Un gentilhomme saxon, qui avait entendu Tetzel à Leipsig, avait été indigné de ses mensonges. Il s’approche du moine et lui demande s’il a le droit de pardonner les péchés qu’on a l’intention de commettre. « Assurément, répond Tetzel, j’ai reçu pour cela plein pouvoir du pape. – Eh bien, reprend le chevalier, je voudrais exercer sur l’un de mes ennemis une petit vengeance, sans porter atteinte à sa vie. Je vous donne dix écus si vous voulez me remettre une lettre d’indulgence qui m’en justifie pleinement. » Tetzel fit quelques difficultés : ils tombèrent cependant d’accord de la chose, moyennant trente écus. Bientôt après, le moine part de Leipsig. Le gentilhomme, accompagné de ses valets, l’attendait dans un bois entre Jüterbock et Treblin; il fond sur lui, lui fait donner quelques coups de bâton, et enlève la riche caisse des indulgences que l’inquisiteur emportait avec lui. Tetzel crie à la violence, et porte plainte devant les tribunaux. Mais le gentilhomme montre la lettre que Tetzel a signée lui-même, et qui l’exempte à l’avancée toute peine. Le duc George, que cette action avait d’abord fort irrité, ordonna, à la vue de cet écrit, qu’on renvoyât l’accusé absous.
(Albinus, Meise. Chronik. L. W. (W.), XV, 446, etc. – Hechtius, in Vit. Tezelii.)
Très drôle !