L’édit de révocation : cinq leçons tirées de la résistance huguenote
26 décembre 2020

Cet article est l’adaptation sous forme écrite de la deuxième des trois conférences que j’ai données en Corée du Sud à l’automne 2018, toutes consacrées aux quelques leçons qu’il est possible de tirer de l’histoire de l’Église réformée de France durant les premiers siècles de son existence. Je n’ai pas conservé la trace des sources utilisées : il est possible que certaines formulations soient directement reprises des ouvrages consultées à l’époque et dont je n’ai malheureusement pas conservé de traces écrites. Il est en revanche certain que le chapitre consacré par Patrick Cabanel à cette question dans son Histoire des protestants de France a fourni l’essentiel de la trame de cette conférence (en ce qui concerne les faits relatés, et non les leçons que j’en tire) et donc de cet article.


Nous sommes en 1685. C’est l’année d’une catastrophe, d’un désastre qui atteint l’Église réformée en France. Le roi Louis XIV, le plus grand monarque de son temps à bien des égards, décide qu’il faut que son peuple soit uni sous une seule bannière : « une foi, une loi, un roi » selon ce qu’en dit le slogan bien connu.

La situation qui avait eu cours de 1598 à 1685, « le siècle de l’édit de Nantes », n’était plus acceptable à ses yeux. L’édit de Nantes promulgué en 1598 par le roi Henri IV, son grand-père, pour mettre fin aux guerres de religion entre protestants et catholiques, accordait une liberté de culte encadrée pour les protestants du royaume. La religion protestante fut ainsi, durant près d’un siècle, officiellement tolérée en France, quoique de manière très encadrée. Ce n’est pas dire que tout allait bien pendant ce siècle de l’édit de Nantes. Il est en effet possible de considérer au plan historique que toute la période allant de 1620 à 1685 constitue pour l’Église huguenote une pente descendante, allant doucement mais sûrement vers l’étranglement progressif de la minorité protestante.

Dès le début des années 1660, soit vingt-cinq ans avant la Révocation, c’est-à-dire au moment où Louis XIV prend réellement les rênes du royaume, la France entreprend déjà de faire disparaître, une à une, les Églises d’une religion protestante pourtant autorisée et protégée par les édits, si bien que lorsque l’édit de révocation en 1685 a ordonné que toutes les églises protestantes du royaume fussent immédiatement détruites, la grande majorité du travail avait déjà été accomplie bien avant ! Suprême ironie, les frais de démolition des Églises protestantes devaient être payés par les communautés protestantes elles-mêmes ! En bref, la révocation de l’édit de Nantes n’est pas le commencement des douleurs huguenotes, elle n’en est que le symbole. En fait, l’édit de révocation est lui-même passé inaperçu en plusieurs endroits, au milieu des horreurs qui se commettaient alors déjà contre les protestants en plusieurs régions du royaume.

Ce qui retiendra notre attention dans cet article sera la résistance des protestants français aux alentours de l’édit de révocation de 1685, aussi bien dans les années qui l’ont immédiatement précédé que dans celles qui l’ont suivi. Et voici les quelques leçons, positives ou négatives, que je vous propose de tirer de l’histoire de la résistance huguenote. Elles seront au nombre de cinq.

I. Ne pas croire que les lois humaines qui nous protègent sont irrévocables.

Les protestants de la seconde moitié du XVIIe siècle ont commis un contresens terrible sur ce point. Ils pensaient que l’édit de Nantes qui protégeait l’exercice de leur religion ne pouvait être révoqué. Ils se trompaient. L’historiographie huguenote, avant et après 1685, s’est entêtée à affirmer l’irrévocabilité supposée de l’édit de tolérance. Elle est allée sur le terrain de l’analyse juridique de l’édit de Nantes lui-même, sans se rendre compte que la révocation de l’édit était possible dès lors que la réunion des protestants au catholicisme aurait eu lieu. Et c’est précisément en considérant que le protestantisme avait déjà été éradiqué que l’édit de révocation a été promulgué par le roi. Le travail de démolition du protestantisme a eu lieu pour l’essentiel dans les années qui ont précédé l’édit de révocation, plus que dans celles qui l’ont suivi !

Faire confiance à un dispositif légal censé les protéger, alors même que les failles de ce dispositif étaient utilisées par leurs opposants catholiques à plein régime contre le protestantisme, relevait de la plus grande naïveté. L’exemple des destructions de temples le montre bien : alors que l’édit de tolérance avait initialement servi à déterminer où la religion protestante pouvait s’exercer librement, son application dans la fin du 17e siècle en avait complètement renversé l’esprit initial : il fallait maintenant que chaque édifice protestant justifie administrativement en apportant les actes administratifs requis de la légalité de son établissement, y compris dans des cas où personne ne contestait que ce bâtiment était un bâtiment autorisé pour l’exercice du culte protestant. La loi, même lorsqu’elle est initialement formulée pour créer un espace de liberté peut ainsi se transformer en piège lorsqu’elle tombe entre les mains d’opposants suffisamment habiles pour savoir en exploiter les faiblesses.

Il y a cette même tendance aujourd’hui en France en ce qui concerne la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 sensée, aux yeux de ses défenseurs évangéliques, garantir la liberté de religion pour tous. Eh bien, la laïcité française qui initialement devait préserver pour tous la liberté de croire ou de ne pas croire est instrumentalisée par certains pour exclure tout fait religieux de l’espace public. Vous voyez qu’on en arrive à l’exact inverse de l’idée de départ : au lieu de préserver les libertés religieuses de tous, on va finir par supprimer de l’espace public toute référence aux religions et à faire du fait religieux un fait purement privé.

La leçon pour nous en France, c’est qu’il ne faut pas prendre trop vite notre liberté de culte pour un acquis. Il est possible qu’un jour notre liberté de rendre un culte au Seigneur soit un jour révoquée et que nous rejoignions ainsi un jour les rangs de l’Église persécutée, comme elle l’est en bien des lieux de ce pauvre monde. En bref, la première leçon, c’est qu’il ne faut pas mettre notre foi dans les lois des hommes, même seulement pour notre protection : ce serait ignorer qu’un dragon furieux cherche à engloutir tous les enfants de Dieu ; et ce serait oublier que notre confiance doit aller non aux hommes, mais à Dieu lui-même. C’est lui qui nous protège, dans ce combat mortel entre la lignée du serpent et la lignée de la femme, entre le diable et le Christ. C’est lui qui nous permet de traverser en sécurité la vallée de l’ombre de la mort sans craindre aucun mal, non pas qu’aucun mal ne survienne, mais en sachant que même si nous sommes atteints, même si nous sommes meurtris, même si notre vie même nous est prise, cela ne fait que hâter notre rencontre avec le Seigneur de gloire qui nous a sauvés et qui nous a donné sa protection éternelle. C’est pourquoi de nombreux protestants de France, même si son Église n’a jamais adopté officiellement le Catéchisme de Heidelberg comme texte confessionnel, ont pu répondre de la manière suivante à la première question de ce Catéchisme leur demandant quelle était leur unique consolation tant dans la vie que dans la mort, s’exclamant alors : « C’est que, de corps et d’âme, j’appartiens non pas à moi-même, mais à Jésus-Christ mon fidèle sauveur qui par son sang précieux a parfaitement payé pour tous mes péchés et m’a délivré de toute la puissance du diable. Il me garde si bien qu’il ne peut tomber même un cheveu sans la volonté de mon père céleste et que même toute chose doit concourir à mon salut. C’est pourquoi il m’assure par son Saint-Esprit d’avoir la vie éternelle et me donne la volonté et la disposition de désormais vivre pour lui en l’aimant de tout cœur. » C’est notre première leçon : notre confiance pour notre sécurité doit aller au Seigneur de l’histoire, pas aux lois des hommes.

II. Faire preuve de solidarité et ne pas regarder seulement à son intérêt propre.

J’ai là en tête un épisode peu connu de l’histoire huguenote. Il s’agit du projet de désobéissance civile organisée en 1683, deux ans seulement avant la Révocation, par l’avocat protestant Brousson, qui deviendra plus tard pasteur de l’Église du Désert. Comme il a déjà été dit, le climat est déjà pesant et l’étau se resserre autour de la minorité protestante. Ce projet, unique en son genre, se met en place à un moment où les destructions de temples et les interdictions de culte sont en augmentation. Le projet est le suivant : demander à tous les protestants de braver l’interdiction, un même jour, sur l’ensemble du territoire en prenant garde de ne tomber dans quelque provocation que ce soit mais en attestant fermement de leur volonté d’offrir à Dieu un culte en Église, même là où cela avait été interdit.

Il s’agit de s’ouvrir pacifiquement un accès au roi. Comme l’écrit à ce sujet un pasteur exilé anonyme : « Le Roi voyant leur union et une forte résolution de maintenir l’exercice de leur religion, même au péril de leur vie, il est certain qu’il les aurait laissés en liberté. » Il s’agit d’une vraie désobéissance civile qui assume un désordre initial pour sauvegarder un bien supérieur.

C’est néanmoins un échec total, mettant en évidence les divisions du protestantisme de ce temps entre les modérés qui ne voulaient pas faire de vagues en espérant des temps meilleurs et ceux qui perçoivent qu’il faut faire quelque chose ou se résoudre à s’éteindre. La conséquence de cette division ? Les plus zélés qui ont osé résister ainsi à la Couronne sont exterminés en premier, les plus modérés qui sont restés entièrement silencieux ne devant être exterminés qu’une fois que ces premiers ne posent plus problème… Cette division se superpose à d’autres, entre ville et campagne par exemple, et c’est ainsi qu’au moment même où les huguenots pourraient affirmer fermement leur volonté de glorifier Dieu et faire ainsi vaciller le roi, ils partent en ordre de bataille dispersé, les uns passant pour de dangereux zélotes, les autres pour des tièdes dont il ne serait pas bien difficile d’extirper une abjuration. C’est la deuxième leçon : pour bien résister, il faut apprendre à aller dans le même sens, et faire preuve de solidarité, comme un seul corps.

III. Dieu laisse parfois le désastre absolu s’abattre sur nous.

C’est ce qui nous est arrivé, à nous huguenots. La catastrophe, le désastre a eu lieu, tuant le protestantisme en France, ou presque. En 1560, avant l’édit de Nantes, il y avait plus de 10 % de protestants et la perspective de faire de la France un pays protestant. À la fin du XVIIIe s., il n’y a plus que 2 % de protestants, et à peine plus aujourd’hui encore. Le désastre qu’a connu le protestantisme français à la fin du XVIIe siècle est un coup fatal dont il porte encore les marques aujourd’hui. Aujourd’hui, dans la patrie de Calvin, il y a plus d’athées, plus de catholiques et même plus de musulmans qu’il n’y a de protestants ! Dieu, notre Dieu, le Dieu qui a créé le monde, qui le conserve et le gouverne, le Dieu qui dirige le cours de l’Histoire a laissé le désastre s’abattre sur nous. Les moyens mis en œuvre par les pouvoirs politiques et religieux pour opprimer la minorité protestante sont divers et variés. L’un d’entre eux a marqué en particulier les mémoires protestantes jusqu’à ce jour : les dragonnades. Les « dragons » étaient des soldats de Louis XIV qui se déplaçaient à cheval mais combattaient à pied. Le principe de la dragonnade est celui du logement de ces soldats dans tout le pays chez les habitants et aux frais de ces derniers. En plus de la charge que cela représentent, il y a des abus et des violences qui, initialement, sont désapprouvés et punis par l’État. Rapidement, cependant, certains gouverneurs de province voient là avec cynisme un moyen utile pour faire reculer le protestantisme. Les dragons ne sont dès lors logés que chez les protestants. Et les autorités ferment complaisamment les yeux sur les abus et les violences afférentes, et au plus fort de la persécution elles vont même jusqu’à les encourager, avec cette conséquence : lorsqu’une famille renonce au protestantisme, les dragons hébergés jusqu’alors chez elle doivent trouver logement chez une autre famille protestante. Cette stratégie, qui commence à porter du fruit dès 1681 dans le Poitou et en Béarn, est alors progressivement généralisée jusqu’à culminer en 1685 – l’année de la grande abjuration, lorsque des milliers de protestants vont renoncer à la foi protestante et se faire catholiques à la seule annonce de l’approche des régiments de dragons. Un seul exemple, et pas le pire, pour vous montrer ce dont il est question. Il s’agit du cas de M. de La Cassagne, à Nîmes, qui ayant refusé d’abjurer, doit subir la présence dans sa maison de cinquante dragons qui le privent de sommeil par le bruit qu’ils font volontairement. M. de La Cassagne leur achète une heure de silence contre de l’or ! L’heure passée, le battement du tambour résonne à nouveau immédiatement au chevet de son lit ! Privé de sommeil, épuisé, il s’incline : il est prêt à abjurer la religion réformée. L’évêque catholique est appelé pour recevoir son abjuration et pour qu’il devienne un nouveau converti au catholicisme. « Vous voilà présentement en repos », lui dit alors l’évêque, les dragons quittant au moment même la maison. La réponse de M. de La Cassagne en dit long sur la sincérité de sa conversion : « Hélas ! monsieur, je n’attends de repos que dans le ciel, et veuille Dieu que ce que je viens de faire ne m’en ferme pas la porte ».

Le pire nous est ainsi arrivé. Face à la terreur semée par la machine de l’État lui-même, les protestants n’ont que trois choix : l’exil, la souffrance extrême ou la conversion au catholicisme. L’exil est très difficile d’accès puisqu’il leur est, sauf aux pasteurs, interdit de sortir du royaume. Beaucoup ne peuvent se résoudre à la souffrance extrême de la persécution totale qu’ils subissaient. Il ne semble leur rester que la conversion au catholicisme qui, dans certains cas, s’est avérée authentique. Pour de très nombreux autres « nouveaux convertis », ce n’est en revanche qu’une simulation pour sauver leur vie du pire.

Nous voyons là qu’il arrive que Dieu fasse advenir le pire. Cela arrive. Le prophète Habacuc relatait déjà quelque chose de cet ordre : l’invasion babylonienne, la déportation du peuple de Dieu. Cela arrive parfois. C’est arrivé. Et cela arrivera à nouveau. Cela peut être en rapport avec nos fautes, comme ce fut le cas pour l’Israël de l’Ancien Testament. Ou cela peut n’avoir aucun rapport, comme l’atteste l’histoire de Job. Quoi qu’il en soit, il faut en avoir conscience : Dieu laisse parfois un désastre absolu s’abattre sur nous.

IV. Dieu se préserve un reste.

Dieu se préserve un reste et il le fait parfois par des moyens déroutants. Les pasteurs ont été bannis et ont quitté la France. Ceux qui ont refusé d’abjurer ont été pillés, abusés, torturés, emprisonnés, envoyés aux galères, et certains d’entre eux pendus. Le protestantisme français en est mort. Il en est presque mort.  La dynamique conquérante du milieu du XVIe siècle n’a jamais été retrouvée depuis. La minorité huguenote, cependant, a miraculeusement survécu. Personne n’a réussi à en venir à bout, pas même en cette funeste année 1685 où les protestants sont convertis de force au catholicisme à tour de bras. Dieu s’est là encore préservé un reste, comme au temps où Jézabel dirigeait un pays et où les prophètes de Baal étaient partout, mais où il demeurait encore sept mille hommes qui n’avaient pas plié le genou devant les idoles.

Les cas des fugitifs qui quittent leurs maisons et leurs biens pour se réfugier dans les forêts et les cavernes sont rares en comparaison de ceux qui ont abjuré, mais ils ont le mérite d’exister. Toutefois, ce qui va constituer le noyau de l’Église du désert, au moins numériquement, ce ne sont pas ceux qui ont cherché à fuir puisque, lorsque leur projet a pleinement réussi, ils ont réussi à rejoindre l’étranger. C’est plutôt une part importante des « nouveaux convertis », qui ont certes officiellement renié leur protestantisme, qui vont lui faire reprendre pied.

Dieu se préserve un reste. Parfois, il le fait avec des hommes qui ont été inflexibles face à la persécution, mais il y a aussi ceux qui ont renié la foi par faiblesse et non par conviction, et qui se ravisent, qui regrettent leur geste, qui regrettent de n’avoir su être des martyrs, qui ont eu la faiblesse de penser plus à leur douleur qu’à la gloire du Seigneur lorsqu’ils étaient menacés du pire. Le Seigneur se préserve un reste et ceux qui forment ce reste ne sont pas tous des héros sans faille. Le Seigneur peut employer des moyens déroutant pour préserver son Église.

Ainsi en est-il aussi du pasteur Jurieu, qui de son exil néerlandais, galvanise les huguenots restés en France en leur expliquant qu’ils vivent les quarante-deux derniers mois de la captivité babylonienne, qu’ils sont les deux témoins d’Apocalypse 11 et que la fin de leur souffrance est pour 1689 ! Bien sûr, Jurieu s’est trompé lourdement. Mais qui sait si le protestantisme français n’aurait pas été éradiqué sans ses prédictions erronées ?

On peut en dire de même du prophétisme cévenol, avec toutes ses extravagances et ses enfants de moins de dix ans et même de seulement trois ans qui prophétisent, ou des camisards qui forment des milices protestantes et descendent des montagnes cévenoles pour faire des embuscades contre les catholiques, avec un ou plusieurs prophètes au milieu d’eux. Le calvinisme ultérieur essaiera de s’en démarquer. Mais le protestantisme français aurait-il survécu sans eux ? Peut-être… ou peut-être pas ! En tout cas, c’est le moyen providentiel par lequel l’Église huguenote a repris pied et notre quatrième leçon : Dieu se préserve un reste, et parfois par des moyens déroutants !

V. La vérité de l’Évangile mérite de notre part une adhésion fervente.

Il n’y a pas seulement eu ceux qui ont abjuré en 1685 au plus fort de la persécution. Il y a aussi ceux qui, lorsque les choses se sont calmées, mais que le protestantisme était toujours interdit, ont choisi de confesser la foi. Des pasteurs ont été mis à mort pour avoir prêché, des milliers d’hommes envoyés aux galères, des femmes envoyées en prison, dans la fameuse tour de Constance à Aigues-Mortes, par exemple, pour avoir assisté à une « assemblée du Désert ». Une assemblée du Désert, c’est un culte protestant loin des villes, dans un endroit reculé, en plein air, puisque le culte protestant est interdit. En France, à la fin du XVIIe siècle, on peut être condamné à la galère ou à la prison à vie pour avoir assisté à un culte protestant interdit et pour avoir refusé de s’en repentir. Par leur conduite héroïque et inspirante, ces héros de la foi nous rappellent que la vérité de l’Évangile est importante, qu’elle mérite de notre part notre adhésion la plus fervente et que nous apprenions à trouver en elle notre joie et notre consolation. Et je conclus donc avec cette réponse du catéchisme de Heidelberg déjà cité plus haut, et qui me semble formuler au mieux ce que nous pouvons apprendre de la résistance, imparfaite mais réelle, des protestants français durant cette période terrible au sein de laquelle figure l’édit de révocation de 1685 : « Notre unique consolation, tant dans la vie que dans la mort, c’est que nous appartenons, corps et âme, non pas à nous-mêmes, mais à Jésus-Christ notre fidèle sauveur, qui par son sang précieux, nous a délivré de tous nos péchés et de toute la puissance du diable. »

Méditons cette importante vérité que nos prédécesseurs dans la foi nous transmettent, afin que, si un jour nous devions vivre des circonstances similaires, nous puissions faire aussi bien qu’eux là où ils ont réussi et mieux qu’eux là où ils ont échoué. Que Dieu nous bénisse et qu’il nous garde dans l’épreuve ! Amen !


Illustration de couverture : gravure protestante anonyme représentant les dragonnades sous Louis XIV, après la révocation de l’édit de Nantes.

Pierre-Sovann Chauny

Pierre-Sovann est professeur de théologie systématique à la Faculté Jean Calvin, à Aix-en-Provence. Il s'intéresse particulièrement à la doctrine des alliances, à l'interprétation des textes eschatologiques, à la scolastique réformée, aux prolégomènes théologiques et aux bons vins. Il est un époux et un père heureux.

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