Apprendre à raisonner (17) : Comment faire un plan ?
28 mars 2022

Cet article est le dix-septième d’une série consacrée à la logique classique (ou aristotélicienne, c’est-à-dire développée par Aristote). Dans le seizième, j’ai expliqué comment faire des distinctions, c’est-à-dire différencier les choses les unes des autres de manière correcte, complète et rigoureuse. Dans cet article, j’expliquerai comment faire un plan pour organiser ce qu’on cherche à communiquer, soit à l’écrit, soit dans un discours. Comme d’habitude, je reprendrai énormément le contenu du livre de Peter Kreeft, Socratic Logic, des pages 66 à 67.


Comme je l’ai dit dans l’article précédent, quand on veut présenter quelque chose (un argument, un exposé, etc.), il est très important d’avoir un plan. Peut-être que vous avez entendu ce conseil beaucoup de fois, mais comment faire ? Kreeft nous donne huit étapes (à appliquer, pas seulement à lire !). La suite est traduite de Socratic Logic, qui est ici à la fois court et très accessible :

– Les titres et les sous-titres ne doivent pas faire partie du plan mais être placés au-dessus.

– Utiliser des chiffres romains pour les principaux thèmes, les lettres majuscules pour les principaux sous-thèmes, puis les chiffres arabes pour les sous-sous-thèmes, ensuite les lettres minuscules, puis les chiffres arabes entre parenthèses, puis les lettres minuscules entre parenthèses1.

– Il doit y avoir un sujet pour chaque nombre. Chacun doit tenir sur une seule ligne à part. Par exemple, ne jamais écrire “I.A” mais d’abord “I.” sur une ligne, puis “A.” sur la suivante.

– Il doit toujours y avoir plus d’un sous-thème pour chaque thème. (Pas de A sans B, ni de 1 sans 2.)

– Un sous-thème doit être placé sous le thème principal qu’il développe. C’est la règle que les étudiants ont le plus de mal à respecter : déterminer l’importance relative de chaque point, décider lesquels associer entre eux et lesquels sont subordonnés à tel ou tel point. C’est une compétence difficile à enseigner, on l’apprend plutôt intuitivement sur le tas par la pratique. On ne peut pas l’acquérir sans pratique.

– Les sous-thèmes doivent être indentés (commencer plus loin que les thèmes) de sorte à ce que tous les nombres ou lettres du même type soient alignés.

– Commencer chaque thème par une lettre majuscule même si ce n’est pas une phrase complète.

– Ne pas mettre d’introduction ou de conclusion dans le plan.

– Faire un plan ne consiste pas simplement à mettre des nombres et des lettres devant des phrases ou des titres. Ils doivent être placés en suivant un ordre logique et une hiérarchie.

– D’habitude, les étudiants n’aiment pas faire des plans parce qu’ils trouvent cela trop mécanique et contraignant. Mais on doit forcément passer par là lorsqu’on veut construire quelque chose de complexe, comme un garage ou une symphonie (une musique où beaucoup d’instruments jouent).

Voici un exemple de plan sur les différentes positions possibles sur l’existence de Dieu. Il est incomplet mais il suffit pour vous donner une idée d’un “bon plan” :

Exemple de bon plan

Illustration : Charles Laplante, Éducation d’Alexandre par Aristote, gravure, 1866 (publiée dans le livre de Louis Figuier, Vie des savants illustres – Savants de l’antiquité, t. 1).



  1. Ces conventions sont rédigées pour un public anglophone ; dans un contexte francophone, on pourra les adapter librement (cf. les manuels de typographie).[]

Laurent Dv

Informaticien, époux et passionné par la théologie biblique (pour la beauté de l'histoire de la Bible), la philosophie analytique (pour son style rigoureux) et la philosophie thomiste (ou classique, plus généralement) pour ses riches apports en apologétique (théisme, Trinité, Incarnation...) et pour la vie de tous les jours (famille, travail, sexualité, politique...).

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