Hippolyte de Rome est un personnage intéressant. Clergé à Rome à la fin du IIe siècle, il partage les vues rigoristes de Tertullien. Beaucoup d’historiens croyaient autrefois qu’Hippolyte était même devenu un évêque schismatique et peut-être même un antipape, bien que cette compréhension ait été récemment contestée. Sa Tradition apostolique reflète au moins un courant de l’ecclésiologie à Rome à la fin du IIe et au début du IIIe siècle. C’est un travail polémique, écrit contre ceux qui introduiraient des innovations dans l’Eglise, et Hippolyte soutient qu’il présente le point de vue traditionnel, en fait la tradition qui remonte aux apôtres.
Le prologue explique le but d’Hippolyte :
Mais maintenant, poussés par Son amour pour tous Ses saints, nous passons à notre thème le plus important, « La Tradition », notre maître. Et nous nous adressons aux Eglises, afin que celles qui ont été bien formées puissent, par notre instruction, maintenir cette tradition qui a continué jusqu’à présent et, la connaissant bien, la renforcer. C’est nécessaire, à cause de cet oubli ou de cette erreur qui s’est produite récemment par ignorance, et à cause des hommes ignorants. Et [le] Saint-Esprit donnera la grâce parfaite à ceux qui croient juste, afin qu’ils sachent comment toutes choses doivent être transmises et gardées par ceux qui gouvernent l’Eglise.
Tradition apostolique, Prologue
Il y a plusieurs thèmes qui sont très similaires à Tertullien, car Hippolyte veut préserver la tradition originale pour ceux qui « gouvernent l’église ».
Le tout premier sujet abordé par Hippolyte est l’évêque et la manière dont il doit être ordonné. Il écrit :
Que l’évêque soit ordonné après avoir été choisi par tout le peuple. Quand il aura été nommé et qu’il plaira à tous, qu’il se réunisse avec le presbytère et les évêques présents un dimanche avec le peuple. Pendant que tous donneront leur consentement, les évêques poseront leurs mains sur lui, et le presbytère restera là en silence. En vérité, tous se tiendront silencieux, priant dans leur cœur pour la descente de l’Esprit. Alors l’un des évêques présents posera la main, à la demande de tous, sur celui qui est ordonné évêque, et priera comme suit…
Tradition apostolique partie 1, section 2.1-5
L’affirmation selon laquelle l’évêque doit être « choisi par tout le peuple » est frappante et souligne le fait que la plupart des auteurs précédents n’ont pas pris le temps d’expliquer comment un évêque serait choisi. Il est facile de supposer qu’un évêque en choisirait un autre, mais 1 Clément avait déjà donné quelques indications sur la nécessité du consentement populaire (Clément écrit, « …avec le consentement de toute l’Église… »). Pour Hippolyte, le peuple choisit l’évêque et l’emmène au presbytère. Ce presbytère semble être constitué d’un groupe d’évêques, bien qu’il puisse aussi comprendre des presbytres (Hippolyte distingue ces offices plus tard), et le presbytère donne alors aussi son consentement. Plusieurs évêques ordonnent le nouvel évêque.
Hippolyte est entré en conflit avec d’autres autorités ecclésiastiques et, comme nous l’avons dit plus haut, son statut est souvent débattu. La nature de ses désaccords semble être liée à la discipline, Hippolyte se tenant à la position la plus rigoureuse. Qu’il ait soutenu ou non les vues schismatiques, il ne présente pas la sélection des évêques comme étant controversée. Il n’y a aucune raison de penser qu’il s’agissait d’un point de vue étrange sur la sélection des évêques à cette époque de l’histoire.
0 commentaires
Trackbacks/Pingbacks