Cet article est une adaptation des travaux de Meredith Kline sur les alliances et les traités du Moyen-Orient Ancien.
Les traités entre suzerains et vassaux étaient des structures d’autorité qui plaçaient des sphères d’autorité sous le contrôle d’un pouvoir impérial. Le grand roi donnait son traité à un vassal, lui aussi roi, qui n’en perdait pas pour autant sa royauté. Il ne s’agit pas d’une conquête annulant l’autorité du vassal, au contraire, le vassal était considéré comme roi dans l’énoncé même du traité. Parfois, le prologue du traité rappelait que le suzerain avait établi comme roi le vassal. Le traité pouvait même servir d’intronisation, de réaffirmation ou d’élargissement du pouvoir du vassal.
Tout le royaume sous la domination du vassal était engagé par le traité signé. Les enfants du roi-vassal étaient aussi engagés à respecter le roi-suzerain et son traité. Ces enfants étaient donc déclarés objets de la vengeance divine s’ils venaient à ne pas respecter le traité.
Citons, par exemple, le traité de Esarhaddon avec Ramataia (La traduction est celle de D. J. Wiseman in The Vassal- Treaties of Esarhaddon, p. 30, adapté par moi-même en français) :
Voici le traité que Esarhaddon, roi de ce monde, roi d’Assyrie, fils de Sennacherib, lui aussi roi de ce monde, roi d’Assyrie, a conclu avec Ramataia, chef de la ville de Urakazabanu, avec ses fils, ses petits-fils et avec tous les Urakazabanéens jeunes et vieux, en aussi grand nombre qu’ils soient – avec eux, leurs enfants, leurs petits-enfants qui vont venir à l’existence après l’établissement de ce traité, du soleil levant au soleil couchant, en aussi grand nombre sur lesquels Esarhaddon, roi d’Assyrie, viendra à être le roi et seigneur, etc.
Et, plus loin :
Esarhaddon a fait un serment afin que tu rapportes à tes enfants, tes petits-enfants, ta descendance et la descendance de ta descendance qui naîtra à l’avenir, les ordres qui suivent : « Gardez ce traité. Ne le transgressez pas, ou vous perdrez vos vies, vous serez dispersé avec votre peuple. »
Nous pourrions citer encore bien d’autres traités auxquels Meredith Kline fait allusion, mais retenons pour l’instant ce principe : les alliances au Moyen-Orient n’étaient pas entre deux individus mais entre des structures d’autorité telles que la famille ou la nation. Ainsi, le traité n’engageait pas seulement le vassal mais aussi tous ses sujets et descendants. Nous expliquerons demain en quoi cela importe pour comprendre les alliances bibliques.
article très intéressant, merci.
Merci. Il accompagne celui de demain 🙂