J’ai eu à cœur de résumer une lecture récente : Christ’s Churches Purely Reformed de Philipp Benedict, que je recommande fortement.. C’est une somme académique qui raconte l’histoire « sur le terrain » de la Réforme. Je vais dans une série de prochains articles synthétiser le contenu de ce livre en « histoires très rapide » de la taille d’un article de blog, afin de vous partager les richesses de ce livre, et de l’histoire de nos pères. Cette semaine : un condensé de l’histoire des Églises réformées de France, pour lesquelles il y aurait tellement à dire, mais l’on doit toujours se limiter.
À l’époque de la Réforme, la France est le pays le plus peuplé d’Europe (18 millions d’habitants). Bien que le pouvoir central soit fort et déterminé à endiguer l’hérésie, il est aussi opposé aux Habsbourg et voit les protestants comme un moyen de les affaiblir. Par ailleurs, il est ouvert à l’humanisme de la Renaissance, et donc les ferments de la Réforme. Cependant, ces avancées seront contrariées par les réactions violentes de la majorité catholique, et se définira par des guerres de religion dont les protestants ne s’en sortent que par une résistance acharnée. Une deuxième fenêtre semble s’ouvrir avec l’accession au trône d’Henri de Bourbon (Henri IV) mais la résistance catholique est devenue trop organisée et trop puissante. Le protestantisme se conserve cependant une position de minorité par sa résistance acharnée. La communauté réformée française sera influente au XVIIe siècle. Il n’y a guère qu’au Béarn que la Réforme s’implante par acte de la reine Jeanne de Navarre, « notre Reine », dont nous traiterons en fin d’article.
L’implantation des Églises Réformées en France.
La France, influencée par l’humanisme, s’intéressé à Luther dès le départ, à travers ses écrits en latin. La semence est plantée à Meaux en 1521, avec Guillaume Briçonnet et un groupe d’étudiants de Jacques Lefèvre d’Étaples (professeur humaniste, sorte d’Érasme français) qui organisent des innovations liturgiques et prennent contact avec les réformateurs helvétiques. Mais la Sorbonne condamne les idées luthériennes dès 1521, ce qui rend le statut légal de ce groupe de Meaux assez précaire et soumis à la bonne volonté de François Ier. C’est de ce groupe que faisait partie Guillaume Farel. La Réforme s’étend donc dans la clandestinité. En se fiant aux procès en hérésie, on remarque qu’en 1540 toutes les régions françaises sauf la Bretagne et l’Auvergne sont touchées. À Toulouse, on passe de huit procès en hérésie dans la décennie 1520 à près de 600 dans les années 1550. La répression à Paris commence à alimenter un courant d’exil en Suisse.
Cette répression entraîne une radicalisation des deux bords et la définition de chacun en réaction à l’autre : les catholiques affirment plus fort encore le salut par les œuvres, le culte marial et par conséquent les réformés français insistent encore plus sur le salut par la foi seule et le rejet de toute mariolâtrie. Le courant qui domine en France est le courant zwinglien :
- À cause de la barrière de la langue: Les œuvres de Luther ne sont pas beaucoup traduites en français (22 traductions françaises contre 1567 œuvres en haut allemand) alors que la réforme suisse a une passerelle par les territoires francophones de Berne.
- Les presses de Neuchâtel et Genève étaient réformées. 70 % des livres interdits en France en 1542 étaient imprimés à Genève.
L’Église réformée se répand surtout par des petits groupes de prière et d’études un peu partout, et d’individus à grande bouche qui articulent tout haut les idées réformées. La répression, bien qu’assez large, et en fait peu sévère : bien que des milliers de personnes passent en procès pour hérésie, seul 14 % des procès parisiens et 6 % des procès toulousains finissent par une mise à mort. C’est assez pour pousser à la conformité ou éviter les actes trop fous, mais pas assez pour empêcher des gens motivés de prier ensemble:
La peine de mort avait tendance à être réservée à ceux qui commettaient des actes flagrants d’iconoclasme et ceux qui jouaient des rôles clés dans l’organisation de cultes réguliers, comme à Meaux. Pour les gens qui se contentaient d’exprimer des mauvaises opinions, la punition la plus courante était une confession publique ou une libération conditionnelle. En tout, le nombre d’exécutions pour hérésies dans ce vaste royaume entre 1523 et 1560 fut de 500. À ce niveau-là, la répression pouvait dissuader les organisateurs des cultes et pousser la plupart à une conformité extérieure, mais elle ne pouvait pas empêcher des petits groupes d’évangéliques de se rassembler pour prier et lire les Écritures.
Benedict Philipp, Christ’s Churches Purely Reformed, p.133.
C’est sous l’influence de Calvin que quelque chose d’organisé émerge, centré sur un consistoire, un pasteur et les sacrements. Les premières Églises sont fondées à Paris et Poitiers, et elles font tâche d’huile. En 1559, il y a 72 Églises sur le même modèle. Au moment où le roi Henri II veut prendre des mesures de grande ampleur, il meurt en tournoi et en l’espace de deux ans se succèdent deux rois enfants (François II, 15 ans, puis Charles IX, 10 ans). La faiblesse du pouvoir royal offre une fenêtre aux réformés. Ils deviennent visibles et publics. La propagande et littérature dévotionnelle protestante coule à pleins flots : il faut huit libraires pour inventorier tous les livres protestants saisis sur une seule péniche en 1562. La demande des pasteurs est tellement immense que Calvin se plaint de devoir même chercher dans les échoppes des artisans des apprentis avec trois grains de doctrine et piété pour répondre à la demande. Près de 1 240 Églises sont ainsi plantées entre 1555 et 1570, et surtout entre 1559 et 1562.
Évidemment, vu que quasiment tous les pasteurs viennent de la Suisse romande, ou bien y ont été formés, l’Église française est organisée comme celle de Genève. Mais les circonstances particulières de la France, à l’ombre d’un État central et fort, amènent les consistoires à administrer les finances aussi bien que la discipline (l’office de diacre disparaît) et à développer les synodes, chose qui ne se faisait pas même à Genève. Le premier synode national s’est tenu à Paris en 1559. Les particularités des lois et jugement des synodes sont synthétisés dans mon autre série sur la discipline des Églises réformées de France.
Portrait des premières Églises Réformées de France
On estime qu’il y avait entre 1,5 et 2 millions de réformés vers 1560, sur 18 millions de Français. Elle est de petite taille, mais bien concentrée en certains endroits, notamment dans toutes les grandes villes. Ils sont majoritaires à Nîmes, Montauban, La Rochelle, représentent entre un cinquième et un tiers de la population de Rouens, d’Orléans et de Lyon. Les campagnes sont purement et simplement catholiques, sauf là où il y a de l’industrie rurale comme dans les Cévennes ou pays de Caux. Même minoritaires, ils sont difficiles à déraciner.
Leur profil sociologique est le suivant:
- Ils sont globalement représentatifs de la population urbaine.
- Les vignerons et travailleurs agricoles, restés catholiques, font exception.
- Les lettrés et les « mobiles » sont surreprésentés chez les réformés, car c’était souvent eux les mieux placés pour examiner individuellement la Bible et s’extraire de traditions locales.
- Les maris avaient tendance à devenir réformés, les épouses à rester catholiques. Il y a d’ailleurs des lois spécifiques au sujet des anciens dont les épouses restent catholiques.
- La Réforme a autant de succès chez les nobles que dans les villes. Selon les régions, entre 10 % et 40 % des nobles sont réformés, avec de grands noms comme Louis, Prince de Condé, l’amiral de Coligny, et Jeanne d’Albret, reine de Navarre.
Apparemment, ce qui menait aux conversions était une réaction aux superstitions et liturgies superflues de l’Église romaine, et le souhait d’un culte plus évangélique et plus simple. Cependant, les choses coincent au niveau suprême, avec un jeune roi qui préfère écouter les de Guise aux autres familles, ce qui agace les nobles protestants. Calvin depuis Genève tente un équilibre aussi improbable que cette situation : d’un côté, il décourage toute révolte spontanée, et condamne les actes individuels ; de l’autre, il crache du feu sur les autorités françaises. À partir de 1560, il commence à y avoir une organisation paramilitaire qui suit la structure de l’Église, par paroisse / colloque / synode. Cette organisation libère des prisonniers réformés ou organise des campagnes iconoclastes. C’est à cette époque que se situe la régence de Catherine de Médicis. Sous l’influence du parti des moyenneurs on propose de faire des réformes modérées de l’Église. Elle convie Théodore de Bèze et Pierre Martyr Vermigli à Poissy, à une rencontre d’évêques ; celle-ci n’aboutit à rien. En 1562, Catherine de Médicis publie l’édit de Saint-Germain qui permet aux réformés d’implanter des Églises n’importe, où sauf à l’intérieur des remparts des villes.
Les guerres de religion
Loin de calmer les ardeurs, ce décret les a attisées : les réformés se sont mis à croire le renversement du catholicisme à portée de main et ont redoublé d’ardeur, les catholiques le considéraient comme une trahison de la Couronne et se mobilisent aussi. En mars 1562, le duc de Guise massacre plusieurs dizaines de protestants à Wassy. Loin de répondre aux convocations du tribunal, le duc monte à Paris et entoure la reine mère et le roi avec son armée privée. Les huguenots se mobilisent alors en armes pour défendre l’autorité du roi et la liberté donnée aux Églises par le récent édit, comme le dit Théodore de Bèze, qui coordonne la mobilisation depuis Orléans.
Cette première guerre ne se passe pas bien : les protestants prennent quelques villes et proclament une tolérance religieuse qu’ils ne sont pas capables de tenir, car il y a ensuite un grand mouvement d’iconoclasme et d’expulsion du clergé catholique, puis ils perdent cette ville sous la pression des armées royales et catholiques. La guerre dure onze mois, et la religion protestante n’est plus tolérée que dans les terres des nobles protestants et certaines villes spécifiques. Calvin fulmine contre cette paix trop douce, mais la situation militaire et politique des protestants ne peut vraiment pas soutenir davantage de conflit. Même leur crédit en société est atteint, ils confirment toutes les accusations de sédition que les catholiques leur mettent sur le dos. Il y eut encore six guerres semblables jusqu’en 1580, qui tournent en gros de la même façon : les protestants grignotent un peu de territoire, doivent se contenter d’une paix fragile et d’une tolérance toujours plus restreinte, et subissent émeutes et violences entre les deux, le pire étant la Saint-Barthélémy en 1572. Ce n’est que grâce aux efforts du « croissant Huguenot » du Midi que les Églises n’ont pas disparu à cette époque et que les protestants ne furent pas purement et simplement balayés.
Après la Saint-Barthélémy, les huguenots ne peuvent plus justifier leur révolte par la protection de « l’autorité du Roi », puisque le roi a approuvé le massacre.1 Théodore de Bèze écrit Des droits du magistrat sur ses sujets (1574) et Liberté contre les tyrans (1579) ; c’est le début du mouvement des monarchomaques. Pour attirer les catholiques modérés, il évite les arguments trop confessionnels et dit que le droit de résistance ne vise pas seulement à défendre la vraie confession, mais aussi à s’opposer aux actes tyranniques des magistrats contre leurs sujets. C’est la toute première fois qu’une cause purement laïque est invoquée en faveur de la rébellion.
En 1584, Henri III, dernier roi des Valois, meurt sans enfants. L’héritier est un prince protestant, le fils de Jeanne d’Albret : Henri. Mais la Ligue, alliance militaire des nobles catholiques, est devenue une invicible machine de résistance contre le protestantisme. Henri de Navarre, premier dans l’ordre de succession, ne peut devenir roi de France (Henri IV) que contre une conversion au catholicisme, ce qu’il fait en 1593. Pour les deux siècles suivants, la famille de Bourbon s’assurera que la France reste catholique. À la fin de la dernière guerre civile, Henri IV promulgue l’édit de Nantes en 1598, un peu plus généreux que les traités précédents :
- Les huguenots ont le droit de s’établir dans 700 villes.
- Ils ont leur propres tribunaux.
- Ils ont le droit de participer aux offices, écoles et sociétés de charité est protégé.
- Ils ont le droit à 150 forteresses et une modeste subvention pour leurs écoles et leurs pasteurs.
À présent, les réformés sont concentrés surtout dans le croissant huguenot, et ils sont moins d’un million. Certes, ils ont perdu entre un tiers et un quart de leurs membres, mais ils émergent du feu des guerres de religion avec une organisation totalement autonome des pouvoirs séculiers.
Les Églises réformées françaises devinrent ainsi un modèle durable d’un réseau d’Églises ayant maintenu une pureté de doctrine, le contrôle de la qualité du clergé local, la discipline ecclésiastique, et une raisonable uniformité de pratiques, tout cela avec le minimum de soutien de la part des autorités séculières. — p. 14
Op. cit. p. 148
Sous l’édit de Nantes
Le compromis posé par le traité est instable, entre une faction catholique encouragée par la Contre-Réforme et une faction huguenote qui doit sa survie à son militantisme. Lorsque Louis XIII veut imposer la restauration du catholicisme dans le Béarn en 1620, il provoque une réaction huguenote qui réorganise les cercles de guerre et réactive l’aristocratie militaire protestante. Louis XIII condamne cela comme un acte de lèse-majesté, et les protestants du nord prêtent serment de rejeter ces initiatives. Au sud et à l’ouest en revanche, pas question de céder. Après le siège de La Rochelle en 1629 (perdu par les protestants) on signe la paix d’Alès qui enlève les privilèges militaires des protestants, les désarmant de fait.
Louis XIII, Richelieu puis Mazarin tâchent de séduire les nobles huguenots en leur promettant pensions et postes prestigieux contre leur conversion. C’est un succès. C’est ainsi qu’on a cette situation bizarre au cours du XVIIe siècle où, pour défendre les Églises de fief menacées par les seigneurs nouvellement convertis, les huguenots défendent l’autorité absolue du roi et rejettent les théories de résistance au profit d’un appel à la docilité, parce qu’à ce moment là, la principale menace venait des seigneurs locaux. Sous l’influence de Cappel et de Saumur, on articule les premières théories de la tolérance religieuse.
En 1661, Louis XIV arrive au pouvoir, avec l’intention d’avoir un seul roi, une seule loi, une seule foi en France. Il commence par interpréter de façon stricte les termes de l’édit de Nantes, faisant fermer légalement de nombreuses Églises. Il crée la caisse des conversions (sobriquet hostile) pour aider les convertis au catholicisme à traverser l’excommunication protestante. Enfin, un intendant du Poitou invente les dragonnades en 1681. Malgré toutes ces mesures, on passe de 900 000 réformés au début du XVIIe siècle à 700 000 à la veille des premières dragonnades. Et encore, ce n’est pas tant dû aux conversions qu’au fait que les réformés étaient concentrés dans des villes à la démographie défavorable (taux de reproduction négatifs). Il y a beaucoup de témoignages de fidélité du peuple à la Réforme, malgré la perte de la protection aristocratique.
Révocation de l’édit de Nantes.
En 1685, Louis XIV a alors besoin de redorer son prestige de roi très catholique, après avoir refusé de venir à l’aide de Vienne assiégé par les ottomans, et s’être disputé avec le pape sur la nomination d’évêques de ses territoires conquis. L’été précédent, une grande campagne de dragonnades a amené à l’abjuration de 300 à 400 000 huguenots. Il est donc convaincu de pouvoir faire disparaître définitivement les protestants de France. Il révoque donc purement et simplement l’édit de Nantes:
- Les temples seront tous démolis.
- Les pasteurs ont deux semaines pour abjurer (contre pension) ou quitter le pays.
- Des dragons sont envoyés pour faire abjurer. Dans les premières semaines, la grande majorité des protestants abjurent tout de suite dès qu’ils voient les troupes du roi. Condé écrit : Les huguenots pouvaient parfois montrer tellement de diligence à se hâter de se convertir qu’un soldat pouvait changer de logement plusieurs fois par jour.
Le sort des pasteurs:
- Ils sont 873 avant la Révocation.
- 681 émigrent.
- 140 abjurent définitivement.
- 38 abjurent temporairement, puis reviennent à la foi réformée.
- 13 furent emprisonnés.
Problème imprévu: les abjurateurs ne font pas de bons catholiques. Pire : une fois le premier choc passé, ils émigrent massivement : près de 200 000 huguenots fuient le pays, vers les Pays-Bas, l’Angleterre, la Suisse et le Saint-Empire dans des territoires comme la Prusse, le Palatinat et la Hesse. Un nombre plus petit finit en Irlande, en Amérique ou en Afrique du Sud. D’après Benedict, ce ne fut pas la catastrophe économique qu’on décrit souvent. En revanche, ce fut une perte industrielle, car ce sont souvent des artisans aux talents rares qui vont enrichir les nations d’accueil (comme l’industrie de la soie aux Pays-Bas et la perruquerie en Prusse). Les conséquences les plus graves de cette diaspora furent idéologiques : des personnes comme Jean Le Clerc et Pierre Bayle sèment les graines des Lumières et différents historiens de grand talent transforment la tolérance religieuse de gros mot en vertu positive.
Parmi les réformés restés au pays, on évite la messe autant que possible, et on fait le culte à la maison. Dès Noël 1685 — deux mois après la Révocation — ce sont les premiers rassemblements au Désert. Les troupes royales dispersent 720 rassemblements entre 1685 et 1687. Il se développe une prophétie un peu sauvage dans le Dauphiné, le Vivarais et les Cévennes. Cette prophétie accouche de la révolte des Camisards démarrée par l’assassinat de l’abbé du Chayla en 1702. Cette guérilla ne se termine qu’avec la proclamation d’amnisties.
En 1715, Antoine Court, un ex-« charismatique » déçu par ses propres prophéties rassemble le premier synode du désert dans les Cévennes, et restaure en partie la discipline initiale. Cette organisation perdure jusqu’à la Révolution où elle gagne une tolérance officielle. À cette date, il reste 500 000 réformés en France, soit 2 % de la population. Mais si l’on considère les 200 000 émigrés, cela en dit long sur la remarquable loyauté des réformés français. Malgré ses efforts, Louis XIV n’a pas su arracher la Réforme de ses terres.
Il reste bien sûr à raconter l’histoire des réformés au-delà de la Révolution française, et je l’ai fait pour le XXe siècle, mais entre les deux cela devra attendre d’autres lectures.
Le Béarn, un royaume français calviniste.
Je ne fais que synthétiser rapidement ce qu’en dit Philipp Benedict. Mon ami Hugues Pierre en a fait une histoire bien plus détaillée que je vous invite à découvrir sur son blog. De même, il a fait une conférence à ce sujet.
Une exception dans le territoire français actuel : la principauté du Béarn (100 000 habitants) a été un pays réformé. En 1562, Jeanne d’Albret assume seule le pouvoir. Elle entreprend un processus progressif qui aboutit à l’abolition du catholicisme en 1571.
- L’élite du Béarn est très tôt acquise aux idées réformées : ils demandent un pasteur dès 1557.
- En 1561, elle les envoie dans les principales villes avec ordre de les tolérer.
- En 1564, elle fait les premières réformes liturgiques : enlèvement des images, interdiction des processions ; elle proclame la liberté de conscience, à condition que les catholiques ne reviennent pas là où ils ont disparu.
- En 1566, elle saisit les propriétés ecclésiastiques. Elle échappe à un complot à cette occasion.
- En 1568, lors de la troisième guerre de religion, alors qu’elle est en train d’aider La Rochelle à soutenir un siège, le roi de France attaque le Béarn, et assiège la capitale. Heuresement, les armées protestantes réussissent à faire lever le siège. Elles ôtent leurs titres aux nobles qui ont soutenu les français.
- Enfin, en 1571, le catholicisme est aboli dans le Béarn.
Cependant, et c’est ce qui provoquera la perte de cette réforme, le peuple ne suit pas, ou bien superficiellement. Dans la vallée d’Aspe, un foyer intensément catholique, 83 % des testaments demandent des messes commémoratives, contre 2 % ailleurs. Lorsque Louis XIII récupèrera le plein contrôle de la Navarre après la paix d’Alès, il impose la tolérance religieuse dans le royaume (dans le but de remplacer petit à petit les protestants par des catholiques) : le programme d’encouragement à la conversion des nobles protestants joue à fond, et l’on ne peut plus participer au gouvernement si l’on n’est pas catholique. Le peuple retourne à la messe comme si rien ne s’était passé. Isolés, les nobles protestants s’étiolent, et l’Église du Béarn avec.
P.S de Hugues Pierre: Une petite remarque : au moment de l’annexion du Béarn, les réformés sont majoritaires. Avec le temps, et les restrictions, ils demeurent très nombreux (30% en 1665). Je cite Philippe Chareyre : “6 414 familles, 35 000 personnes, 39 pasteurs, et 86 Églises » et ils « représentent […] la moitié de la population de Pau, capitale politique et administrative, et en dépassent les trois-quarts dans les secteurs d’Orthez et Salies-de- Béarn. Des bastions du protestantisme ont bien résisté à la réintroduction du catholicisme, comme la basse vallée des gaves (triangle Sauveterre-Orthez-Lagor), le secteur de Pau, le secteur de Nay-Pontacq. Parmi les communautés les plus fortes, on remarque Salies- de-Béarn (97 %), Gouze et Labastide-Villefranche (94 %), Orthez (87 % soit 5 600 protestants pour 800 catholiques).”
Illustration de couverture : Michel Maximilien Leenhardt, Prisonnières huguenotes à la tour de Constance.
- Mon ami Andrea, étudiant en histoire moderne précise les choses suivantes: Suite à l’attentat qui blesse Coligny le 22 août, Les protestants se tournent vers le roi pour lui demander réparation. Ils menacent de se faire justice eux-mêmes si les commanditaires tout désignés, les Guise, ne sont pas sévèrement punis. Suite à ça, par peur d’un complot huguenot et d’une reprise des affrontements, le roi et Médicis décident suite à des conseils réunis le 23 août de faire abattre les chefs huguenots. Chose faite, le 24 août sont tués les chefs huguenots et leurs amis malheureusement cela se propage et les civils commencent alors à massacrer les huguenots parisiens puis ces massacres se propagent en province et ce, jusqu’en Octobre. Dès le 24 août, Charles IX fait publier un mandement ordonnant l’arrêt des massacres. En vain : à Paris, le cycle de la violence se déchaîne jusqu’au 30 août. L’autorité royale n’y sera pleinement rétablie qu’à la fin du mois d’octobre. Dans sa Déclaration au Parlement du 26 août, le roi assume l’entière responsabilité des événements y compris dans ses débordements les plus irrationnels. Donc afin de ménager sa réputation en Europe, le roi eut tendance à établir une nette distinction entre le « crime politique » du 24 août et les massacres urbains qui suivirent. De tels écarts discursifs ont amené les historiens à s’interroger sur les responsabilités d’une telle poussée de violence.[↩]
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