Véritable don des langues et contrefaçon : Le don des langues dans 1 Corinthiens 13.8-14.40 (6/16)
2 mai 2018

Article d’un auteur invité, Calvinyps.


Partie 6 : véritable don des langues et contrefaçon – 1 Corinthiens 14.1-5

Il y a deux endroits dans la Bible où le trouble est jeté sur le langage humain. Le premier endroit, c’est lorsque Dieu sema la confusion dans les langues des hommes lors de l’épisode de la tour de Babel. Et le deuxième endroit, c’était dans l’église de Corinthe, comme nous le voyons dans ce chapitre. Leur compréhension du don des langues était en effet tellement confuse qu’au lieu de pratiquer le parler en langues bibliques ils exerçaient en fait une contrefaçon païenne de ce don. Paul écrit ce chapitre pour régler ce problème.

Nous avons vu lors de notre étude du chapitre 13 que Dieu donna le vrai don des langues à l’église primitive. Il s’agissait simplement d’un des dons miraculeux que Dieu avait donné à l’église primitive pour signifier la progression de la révélation. L’auteur de l’épître aux Hébreux nous dit qu’”Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils…” (Heb 1.1-2a). La révélation avait progressé, et pour que le monde (et particulièrement le monde juif) sache que l’on entrait dans une nouvelle étape de l’histoire de la rédemption, que Dieu parlait à nouveau, Dieu donnait de façon concomitante des signes et des prodiges. L’un de ces signes était la capacité que les Apôtres, et certains de ceux qui travaillaient avec eux, avaient de parler, sous inspiration divine, dans une langue qu’ils ne connaissaient pas. Telle était le don des langues.

Le don des langues était ainsi avant tout la capacité surnaturelle de parler en des langues étrangères. Il s’agissait de langages humains parlé par d’autres hommes. C’est pourquoi le jour de la Pentecôte, Luc rapporte en Actes 2 au v.6 que les disciples parlent en langues de telle sorte que “chacun les entendait parler dans sa propre langue”. Mais en ce que concerne la situation à Corinthe, nous verrons dans les prochains articles que la plupart d’entre eux contrefaisaient le véritable parler en langues en lui substituant un langage extatique qui existait dans les religions païennes.

I. Les langues corinthiennes.

1. L’influence de la société corinthienne sur l’église de Corinthe.

L’église de Corinthe avait pleinement absorbé le système de pensée qui existait à Corinthe, et l’ensemble de l’épître aux corinthiens est là pour nous le rappeler (cf. 1 Corinthiens 1-13). Le système de pensée qui existait dans leur ville avait largement infiltré l’église, et avec lui, des pratiques religieuses païennes avec toutes leurs extases, leurs érotismes et leurs sensualités. Les chrétiens de Corinthe avaient aussi assimilés tout cela, créant une sorte d’amalgame mélangeant vérité et erreur.

2. Les langues dans le paganisme.

Dans le monde gréco-romain de cette époque, il y avait une multitude de dieux. Souvent, les adorateurs de ces faux dieux entraient en extase, ce qui signifie littéralement “sortir de soi”. Ils entraient dans un état altéré de conscience durant lequel se produisaient toutes sortes de phénomènes psychiques. Certains croyaient même que lorsqu’ils entraient dans leur transe extatique, ils quittaient réellement leur corps, montaient au ciel auprès de la divinité qu’ils adoraient et commençaient à parler avec elle dans le langage des dieux. Il s’agissait de quelque chose d’assez courant dans leur culture. En fait, le mot utilisé en 1 Corinthiens pour désigner le don de parler en langues étrangères, glossais lalein, n’est pas un mot inventé par les auteurs du Nouveau Testament. Dans la culture gréco-romaine, ce mot était utilisé pour décrire le langage des dieux païens prononcé par les adorateurs entrés en transes extatiques. Les auteurs bibliques ont donc repris un terme qui désignait toujours un charabia pour lui donner une signification nouvelle, à savoir le don surnaturel parler en des langues humaines.

Les Grecs avaient un mot pour décrire cette expérience religieuse extatique : le mot eros. Même si l’on connaît ce mot en français surtout pour sa connotation sexuelle, il faut remarquer que ce mot avait un sens plus large car il pouvait aussi bien désigner le “désir sensuel”, le “désir sexuel”, le “désir d’extase” que le “désir d’expériences ou de sensations fortes”. Leur religion était donc une religion de l’impression, de la sensation, de l’extase, de l’eros. Dans les faits, tout ceci était tellement lié que lorsque les gens allaient aux temples pour adorer les diverses divinités, ils en profitaient également pour aller vers les prêtresses des temples qui servaient aussi de prostituées sacrées. Et c’était dans le cadre d’une telle approche de la religion – érotique, sexuelle, sensuelle et extatique – qu’apparaissaient des phénomènes de prononciation de charabias divins. Ces pratiques religieuses en provenance de Babylone, appelées mystères, avaient été acceptées comme normales par la société corinthienne… et par l’église qui existait au milieu d’elle.

II. Rapprochement entre la situation corinthienne et l’époque présente.

J’ai bien peur que ce qui arrive aujourd’hui au sein du mouvement charismatique ne soit qu’une reproduction de ce qui se passait à Corinthe. Dans des églises qui ont pendant trop longtemps été spirituellement mortes et où la véritable oeuvre du Saint-Esprit n’est pas comprise, où la Bible n’est pas bien enseignée, et où rien de suffisamment enthousiasmant n’arrive, il est normal que les gens cherchent à vouloir sentir la présence de Dieu, à savoir qu’il est “vraiment là”. Un tel contexte ouvre une voie royale à la caricature satanique de l’oeuvre de l’Esprit. Tout comme les chrétiens de Corinthe, le mouvement charismatique a associé au christianisme biblique des pratiques païennes en développant une approche érotique – c’est-à-dire sensuelle, orientée vers les sentiments et l’expérience – du christianisme et qu’ils ont appelée “oeuvre du Saint-Esprit”. Pourtant, il nous semble qu’il ne s’agit là que d’une contrefaçon de la véritable action de l’Esprit.

Dans son livre Spirit Manifestations and the Gift of Tongues, Sir Robert Anderson cite les paroles suivantes extraites d’un pamphlet écrit par un ancien conducteur du mouvement pentecôtiste indien :

Finalement, je vins à la mission, au n° 328 de la 63è rue à Chicago avec cette seule question : “Pourquoi ne reçois-je donc pas ce baptême ? Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ?”. Mes bons amis là-bas prièrent avec moi et me dirent qu’il n’y avait rien qui n’allait pas chez moi et qu’il me fallait simplement attendre.
Gloire à Dieu, ils étaient là avec moi ! Car, pour la première fois, alors que je m’agenouillais devant l’autel en cette soirée du dimanche 17 mars, la puissance commença à se saisir de moi et je me mis à rire jusqu’à la fin de la sainte-cène. Le matin-même, vers 11 heures, je m’étais agenouillé pour prier avec mes amis (l’ancien S… avait brièvement posé ses mains plusieurs fois sur ma tête, plusieurs fois durant l’après-midi et la soirée). Après avoir attendu un peu, je me suis mis à rire, ou plutôt mon corps fut utilisé pour rire avec une puissance de plus en plus forte jusqu’à ce que je sois allongé sur mon dos riant de toute mes forces pendant plus d’une demi-heure. Lorsque je me relevai, je me rendis compte que j’étais ivre du vin nouveau car de bien des façons je me comportais comme un homme ivre et étais plein de joie. M’agenouillant encore pour rencontrer une nouvelle fois le Seigneur, je fus soudain saisi par une puissance irrésistible, suppliant avec des gémissements inexprimables, demandant au Seigneur d’avoir miséricorde de moi pauvre pécheur, et lui déclarant que je voulais vivre complètement pour lui. La puissance de cette prière fut pour moi trop grande à supporter, et mes yeux s’ouvrirent de façon soudaine pour voir l’ancien S…, qui se tenait à quelques mètres de là, tomber comme si quelqu’un l’avait frappé. Je fus alors libéré et quelques secondes plus tard j’étais debout criant de toute mes forces : “Gloire”. M’agenouillant à nouveau, je perdis momentanément la vue, fus jeté à terre où je resta allongé pour un temps, complètement inconscient. Puis, revenant à moi et m’agenouillant, je sentis qu’une force étrangère actionnait mes mâchoires et ma bouche. Au bout de quelques secondes, quelques paroles de bébés sortirent de ma bouche, puis quelques mots en chinois – langue que je comprenais – et enfin plusieurs phrase dans une langue étrange qui devint bientôt un chant. Je ne parla alors plus en langues jusqu’au mercredi, trois jours plus tard.

Qu’observons-nous ici ? Toutes sortes d’expériences qui sont fondées sur les sentiments et l’émotion, des expériences qui sont appréhendées par les sens plutôt que par l’esprit. Eh bien, ce genre d’expérience est l’apanage des religions païennes et non du christianisme ! Platon, qui vécu de 429 à 347 avant J.-C., décrivit plusieurs fois dans ses Dialogues les pratiques de langages extatiques païens. Il ne s’agit pas là d’une pratique qui appartient au Christianisme. Le vrai don des langues chrétien n’était utilisé que lorsque quelqu’un qui parlait ce langage était présent de sorte que ce soit un signe que Dieu était là et que le peuple de Dieu annonçait la vérité de Dieu. Ce don ne devait certainement pas être confondu avec ce qui se passait dans le paganisme.

III. L’oeuvre de contrefaçon de Satan.

A chaque fois que Dieu fait quelque chose, Satan essaie de le contrefaire. Eh bien, pour masquer la véritable oeuvre révélationelle du Saint-Esprit dans l’Eglise primitive, Satan mit en place un écran de fumée consistant en des révélations, des visions et des langues factices. C’est pour cette raison que l’Apôtre Jean déclare que si quelqu’un arrive et commence à dire qu’il parle de la part de Dieu, il vaudrait mieux “éprouver les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu” (1 Jn 4.1). Il est tellement facile de se laisser séduire par ce qui est factice ! Et parce que les Corinthiens avaient décidé de s’associer à l’esprit du siècle, ils en sont devenus la victime.

Il faut se rappeler que Satan est appelé “le dieu de ce siècle” (2 Cor 4.4) et “le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion” (Eph 2.2). Satan ne voulait pas seulement être comme Dieu, il était lui-même capable de “se déguiser en ange de lumière” (2 Cor 11.14). Il voulait contrefaire la réalité et prendre au piège l’église en lui faisant accepter comme authentique cette contrefaçon. C’est son but dans notre vie !

A Corinthe, les pratiques contrefaites en provenance du paganisme avaient envahi l’église. J’ai bien peur qu’il en soit de même aujourd’hui. Ces expériences extatiques, sensuelles et orientées par les sentiments ne sont jamais, jamais associées par le Nouveau Testament à l’oeuvre véritable du Saint-Esprit. En fait, en 1 Corinthiens 14.32, Paul énonce que “Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes” si bien que personne n’est censé abandonner son intelligence ou perdre le contrôle de lui-même. A la fin du chapitre 14, Paul conclut sur ce sujet avec les paroles suivantes : “Que tout se fasse avec bienséance et avec ordre”. Ce n’est pas le mode d’opération du Saint-Esprit que d’avoir un culte où chacun y va de ses propres psaume, doctrine, langue, révélation et interprétation (1 Cor 14.26) car il ne s’agit alors que de l’envahissement du culte chrétien par la confusion païenne.

IV. L’adoration chaotique corinthienne.

Les religions babyloniennes du mystère qui dominaient à l’époque de Paul la culture corinthienne avaient développé toutes sortes de rites, de rituels, de voeux, de baptême, de sacrifices d’animaux, de fêtes, de jeûnes, de pénitences pour le péché (comme le fait de plonger dans une rivière glacée ou d’avancer à genoux pendant des kilomètres), de langages extatiques, de visions et de prophéties. Toutes ses pratiques s’étaient introduites à des degrés divers dans l’église de Corinthe provoquant un chaos sans nom. Saviez-vous que des gens de cette église se levaient pour maudire Jésus en langues, et que des personnes pensaient qu’ils s’agissaient de l’Esprit Saint ? Car sinon pourquoi Paul se sentirait-il obligé de dire quelque chose d’aussi évident que ceci : “C’est pourquoi je vous déclare que nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème !” (1 Cor 12.3) ? Leur adoration était un culte totalement confus et désordonné. Un commentateur écrit que “la frénésie sauvage du paganisme grec s’était transformée folie dans l’église de Corinthe”.

Concluons avec l’avis polémique de John Mac Arthur : “Mes biens-aimés, je souhaiterais que tout ceci ne soit pas vrai, mais je suis convaincu que ce que nous voyons de nos jours dans le mouvement charismatique est semblable à ce qui avait lieu dans l’église de Corinthe – un envahissement de l’église par la religion païenne, une contrefaçon qui a été acceptée comme authentique parce qu’elle agit sur les émotions de personnes qui se sont assis bien trop longtemps dans des églises où ils n’ont jamais reçu quelque chose qui a transformé leur vie”.

Adapté de John MacArthur dans son guide d’étude The Truth about Tongues

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Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

1 Commentaire

  1. Samuel

    Les langues servaient de témoignage au ministère du Saint-Esprit au sein de l’église et dans ce cadre, Paul recommandait qu’elle ne soit pas un sujet de désordre. Les charismatiques tentent simplement d’en restaurer le ministère.

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