Emer de Vattel sur la politique migratoire
9 septembre 2021

Emer de Vattel est un philosophe réformé suisse du XVIIe siècle, que nous avons déjà introduit ici. Dans son oeuvre principal, il traite de la nation en tant que patrie, et les conditions de la citoyenneté. Il y a alors un petit paragraphe sur la politique d’accueil des migrants que beaucoup trouveront sûrement intéressants. En gros, il admet qu’il existe un devoir d’accueillir les apatrides, mais il est soumis à la prudence. On ne devrait pas accueillir notamment si jamais on manque de travail pour la population autochtone, ou les infectés. Je vous laisse le découvrir dans ses propres mots.

Cependant, comme sa Propriété n’a pu s’introduire qu’en réservant le droit acquis à toute Créature humaine de n’être point absolument privée des choses nécessaires ; aucune Nation ne peut refuser, sans de bonnes raisons, l’habitation même perpétuelle, à un homme chassé de sa demeure. Mais si des raisons particulières & solides l’empêchent de lui donner un asile, cet homme n’a plus aucun droit de l’exiger ; parce qu’en pareil cas, le pays que la Nation habite ne peut servir en même terme à son usage & à celui de cet Étranger. Or, quand même on supposerait que toutes choses sont encore communes ; personne ne peut s’arroger l’usage d’une chose, qui sert actuellement aux besoins d’un autre. C’est ainsi qu’une Nation, dont les terres suffisent à-peine aux besoins des Citoyens, n’est point obligée d’y recevoir une troupe de fugitifs, ou d’exilés. Ainsi doit elle-même les rejeter absolument, s’ils sont infectés de quelque maladie contagieuse. Ainsi est-elle fondée à les renvoyer ailleurs, si elle a un juste sujet de craindre qu’ils ne corrompent les mœurs des Citoyens, ne troublent la Religion, ou qu’ils ne causent quel-qu’autre désordre, contraire au salut public. En un mot, elle est en droit, & même obligée de suivre à cet égard les règles de la prudence.

Emer de Vattel, Le Droit des Gens, Livre I, §231

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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