu’ils accordaient à des prêtres étrangers de prêcher à leur gré et d’agiter des questions indisciplinées qui amenaient des discussions dans l’Église. Il affecte de ne pas préciser l’objet de sa plainte. Cependant la fin de sa lettre fait comprendre qu’il est question des saints, et que les prédicateurs qu’il a en vue ne sont pas favorables aux erreurs propagées sur cette doctrine. Voici ses expressions:

« Cependant, dit-il, nous ne devons pas nous étonner s’ils osent de telles choses envers les vivants, ceux qui s’efforcent de détruire la mémoire de nos frères maintenant dans le repos. »

De ce fait on peut conclure, il nous semble, que les Églises des Gaules n’étaient pas alors favorables aux images et à l’invocation des saints, et qu’un nombre considérable de prêtres résistaient courageusement à l’envahissement de cette fausse doctrine. (Delectus Actorum, etc., t. 1, p. 177-178.)

Vers ce même temps, à la fin du IVe siècle, un nouveau fait, en confirmant l’état de l’Église des Gaules, nous apprend que la Lombardie avait aussi ses fidèles opposés à la cause des images et aux autres nouveautés. Vigilance, homme instruit, quoique saint Jérôme avance le contraire, originaire de Comminge en Aquitaine, était prêtre et en avait exercé les fonctions à Barcelone ou dans le voisinage. Ayant fait un voyage en Orient, il s’y trouva en présence de saint Jérôme, solitaire célèbre. Ce fut vainement que le cénobite essaya de convaincre Vigilance et de lui taire approuver ses opinions sur les reliques, les saints, les images, les prières qu’on leur adressait, les cierges que l’on tenait allumés sur les tombeaux, les pèlerinages, les jeûnes, le célibat des prêtres, la vie solitaire, etc., Vigilance resta inébranlable. Il paraît qu’à son retour, ce prêtre opposé aux nouvelles doctrines se fixa en Lombardie, on pourrait même croire vers les Alpes Cottiennes , où il trouva un refuge. C’est saint Jérôme lui-même qui nous l’apprend dans une de ses lettres à Ripaire.

« J’ai vu, dit-il, il y a quelque temps, ce monstre appelé, Vigilance. J’ai voulu, par des passages des saintes Ecritures, enchaîner ce furibond, comme avec les liens que conseille Hippocrate mais il est parti, il s’est retiré, il s’est précipité, il s’est évadé, et depuis l’espace qui est entre les Alpes où a régné Cottus et les flots de l’Adriatique, il a crié jusqu’à moi, O crime! il a trouvé des évêques complices de sa scélératesse. »

(Hieronimus ad Riparium, contra Vigilantium, t. II, p. 158, etc.)

Vers le milieu du VIIIe siècle, la lutte de la fidélité contre les erreurs dure encore. Nous la voyons s’élever entre des prélats français et Boniface, apôtre de la Germanie. Claude Clément, Sidonius, Virgilius, Samson, et Aldebert à leur tête, reprochaient à Boniface de répandre les erreurs suivantes: le célibat des prêtres, le culte des reliques, l’adoration des images, la suprématie des papes, les messes pour les morts, le purgatoire, etc. Pour cette raison, les auteurs catholiques romains les accusent d’hérésie, et reprochent surtout à Aldebert d’avoir blâmé comme inutiles l’imposition des mains, les signes de croix et d’autres cérémonies déjà reçues alors dans le baptême.

L’épître Xe du pape Zacharie à Boniface est trop précise sur l’existence dans l’Eglise d’une forte opposition aux envahissements du culte romain, et même sur celle d’un culte chrétien différent et plus évangélique, pour que nous ne la citions pas ici :

«Quant aux prêtres, y est-il dit, que votre fraternité rapporte avoir trouvés, qui sont en plus grand nombre que les catholiques, qui sont errants, déguisés sous le nom d’évêques ou de prêtres, non ordonnés par des évêques catholiques, qui se jouent du peuple, confondent les ministères de l’Eglise et les troublent. Hommes faux, vagabonds, adultères, homicides, efféminés, sacrilèges, hypocrites, la plupart esclaves tonsurés qui ont fui leurs maîtres, serviteurs du diable transformés en ministres de Christ, qui vivent à leur propre gré, étant sans évêques, ayant leurs partisans pour défenseurs contre les évêques, afin qu’ils n’attaquent pas leurs moeurs criminelles, qui assemblent séparément un peuple complice, et exercent leur ministère erroné, non dans une église catholique, mais dans des lieux sauvages, dans les celliers des campagnards, où leur maladroite folie peut être cachée aux évêques.»

(Sacrô-sancta Concilia… studio Ph. LABEI, etc., t. VI col. 1519.)

Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire de laver les prêtres dont il est ici question des accusations d’adultère et d’homicide, de sacrilège et d’hypocrisie; chacun sait que les écrivains de l’Église romaine n’ont jamais épargné, les épithètes injurieuses et les calomnies lorsqu’il était question de ses adversaires. Il nous suffit d’avoir signalé au VIIIe siècle, par la lettre même d’un pape, l’existence de prêtres et de chrétiens réunis en assemblées religieuses, et non soumis au joug de Rome.

Un des faits les plus saillants de la résistance de l’Église fidèle à l’envahissement des erreurs, dont Rome fut le centre, est l’épiscopat de Claude de Turin. C’est un fanal qui éclaire la nuit de ces temps reculés et qui reflète au loin sa vive et belle lumière. A sa clarté, nous entrevoyons dans le lointain ces Vallées Vaudoises, où la flamme sacrée de l’Évangile que Claude de Turin avait ravivée et entretenue continuera à purifier les coeurs, alors que l’humide brouillard de l’hérésie romaine l’aura éteinte dans la plaine.
Claude, d’abord chapelain de Louis-le-Débonnaire, déjà du vivant de Charlemagne, fut nommé par le premier de ces princes évêque de Turin, vers l’an 822, sous le pontificat de Pascal I, qui mourut le 13 mai 824, et administra le diocèse jusqu’en 839, époque de sa mort, à ce que l’on croit. Prédicateur éloquent et versé dans la connaissance de la Parole de Dieu, il exerça un ministère actif et fructueux durant dix-sept années, et, ce qui est le caractère le plus apparent de son oeuvre, il fit disparaître des basiliques toutes les images. Miné par les partisans de ce culte inconnu à la primitive Eglise, il écrivit quelques livres pour répondre aux adversaires du dehors. Ces écrits sont perdus, à l’exception des lambeaux que Jonas d’Orléans, son adversaire, nous en a conservés. Bien qu’incomplets, et mutilés ils restent un éclatant témoignage de la doctrine prêchée durant dix-sept, ans, dans les mêmes contrées où nous la trouverons plus tard professée par les Vaudois. Les passages que nous allons en citer prouveront que Jonas d’Orléans ne faisait pas une trop grande concession, en avouant que Claude de Turin avait quelque connaissance des saintes Ecritures.
L’écrit de Claude de Turin que Jonas d’Orléans nous a conservé, ainsi que Dungal, est intitulé : Réponse apologétique de Claude, évêque, à l’abbé Théodémir.

J’ai reçu, écrit-il, par un certain porteur campagnard, ta lettre pleine de babil et de sottises avec les additions dans lesquelles tu déclares que tu as été troublé, en quelque sorte, de ce que le bruit s’est répandu, à ma honte, depuis l’Italie dans toutes les Gaules, jusqu’en Espagne, que je prêche pour former une nouvelle secte, contre la règle de la foi catholique, ce qui est entièrement faux; et ce n’est pas merveille, si les membres de Satan parlent de moi de la sorte, puisqu’ils ont appelé notre chef séducteur et démoniaque. Car je n’enseigne point une nouvelle secte, moi qui reste dans l’unité (de l’Eglise) et qui proclame la vérité. Mais, autant qu’il a dépendu de moi, j’ai étouffé les sectes, les schismes, les superstitions et les hérésies, et je les ai combattus, écrasés, renversés, et, Dieu aidant, je ne cesse de les renverser autant qu’il dépend de moi. Depuis que, malgré moi, je me suis chargé du fardeau de l’épiscopat, et, que, envoyé par le pieux Louis, fils de la sainte Eglise de Dieu, je suis arrivé en Italie, j’ai trouvé à Turin toutes les basiliques remplies de souillures dignes d’anathème et d’images, contrairement à l’ordre de la vérité; et, comme tout ce que les autres adoraient, seul je l’ai renversé, c’est aussi sur moi seul qu’on s’est acharné. C’est pour cela que tous ont ouvert leur bouche pour me calomnier; et, si le Seigneur ne m’eût été en aide, ils m’auraient peut-être dévoré vif. Ce qui est dit clairement: Tu ne le feras aucune ressemblance des choses qui sont au ciel, ni sur la terre, etc., s’entend non-seulement de la ressemblance des dieux étrangers mais aussi des créatures célestes et de ce que l’esprit humain a pu inventer en l’honneur du Créateur.
Nous ne prétendons pas, disent ceux contre qui nous défendons l’Eglise, nous ne prétendons pas que l’image que nous adorons ait quelque chose de divin, mais nous l’adorons avec le respect qui est dû à celui qu’elles représentent. A quoi nous répondons : que si les images des saints sont adorées d’un culte diabolique, mes adversaires n’ont pas abandonné les idoles, ils n’ont fait qu’en changer le nom. Si donc tu écris ou peins sur les murs les images de Pierre, de Paul, de Jupiter, de Saturne ou de Mercure, ce ne sont ni des dieux, ni des apôtres; ni les uns ni les autres ne sont des hommes; le nom est changé, mais l’erreur reste et demeure à toujours, en ce sens qu’ils ont une image de dieu privée de vie et de raison, au lieu d’images d’animaux, ou, ce qui est plus exact, au lieu de pierre et de bois.
On doit donc bien considérer que, s’il ne faut ni adorer ni servir les oeuvres de la main de Dieu, à bien plus forte raison on ne doit ni adorer ni servir les oeuvres de la main des hommes, pas même de l’adoration due à ceux qu’on prétend qu’elles représentent. Car si l’image que tu adores n’est pas Dieu, tu ne dois nullement l’adorer de l’adoration offerte à des saints, qui ne s’arrogent point du tout les honneurs divins.
Il faut donc bien retenir ceci, c’est que tous ceux qui accordent les honneurs divins, non-seulement à des images visibles, mais à une créature quelconque, qu’elle soit céleste ou terrestre, spirituelle, ou corporelle, et qui attendent d’elle le salut qui vient de Dieu seul, sont de ceux dont parle l’Apôtre quand il dit : Ils ont servi la créature plutôt que le Créateur.
Pourquoi t’humilies-tu et t’inclines-tu devant de vaines images ? Pourquoi courbes-tu ton corps devant des simulacres insensés, terrestres, esclaves ? Dieu t’a créé droit, et tandis que les animaux sont penchés vers la terre, il veut que tu élèves tes yeux au ciel et que tu portes tes regards vers le Seigneur. C’est là qu’il faut regarder; c’est là qu’il faut lever les yeux. C’est en haut qu’il faut chercher Dieu, pour apprendre à se passer de la terre. Élève donc ton coeur au ciel; pourquoi t’étendre dans la poussière de la mort avec l’image insensible que tu sers? Pourquoi te livrer au diable pour elle et avec elle? Garde l’élévation où tu es né; maintiens-toi tel que Dieu t’a fait.
Mais voici ce que disent les misérables sectateurs de la fausse religion et de la superstition. C’est en mémoire de notre Sauveur, que nous servons, honorons et adorons la croix peinte ou érigée en son honneur. Rien ne leur agrée donc en notre Sauveur que ce qui a plu même aux impies, l’opprobre de sa passion et l’ignominie de sa mort. Ils croient de lui ce qu’en croient les méchants, tant juifs que païens, qui rejettent sa résurrection et ne savent le considérer que comme torturé, et qui dans leur coeur le regardent toujours dans l’agonie de la passion, sans penser à ce que dit l’Apôtre, et sans comprendre cette parole : Nous avions connu Christ selon la chair, mais maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière.
Voici ce qu’il faut répondre à ces gens-là. Que s’ils veulent adorer tout bois taillé en forme de croix, parce que Christ a été suspendu à la croix, il y a bien d’autres choses que Christ a faites pendant qu’il était dans sa chair et qu’ils feront mieux d’adorer.
En effet, à peine est-il resté six heures suspendu à la croix, tandis qu’il a passé neuf mois dans le sein d’une vierge; adorons donc les vierges, parce que c’est une vierge qui a donné le jour à Jésus-Christ. Adorons les crèches, puisque d’abord après sa naissance il fut couché dans une crèche. Adorons de vieux haillons, puisqu’il fut emmailloté dans des haillons. Adorons les navires, puisqu’il navigua souvent, qu’il enseigna les troupes du haut d’une barque, qu’il dormit sur une barque, et que ce fut d’une barque qu’il ordonna de jeter le filet, lors de la pêche miraculeuse. Adorons les ânes, puisqu’il entra à Jérusalem monté sur un âne. Adorons les agneaux, puisqu’il est écrit de lui: Voici l’Agneau de Dieu qui Ote les péchés du monde. Mais ces fauteurs de dogmes pervers veulent dévorer les agneaux vivants et les adorer peints sur les murailles. Adorons les lions, car il est écrit de lui : Le lion de Juda, race de David, a vaincu. – Adorons les pierres, puisque, descendu de la croix, il a été placé dans un sépulcre de pierre, et que l’Apôtre dit de lui: Or, ce rocher était Christ. Mais Christ est appelé rocher, agneau, lion, figurément et non dans le sens propre. Adorons les épines des buissons, puisque c’est de là que vint la couronne d’épines placée sur sa tête, au temps de sa passion. Adorons les roseaux, puisqu’ils fournirent aux soldats un instrument pour le frapper. Enfin, adorons les lances, puisque l’un des soldats le frappa dune lance au côté, et, qu’il en sortit du sang et de l’eau.
Tout cela est ridicule ; il vaudrait mieux le déplorer que l’écrire. Contre des sots nous sommes contraint d’avancer des sottises, et de lancer contre des coeurs de pierre, non pas les traits ou les maximes de la Parole, mais des projectiles de pierre. Convertissez-vous, prévaricateurs, qui vous êtes retirés de la vérité, et qui aimez la vanité, et qui êtes devenus vains, qui crucifiez de nouveau le Fils de Dieu et l’exposez à l’ignominie, qui avez rendu ainsi une foule d’âmes complices des démons, et qui, les éloignant de leur Créateur, au moyen des sacrilèges détestables de vos images, les avez abattues et précipitées dans la damnation éternelle.
Dieu commande une chose, et ces gens en font une autre. Dieu commande de porter la croix, et non pas de l’adorer. Ceux-ci veulent l’adorer, et ne la portent ni corporellement ni spirituellement. Servir Dieu de cette manière,c’est s’éloigner de lui. Il a dit lui-même : Que celui qui veut venir après moi renonce à soi-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive, sans doute parce que celui qui ne renonce pas à soi-même ne s’approche pas de celui qui est au-dessus de lui, et qu’il ne peut saisir ce qui se passe, s’il n’a appris de bonne heure à le connaître.
Quant à ce que tu me reproches que j’empêche le monde de courir en pèlerinage à Rome pour y faire pénitence, tu ne dis pas la vérité. En effet, je n’approuve pas le voyage, parce que je sais qu’il ne nuit pas à tous et qu’il n’est pas utile à tous; qu’il ne profite pas à tous et qu’il n’est pas dommageable à tous. Je veux premièrement te demander à toi-même, si tu reconnais que c’est faire pénitence que d’aller à Rome, pourquoi depuis si longtemps as-tu damné tant d’âmes que tu as retenues dans ton monastère et que tu y as même reçues pour y faire pénitence, les ayant obligées à te servir, au lien de les envoyer à Rome ? Tu prétends en effet posséder cent quarante moines, qui se sont tous rendus auprès de toi pour faire pénitence, qui se sont livres au monastère, et à aucun desquels tu n’as permis d’aller à Rome. S’il en est ainsi, qu’aller à Rome soit faire pénitence, et que cependant tu les empêches, que diras-tu contre cette déclaration du Seigneur: Que celui qui aura mis achoppement à l’un de ces petits, il voudrait mieux qu’une meule de moulin lui fût pendue au col et qu’il fut jeté au fond de la mer. Il n’y a aucun scandale plus grand que d’empêcher un homme de suivre un chemin qui pourra conduire ait bonheur éternel.
Nous savons bien’ que cette sentence de l’Evangile est très-mal entendue : Tu es Pierre et sur cette pierre j’édifierai mon Eglise, et je te donnerai les clefs du royaume des cieux. C’est en vertu de ces paroles du Seigneur qu’une tourbe ignorante, négligeant toute intelligence spirituelle, tient à se rendre à Rome pour acquérir la vie éternelle. Celui qui entend convenablement les clefs du royaume des cieux ne recherche pas une intercession locale de saint Pierre. En effet, si nous examinons la valeur des paroles du Seigneur, il n’a pas été dit à saint Pierre seul Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. En effet, ce ministère appartient à tous les vrais surveillants et pasteurs de l’Eglise, qui l’exercent tandis qu’ils sont en ce monde; et quand ils ont payé la dette de la mort, d’autres succèdent à leur place et jouissent de la même autorité et puissance. Tu ajoutes encore l’exemple de David : Au lieu de tes pères, il t’est né des fils, et tu les établiras princes sur toute la terre.
Revenez, aveugles, à votre lumière. Revenez à celui qui illumine tout homme venant au monde. Cette lumière luit dans les ténèbres (5), et les ténèbres ne font point comprise. Tous tant que vous êtes, qui, ne voyant pas ou ne regardant pas cette lumière, marchez dans les ténèbres et ne savez où vous allez, parce que les ténèbres ont aveuglé vos yeux, écoutez; insensés, qui en allant à Rome, cherchez l’intercession de l’Apôtre, écoutez, ce que dit entre autres saint Augustin, au livre IX de la Trinité: Viens avec moi, et considère pourquoi nous aimons l’Apôtre : Est-ce à cause de sa figure humaine que nous connaissons fort bien? Est-ce parce que nous croyons qu’il a été homme? Non certes, autrement nous n’aurions plus rien à aimer, puisque cet homme-là n’existe plus; son, âme a quitté son corps. Mais nous croyons que ce que nous aimons en lui vit encore maintenant. Si le fidèle doit croire Dieu quand il promet, combien plus quand il jure et dit : Que s’il y avait au milieu de cette ville-là Noé, Daniel et Job, c’est-à-dire, si les saints que vous invoquez étaient remplis d’une sainteté, d’un mérite et d’une justice aussi grande que ceux-là, ils ne délivreraient ni fils ni fille. Et c’est à cette fin qu’il l’a déclaré; savoir, afin que nul ne mette sa confiance ni dans les mérites, ni dans l’intercession des saints, parce que s’il ne persévère dans la foi, dans la justice, dans la vérité où ils ont persévéré, et par laquelle ils ont plu à Dieu, il ne pourra être sauvé. Quant à vous, qui cherchez l’intercession de l’Apôtre en allant à Rome, écoutez ce que dit contre vous saint Augustin, si souvent cité (6) : Ecoutez ceci, peuples pervers, fous que vous êtes; devenez une fois avisés : Celui qui a planté l’oreille n’entendra-t-il point? Celui qui a formé l’oeil ne verra-t-il point? Celui qui châtie les nations, Celui qui donne à l’homme la science, ne reprendra-t-il point?
La cinquième chose que tu ma reproches, c’est qu’il te déplaît que dominus Apostolicus (monsieur l’Apostolique) se soit indigné contre moi (tu parles ainsi du défunt évêque de Rome, Pascal), et qu’il m’ait honoré de ma charge. Mais puisque apostolique veut en quelque sorte dire gardien d’apôtre, il ne faut certes pas appeler apostolique celui qui est assis dans la chaire de l’Apôtre, mais celui qui remplit les fonctions d’apôtre. Quant à ceux qui occupent cette chaire sans en remplir les devoirs, le Seigneur a dit : Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse; observez et faites ce qu’ils vous diront – mais ne faites pas comme ils font, parce qu’ils disent et ne font pas.
(Matth., XXIII, v. 2, 3. – Voir Maxima Bibliotheca, P. P., t. XVI, col. 139 – 169 et suiv.)

La lecture attentive de cette lettre montre avec évidence le caractère chrétien et éminemment évangélique de Claude de Turin. On y voit que la source où il puise son courage et sa fidélité est la Parole de Dieu, et l’on peut conclure de l’emploi continuel qu’il fait de l’Ecriture dans ses écrits, qu’il l’a prêchée et répandue dans son diocèse; qu’il a dû donner un élan nouveau a l’étude des saintes lettres, – exciter les ministres de la religion à n’enseigner que ce qu’elles contiennent, et conduire les brebis confiées à ses soins au seul Berger céleste qui puisse les paître et les sauver éternellement.

Il est facile de se figurer l’immense influence qu’a dû exercer un tel homme durant un épiscopat de dix-sept ans environ. Et lors même qu’on réussirait à prouver, ce qui n’est pas possible, que son oeuvre a été isolée, sans antécédents, sans conséquences ultérieures remarquables; si l’on démontrait que les évêques qui le suivirent ont tous travaillé à la détruire, il n’en demeurerait pas moins certain qu’elle a eu lieu, et il resterait toujours la possibilité, bien plus la probabilité, qu’elle se sera perpétuée après lui dans bien des coeurs, tout au moins dans quelqu’une des parties de son vaste diocèse, dans les vallées des Alpes Vaudoises, par exemple, moins exposées que la plaine au brusque envahissement de l’autorité des papes.

Mais les paroles mêmes de Claude, dans sa lettre à l’abbé Théodémir, nous font voir avec clarté que l’évêque de Turin a continué une oeuvre commencée : « Je n’enseigne point une nouvelle secte, écrit-il, moi qui reste dans l’unité et qui proclame la vérité. Mais, autant qu’il a dépendu de moi, J’ai étouffé les sectes, les schismes, les superstitions et les hérésies, et je les ai combattus, écrasés, renversés, et, Dieu aidant, je ne cesse de les renverser autant qu’il dépend de moi. » Qui ne voit, qu’en s’opposant dans son diocèse au culte des images, Claude de Turin a estimé demeurer dans l’unité, défendre la vérité, la vérité encore connue et encore vénérée ? Qui ne voit qu’en réformant des abus déjà introduits, Claude de Turin a voulu réprimer une secte, envahissante peut-être, mais enfin une secte, combattre un schisme, arrêter des superstitions et une hérésie?

La vigueur des expressions que Claude de Turin emploie pour désigner les partisans du culte des images, et l’énergie de ses remontrances, nous montrent aussi un homme qui attaque l’ennemi, plutôt qu’il ne se défend, tant il se sent lui-même à l’abri du danger par la force même de sa position. Le dédain avec lequel il parle des prétentions de Rome et du pape lui-même, qu’il compare aux scribes et aux pharisiens assis dans la chaire de Moïse, ne nous donne pas seulement à connaître la mesure de son courage, mais aussi celle de sa force.

Enfin, ce qui achève de démontrer que l’oeuvre de Claude de Turin n’est pas celle d’un novateur isolé, sans antécédents dans le diocèse même ni au-dehors, c’est son plein succès. Les images furent ôtées de toutes les basiliques; il est vrai, au mécontentement de ceux qui le montraient au doigt, mais sans que cet acte ait fait naître nulle part une opposition sérieuse. Il paraîtrait même que, comme il n’est parlé que de leur expulsion des basiliques, le culte des images n’avait point encore envahi les campagnes, mais seulement Turin, et peut-être les villes importantes du diocèse. Chacun comprendra qu’une oeuvre accomplie, presque sans résistance, dans un immense territoire, suppose l’adhésion de la masse du clergé et de l’Eglise à cette oeuvre. Et, si l’on réfléchit que Claude de Turin administra son évêché durant quinze ans au moins, on se convaincra que son zèle et sa fidélité, secondés par un clergé intelligent et dévoué, par l’amour des fidèles et la conscience du peuple, ont dû imprimer à la cause des saines doctrines et de la vie chrétienne un mouvement qui ne pouvait s’arrêter de sitôt.

L’existence d’un nombre plus ou moins grand de chrétiens séparés de Rome, au nord de l’Italie, est mise au jour par les épîtres d’Atto qui, l’an 945, administrait le diocèse de Verceil, situé entre Turin et Milan. Les lettres de cet évêque ont été conservées. Dans quelques-unes il parle de personnes qui ont déserté l’Eglise, et il les mentionne comme voisines de son propre diocèse. Les points de doctrine et autres, qu’il signale comme les séparant de l’Eglise dont il est évêque, paraissent être ceux que les Vaudois ont soutenus.

Ces rapprochements de lieu et de doctrine sont d’un grand intérêt. Ils ramènent nos regards vers ces contrées que Claude de Turin administra comme un fidèle pasteur de Jésus-Christ, et confirment le fait que la petite lampe de vérité, placée dans ces contrées, ne s’est jamais éteinte.

Les paroles mêmes d’Atto indiquent assez que le mal dont il se plaint était considérable, car il s’en ressentait dans son propre diocèse. Voici une de ses plaintes :

Atto, à tous les fidèles de notre diocèse. Hélas! il y en a beaucoup parmi vous qui tournent en dérision notre culte sacré; hélas! parce que de misérables coupables se sont, séparés de notre sainte mère Eglise et du clergé, par le moyen desquels seuls vous pouvez atteindre votre salut.
( Dacherii Spicilegium…. t. VIII, p. 110, emprunté au révérend M. GILLY.)

Cette citation prouve : 1° que ces “misérables coupables”, comme il plaît à l’évêque de Verceil d’appeler les restes de l’Eglise fidèle, s’étaient séparés de la “sainte mère Eglise” et du clergé de cette Eglise; que par conséquent, leur existence en dehors de cette Eglise était un fait accompli, ce dont nous prenons note.

Cette citation prouve : 2° que les effets de cette existence, à part, d’une Eglise chrétienne, séparée de la prétendue sainte Eglise mère, se faisaient sentir jusque dans le diocèse de Verceil, et que le culte des saints, déjà fort en honneur à cette époque, ainsi que les autres vanités et erreurs recevaient un grand préjudice d’un tel voisinage ; ce qui nous montre que la flamme qui brillait dans les ténèbres n’était pas encore si faible.

Un passage d’un auteur du XIe siècle pourrait bien se rapporter au même sujet. Petrus Damianus écrivant, en 1050, à Adélaïde, comtesse de Savoie (de Suse proprement) et duchesse des Subalpins, se plaint que :

Le clergé des états de cette princesse n’observe pas les ordonnances de l’Eglise. (V. Opéra DAMIANI,… p. 566. – GILLY, Recherches, etc., en anglais, p. 88.- Marquis COSTA DE BEAUREGARD, t. I, P. 111.)

La Chronique du monastère de Saint-Thron (dans la Belgique actuelle), écrite par l’abbé Radulphe ou Rodulphe, entre L’an 1108 et 1136, renferme un article, des plus importants. Le chroniqueur, parlant d’une contrée qu’il désire visiter quand il traversera les Alpes pour se rendre à Rome, la désigne comme “une contrée souillée par une hérésie invétérée, concernant le corps et le sang de notre Seigneur.”

Proeterea terram, dit-il, ad quam ulterius disposuerat peregrinari, audiebat pollutam esse inveterata haeresi de corpore et sanguine Domini. » (Spicilegium DACHERII, t. VII, P. 493. – GILLY, Recherches, etc., p. 88.)

Ce passage est important comme signalant la localité où se trouve l’hérésie; c’est une contrée, terram, et une contrée au passage des Alpes, en se rendant à Rome. Sans doute la désignation est vague dans un sens, mais elle est très-précise dans un autre , en la caractérisant comme étant dans les Alpes, ou au pied des Alpes; description qui convient parfaitement aux Vallées Vaudoises. De plus et surtout, cette contrée est représentée comme souillée d’une hérésie invétérée, pollutam esse inveterata haeresi. Ce reproche est d’une grande valeur pour nous. Il démontre que cette hérésie était connue de longue date, comme ayant son siège dans cette contrée, et comme n’ayant pu en être ôtée, inveterata, étant invétérée. Il prouve que l’hérésie dans cette contrée n’était pas l’effet de quelques individus isolés, mais de la masse, puisque toute la contrée en était souillée, pollutam. Ce qu’il y a de moins précis, c’est la doctrine qu’il qualifie d’hérétique. Il paraît ne la considérer que sous le rapport de la cène; mais en ce point aussi, l’Eglise vaudoise qui rejetait la messe, comme nous le verrons en son temps, était bien désignée.

Un autre témoignage digne d’attention est tiré des écrits d’un homme né dans le voisinage des vallées, savoir de Bruno d’Asti, évêque de Segni et abbé du Montcassin, vers l’an 1120. Ce qu’il dit ne se rapporte pas seulement au trafic indigne des choses saintes, à la simonie, mais à l’état général de corruption de l’Eglise de son temps, et surtout à l’existence de partisans actifs d’une vie plus chrétienne, à l’existence, disons-nous, d’une Eglise fidèle. Nous traduisons ce morceau:

«Nous avons dit, s’exprime Bruno, que déjà, du temps de saint Léon (vers 460), l’Eglise était tellement corrompue qu’on trouvait à peine quelqu’un qui ne fût pas simoniaque, ou qui n’eût pas été ordonné par des simoniaques; aussi trouve-t-on jusqu’à maintenant des personnes qui, par une mauvaise argumentation, et ne connaissant pas bien l’organisation de l’Eglise, soutiennent que le sacerdoce a défailli dans l’Eglise depuis ce temps-là. »
(Maxima Bibliotheca, P. P., t. XX., col. 1734.)

Bruno d’Asti ne nomme pas les Vaudois, mais il les désigne suffisamment; car, en confondant le pape saint Léon avec un autre Léon plus ancien, il cite une prétention formellement exprimée dans leurs écrits, et répétée dans les écrits de leurs adversaires; et il semble faire allusion à une de leurs traditions les plus fermes; savoir, à celle par laquelle les Vaudois font remonter leur croyance à Léon, confrère et contemporain de l’évêque de Rome, Sylvestre, au temps de l’empereur Constantin, comme on le verra plus tard.

Ces paroles d’un homme né dans le voisinage des Vallées Vaudoises, et réfutant une opinion ayant encore cours parmi eux conformément à leur tradition, paraîtront sans doute d’un grand poids à tous ceux qui savent réfléchir.

Ces divers faits démontrent avec force l’existence, aux Xe et XIe siècles, d’une Eglise non romaine, au nord de l’Italie.

A ces témoignages anciens, nous ajouterons celui d’un auteur moderne, le marquis Costa de Beauregard. Ce témoignage est d’autant plus important, que M. Costa, en sa qualité de catholique, ne peut être accusé de favoriser la cause des Vaudois, et qu’en sa qualité de gentilhomme savoyard, d’ami des sciences historiques, et d’auteur travaillant à l’histoire de sa patrie, il a pu être admis à consulter toutes les pièces des archives. Il s’exprime comme suit :

« Pour comble de maux, on se battait pour des opinions religieuses; au sein de la dépravation et de la plus grossière ignorance, on controversait. L’arianisme était très-répandu en Savoie, le manichéisme en Piémont. on voit, au Xe siècle, un comte de Turin et un évêque d’Asti prendre les armes de concert pour exterminer les manichéens attroupés dans les Langhes, les poursuivre le fer et, la flamme à la main, et les brûler eux et leurs villages.
Les sectaires, qui prirent en France le nom d’Albigeois, s’appelaient en Italie Paterini, Cathari ou Gazari, noms équivalents à celui de Puritains. Ils se réunirent ensuite aux religionnaires des vallées de Pignerol.
Il existe aussi une chronique de Fra-Dolcino, hérétique du XIe siècle, donnant quelques notions sur le manichéisme dont il était un ardent propagateur dans le Biellais, le Novarrais et le Verceillais, et dont les protestants des vallées de Pignerol ont en partie conservé les dogmes. »

(Mémoires historiques, etc., par le marquis COSTA DE BEAUREGARD, T I, p. 46, 47; – préface, p. XIII et XIV.)

L’an 1017 selon les uns, ou 1022 selon les autres, une manifestation religieuse attira l’attention. Des hommes, distingués par leur vie régulière, leurs connaissances et leur position sociale, furent accusés d’hérésie à Orléans. Ils étaient au nombre de quatorze, en comptant une religieuse. Le clergé y était fortement représenté, car six d’entre eux étaient chanoines de Sainte-Croix, entre lesquels on a nommé un Lisoïus, un Héribert, un Etienne. L’un d’eux avait été confesseur de la reine Constance. Il fut constaté que leur entente datait déjà de quelque temps, et que, tout en restant attachés extérieurement à l’Eglise, ils célébraient un service religieux à part. On est d’accord aussi pour dire qu’ils avaient été gagnés à l’hérésie par une femme venue d’Italie. Jugés par un synode assemblé à ce sujet, ils furent condamnés à être brûlés, parce qu’ils ne voulurent pas se rétracter ni abjurer leurs prétendues erreurs. (USSERIUS, Gravissiae Quaestionis, p. 279 à 280. – Histoire générale du Languedoc… t. II, p.155, 156.)

Fleury, auteur catholique, après avoir parlé en détail de ces sectaires, ajoute :

On brûla de même ceux de cette secte qui furent trouvés ailleurs, particulièrement à Toulouse, comme témoigne Ademar, moine d’Angoulême auteur du temps.

Ce même Ademar, contemporain de ces prétendus hérétiques, s’exprime encore comme suit :

Ces émissaires de l’Antéchrist étaient répandus en différentes parties de l’Occident, et se cachaient avec soin, séduisant tous ceux qu’ils pouvaient, hommes et femmes. »
(FLEURY, Histoire Ecclésiastique, t. XIII, p. 416, etc. )

A l’appui de ces faits, Usserius, archevêque d’Armagh en Irlande, au XVIIe siècle, cite un passage de P. Pitheus, tiré de son histoire d’Aquitaine, en ces mots :

« Tout-à-coup des manichéens se montrèrent dans l’Aquitaine (Gascogne), séduisant le peuple indistinctement et l’entraînant de la vérité dans l’erreur, … en sorte qu’ils détournaient de la foi beaucoup de simples. » Après avoir mentionné les hérétiques d’Orléans et de Toulouse, il répète ce qu’on vient de citer d’Ademar.
(USSERIUS, etc., p. 279. )

Presque à la même époque, l’an 1025, on découvrit d’autres sectaires à Arras, à l’extrémité septentrionale de la France, dans la Flandre. D’après Dupin, docteur catholique du XVIle siècle, on fit rapport à Gérard, évêque de Cambrai et d’Arras, qui se trouvait dans cette dernière ville:

Qu’il était venu d’Italie quelques personnes qui introduisaient une nouvelle hérésie. Ils étaient, selon leur dire, disciples de Candulphe ou Gandulphe, qui les avait instruits des commandements de l’Evangile et des apôtres, ajoutant qu’ils ne recevaient aucune autre écriture, mais qu’ils observaient celle-là exactement. » – Un synode fut assemblé. Il n’eut pas à condamner au feu, parce que les accusés abjurèrent leur nouvelle croyance et rentrèrent dans le sein de l’Eglise.
(DUPIN, Nouvelle Biblioth., t. VIII, part. II, p. 127.)

Turin eut aussi ses hérétiques, en 1030, selon que le rapporte Pierre de Vaux-Cernay, cité par M. Charles-Victor Goguel, dans la dissertation qu’il a présentée à la faculté de théologie de Strasbourg, en 1840, sur les Albigeois.

Radulphe Glaber, auteur du XIe siècle, raconte que, l’an 1028, il s’était introduit dans le château de Monteforte, du diocèse d’Asti, en Piémont, une secte qui renouvelait les rites païens et juifs, ou plutôt manichéens, selon Muratori. L’évêque d’Asti et son frère, le marquis de Suse, réunis à d’autres prélats ou seigneurs de la province, leur avaient livré inutilement plusieurs assauts. Mais Landolfo l’aîné raconte que Eribert ou Aribert, archevêque de Milan, se trouvant à Turin, fit prendre un de ces hérétiques, nommé Gérard, et ayant su par lui qu’il s’agissait de dogmes manichéens, il envoya des troupes contre le château et le prit. Un petit nombre d’hérétiques abjura, les autres furent brûlés vivants sur la place du Dôme. (Bossi, Storia d’Italia, t. XIV, p. 187 et suiv.)

D’autres hérétiques furent découverts dans le diocèse de Châlons-sur-Marne, vers l’an 1046, comme on le voit par une lettre de Rogerius II, évêque de Châlons, à Wazo, évêque de Liège. Il les accuse de suivre le dogme pervers des manichéens et d’avoir des conventicules secrets. Il assurait que si des hommes grossiers et ignorants entraient dans cette secte, ils devenaient aussitôt plus habiles à parler que les catholiques les plus instruits, au point qu’il semblait que leur babil l’emportait sur la vraie éloquence des sages. Il observe aussi qu’on reconnaît les hérétiques à leur pâleur. (Recueil Des Historiens des Gaules, t. XI, p. 11, ANSELMO autore.)

Dans le synode assemblé à Rheims, en 1049, sous le pape Léon IX, les nouveaux hérétiques qui se montraient dans les Gaules furent excommuniés.

Radulphe Ardens rapporte aussi que des hérétiques manichéens souillèrent le territoire d’Agen, vers la fin du XII, siècle, mais il nous laisse ignorer les caractères et les circonstances de cette manifestation religieuse. (USSERIUS, déjà cité, P. 281.)

Nous aurions pu signaler quelques autres mouvements religieux, par exemple, celui qui eut lieu à Goslar, en Allemagne, en 1052, à la suite duquel l’empereur Henri IV, qui se trouvait dans cette ville pour les fêtes de Noël, fit pendre ceux qui furent convaincus d’hérésie, afin, disait-il, d’épouvanter et de détourner les gens d’adopter leurs erreurs. Mais il suffit, pour le but que nous nous sommes proposé, d’avoir cité les faits précédents. (Centuriateurs de Maydebourg, centurie XI, col. 246. – Recueil des Historiens des Gaules, t. XI, P. 20.)

Nous croyons donc que ces prétendus hérétiques étaient des amis de l’Evangile, qui, éclairés par la lumière cachée presque partout sous le boisseau, essayèrent de la replacer sur le chandelier, et succombèrent sous les efforts de la puissance ténébreuse qui enveloppait l’Europe. Voici quelques fragments de leur doctrine, d’après l’auteur contemporain cité par Fleury. L’enfant de Dieu y reconnaîtra les leçons de l’Evangile, malgré la forme défavorable sous laquelle elles nous sont présentées.

Ils disaient encore que le baptême ne lavait point le péché, que le corps et le sang de Jésus-Christ ne se faisaient point par la consécration du prêtre, qu’il était inutile de prier les saints, soit martyrs, soit confesseurs; enfin que les oeuvres de piété étaient un travail inutile dont il n’y avait aucune récompense à espérer, ni aucune peine à craindre pour les voluptés les plus criminelles.»
(FLEURY, etc.; même citation que plus haut.)

Un fragment d’histoire d’Aquitaine, publié par Pistorius, et cité par Usserins, attribue les erreurs suivantes aux hérétiques du temps du roi Robert et du pape Benoît VIII.

Ils niaient le baptême, le signe de la sainte croix, l’Eglise et le Rédempteur du monde lui-même, l’honneur des saints de Dieu,, les mariages légitimes, l’usage des viandes. » Les hérétiques d’Orléans, de Toulouse et autres lieux, sont aussi appelés manichéens dans cet écrit.
(USSERIUS, Gravissiae Quaestionis, p. 9.79.)

Natalis résume les erreurs des hérétiques d’Arras dans ce peu de mots :

Les hérétiques niaient le mystère du saint baptême, les sacrements de l’eucharistie, de la pénitence, de l’ordre et du mariage. Ils n’accordaient aucun culte aux confesseurs, aucune vénération à la croix du Seigneur, aux images des saints, aux temples et aux autels. Ils niaient le purgatoire, et disaient qu’une sépulture chrétienne n’était d’aucune utilité aux défunts.
(Il. P. NATALIS ALEXANDRI, etc. y T. VII, p.’82.)

Nous avons encore trouvé dans Dupin :

Qu’ils ne faisaient pas cas des cloches, de l’onction, ni de l’exorcisme.
(DUPIN, etc., t. VIII, 1). 127 à 128.)

Radulphe Ardens, d’après Usserius, parle ainsi des manichéens de l’Agenois:

Ils prétendaient faussement de suivre la vie des apôtres, disant qu’ils ne mentent pas, qu’ils ne jurent du tout point.  (USSERIUS, etc., p. 281.)

Il serait désirable de connaître exactement les doctrines professées par ces hommes que l’Eglise du temps a flétris du nom d’hérétiques, et qu’elle a fait mourir ignominieusement. Elles jetteraient bien du jour sur la question qui nous occupe maintenant ; savoir : sur la parenté spirituelle qui peut avoir existé entre les manifestations religieuses que nous venons d’énumérer et ces chrétiens du nord de l’Italie, des montagnes du diocèse de Turin, dont il a été et dont il sera surtout fait mention. Les auteurs contemporains ont, il est vrai, essayé de rendre compte des croyances de ces hérétiques ; mais, à ne juger de ces temps que par les nôtres, et à voir la manière dont l’Eglise romaine parle des réformateurs du XVIe siècle, de leur vie et de leurs doctrines, quoique les Eglises protestantes soient là présentes, et par conséquent en mesure de rectifier les faits dénaturés, que peut-on attendre de ces mêmes partisans des erreurs romaines, lorsqu’ils nous rapportent les croyances et la vie de martyrs qui n’ont eu personne pour défendre leur mémoire et pour protester contre les jugements injustes qui les ont flétris ? Auront-ils compris le caractère propre de ces manifestations ? Nous initieront-ils à la foi et aux oeuvres de leurs victimes? C’est ce dont nous doutons fort.

Que le lecteur en juge par ce fragment qui nous est communiqué par un auteur catholique sincère, Fleury. Il cite un contemporain des hérétiques d’Orléans et des autres sectaires de l’époque, qu’il désigne tous sous le nom de manichéens.

« Ceux-ci, dit-il, s’assemblaient certaines nuits dans une maison marquée, chacun une lampe à la main, et récitaient les noms des démons, en forme de litanies, jusqu’à ce qu’ils vissent un démon descendre tout d’un coup sous la forme d’une petite bête. Aussitôt ils éteignaient toutes les lumières, et chacun prenait la femme qui se trouvait sous sa main pour en abuser, et l’enfant né d’une telle conjonction était porté au milieu d’eux huit jours après sa naissance, mis dans un grand feu et réduit en cendres. Ils recueillaient cette cendre et la gardaient avec autant de vénération que les chrétiens gardent le corps de Jésus-Christ pour le viatique des malades. Cette cendre avait une telle vertu qu’il était presque impossible de convertir quiconque en avait avalé aussi peu que ce fût.
Ce récit, ajoute Fleury, a tant de rapport avec les calomnies dont on chargeait les premiers chrétiens, qu’il semble en être imité; mais la chose est rapportée ainsi par un auteur du temps. Un autre dit seulement que ces hérétiques portaient avec eux de la poudre d’enfants morts, et que, s’ils pouvaient en faire prendre à quelqu’un, ils le rendaient aussitôt manichéen comme eux. » ( FLEURY, etc., t. XIII, p. 416, etc.)

Cet aveu de l’historien catholique, Fleury, nous donne la mesure du peu d’exactitude qu’on doit attendre de documents dans lesquels la vérité historique est si grossièrement dénaturée. Ajouterons-nous foi à l’exposé des doctrines qu’on leur attribue? Non ! ce serait consentir à la calomnie et à l’injustice qui ont frappé ces hommes dignes d’un meilleur souvenir. On les a flétris du nom de manichéens, mais nous ne croyons pas qu’ils le fussent. La force d’expression, l’énergie des discours avec laquelle ils dépeignaient l’opposition que fait à Dieu et à l’oeuvre de Christ le prince des ténèbres, le prince de ce siècle, le prince de la puissance de l’air, Satan, chef des anges rebelles, qui agit dans les enfants de rébellion, qui rôde comme un lion rugissant autour des enfants de Dieu pour les dévorer, qui essaie de séduire les élus; oui! cette tendance de prétendus hérétiques à montrer la guerre que le malin fait au Dieu vivant et vrai, au Seigneur, au Sauveur, peut avoir été désignée comme un dualisme, un manichéisme, pair des hommes plongés dans un culte matériel et idolâtre de Dieu, des anges et des saints. Que d’hommes qui, de nos jours encore, rejettent la doctrine de l’existence de Satan et de son opposition à l’oeuvre de Jésus-Christ, parce qu’ils croient y voir une négation de la puissance de Dieu, un dualisme, un manichéisme, et surtout parce qu’ils ne croient pas ou ne connaissent pas même la Parole de Dieu qui révèle cette affligeante vérité.

Sans nul doute, Dieu avait conservé en tous lieux, dans son Eglise, envahie par l’erreur et l’idolâtrie, quelques fidèles qui ne fléchissaient point entièrement le genou devant Baal. Tel fuit en France, au XIe siècle, l’illustre Bérenger, principal de l’école de Tours, dont Théoduin, évêque de Liège, parle dans une lettre adressée au roi Henri :

Le bruit s’est répandu au-delà des Gaules et dans toute la Germanie, écrit-il, que Bruno, évêque d’Angers, et Bérenger, de Tours, renouvellent les anciennes hérésies, soutiennent que le corps du Seigneur n’est pas tant son corps que l’ombre et la figure de son corps, détruisant les mariages légitimes et renversant autant qu’il dépend d’eux le baptême des enfants.
(FLEURY, etc., t. XII, p. 575.)

L’histoire de Pierre de Bruis et de son compagnon Henri que nous ne reproduirons pas ici appuie encore notre thèse.

Pierre-le-Vénérable, abbé de Clugny, attribue à Pierre de Bruis les cinq points de doctrine suivants, qu’il mentionne dans sa lettre IXe, intitulée : Contre les Pétrobrusiens, et adressée aux archevêques d’Arles et d’Embrun ainsi qu’aux évêques de Gap et, de Die.

1° Il (Bruis) nie que les enfants, avant l’âge d’intelligence, puissent être sauvés par le baptême de Christ, ni que la foi d’un autre puisse lui être utile, parce que, selon ceux de son opinion, ce n’est pas la foi d’autrui qui sauve, mais la propre foi de chacun avec le baptême, selon ce que dit le Seigneur : Celui qui aura cru et aura été baptisé sera sauvé ; mais celui qui n’aura pas cru ne sera pas sauvé.
2° Le second point consiste eu ceci : Qu’on ne doit construire ni temple, ni église, mais qu’on doit renverser ces édifices qui subsistent; que les lieux sacrés ne sont pas nécessaires aux chrétiens pour prier, parce que Dieu qui est invoqué entend et exauce ceux qui en sont dignes, que ce soit dans une taverne ou dans une église, sur la place publique ou dans un temple, devant un autel ou dans une étable.
3° Le troisième article prescrit de mettre en pièces les croix sacrées et de les brûler, parce que c’est la forme ou l’instrument qui a servi à torturer et à ôter si cruellement la vie à Jésus-Christ; qu’elle n’est digne ni d’adoration, ni de vénération, ni d’aucune supplication, mais que, pour la vengeance des tourments et de la mort de Christ, la croix mérite tout déshonneur, comme d’être coupée à coups d’épée et brûlée.
4° Non-seulement Bruis nie que le vrai corps et le sang du Seigneur soient offerts journellement et continuellement dans l’église par le sacrement, mais il déclare que ce sacrement n’est rien et qu’il ne doit pas être offert à Dieu.
5° Il (Bruis) se moque des sacrifices, des prières, des aumônes, et des autres bonnes oeuvres faites par les fidèles vivants en faveur des fidèles défunts, et il affirme que ces choses ne peuvent le moins du monde aider quelqu’un des morts.
J’ai répondu à ces cinq points, ajoute Pierre-le-Vénérable, selon que Dieu m’en a accordé la grâce, dans la lettre que j’ai adressée à vos saintetés. »
( Maxima Biblioth., P. P., t. XXII, f. 1033.)

L’existence de la secte appelée apostolique par saint Bernard confirme encore notre thèse.

Enfin, et surtout, nous devons mentionner la dénomination la plus célèbre et la plus digne de toute notre attention, celle de Vaudois, qui fut habituellement donnée par les auteurs catholiques, dès le XIIIe siècle, non à quelqu’une des subdivisions de la secte prétendue hérétique, mais à la secte entière. Un seul témoignage suffira, entre plusieurs, pour nous convaincre de la généralité de cette désignation ; c’est le livre qu’a écrit, vers l’an 1254, un célèbre inquisiteur, Rainier ou Reinier Sacco, de l’ordre des frères prêcheurs, qui persécuta les chrétiens opposes à Rome. Cet ouvrage, qui traite de toutes les hérésies et impiétés prétendues, attribuées aux cathares, aux paterins, aux toulousains, aux albigeois, aux passagins, aux pauvres de Lyon, aux arnaldistes, etc., en un mot, aux sectaires du XIIème siècle, est intitulé : Livre de Rainier, de l’ordre des prêcheurs, contre les hérétiques vaudois (valdenses). D’où il résulte que, dès le commencement du XIIIe siècle, le nom de Vaudois servait à désigner tous les prétendus hérétiques de l’époque.

II/ Les pauvres de Lyon n’étaient pas appelé vaudois, ce nom ne vient donc pas d’eux.

Nous observons que, dans les canons des conciles et autres documents officiels, relatifs aux disciples de Pierre, marchand de Lyon, ceux-ci ne reçoivent jamais la qualification de Vaudois, mais qu’ils sont toujours désignés par le nom de pauvres de Lyon. Le nom de Valdo n’y est pas mentionné davantage. Un traité d’un auteur anonyme, cité dans Martène, sur l’hérésie des pauvres de Lyon, ne donne jamais aux disciples de Pierre le nom de Vaudois; bien plus, il ne donne pas à lui-même le nom de Pierre Valdo, mais celui de Pierre Valdensis, ce qui est bien différent ; car cette désignation, équivalant à un adjectif, signalerait l’origine des opinions religieuses de celui au nom duquel elle est ajoutée.

III/ Pierre Valdo a commencé à prêcher quelques années après les nombreux mouvements « hérétiques » relevés au point I/ et n’en est donc pas le fondateur.

Nous observons ensuite que Pierre, marchand de Lyon, n’a pas été l’auteur du mouvement religieux qui se manifesta en France dès avant le commencement du XIIe siècle, puisqu’il ne prêcha que vers l’an 1180, et que, si les prétendus hérétiques de l’Agenois, de Toulouse, d’Albi et d’ailleurs, ont été appelés Vaudois, ce nom n’a pu leur être donné à cause de Pierre Valdo, celui-ci n’ayant point été leur chef.

IV/ Pierre de Lyon n’avait pas pour nom Valdo, il n’a donc pas donné ce nom aux vaudois

Le nom de Vaudois ne peut pas venir de celui du marchand de Lyon, car le nom de Valdo ne fut jamais le sien. Au temps où il vivait, vers l’an 1180, c’était encore l’usage de n’avoir qu’un nom, celui de baptême; les noms de famille n’avaient pas pris naissance. Au nom de baptême on ajoutait souvent, il est vrai, une désignation particulière, par exemple, le nom du domicile ou de la profession. Par cette qualification, l’individu en question était suffisamment distingué de tout autre. Or, notre prétendu chef de la secte des Vaudois, dont le nom était Pierre, est ordinairement désigné par l’un des qualificatifs suivants : Pierre, citoyen de Lyon; Pierre, marchand ou négociant de Lyon.

On a dit que le qualificatif Valdo, donné quelquefois et postérieurement à Pierre, indiquait son lieu d’origine, et on l’a voulu faire synonyme de natif de Vaud, ou de Valdum, ou de Vaudram, qui aurait été un bourg du Lyonnais. Mais pourquoi cette double désignation de lieu? Pierre était déjà suffisamment, et à bon droit, distingué par celle de citoyen ou de marchand de Lyon, comme il l’était réellement. D’ailleurs, Valdo serait un bien mauvais dérivé de Valdum ou de Vaudram, dans la supposition gratuite qu’il fût originaire d’un tel bourg. Il aurait du moins fallu dire Valdunensis, Vaudramensis. Et même, si ce nom de Valdo dérivait de son lieu d’origine, pourquoi cette incertitude dans la désignation et dans l’orthographe? Car, Pierre est appelé Valdo, Valdus, Valdius, Valdensis, Valdecius et Valdesius etc. (USSERIUS P. 159.)

Un surnom aussi indécis, aussi varié dans sa forme, aussi rarement employé, du vivant de Pierre, marchand de Lyon, pour le désigner, ne saurait être considéré comme la racine d’un nom aussi précis et aussi invariable que celui de Vaudois, donné à la prétendue secte qui envahit la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, etc., au XIIème siècle ; tandis que cette indécision, dans la prononciation et l’orthographe du nom appellatif Valdo, s’explique assez facilement lorsqu’on y voit un surnom synonyme de Vaudois, un adjectif équivalant de celui-ci : Pierre le Vaudois.

V/ Les vaudois sont mentionnés avant la prédication de Pierre Valdo

Un rapprochement de dates nous conduit au même résultat, en nous montrant que des hérétiques vaudois, en latin Vallenses ou Valdenses, étaient connus et signalés avant le temps de Valdo.
Il est authentiquement reconnu que c’est l’archevêque Jean de Bollesmanis ou de Belles-mains, qui a anathématisé Pierre Valdo et ses disciples, et il est constant que ce prélat a obtenu le siège de Lyon, en 1181. Cette date coïncide d’ailleurs avec celle de 1184, date de la réunion, à Vérone, du concile qui, sous Lucius III, condamna les pauvres de Lyon pour la première fois.

Ce n’est donc, au plus tôt, que dès l’an 1181, que les hérétiques auraient été appelés Vaudois, de Pierre Valdo, leur prétendu chef.

Or, nous pouvons citer deux auteurs qui font mention des Vaudois avant la date de 1181. Ce sont les deux suivants : Eberard de Béthune qui, selon Dupin, florissait l’an 1160, et qui, parlant des hérétiques, dit :

Certains d’entre eux s’appellent Vallenses, parce qu’ils habitent dans une vallée de douleurs ou de larmes, et exposent à la risée les apôtres, etc. »

(Maxima Biblioth., P. P., t. XXIV.)

Bernard, abbé de Foncald, déjà cité, s’exprime ainsi sur le même sujet:

Pendant que le pape Lucius, de glorieuse mémoire, était chef de la sainte Eglise romaine, de nouveaux hérétiques levèrent subitement la tête. Ils reçurent un nom qui était le présage de leur avenir. Ils furent appelés Valdenses, d’une vallée sombre (touffue), parce qu’ils sont enveloppés de ténèbres profondes et épaisses. Ces hérétiques, quoique condamnés par le souverain pontife que l’on vient de nommer, ne cessèrent pas de vomir leur perfide poison, en tous lieux, dans le monde, avec une audace téméraire.

L’auteur de ces lignes, ayant dédié le livre dont elles sont tirées à Lucius III, qui fut pape de 1181 à 1185), et y faisant mention d’un autre pape du même nom, déjà défunt, Lucius, de glorieuse mémoire, parle donc de faits arrivés avant 1144, date de la mort de Lucius II.

Les Valdenses ou Vaudois étaient donc déjà connus sous ce nom, avant 1144, et par conséquent bien avant Pierre Valdo, puisque celui-ci ne fut poursuivi comme qu’après 1181, sous Jean de Belles-mains qui l’anathématisa, et qui n’avait été nommé archevêque de Lyon qu’à cette dernière date. (V. BERNARD …, in, Maxima Biblioth., P. P., t. XXV.)

Mais, dans les rapprochements que nous faisons, il y a plus qu’une affaire de dates. Le témoignage d’Eberard de Béthune et de Bernard de Foncald démontre, d’une autre manière encore, le peu de fondement, la vanité, le néant de l’opinion catholique, qui fait dériver de Pierre Valdo l’hérésie vaudoise et le nom de Vaudois. Alors même que l’on pourrait affaiblir la preuve précédente, en arguant de l’incertitude de telle ou telle date, il n’en resterait pas moins certain que deux auteurs antérieurs à Pierre Valdo (ou contemporains ou même postérieurs, si l’on veut, peu importe), en nommant la secte des Vaudois, ne font nullement mention de Pierre Valdo, et que, loin de faire dériver le nom des sectaires du nom d’un de leurs chefs, ils lui assignent une origine toute différente et locale.

Nous dirons donc à nos antagonistes : Si vous reconnaissez que les écrits d’Eberard et de Bernard sont antérieurs à Pierre Valdo et à son oeuvre, avouez donc que, puisque ces auteurs nomment la secte des Vaudois, celle-ci est antérieure à Pierre Valdo, et que le nom de Vaudois ne dérive point du sien. Ou, si vous soutenez qu’Eberard et Bernard sont contemporains de Pierre Valdo ou postérieurs, avouez que puisqu’ils reconnaissent à la secte des Vaudois une autre origine, eux qui pouvaient être mieux informés de la vérité que vous, le nom de Vaudois ne dérive point de Pierre Valdo.

Nous croyons donc avoir prouvé que le nom de Vaudois, donné par les écrivains catholiques aux chrétiens prétendus hérétiques du XIIe siècle, ne dérive point du nom de Pierre Valdo. Nous croyons plutôt, que Pierre, citoyen et marchand de Lyon, a été appelé Valdo, a cause de la ressemblance de son oeuvre avec celle des VAUDOIS, et peut-être aussi, parce qu’il leur aurait été affilié, et aurait été instruit en partie par eux; conjecture qui n’est ni impossible, ni improbable, mais que nous ne développons pas davantage.

VI/ Le nom de vaudois vient de vaudès (sorcier) et non de Valdo.

Parmi les modernes, Léger, dans son Histoire générale des Vaudois, fait dériver de Vaux ou de Val, le nom de Vaudois; et un vieux pasteur de la vallée de Saint-Martin, dans le territoire actuel des Vallées Vaudoises, a déclaré que, selon la tradition, la vallée qu’il habite s’appelait, autrefois, Val-Ombreuse. Sans repousser absolument une étymologie qui repose sur la nature des lieux qu’habitent les Vaudois, et même en reconnaissant qu’elle a pour elle une apparence de fondement pour les mots latins Vallenses et Valdenses, cependant, quant au mot français Vaudois, nous nous rangeons à celle que donne la Noble Leçon.

En effet, la Noble Leçon, ce monument vénérable et original de l’antique Eglise vaudoise, assigne au nom de Vaudois une autre étymologie, la troisième que nous indiquions et la dernière que nous ayons à examiner. Ce précieux témoin de la foi des Vaudois, qui date de l’an 1100 (NDE: avant la naissance de Pierre Valdo!), s’exprime comme suit, dans les vers 368 à 372, que nous allons traduire :

« Que s’il y a quelqu’un qui aime et craigne Jésus-Christ, qui ne veuille maudire, ni jurer, ni mentir, ni paillarder, ni tuer, ni prendre le bien d’autrui, ni se venger de ses ennemis, – ils disent qu’il est vaudès et digne de punition (châtiment). »

Pendant longtemps, on n’a vu dans cette dénomination de vaudès, que le nom de Vaudois. Mais on a reconnu aujourd’hui qu’elle renferme une sanglante injure, et qu’elle équivaut à une accusation de sorcellerie.

Le nom de vaudès a bien, en effet, dans la langue romane, le sens de sorcier : il n’est pas encore hors d’usage avec cette signification dans le patois du canton de Vaud.

Cette interprétation s’appuie sur d’autres preuves encore. Rubis, cité par Perrin, dit en propres termes :

Quand on parlait d’un sorcier, on l’appelait vaudès.

On lit dans Mezeray, Histoire de France, au sujet de Jeanne d’Arc, alors au pouvoir des Anglais, l’an 1430 :

Cette partie de l’université, qui était demeurée à Paris, lâche esclave de la tyrannie anglaise, fit aussitôt instance qu’on la mit entre les mains des gens d’église pour lui faire son procès, comme à une vaudoise, enchanteuse, hérétique, abuseuse, etc.

L’épithète de vaudoise est placée côte à côte de celle d’enchanteuse, etc. ( MEZERAY…. p. 17. )

Le moine Belvédère, dans sa relation à la très-illustre congrégation de la Propagande de la foi (de propaganda fide), imprimée à Turin, en 1631, attribue la sorcellerie aux Vaudois, dans ce passage :

Les infortunées vallées de Luserne, Angrogne, Saint-Martin et Pérouse, par l’effet du voisinage de la France avec l’Italie, soit par l’effet des montagnes qui les rendent naturellement très-fortes, ont toujours été sujettes à divers fléaux, soit de sauterelles hérétiques, soit de chenilles infidèles (sans foi), de rouille ou de sorcellerie.

 (BELVÉDÈRE…, eh. XIV, p. 242.)

On le voit clairement par ce rapport d’un inquisiteur de Rome, les Vallées, où se trouve actuellement le principal résida de l’Eglise vaudoise, sont accusées d’avoir toujours été entachées de sorcellerie, etc.

Dans les temps d’ignorance, des prêtres fanatiques ont accusé de rapports secrets avec les esprits de ténèbres ceux qu’une foi éclairée ou l’incrédulité éloignaient des temples catholiques. La superstition romaine et un cruel système de persécution désignèrent trop et trop souvent, comme sorciers, aux fureurs d’un peuple ignorant, des hommes, dont la vie n’avait aucun rapport avec les sentiments et les actes qu’on leur attribue. Or, puisque c’est un fait certain que les Vaudois ont été souvent désignés comme sorciers à la haine populaire, faut-il s’étonner qu’au temps où la superstition et l’ignorance arrivèrent à leur comble, aux Xe et XIe siècles, un nom aussi odieux leur ait été généralement donné et qu’il leur soit resté ? Comment se refuser de croire à un tel abus de la parole, lorsqu’on lit dans l’auteur anonyme, cité par Martène et Durand, et qui a écrit vers l’an 1447, que

les Vaudois, au moyen de maléfices diaboliques, s’assemblaient subitement de nuit, étant transportés promptement en grand nombre, dans quelque forêt, ou lieu désert, etc. »

( Veterum Sciptorurn et Monumentorum, à MARTÈNE et DURAND, t. V, Col. 501.)

L’origine attribuée au nom de Vaudois par la Noble Leçon nous parait donc justifiée par les faits. Il serait intéressant et précieux, sans doute, de savoir à quelle époque la petite Eglise fidèle a reçu un nom aussi injuste et aussi odieux; mais nous manquons de données sur ce point. Tout ce que nous savons, c’est qu’il est antérieur au XIIe siècle, étant déjà mentionné dans la Noble Leçon, écrite l’an 1100, comme l’indique l’auteur lui-même.

VII/ Les écrits vaudois sont soit antérieurs à Valdo, soit postérieurs de peu d’années.

Or les doctrines qui s’y trouvent semblent déjà mûries et réfléchies ce qui ne saurait être le cas si le mouvement en était à ses débuts.

Bien plus, ces écrits citent une traduction de la Bible dans leur langue et qui semble donc être encore plus ancienne que ces-derniers.

On remarque aussi que seuls quelques manuscrits parmi les nombreux volumes trouvés portent une date, s’il s’agissait d’une manoeuvre, il serait probable qu’un plus grand nombre de manuscrits ait été ainsi falsifié.

VIII/ La tradition vaudoise fait remonter depuis longtemps son origine à une époque antérieur à Valdo.

Les Vaudois ont une double tradition concernant leur origine, l’une plus générale, l’autre plus détaillée, et toutes deux très-précises.

Dans toutes les persécutions qu’ils ont éprouvées, dès le XVe siècle, et plus tard, lorsqu’ils ont dû réclamer à diverses fois auprès de leur souverain, les Vaudois ont toujours soutenu, comme précédemment, que la religion qu’ils suivaient s’était conservée de père en fils, et de génération en génération, depuis un temps immémorial : Da ogni tempo e de tempo immemoriale, disaient-ils dans leurs requêtes.

De plus, non-seulement les Vaudois du Piémont, mais tous ceux qui se sont réclamés de leur nom, en tous lieux, ont constamment soutenu qu’ils ont reçu leur voie ou croyance religieuse de Léon, confrère et contemporain de Sylvestre, évêque de Rome, sous l’empereur Constantin-le-Grand.

Cette tradition, sous cette seconde forme, plus précise que la première, s’appuie sur une base historique. Nous lisons, en effet, dans le Faisceau des temps :

Les biens d’église que les prélats commencèrent à posséder environ ce temps-là (de Sylvestre et de Constantin) occasionnèrent souvent de grandes altercations entre les docteurs, les uns prétendant que c’était une chose juste et utile que l’Eglise eût en abondance des biens temporels et l’honneur terrestre, les autres soutenant le contraire. » Léon aurait été l’un de ces derniers et aurait préféré la liberté chrétienne avec la pauvreté, à un riche bénéfice, occasion possible de servitude et de relâchement.

(V. Fasciculus temporum in PISTORIO, t. II, p. 47.)

Cette tradition est conforme à ce que Honorius d’Autun et Eberard de Béthune, au III ème siècle, nous disent des montani, c’est-à-dire selon nous des Vaudois :

Que, dans des temps de persécution, ils se cachèrent dans les montagnes et se séparèrent du corps de l’Eglise ou errèrent quant à la foi catholique.

Si l’on hésitait à voir une confirmation de la tradition dans cette citation, nous en appellerions à une autre du père Moneta, professeur à Bologne et inquisiteur, vers l’an 1244. Parlant des Vaudois, en qui il ne veut voir que des sectaires récents, cet auteur s’exprime comme suit :

Il est évident qu’ils tirent leur origine de Valdecius, citoyen de Lyon, qui commença cette oeuvre il n’y a pas plus de quatre-vingts ans, un peu plus ou un peu moins, ainsi donc ils ne sont pas les successeurs de l’Eglise primitive, ils ne sont donc pas l’Eglise de Dieu. Or, s’ils disent que leur voie fut antérieure à Valdo, qu’ils le montrent par quelque témoignage. »

(Venerabilis P. MONETA, Catharos et Valdenses, lib. V, cap . 1, § 4; Romae, 1743.)

Par ce passage, nous voyons que si Moneta combat l’ancienneté de l’Eglise vaudoise, il témoigne cependant que les prétendus novateurs se regardaient comme les successeurs de l’Eglise primitive, comme de Dieu, et soutenaient par conséquent que leur voie était antérieure à Valdo. Celle citation prouve donc avec évidence que, vers l’an 1244, quatre-vingts ans au plus après Valdo, les Vaudois du Piémont se soulevaient contre l’origine récente qu’on prétendait leur assigner, et s’appuyaient sur leur descendance directe de l’Eglise primitive.

Un second inquisiteur, Pierre Polichdorf, allemand, selon les uns contemporain de Moneta, selon les autres postérieur d’un siècle, dit aussi :

Que les hérétiques vaudois, ces enfants d’iniquité, prétendent faussement, auprès des simples, que leur secte a continué depuis le temps du pape Sylvestre, savoir, lorsque l’Eglise commença à posséder des biens, »

(Max. Biblioth., P. P., t. XXV, in praefat., cap. I, p.278.)

L’inquisiteur Rainier Sacco, ardent adversaire des cathares vaudois, au milieu desquels il aurait passé quelques années, avant d’entrer dans l’ordre des frères prêcheurs ou dominicains, et qui écrivait vers l’an 1250, ne parle pas seulement de cette tradition, il donne en outre plusieurs renseignements sur la secte des léonistes. Après avoir dit que, de soixante-dix sectes qui se sont formées hors de l’Eglise, il n’en reste que quatre, parmi lesquelles celle des léonistes, il ajoute :

De toutes ces sectes qui existent ou qui ont existé, il n’en est point d’aussi pernicieuse à l’Eglise que celle des léonistes, et cela pour trois raisons. La première, parce qu’elle est la plus ancienne, puisque selon quelques-uns elle s’est conservée depuis le temps de Sylvestre, selon d’autres depuis le temps des apôtres. La seconde raison, c’est qu’elle est la plus répandue; en effet, il n’est presque pas de pays où elle ne se trouve. La troisième raison est celle-ci, que, pendant que toutes les autres sectes inspirent l’horreur à ceux qui les entendent, par la grandeur de leurs blasphèmes contre Dieu, celle des léonistes manifeste une grande apparence de piété, en ce que ceux qui en sont membres vivent justement devant les hommes, ont la vraie foi en Dieu, et qu’ils croient tous les articles du symbole. »

(Max. Biblioth., P. P., t. XXV, cap. V et VI, p. 264 et suiv.)

Malgré la confusion intentionnelle ou involontaire que Rainier met quelquefois dans la désignation des sectes, en confondant ce qu’il devrait séparer, et en séparant ce qu’il devrait réunir, et quoique, dans ce cas particulier, il paraisse confondre les léonistes avec les pauvres de Lyon, il n’ y a nul doute cependant que, dans ce qu’il vient de dire des léonistes, il n’ait en vue, non les disciples de Valdo, ou pauvres de Lyon (puisqu’il assigne aux léonistes une origine antérieure de bien des siècles à ceux-ci), mais les Vaudois que les catholiques romains de son temps affectaient déjà de confondre avec les pauvres de Lyon. Tout ce qu’il dit en effet des léonistes correspond parfaitement à ce que nous avons appris de l’histoire et de la tradition des Vaudois, et à ce que nous verrous bientôt de leur doctrine et de leur piété.

L’étymologie du nom de léonistes est aussi toute en faveur de la thèse, que nous soutenons; on ne saurait y voir une dérivation du nom de Lyon, tandis qu’on y en peut voir une toute naturelle de celui de Léon I à qui les Vaudois rattachaient leurs opinions religieuses.

IX/ Les écrits des vaudois ne concordent pas avec la thèse de Pierre de Lyon comme fondateur.

Pierre de Lyon est connu pour avoir fondé une communauté de pauvres dans cette ville, après avoir lu le passage de l’Evangile où Christ dit au jeune homme riche de vendre tout ce qu’il a. Or, dans les écrits vaudois, on ne trouve pas de traité sur la pauvreté, pas de référence particulière à ce verset ni à la nécessité de vivre pauvrement. Il serait bien étonnant, si les vaudois du Piémont étaient issus des pauvres de Lyon, que la pauvreté ait une place si… pauvre dans leurs écrits !

Rajoutons à cela que les vaudois du Piémont ne sont pas non plus réputés pour leur pauvreté, ils habitaient dans des maisons convenables pour l’époque, ont pu construire plusieurs temples et même financer la première traduction de la Bible en français.

Conclusion

Nous espérons que les arguments de Monastier cités ci-dessus  pousseront à une réévaluation de certaines thèses modernes, qui s’appuyent sur bien moins de sources, et qui donnent aux vaudois une origine tardive. Pour l’instant, nous recommandons au lecteur de consulter lui-même les oeuvres des vaudois qui nous sont parvenues en cliquant ici.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

5 Commentaires

    • objectifpacesblog

      Oui, j’ai ce livre, mais il a la fâcheuse tendance à prendre pour “bons chrétiens bien bibliques” des groupes clairement hérétiques simplement parce qu’ils sont séparés de Rome (Bogomils par exemple).

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  1. Tribonien Bracton

    Bravo pour cet article. En effet, le valdéisme n’a pas été fondé par Pierre Valdo. En toute vraisemblance, le valdéisme remonte au minimum à Claude de Turin et Agobard de Lyon à l’ère carolingienne… voire aux pasteurs chrétiens Jovinien (†412) et Vigilance (†415) en Antiquité tardive. Je pense toutefois qu’on peut émettre l’hypothèse que les Pauvres de Lyon ont en quelque sorte fusionnés avec les vaudois et ont donnés au valdéisme — qui était jusque-là un petit mouvement régional — une envergure continentale. On peut consulter une carte approximative ici : https://monarchomaque.org/2012/01/31/proto-protes/

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  2. Hadrien Ledanseur

    Super article ! Merci.
    “et renversant autant qu’il dépend d’eux le baptême des enfants.” ca c’était drôle.

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    • Maxime Georgel

      Ils étaient pédobaptistes, je ferai un article là dessus

      Réponse

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