Quand les indulgences faisaient un tour par Haguenau !
27 juin 2018

J’ai plusieurs amis évangéliques membres de l’Église de Haguenau, je pense qu’il pourrait être intéressant pour eux de savoir quelle obscurité est passée chez eux par le passé.


Les marchands d’indulgence s’étaient établis à Haguenau en 1517. La femme d’un cordonnier, profitant de l’autorisation que donnait l’Instruction du commissaire général, s’était procuré, malgré la volonté de son mari, une lettre d’indulgence, et l’avait payée un florin d’or. Elle mourut peu après. Le mari n’ayant pas fait dire de messe pour le repos de son âme, le curé l’accusa de mépris pour la religion, et le juge d’Haguenau le somma de comparaître. Le cordonnier prit en poche l’indulgence de sa femme, et se rendit à l’audience. – “Votre femme est-elle morte ?” lui demanda le juge, “Oui, répondit-il. – Qu’avez-vous fait pour elle ? – J’ai enseveli son corps, et j’ai recommandé son âme à Dieu. – Mais avez-vous fait dire une messe pour le salut de son âme ? – Je ne l’ai point fait ; c’était inutile ; elle est entrée dans le ciel au moment de sa mort. – D’où savez-vous cela ? – En voici la preuve.” En disant ces mots, il tire l’indulgence de sa poche, et le juge, en présence du curé, y lit en autant de mots, qu’au moment de sa mort la femme qui l’a reçue n’ira pas dans le purgatoire, mais entrera tout droit dans le ciel. “Si M. le curé prétend qu’un messe est encore nécessaire, ajoute-t-il, ma femme a été trompée par notre très-saint père le pape; si elle ne l’a pas été, c’est alors M. le curé qui me trompe.” Il n’y avait rien à répondre, l’accusé fut renvoyé absous.

Jean-Henri Merle D’Aubigné, Histoire de la Réformation, Tome I, Livre III, I.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

1 Commentaire

  1. Foi et vie réformées

    Au reste l’église romaine approuve toujours la pratique des indulgences (Le Catéchisme de l’Église catholique Centurion/cerf/Fleurus-Mame/CECC, Paris, 1998, par. 1030-1032, p. 262-263):
    1030 Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. 1031 L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. L’Église a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence et de Trente. La tradition de l’Église, faisant référence à certains textes de l’Écriture, parle d’un feu purificateur (…) Cet enseignement s’appuie aussi sur la pratique de la prière pour les défunts dont parle déjà la Sainte Écriture : « Voilà pourquoi il (Judas Maccabée) fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché ». Dès les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique, afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu. L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts (…)

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