Lorsqu’il s’agissait d’enseigner l’éthique du chrétien, nos ancêtres protestants partaient généralement des dix commandements, qu’ils considéraient comme la base et le fil rouge de toute éthique biblique. Ils sont rappelés ici :
- Tu n’auras pas d’autre dieux devant ma face.
- Tu ne feras pas d’images de Dieu.
- Tu ne prendras pas le nom de Dieu en vain.
- Tu garderas le sabbat.
- Tu honoreras ton père et ta mère.
- Tu ne tueras pas.
- Tu ne commettras pas l’adultère.
- Tu ne voleras pas.
- Tu ne porteras pas de faux témoignages contre ton prochain.
- Tu ne convoiteras pas ce qui appartient à ton prochain.
On les trouve dans Exode 20.2-17 et Deutéronome 5.6-21.
Quelques règles d’interprétation
Pour exposer toute la richesse de ceux-ci, les réformés adoptaient alors les règles d’interprétations suivantes :
- La loi est spirituelle, concernant non seulement les actes externes du corps, mais aussi les mouvements de l’esprit : Il ne s’agit pas seulement de ne pas commettre l’adultère en acte, mais de s’en garder aussi dans les pensées (Mt 5.28)
- Les préceptes négatifs contiennent les positifs ; les positifs contiennent les négatifs : Cela revient à dire qu’il ne faut pas seulement s’abstenir du mensonge, mais aussi dire la vérité ; pas seulement Honorer son père et sa mère, mais s’abstenir de les maltraiter.
- Dans tous les préceptes, il faut reconnaître la synecdoque : Une synecdoque consiste à dire un individu pour désigner tout un genre (par ex : « Le Parlement » pour désigner les 500 députés). Appliqué aux 10 commandements, cela revient à dire que l’interdiction du meurtre s’étend aussi aux agressions mineures.
- Dans l’effet, la cause ; dans le genre, l’espèce ; dans le relatif, le correlatif est inclus : Cela veut dire qu’il n’y a pas seulement l’adultère, mais tout l’ensemble de ce qui touche à la pureté sexuelle qui est demandé dans le 7ecommandement (par exemple).
- L’amour pour Dieu a la préséance sur l’amour pour son prochain : Contrairement à la démarche humaniste, nous aimons notre prochain parce que nous aimons Dieu, et cela doit guider nos relations avec nos prochains.
- Ce qui est commandé l’est pour certaines circonstances ; ce qui est interdit l’est en permanence : Par exemple la soumission à nos parents s’exprime selon notre âge et notre statut : il ne signifie pas la même chose selon si nous vivons chez eux ou pas, si nous sommes adultes ou pas etc. Par contre, l’interdiction de tuer est permanente et universelle.
- Le début et la fin de tout commandement est l’amour : le but n’est pas d’afficher sa vertu, mais d’aimer Dieu et son prochain comme il convient.
Avec ces principes, on développe ainsi le Décalogue :
1erCommandement : Tu n’auras pas d’autres dieux…
Voici ce qu’exige le premier commandement :
- La connaissance de Dieu : nous avons le devoir de connaître Dieu avec toutes les dimensions de notre être y compris émotionnellement et intellectuellement. A l’inverse, on rejette ces vices:
- Ignorance volontaire de Dieu et de sa volonté : Ignorer délibérément le témoignage de Dieu dans la création, ou bien refuser le témoignage de la Bible sur sa volonté.
- Les erreurs ou fausses doctrines : Du moins celles qui naissent d’un endurcissement volontaire et éclairé, et non l’ignorance involontaire ou la confusion subie.
- La magie, la sorcellerie et l’occultisme
- La superstition : Attribuer une efficacité spirituelle à des paroles ou des objets (incantations, charmes) que la Bible n’approuve pas.
- Toute confiance dans des créatures plutôt qu’en Dieu.
- Idolatrie : Adorer un autre Dieu que celui de Jésus Christ, ou bien adorer le Dieu Jésus Christ mais de la mauvaise façon.
- Mépris de Dieu : Connaître Dieu, mais sans transformer nos vies et lui obéir ensuite. Rester froid à cette connaissance. L’intellectualisme est une infraction de ce type.
- La Foi : Adhérer et avoir confiance dans ce que Dieu dit. Contre cela, nous rejetons :
- L’incrédulité : Le rejet volontaire de ce que Dieu dit.
- Le doute : L’adhésion volontairement vacillante à ce que Dieu dit.
- La méfiance : Ne pas faire confiance en l’action de Dieu et chercher ailleurs ses bienfaits.
- L’hypocrisie : Avoir une foi apparente, sans réalité profonde.
On continue la liste avec les excès inverses (le « trop de » foi) : - Tenter Dieu : Agir stupidement en comptant indûment sur le soutien de Dieu
- La sécurité charnelle : Vivre sans prendre au sérieux notre péché, pensant que Dieu va forcément nous pardonner au final.
- L’Espérance : S’attendre de façon sure et certaine à la délivrance promise par Dieu. En face de cela, nous devons rejeter :
- Le désespoir : Considérer nos péchés comme plus grand que la grâce de Jésus, ou bien nos problèmes comme plus forts que la Puissance de Dieu.
- Le doute quant à la vie éternelle : s’imaginer que Dieu va nous refuser la vie éternelle.
Dans les excès inverses (le « trop d’ »espérance) : - La sécurité charnelle déjà mentionnée.
- L’amour pour Dieu : Reconnaître ce que nous lui devons et chercher à préserver cette union que nous avons avec lui. Contre cela, nous rejetons :
- La haine de Dieu : Détester Dieu, comme quand on l’accuse de faire le mal.
- Un amour malsain de soi ou des créatures : S’aimer soi-même (ou un autre) plus que Dieu. Considérer comme plus grave de perdre l’amour de sa femme que celui de Dieu par exemple.
- Un amour feint ou hypocrite
Il ne peut pas y avoir « trop » d’amour pour Dieu.
- La crainte de Dieu :Reconnaissant la justice de Dieu, ne pas vouloir ni désirer enfreindre ses commandements. C’est l’amour pour Dieu, mais considéré sous l’angle de notre relation au mal : Vouloir plus de Dieu, c’est aussi détester et s’éloigner davantage du mal. Il ne s’agit pas de la crainte servile : celle de l’esclave qui a peur de la punition d’un tyran. C’est la crainte filiale : celle de l’enfant qui ne veut pas déplaire à son père aimant.
- L’humilité : Reconnaître que ce qu’il y a de bien en nous n’est pas de nous-même mais de Dieu, et agir selon cette connaissance. A cela s’oppose :
- L’orgueil : Enlever notre valeur à Dieu et se l’attribuer à nous-même et agir selon cette idée.
- La fausse modestie : Le « trop de » humilité, qui consiste à prétendre que les bontés que Dieu donne à notre caractère n’existent pas.
- La patience : Endurer avec persévérance ce que Dieu nous envoie, sans jamais faillir dans notre engagement pour lui. A ceci s’oppose :
- L’impatience : Le refus de subir la souffrance et la recherche de « voies de sorties » hors de Dieu.
- L’impétuosité : le « trop de » patience qui consiste à rechercher délibérément l’épreuve alors que Dieu ne la fait pas venir « naturellement ». L’histoire se souvient de candidats au martyre qui se sont livrés aux autorités, pour finir apostats au final.
2eCommandement : Tu ne feras d’images
Il nous est demandé dans ce deuxième commandement :
- D’adorer Dieu selon un mode qui lui convient, dans le respect de ce qu’il prescrit dans la Bible. Sont interdits en conséquence :
- L’idolâtrie en tant que fausse adoration du vrai Dieu. On y retrouvera la superstition (attribuer un « pouvoir magique » à une incantation au nom de Jésus Christ comme les fils de Scéva). Ou bien associer au culte du Dieu unique d’autres figures (ce que nous reprochons aux romains).
- L’hypocrisie : Rendre un culte impeccable sur l’extérieur, mais avec un cœur vide et sans chaleur.
- La profanité : Ne pas prendre au sérieux le culte et l’adoration rendu à Dieu.
En conséquence, dans la tradition réformée, on interdisait toute image de quelque sorte que ce soit dans les temples. On admettait l’utilisation d’images à but pédagogique, comme quand on illustre des histoires de Jésus pour les enfants. Cependant, ils considéraient qu’il était trop dangereux de mettre ces mêmes images dans le culte, car la limite entre pédagogie et culte, entre contemplation et vénération est trop fine pour être admise dans l’église. Il n’y a cependant aucune interdiction particulière en dehors de culte rendu à Dieu et il est permis de peindre une scène familiale ou prendre des photos de votre chat.
3ecommandement : Tu ne prendras pas le nom de Dieu en vain
De manière générale, il s’agit de ne pas utiliser le nom de Dieu à la légère, afin que le culte rendu à son nom reste pur, et non souillé par nos mauvaises actions. Il nous est positivement demandé :
- De propager la vraie doctrine selon nos capacités et les occasions. Cela peut se faire à travers l’éducation de nos enfants, les exhortations entre frères ou le contexte d’évangélisation. En sens inverse, nous devons éviter :
- Négliger d’instruire, en particulier nos enfants.
- Ne pas vouloir parler de Dieu
- Corrompre volontaire la doctrine de Dieu
- Louer et glorifier le nom de Dieu c’est-à-dire proclamer et reconnaître ce que Dieu est et ce qu’il fait pour nous. A ceci s’oppose :
- Le mépris de Dieu : négliger de le prier ou de le louer.
- Le blasphème : Attribuer à Dieu ce qui lui est étranger.
- La malédiction : Demander à Dieu de commettre le mal contre quelqu’un. Il est cependant permis de faire comme dans les psaumes d’imprécations dans les cas suivants :
- Que ce soient les ennemis de Dieu qui soient visés et non les nôtres personnels
- Que ce ne soit pas par vengeance privée.
- Que ce mal ne vienne que s’ils sont irrepentants.
- Que ce ne soit pas pour nous réjouir de leur destruction, mais de voir s’affirmer la justice et la gloire de Dieu.
- Confesser ce qui est vrai de Dieu : Affirmer et défendre la vérité de la Bible sur Jésus Christ et son Père. A cela s’oppose :
- Le reniement de la foi : Que ce soit l’apostasie totale, ou bien d’un aspect crucial de la foi.
- Retenir la vérité : Ne pas proclamer l’évangile alors que nous sommes en situation de le faire, ou bien dissimuler notre appartenance à Christ à cause du regard des autres.
- Faire une offense de ce qui est indifférent : Par exemple, considérer comme une question de vie ou de mort spirituelle un détail trivial comme les tatouages.
- Les scandales ou les offenses morales : Vivre dans une débauche visible tout en affirmant être chrétien.
- Une confession de la vérité à contre–tempscomme dans des circonstances où ce serait une provocation inutile (par exemple : crier « Jésus est roi » en pleine prière dans une mosquée).
- Gratitude : Reconnaître et remercier Dieu pour ce qu’il nous donne. Attribuer nos bienfaits à son Nom. A ceci s’oppose :
- L’ingratitude : Ne pas reconnaître ou ne pas remercier Dieu pour ses bienfaits.
- Ne pas apprécier les bénéfices de Dieu à leur juste valeur.
- Une négligence des dons de Dieu quand nous les utilisons pour ce qui n’est pas à la gloire de Dieu par exemple.
- Le zèle pour la gloire de Dieu : Un amour ardent pour Dieu qui nous pousse à agir en sa faveur, avoir honte de ce qui lui fait honte et défendre son honneur. A ceci s’oppose :
- La timidité, ou manque de fermeté.
- Le faux zèle qui est son excès, où nous défendons avec excès contre ce qui n’est pas une atteinte à la gloire de Dieu.
- Invoquer le nom du Seigneur : c’est-à-dire lui demander à lui de nous donner les bontés qui doivent venir de lui. A ceci s’oppose :
- Négliger d’invoquer le nom du Seigneur
- Les invocations idolâtres : Demander à d’autres que le Seigneur ce que Lui donne (prières mariales), ou bien demander les bonnes choses au mauvais Seigneur (comme le font les musulmans).
- La demande de choses contraires à la volonté de Dieu : « Seigneur, que mon cambriolage réussisse ».
- Les prières creuses.
- Les serments légitimes :comme ceux que l’on demande à un policier ou un magistrat, à un mari envers son épouse etc. A ceci s’oppose :
- Le refus de prêter sermentquand il est légitime (par ex : le mari qui refuse de prêter serment d’aimer chérir et protéger sa femme)
- Le parjure : Rompre son serment, soit qu’on l’ait contracté initialement dans le but de tromper, ou par faiblesse.
- Un serment idolâtre fait au nom de quelqu’un d’autre que Dieu.
- Un serment pour faire quelque chose de contraire à la volonté de Dieu.
- Des serments qui sont fait hâtivementou trop légèrement. Ce sont ceux-là qui sont interdits par Mt 5.23 et Jacques 5.12.
4ecommandement : Tu garderas le sabbat…
Si les puritains considéraient que ce commandement était à garder avec la même rigueur que lors du temps de Moïse (et avec eux les adventistes), ce n’est pas le cas de la tradition réformée dans son ensemble. Cependant, « sanctifier le sabbat » restait très important, et ils l’exposaient ainsi :
- Enseigner justement en église : Ne pas renoncer aux rassemblements du dimanche, et prêcher la saine doctrine en assemblée. A ceci s’oppose :
- L’omission ou la négligeance de l’enseignement de la Parole.
- L’administration du baptême et de la Ste Cène conformément à ce qui a été institué par Christ. A ceci s’oppose :
- L’omission ou la négligence dans l’administration de ces gestes
- L’administrer de façon illégitime à ceux qui sont sous la discipline d’église par exemple.
- La superstition ou donner une efficacité spirituelle indue aux éléments au lieu de les attribuer à Christ.
- Assister avec diligence au rassemblement et à l’enseignement à l’église
- Négliger ou mépriser ces rassemblements « N’abandonnez pas vos assemblées comme certains ont commencé à le faire ».
- Négliger l’enseignement et l’acquisition de connaissances sur Dieu.
- La curiosité(excès de diligence) qui consiste à chercher à en savoir trop sur des sujets que Dieu n’a pas voulu révéler.
- Les prières creuses en assemblées
- Les prières répétitives où personne n’est édifié.
- Respecter le pasteur et l’enseignant. Et en sens inverse, ne pas le mépriser.
De leur côté, le pasteur et l’enseignant ont les devoirs suivants :
- Exposer correctement la Parole de Dieu, de façon à ce qu’elle soit comprise.
- Administrer fidèlement les gestes d’église
- Montrer l’exemple d’une vie chrétienne
- Une attention diligente à leur troupeau.
- Respecter et se soumettre aux décisions de leur église.
- Respecter et prêter attention aux pauvres.
5ecommandement : Tu honoreras ton père et ta mère
C’est une constante dans toutes les traditions chrétiennes : il n’y pas que les parents qui sont inclus dans l’honneur et la soumission, les autorités de manière générale en font partie. De leur côté, les autorités à qui l’on doit l’honneur doivent être elles-même honorables. Cela engendre plusieurs listes comme on le voit ci-après.
Les devoirs de ceux qui sont sous l’autorité de quelqu’un :
- Avoir de la révérence pour les autorités : cela signifie respect et soumission
- Aimer nos autorités
- Obéissance à celles-ci
- La gratitude pour elles
- La modération et l’indulgence à leur égard.
Les devoirs communs à tous ceux qui sont en situation d’autorité :
- La Justice universelle c’est-à-dire l’obéissance à toutes les lois, surtout celles de Dieu. A ceci s’oppose :
- La négligence de leurs devoirs.
- L’obstination, la désobéissance ou la sédition
- L’hypocrisie ou l’obéissance de façade.
- La justice distributive particulière qui consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû. A ceci s’oppose :
- L’erreur dans l’attribution des postes, des honneurs ou des récompenses
- Le manque de jugementquand on choisit de mauvaises personnes
- La partialité.
- La diligence c’est-à-dire l’application à réaliser du bon travail dans son office. A ceci s’oppose :
- La négligence ou la paresse
- Une diligence uniquement apparente
- Curiosité quand on s’occupe de choses qui ne concernent pas notre mission.
- L’amour pour ceux que nous avons sous notre responsabilité. Les parents doivent aimer leurs enfants, les chefs politiques leurs électeurs. A ceci s’oppose :
- L’innaturalité : ne pas aimer « les nôtres ».
- L’indulgence excessive : Négliger de prendre à cœur les péchés de ceux qui sont sous notre autorité.
- La gratitude : Reconnaître de qui à et qui nous devons notre situation, et en retour lui rendre ce qui lui est dû. A ceci s’oppose :
- L’ingratitude : Ne pas reconnaître ou ne pas rendre ce qui est dû à celui dont on doit la situation. Ex de l’élu qui n’applique pas ses promesses de campagne.
- Rendre ce qui est injuste : « Renvoyer l’ascenseur » en accordant des services illégitimes.
- La gravité c’est-à-dire un comportement digne en accord avec la fonction élevée que l’on a. Plus on est élevé dans la société, plus on doit avoir un comportement digne. A ceci s’oppose :
- La légèreté : soit un comportement qui dégrade l’image de notre fonction.
- L’arrogance :Utiliser son poste élevé pour écraser les autres ou se glorifier les autres.
- La modestie C’est-à-dire un comportement humble en accord avec notre place où l’on s’efface derrière l’intérêt collectif. A ceci s’oppose :
- L’immodestie : « Dépasser les limites » dans notre comportement.
- L’arrogance : Attirer l’attention sur notre position élevée et en profiter pour s’élever soi-même.
- Modestie superficielle : Où notre comportement est convenable, mais notre cœur est néanmoins dévoré d’arrogance.
- L’équité qui est la vertu qui adoucit une justice trop sévère et qui s’assure de la proportionnalité entre la punition et la situation particulière. A ceci s’oppose :
- Une rigueur excessivedans la punition ou la sanction
- Un trop grand laxisme
- La flatterie : donner des louanges imméritées pour recevoir un service ou une promotion en retour.
6eCommandement : Tu ne tueras pas
Sont contenus dans ce commandement :
- La justice particulière à ce commandement, c’est-à-dire de préserver la sécurité de son prochain. A ceci s’oppose :
- Toute aggression
- Un trop grand laxisme où par notre inaction nous nous retrouvons à encourager un comportement dangereux.
- La magnanimité c’est-à-dire la vertu où l’on contrôle notre colère et se trouve disposé à pardonner et combler de bonté même celui qui ne le maîtrise pas. Même dans la colère, on limite la punition ou le dommage. A ceci s’oppose :
- La pusillanimitéqui consiste à laisser passer tout péché sans réaction.
- Les penchants colériques et surtout incontrôlés.
- Un désir de vengeance et de l’animosité, la volonté de détruire l’autre.
- L’équité qui consiste à punir non selon notre propre sentiment, mais à partir des faits objectifs et conformément à la situation. A ceci s’oppose :
- Une rigueur excessiveoù la sanction est trop rigoureuse par rapport à la situation réelle.
- Un trop grand laxisme où l’on néglige les faits qui auraient dû nous amener à être plus sévère.
- La partialité
- La paisibilité, soit la vertu qui recherche la paix et évite le conflit sans pour autant refuser totalement le conflit quand il est nécessaire pour maintenir la paix. A ceci s’oppose :
- L’esprit querelleur qui recherche le conflit et se plaît à lutter.
- Un excès de pacifisme où l’on sacrifie tout ce qui a de la valeur –gloire de Dieu, sécurité du prochain etc- pour peu que l’on reste en paix.
- La justice commutative dans la punition. C’est ce qu’on appelle s’assurer de la « proportionnalité des peines ». A ceci s’oppose :
- La cruauté, ou la rigueur excessive
- La vengeance privée
- Le laxisme
- La partialité
Bref. L’injustice à laquelle on pense quand on parle d’un juge corrompu.
- La fortitudec’est-à-dire la vertu qui nous rend prêt à endurer toutes les souffrances pour la justice et la gloire de Dieu. A ceci s’oppose :
- La timidité où l’on recule devant les sacrifices nécessaires pour faire le bien.
- La téméritéoù au contraire on s’expose à des dangers non nécessaires.
- Le zèle pour la justiceest la vertu qui consiste à prendre au sérieux les offenses qui sont faites à Dieu ou la Justice, et à se mettre en action contre elles. A ceci s’oppose :
- La colère injuste
- Le laxisme quand on ne se met pas en colère contre ce qui mérite la colère.
- L’humanitéqui consiste à désirer et réaliser le bien de notre voisin. En langage biblique : « Tu aimeras ton prochain ». A ceci s’oppose :
- L’inhumanité c’est-à-dire ne pas faire le bien de son prochain, ou s’abstenir de le faire.
- La malice c’est-à-dire le vice qui consiste à priver l’autre d’un bien que nous n’avons pas. « Si ce n’est pas à moi, ce ne sera pas non plus à toi ».
- Egoïsmeoù l’on s’aime soi au détriment des autres.
- La gratification indûeque l’on donne trop, plus que ce qui est dû à son prochain.
- La pitié est la prise en compte de la souffrance des autres et le mouvement qui cherche à compenser cette souffrance. A ceci s’oppose :
- Le manque de pitié, ou la froideur du cœur.
- Se réjouir du malheur des autres.
- Le laxismequand on a pitié de celui qui devrait être puni, et que l’on cherche à alléger ce qui est une juste punition, l’annulant ainsi.
- L’amitié qui est la bonne volonté entre personnes de bien, avec l’assistance et le partage qui convient. A ceci s’oppose :
- L’inimitié
- La négligence de ses amis.
- La facilité à briser des relations amicales.
- La flatterie
- La gratification injuste.
7eCommandement : Tu ne commettras pas d’adultère
Par ce commandement, il nous est demandé :
- La chasteté c’est-à-dire la recherche de la pureté du corps et de l’homme et la correspondance de notre comportement sexuel avec la loi de Dieu. Ainsi on s’oppose à :
- Les relations contre nature : la bestialité, l’inceste, l’homosexualité, le viol.
- Les atteintes au mariage :Les adultères (simples ou doubles) et la fornication (relation entre deux personnes non mariées)
- Les désirs incontrôlés
- La modestie qui est la crainte de l’impureté et la détestation de ce qui en est la cause. A ceci s’oppose :
- L’immodestiequi est l’imprudence dans la sexualité
- La pudibonderie qui est la honte mal placée de ce qui n’a rien de honteux.
- L’obscénitéou la vulgarité.
- La tempérancec’est-à-dire le respect des limites de nos corps, particulièrement dans la boisson et la nourriture.
- L’intempérancequand nous mangeons, buvons jusqu’à l’ivresse.
- La luxure qui est l’excès de luxe.
- La tempérance excessivequi est celle de l’ascèse extrême et injustifiée.
Et bien entendu, le 7ecommandement ordonne le mariage, son maintien et son respect.
8ecommandement : Tu ne voleras pas
Par ce commandement, il est exigé :
- La justice commutative, c’est-à-dire que nos moyens d’enrichissements doivent être légaux, justes et légitimes. A ceci s’oppose :
- Le détournement de fonds qui ne nous appartiennent pas.
- Le sacrilègequi consiste à vendre ce qui est sacré.
- Les fraudes et artifices destinés à gonfler les ventes de manière frauduleuse.
- L’usure : Le gain excessif issu des emprunts. (Turretin acceptait que l’on puisse prêter de l’argent, mais condamnait pourtant le métier de banquier qui « devaient être chassés des états chrétiens comme des pestes publiques et des dangers pour la société »).
- La satisfaction de ce que l’on possède déjà. A ceci s’oppose :
- L’avarice qui est l’insatisfaction dans la possession de nos richesses
- Les refus feints qui est le refus extérieur d’argent, alors qu’on le désire ardemment de l’intérieur.
- La fidélité qui est la vertu qui cherche à éviter que les autres ne subissent des pertes et à prévenir qu’un dommage financier ne leur arrive. A ceci s’oppose :
- L’infidélitéqui est l’absence de soin quant aux biens des autres, ou la non-réalisation de nos devoirs envers eux.
- La négligence ou la paresseoù l’on profite du bien public sans y contribuer.
- La libéralité ou générosité consiste à savoir donner de ses excès pour combler les besoins de nos prochains. A ceci s’oppose :
- L’avarice qui est au contraire la retenue de ces richesses, même quand elles sont inutilement stockées chez nous et nécessaires chez notre prochain.
- La prodigalitéest l’excès inverse, où l’on dépense de façon irrationnelle et excessive.
- L’hospitalitéest une espèce de générosité où l’on accueille chez soi des étrangers (en particulier ceux qui ont souffert à cause de l’évangile dit Ursinus). A ceci s’oppose :
- Un manque d’hospitalité
- L’extravagancepour un hôte au point où l’on ne peut pas venir en aide à d’autres par la suite.
- La parcimonie consiste à se garder des dépenses injustifiées ou inutiles. Elle est l’assistant nécessaire de la générosité (pas de dons aux autres sans maîtrise des dépenses) et elle est détruite par les mêmes vices : l’avarice est la perversion de la parcimonie et la prodigalité en est l’absence totale.
- La frugalité est la vertu qui consiste à bien gérer son train de vie, sans rapacité excessive ni prodigalité destructrice. C’est la satisfaction à l’œuvre. Elle est détruite par la rapacité et la prodigalité.
9ecommandement : Tu ne mentiras pas
Dans ce commandement, est inclus tout notre rapport à la vérité. Ainsi, il est exigé :
- La véritéc’est-à-dire la vertu qui recherche et veut conformer notre intellect et volonté à ce qui est vrai. A ceci s’oppose :
- Le mensonge : dire ou défendre ce que l’on sait faux, pour tromper ou faire chuter.
- La vanité : La propension à mentir avec légèreté.
- En sens inverse, nous devons aussi nous abstenir dela confession de vérité au mauvais moment.
- La curiositéqui est la recherche de vérité sur des sujets trop obscurs pour être étudiés.
- La candeur qui est la disposition à accueillir favorablement ce que l’on nous dit comme vrai. A ceci s’oppose :
- La calomnie : Qui est d’introduire quelque chose de faux ou dommageable dans ce qui est dit.
- La suspicion : Douter de la véracité d’un propos quand il n’y a pas lieu de le faire.
- Dans l’excès inverse, la crédulité stupide : Accepter comme vrai ce qui ne mérite pas de l’être.
- La simplicité est la vertu qui consiste à présenter la vérité toute nue, sans rien qui puisse l’obscurcir.
- La constance est la persévérance de notre esprit à adhérer à ce qui est vrai, et à ne pas changer d’avis sans bonnes raisons de le faire. A ceci s’oppose :
- L’inconstanceoù l’on change d’avis tous le temps sans bonnes raisons.
- Dans l’excès inversel’obstination où l’on maintient notre opinion même lorsque les bonnes raisons d’en changer s’accumulent.
- La docilité est la capacité à savoir changer d’avis lorsque on a des bonnes raisons de le faire. La docilité est à la volonté ce que la constance est à l’intellect, et elle est détruite par les mêmes vices (inconstance et obstination).
- La taciturnitéqui est la vertu qui consiste à garder le silence sur ce que l’on ignore ou qui n’ont pas besoin d’être dite. A ceci s’oppose :
- L’indiscrétionqui est l’incapacité de retenir ce qui devrait être secret, le non respect de la confidentialité.
- Le babillageest le fait de parler de façon immodérée, stupide et hors de propos.
- La tricheriequi est le vice à l’œuvre quand on fait échouer un projet honnête par une parole malvenue.
- Dans l’excès inverse, la morositéqui consiste à garder la vérité alors qu’elle devrait être dite.
- L’affabilitéest la disposition à savoir écouter quand il faut écouter et parler quand il faut parler. L’affabilité est à la volonté ce que la taciturnité est à l’intellect. L’absence d’affabilité cause les vices mentionnés pour la taciturnité.
- L’urbanitéest la vertu qui consiste à rendre la vérité attrayante et désirable par un beau discours. A ceci s’oppose :
- La vulgarité
- La raillerie
- Les rumeurs
- Dans l’excès inverse, la fatuitéest une urbanité inappropriée et hors de propos.
- Le manque de goût est une imitation ratée de ce qu’est l’urbanité.
10ecommandement : Tu ne convoiteras pas
Ce commandement résume et intensifie tout ce qui précède. Il ordonne la justice non seulement dans le corps et l’âme, mais aussi dans l’esprit.
A celui-ci s’oppose le péché originel, qui est une infraction permanente qui pèse sur toute la descendance d’Adam (dont nous). Mais également l’amour démesuré pour les créatures.
Conclusion
Celui qui pense être sauvé par la loi est un fou, il n’y a qu’à voir cette liste pour s’en convaincre. Pour ma part, j’ai foiré dès le premier commandement, et si vous traversiez toute la liste sans reproches, vous tomberiez forcément au dixième. Nul ne peut être juste en essayant d’appliquer tout cela.
En revanche, une fois que nous sommes régénérés et que le St Esprit transforme nos cœurs, il le transforme dans la direction et selon le plan qui a été indiqué au long de cet article.
Puisse l’esprit de Justice et de Sainteté achever son œuvre et faire conformer nos cœurs à ces vertus. Amen.
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