Comment le libéralisme s’est frayé un chemin dans les Églises réformées de France
17 mars 2021

Cet article est l’adaptation sous forme écrite de la dernière des trois conférences que j’ai données en Corée du Sud à l’automne 2018, toutes consacrées aux quelques leçons qu’il est possible de tirer de l’histoire de l’Église réformée de France durant les premiers siècles de son existence. Je n’ai malheureusement pas conservé la trace des sources utilisées : il est possible que certaines formulations soient directement reprises des ouvrages consultées à l’époque et dont je n’ai malheureusement pas conservé de traces écrites. Je me rappelle ainsi assez distinctement avoir formulé les quatre leçons finales en les prenant assez directement à un autre auteur, mais je n’ai pas été capable d’en retrouver la trace…


Il est assez facile de repérer, en prêtant attention à l’histoire des Églises et des institutions de formation théologique, une tendance au déclin théologique et spirituel qui correspond très exactement à une infiltration souvent progressive du libéralisme théologique au sein de ces Églises et institutions de formation théologique. C’est un schéma que l’on retrouve un peu partout dans le monde et l’histoire des Églises réformées en France n’y fait pas exception. Le sujet qui nous intéresse donc aujourd’hui est la manière dont le libéralisme théologique s’est infiltré autrefois dans les Églises réformées en France, et les leçons que nous pouvons en tirer ensemble pour aujourd’hui.

I. L’infiltration du libéralisme dans les Églises françaises

1. Un libéralisme déjà infiltré au XVIIIe siècle

Il est intéressant de noter qu’une des périodes qui suscite le plus l’admiration des protestants étrangers vis-à-vis du protestantisme français, la période du Désert durant laquelle le protestantisme s’est maintenu secrètement alors qu’il était interdit, n’a pas échappé à cette infiltration progressive du libéralisme.

Patrick Cabanel, dans son chapitre traitant du Désert, explique que les conditions de vie difficiles des pasteurs de ce temps formaient « un vif contraste avec les positions de plus en plus libérales des pasteurs du Désert. » Et Antoine Court, qui avait restauré l’organisation ecclésiastique de l’Église du Désert, après la période du prophétisme cévenol et de la guerre des camisards, avait initialement requis de ses pasteurs une adhésion à la confession de foi de la Rochelle. En 1740, il déclare toutefois renoncer à faire signer aux futurs pasteurs cette même confession. L’avancée du libéralisme est à ce moment-là déjà si forte, en raison de l’enseignement dispensé au séminaire de Lausanne qui sert de lieu de formation aux futurs pasteurs du Désert, que l’on ne trouverait plus assez de pasteurs si on leur imposait d’adhérer à ladite confession. Vous voyez ainsi qu’une résistance héroïque et proprement admirable peut s’accompagner d’une infiltration du libéralisme théologique dans les institutions de formation théologique, puis inévitablement dans l’Église.

Et c’est ainsi que le pasteur Court de Gibelin, le propre fils d’Antoine Court qui organisa l’Église du Désert, explique que le christianisme réformé est « une religion qui n’admet rien que l’on ne puisse comprendre et que l’on ne puisse démontrer », une définition à la saveur rationaliste très nette. Cette affirmation date de 1763, en plein « siècle des Lumières » rationaliste.

2. L’école de Saumur et l’esprit du libéralisme

Le libéralisme théologique s’est toutefois en fait infiltré beaucoup plus tôt. La nomination simultanée, en 1633, de Moïse Amyrault, de Louis Cappel et de Josué de la Place à l’académie de Saumur (une « académie » était en France l’équivalent protestant d’une université) marque certainement la première saillie d’un libéralisme rampant, plus d’un siècle avant ! L’école de Saumur, certes, ne passerait pas aujourd’hui pour libérale, mais seulement comme une forme de calvinisme modifiée. Mais c’est justement cela l’essence du libéralisme théologique. Plus qu’un ensemble de grands thèmes théologiques et philosophiques (que l’on peut tout de même repérer), le libéralisme est d’abord un désir de mouvement, de changements théologiques, même mineurs, qui remettent en cause l’orthodoxie établie. Remettre en cause le consensus calviniste établi à Dordrecht pour proposer à la place un universalisme hypothétique, à la manière d’Amyrault, ou remettre en cause l’imputation immédiate du péché d’Adam à tous ses descendants pour la remplacer par une imputation « médiate » ou « conséquente », comme le fait Josué de la Place, peut ne pas sembler grand-chose : cela ressemble à des débats théologiques sans grandes conséquences concrètes. Rétrospectivement, toutefois, on peut percevoir dans ces mouvements théologiques une tentative d’assouplir le calvinisme, de le rendre plus acceptable à la culture du temps présent. Et le libéralisme, c’est précisément cela : l’accommodation du christianisme à la culture. Patrick Cabanel, dont la sympathie va plutôt aux libéraux, explique très bien les choses : là où le protestantisme huguenot est au contact immédiat du pouvoir et de la masse catholique, et où lui apparait crûment sa véritable situation de minorité, comme à Paris ou à Saumur, il se meut dans une logique d’intégration et de dialogue, en amortissant le tranchant d’une théologie trop étrangère, trop dérangeante. D’où un système de prédestination adoucie qu’échafaudent Amyrault et La Place et que soutiennent les pasteurs parisiens. Et nous ne sommes encore là que dans la première moitié du XVIIe siècle, bien avant l’édit de révocation de 1685. Les semences du libéralisme, en ce qui concerne l’attitude et de la motivation, sont déjà là, en France, à cette époque.

3. Le libéralisme provient du cœur de l’homme

Le libéralisme, en fin de compte, n’est pas si récent qu’il en a l’air. Il ne date pas du XIXe siècle. Il ne date pas non plus du XVIIIe siècle – le siècle des « Lumières », lorsqu’Antoine Court renonce à faire signer la confession de La Rochelle aux pasteurs du Désert. Et il ne date pas non plus du XVIIe siècle avec l’académie de Saumur. Il ne date même pas du XVIe siècle avec le socinianisme, qui est pourtant la source de tous les libéralismes modernes.

Le libéralisme se retrouve bien plus tôt encore : « les saducéens, qui disaient qu’il n’y a ni résurrection, ni ange, ni esprit » (Ac 23,8) étaient déjà libéraux. Et l’on pourrait certainement remonter encore beaucoup plus tôt, parmi les personnages bibliques, jusqu’à Caïn lui-même, par exemple, pour trouver parmi eux des personnes qui ont l’apparence de la piété mais qui renient ce qui en fait la force (2 Tim 3,5), ce qui demeure jusqu’à ce jour précisément une caractéristique du libéralisme théologique, qui imite la forme de la piété chrétienne, et parfois le vocabulaire chrétien mais en en modifiant considérablement la portée.

4. Le socinianisme, matrice de tous les libéralismes modernes

Le libéralisme théologique, sous sa forme moderne, se présente toujours comme l’une des nombreuses variantes du socinianisme. Connaissez-vous le socinianisme ? C’est l’une des hérésies qui sont apparues durant le siècle même de la Réforme et qui tire son nom de Socinius, lequel, comme les Réformateurs, avait rejeté le joug du catholicisme médiéval, mais qui en plus de tout cela avait décidé de s’attaquer à tout ce qui était orthodoxe : la doctrine de la Trinité, la christologie chalcédonienne classique, l’autorité des Écritures, le fait qu’il y ait eu des miracles, le salut par la grâce, la doctrine de la substitution pénale, et ainsi de suite. En fait, vous trouvez dans le socinianisme du XVIe siècle certains traits caractéristiques de quasiment toutes les hérésies qui ont assailli l’Église ancienne : le légalisme des judaïsants, le refus arien de la divinité du Christ, l’arrogance intellectuelle des gnostiques et le système pélagien tout entier, commençant par la négation du péché originel et culminant dans une religion des œuvres. Vous avez tout cela qui vient s’agréger dans l’hérésie socinienne.

On peut en fait dire que l’hérésie de Socinius est une synthèse du scepticisme déjà à l’œuvre chez les saducéens et du rationalisme humaniste des Lumières. Le rationalisme a pour principe que la raison humaine est le critère suprême de vérité. Le scepticisme est la doctrine selon laquelle une connaissance véritable est impossible. Si vous associez scepticisme et rationalisme, vous avez là tout ce qu’il faut pour créer l’hérésie socinienne. Et bien sûr, le scepticisme aussi bien que le rationalisme sont incompatibles avec le christianisme. Le christianisme enseigne en effet que Dieu s’est révélé par sa Parole ; que cette vérité révélée est absolument vraie et digne de confiance ; et qu’elle doit être crue en vue du salut. Cela écarte le scepticisme. De plus le christianisme enseigne que la Parole de Dieu révélée est l’autorité suprême en ce qui concerne la vérité. Tout doit être mesuré à l’aune des Écritures. Et rien de ce qui est contraire aux Écritures ne peut être reçu comme vrai. Et cela exclut le rationalisme. Autrement dit, l’hérésie socinienne est fondamentalement un antichristianisme. Le libéralisme, tel qu’il s’est infiltré dans les Églises réformées en France, et tel qu’il s’infiltre dans toutes les institutions qui n’y prennent pas garde, est toujours dans une plus ou moins grande mesure une forme de socinianisme, qui annule l’autorité de l’Écriture, qui dévalue la divinité du Christ, qui diminue le rôle de la grâce, qui obscurcit le rôle de la Croix pour notre salut.

Il est intéressant de noter que dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, l’un des ouvrages emblématiques des « Lumières » françaises, l’article « Genève » renvoie à l’article « Socinianisme ». Au milieu du XVIIIe siècle, la ville même où la Réforme a été conduite par Calvin est gagnée à l’unitarisme socinien. Les pasteurs y prêchent la morale au lieu d’y prêcher la grâce. Ils y prêchent les œuvres au lieu de la foi. Et cela est aussi vrai à Lausanne qu’à Genève et les pasteurs qui reviennent ensuite en France y sont formés ! Et lorsque le protestantisme sort de la clandestinité, avec le rétablissement du culte protestant sous Napoléon, un libéralisme de plus en plus radical se développe au XIXe siècle, et qui repousse tout surnaturalisme, dont les miracles du Christ, les autorités extérieures, fût-ce celle de la Bible, tout autant que la divinité de Jésus. Ce qui devient central, c’est la liberté d’examen, la raison et l’appropriation intellectuelle de la foi. Il y a désormais deux France protestantes : l’orthodoxe et la libérale, avec dans chaque grande ville deux Églises protestantes, deux mondes rivaux. Une organisation synodale séparée se met temporairement en place, témoignage de la rupture qu’a fini par provoquer la saillie du libéralisme au sein du protestantisme.

5. L’infiltration du libéralisme ne devrait pas être une fatalité

L’histoire des Églises et des institutions de formation théologique partout dans le monde et particulièrement en France montre de manière très nette une progression des tendances libérales dans ces Églises et institutions de formation. Laissez-moi vous dire toutefois que cette trajectoire descendante n’est pas une fatalité. La vérité, c’est qu’aucune Église où la Parole est fidèlement enseignée n’abandonnera jamais l’Évangile pour le troquer contre les valeurs humanistes promues par le libéralisme. La seule manière dont une Église puisse abandonner des convictions solidement bibliques et subir l’influence libérale, c’est en traversant une longue période de négligence durant laquelle l’importance de l’idée de vérité est mise de côté.

Cela se passe généralement ainsi. En tout cas, c’est ainsi que ça s’est passé en France. Quand il y a une période de réformation (comme au début du XVIe siècle), ou une période de persécution (comme à la fin du XVIe ou du XVIIe siècle), ou une période de réveil (comme au XIXe siècle), la génération qui vit l’une de ces périodes est animée d’une ferveur pour la vérité révélée, et même si les circonstances sont difficiles, elle en triomphe spirituellement. La génération qui suit se rappelle que la vérité est importante, mais elle n’est plus aussi prête à se sacrifier pour elle si nécessaire. Et la génération qui suit encore n’a plus envie de combattre pour la vérité, et cette génération est alors susceptible de tomber dans l’apostasie. Et c’est ainsi qu’en deux générations, une Église peut devenir libérale, ou qu’une faculté de théologie peut devenir libérale.

L’histoire nous apprend que la tentation libérale est toujours présente, qu’elle ne cessera jamais de l’être et qu’il nous faut nous armer contre elle.

Le libéralisme peut prendre racine dans une Église ou une faculté de théologie autrefois saine théologiquement — parce que les penseurs libéraux savent prendre le temps qu’il faut pour implanter en douceur leurs idées. Le libéralisme ne triomphe qu’après une longue période de patience à attendre que ses idées prennent pied, y compris dans les lieux les plus orthodoxes initialement. Et c’est alors que, face à ce libéralisme qui s’empare d’une Église ou d’une faculté qui étaient orthodoxes, une réaction s’organise pour former en face une autre Église, ou une autre faculté, fidèle à l’orthodoxie. Ceux qui participent à cette réaction orthodoxe doivent être vigilants, attentifs, parce que l’histoire nous apprend que la tentation libérale est toujours présente, qu’elle ne cessera jamais de l’être et qu’il nous faut nous armer contre elle.

II. Quatre leçons à en tirer

Alors, quelle leçon tirer de la manière dont le libéralisme s’est infiltré dans les Églises protestante en France ? L’histoire montre que même les institutions les plus solides théologiquement peuvent tomber ! Ce qu’il faut, c’est de la vigilance. Mais dans quelle direction ? J’aimerais vous proposer quatre pistes à méditer pour éviter d’exposer nos Églises et nos institutions de formations aux influences libérales délétères.

1. Ne vous conformez pas au siècle présent

Premièrement, « ne vous conformez pas à l’esprit du monde présent » (Rm 12,2). Les libéraux ont toujours été des étudiants attentifs de l’esprit de leur siècle. Ils ont toujours fait valoir que si l’Église refusait de changer avec l’époque, alors le christianisme cesserait d’être pertinent. C’est avec cette raison en tête qu’ils ont cherché à purger l’Écriture de tous ses aspects surnaturels. Ils nous ont dit : « Ce n’est pas grave de dire que ces miracles n’ont pas eu lieu, parce que le cœur du message biblique est en premier lieu moral, éthique. » Ils nous ont expliqué que c’était de la folie pour un prédicateur que de se forcer à prêcher des éléments doctrinaux qui semblaient primitifs, barbares aux oreilles modernes – des thèmes comme la colère de Dieu, le sang versé pour nous sauver, la damnation éternelle. Ils nous ont dit qu’il fallait que nous accommodassions notre message à la pensée moderne, si nous ne voulions pas faire fuir tout le monde. Mais ils avaient tort ! C’est au contraire le libéralisme qui vide les Églises et qui éteint la piété de leurs membres. Alors prenons garde à ne pas nous conformer à l’esprit du monde présent. Méfions-nous des pasteurs qui se soucient plus d’être contemporains que d’être doctrinalement justes, plus soucieux du politiquement correct que de la vérité. Notre message chrétien contient forcément des éléments qui déplaisent au monde. Nous devons parler de péché, de justice et de jugement, tout comme l’Esprit de Dieu lui-même est envoyé pour convaincre notre monde de ces choses-là (Jn 16,8) — et même si, bien sûr, ce n’est pas très conforme à l’esprit de notre temps.

2. Ne recherchez pas l’admiration du monde

Deuxièmement, ne cherchez pas l’admiration du monde. Bien sûr, il n’y a rien de mal à être respectable. En fait, la Bible requiert même d’un ancien qu’il soit un homme de bonne réputation auprès de ceux du dehors (1 Ti 3,7). Il est là bien sûr question du caractère de cette personne, de la grâce qui la caractérise, de sa compassion, de sa réputation d’intégrité. Et cela, ce n’est pas la même chose que d’essayer d’être un pasteur ou un professeur à la mode parce que nous arrondissons les angles du message biblique afin de se gagner la bienveillance du monde alentour. Et l’une des caractéristiques récurrentes des auteurs libéraux est précisément l’obsession concernant le fait de gagner l’admiration du monde alentour. Mais lorsque nous cherchons l’approbation de ceux du dehors, il est certain que tôt ou tard nous laisserons le message de l’Évangile être éclipsé par un message plus en vogue. Ça n’arrivera presque jamais en niant d’emblée les doctrines fondamentales du christianisme. Mais on commencera à en faire un sujet de discussion parmi d’autres, à faire de ce qui est périphérique quelque chose de central et de ce qui est central quelque chose de périphérique. Et lorsque viendront les attaques sur l’autorité des Écritures, la divinité du Christ, le salut par la grâce seule ou la substitution pénale, il n’y aura plus personne capable de défendre de manière convaincante ces doctrines. Et tout cela parce qu’on a cherché à plaire au monde plutôt qu’à Dieu.

3. Ne vous laissez pas intimider par les faux airs de supériorité intellectuelle

Troisièmement, parce que les libéraux cherchent premièrement l’approbation des milieux académiques, ne vous laissez pas intimider par l’air de supériorité intellectuelle des sociniens. Très souvent, les libéraux font ressentir aux évangéliques leur sentiment de supériorité. Nous qui croyons à la véracité de la Bible, nous sommes comme des enfants qui croient à des contes. Mais eux — les libéraux, les sociniens — eux savent ! Cela ne devrait pas nous intimider. La Bible nous prévient que les disciples de Jésus ne doivent pas s’attendre aux honneurs du monde, et encore moins les rechercher. Notre but n’est pas la reconnaissance académique, car comme le dit l’apôtre Paul « la sagesse de ce monde est une folie pour Dieu » (1 Co 3.19). Nous ne cherchons pas à être les plus intelligents, ni les plus originaux. Nous cherchons simplement à comprendre le sens de la Parole de Dieu et à le communiquer aussi fidèlement que possible. Nous devons chercher à être de bons et fidèles théologiens. Mais nous ne devons pas espérer que cela nous attirera la reconnaissance académique.

4. Faites preuve de précision doctrinale

Dernière leçon : Faites preuves de précision doctrinale. Cela peut paraître un peu bizarre puisque les libéraux se glorifient de leur prétendue supériorité intellectuelle, mais en même temps, ils se plaisent à entretenir le flou sur ce qu’ils pensent vraiment. De cette manière, ils ravivent le scepticisme de notre époque selon lequel on ne peut pas authentiquement connaître. La conséquence, c’est que de nombreux chrétiens sincères en viennent à penser que la doctrine n’est pas importante. Ce qui compte, c’est la confiance en Jésus et une vie qui porte du fruit. Mais même cette affirmation ne peut se passer d’une doctrine précise ! Parce qu’il faut définir doctrinalement ce qu’est une vraie foi en Jésus. Et parce que le fruit d’une vie renouvelée ne se situe pas seulement au niveau des œuvres, mais aussi de ce qu’on comprend de l’œuvre de Dieu et ce qu’on est capable d’en expliquer. C’est une fausse distinction entre la foi et les œuvres. Et c’est une stratégie libérale depuis Socinius : dire que ce qui compte vraiment, ce sont les œuvres. Mais c’est faux ! Et même, mes œuvres ne valent absolument rien si elles ne démontrent pas une foi authentique. En vérité, c’est une leçon importante à tirer de l’histoire, et de celle des Églises en France en particulier, que l’unité de l’Église doit se construire autour d’un engagement commun envers la saine doctrine.

Les libéraux se glorifient de leur prétendue supériorité intellectuelle, mais en même temps, ils se plaisent à entretenir le flou sur ce qu’ils pensent vraiment.

Conclusion

Nous devons prêter attention à ces leçons que nous enseigne l’histoire de mon Église. Surtout, nous devons tenir ferme dans la vérité de l’Écriture, nous nourrir d’elle, combattre pour elle et accepter, si telle en est la conséquence, de ne recevoir ni reconnaissance académique, ni l’admiration du monde. Mais au lieu de nous conformer à l’esprit du temps présent, demandons toujours dans nos prières à être transformés par le renouvellement de l’intelligence qu’opère en nous l’Esprit du Seigneur.


Illustration : L. Visscher, Portrait de Faust Socin, gravure, 1668 (Amsterdam, Rijksmuseum).

Pierre-Sovann Chauny

Pierre-Sovann est professeur de théologie systématique à la Faculté Jean Calvin, à Aix-en-Provence. Il s'intéresse particulièrement à la doctrine des alliances, à l'interprétation des textes eschatologiques, à la scolastique réformée, aux prolégomènes théologiques et aux bons vins. Il est un époux et un père heureux.

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