Un des points importants de la pensée de Martin Luther est la place du baptême dans la vie du chrétien. Alors que les catholiques parlent souvent du baptême comme d’une grâce passée, perdue par le péché mortel et retrouvée par un autre sacrement, Luther et les réformés à sa suite considèrent que la grâce du baptême est pour aujourd’hui, elle peut-être toujours à nouveau saisie par la foi. En ce sens, le baptême est prospectif, c’est-à-dire que l’acte du baptême ne regarde pas uniquement à une réalité passée, mais à une réalité qui se poursuit tout au long de la vie du chrétien.
Luther rejetait cette façon de considérer la vie chrétienne de manière linéaire, caractérisée par une conversion connectée au baptême et suivie par une progression à partir de ce point. Non, pour Luther, nous ne dépassons jamais l’étape du baptême en cette vie ni l’étape de la foi et de la repentance qui sont rattachées au baptême. La première des 95 thèses dit, d’ailleurs, qu’en disant : Repentez-vous, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ a voulu que la vie entière des fidèles fût une repentance. C’est pour cela que Paul rappelle sans cesse aux croyants leur baptême, qui est rattaché à la repentance et la foi.
Le baptême peut être rappelé de deux manières aux croyants. Premièrement, on peut leur rappeler la promesse qui est scellée par ce baptême : cette promesse est la justice de la foi (Rom 4:11, cf. Col 2:11-12) et le Saint-Esprit (Actes 2:38,39). Deuxièmement, les croyants doivent se rappeler leur engagement et l’obligation que le baptême fait reposer sur eux : la repentance et la foi. Ainsi, si Paul nous dit « vous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ » (Gal 3:27) et « ayant revêtu l’homme nouveau » (Col 3:10), il peut toutefois dire encore aujourd’hui : « revêtez-vous ! » (Col 3:12).
Si votre baptême se situe à un moment passé de votre histoire, Dieu vous fait toutefois encore la promesse du pardon et de la justice aujourd’hui et encore aujourd’hui vous devez lui répondre par la foi et la repentance.
En ce sens, le baptême est lié à l’assurance du salut. Car il sert de signe entre Dieu et son peuple. Signe de son alliance et de ses promesses. Si vous voulez avoir l’assurance, cessez de scruter votre être intérieur jusqu’à ce que vous y discerniez une certaine trace toute subjective et susceptible d’être trompeuse. Au contraire, tournez-vous vers les promesses de Dieu et utilisez les moyens que Dieu vous donne pour vous certifier ses promesses : les sacrements et la Parole. Ces sacrements sont des signes visibles, comme l’alliance sur la main d’un épou est le signe des promesses de son mariage.
Concluons par ces extraits du Catéchisme de Heidelberg :
Q. 66: Qu’est-ce que les sacrements?
Ce sont des signes et sceaux visibles et saints institués par Dieu, afin que par leur célébration il nous donne de mieux comprendre la promesse de l’Evangile et la scelle pour nous, à savoir qu’à cause du sacrifice unique du Christ accompli sur la croix, il nous offre par grâce le pardon des péchés et la vie éternelle (Genèse 17.11; Romains 4.11; Deutéronome 30.6; Lévitique 6.25; Hébreux 9.8s., 24; Ezéchiel 20.12).
Q. 69: Comment le saint baptême te rappelle-t-il et t’assure-t-il que l’unique sacrifice de Christ sur la croix est pour ton bien?
Parce que Christ a institué ce bain extérieur (Matthieu 28.19s.; Actes 2.38) et y a joint la promesse (Matthieu 3.11; Marc 16.16; Romains 6.3s.) que par son sang et par son Esprit je suis lavé de l’impureté de mon âme, c’est-à-dire de tous mes péchés, aussi certainement que je suis lavé extérieurement par l’eau qui sert d’ordinaire à enlever la saleté du corps (Marc 1.4; Luc 3.3).
Q. 71: Où Christ a-t-il promis que nous sommes lavés par son sang et son Esprit aussi certainement que nous le sommes par l’eau du baptême?
Dans l’institution du baptême qui dit: « Allez donc; de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28.19). « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16.16). Cette promesse est aussi répétée lorsque l’Ecriture appelle le baptême « le bain de la nouvelle naissance » (Tite 3.5) et « la purification des péchés » (Actes 22.16).
Q. 72: Le bain extérieur est-il donc en lui-même la purification des péchés?
Non (Matthieu 3.11; 1 Pierre 3.21; Ephésiens 5.26s.), car seuls le sang de Jésus-Christ et le Saint-Esprit nous purifient de tous péchés (1 Jean 1.7; 1 Corinthiens 6.11).
Q. 73: Pourquoi donc le Saint-Esprit appelle-t-il le baptême le bain de la nouvelle naissance et la purification des péchés?
Dieu ne parle pas ainsi sans grande raison, car non seulement il veut nous apprendre par là que, tout comme la saleté du corps est enlevée par l’eau, de même nos péchés le sont par le sang et l’Esprit du Christ (Apocalypse 1.5; 7.14; 1 Corinthiens 6.11); mais bien plus, il veut nous assurer par ce gage et ce signe divins que nous sommes aussi véritablement lavés spirituellement de nos péchés que nous le sommes corporellement par l’eau (Marc 16.16; Galates 3.17).
Q. 75: Comment la sainte cène te rappelle-t-elle et t’assure-t-elle que tu as part à l’unique sacrifice de Christ sur la croix et à tous ses biens?
En ce que Christ m’a commandé, à moi et à tous les croyants, de manger de ce pain rompu et de boire de cette coupe en sa mémoire. Il y a également joint ses promesses (Matthieu 26.26ss.; Marc 14.22ss.; Luc 22.19ss.; 1 Corinthiens 10.16ss.; 11.23-25): d’une part, aussi vrai que je vois de mes yeux le pain du Seigneur être rompu pour moi et la coupe m’être donnée, aussi vrai son corps a été offert et rompu pour moi sur la croix et son sang versé pour moi. D’autre part, aussi vrai que je reçois de la main du ministre et que corporellement je mange le pain et bois la coupe du Seigneur qui me sont donnés comme signes certains du corps et du sang de Christ, aussi vrai lui-même nourrit et désaltère mon âme pour la vie éternelle par son corps crucifié et son sang répandu.
Q. 77: Où Christ a-t-il promis aux croyants de les nourrir de son corps et de les désaltérer de son sang, aussi certainement qu’ils mangent de ce pain rompu et boivent de cette coupe?
Dans l’institution de la cène qui dit ceci (1 Corinthiens 11.23-25; Matthieu 26.26-28; Marc 14.22-24; Luc 22.19s.): « Le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâce, il le rompit et dit: « Ceci est mon corps, qui est pour vous, faites cela en mémoire de moi. » Il fit de même pour la coupe, après le repas, en disant: « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang; faites cela toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » Et cette promesse est aussi répétée par saint Paul quand il dit (1 Corinthiens 10.16s.): « La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas la communion au sang de Christ? Le pain que nous rompons n’est-il pas la communion au corps de Christ? Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes un seul corps; car tous nous participons à cet unique pain. »
Q. 79: Pourquoi alors Christ appelle-t-il le pain son corps, et la coupe son sang ou la nouvelle alliance en son sang, et saint Paul parle-t-il de la communion au corps et au sang de Jésus-Christ?
Christ ne parle pas ainsi sans grande raison: par là il veut nous enseigner non seulement que, comme le pain et le vin entretiennent la vie présente, de même son corps crucifié et son sang versé sont la vraie nourriture et le vrai breuvage de nos âmes pour la vie éternelle (Jean 6.51, 55); mais bien plus il veut nous assurer par ce signe et gage visible que nous sommes faits participants de son vrai corps et de son vrai sang par l’action du Saint-Esprit, aussi véritablement que nous recevons par la bouche du corps ces signes sacrés en mémoire de lui (1 Corinthiens 10.16-17); et enfin qu’ainsi toute sa passion et son obéissance nous appartiennent aussi certainement que si nous avions souffert et satisfait nous-mêmes pour nos péchés.
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